Depuis 2 ans, j’ai suivi plusieurs jeûnes hydriques

J’ai découvert le concept de jeûne hydrique quand j’habitais en Allemagne. Là-bas, la méthode se pratique depuis une centaine d’années. Le jeûne thérapeutique peut être remboursé par le système de santé lorsqu’il est estimé indispensable sur le plan de la santé et qu’il est suivi dans des cliniques spécialisées. Parions que l’on fera la même chose en France d’ici quelques années.

Le jeûne ne date pas donc d’hier et n’a pas du tout été créé récemment, même si son engouement, concomitant à un élargissement des pratiques thérapeutiques, est manifeste depuis une vingtaine d’années. En Europe, l’Allemagne a été pionnière en la matière, grâce au Dr Otto Buchinger qui a formalisé la technique de privation de nourriture au début du XXème siècle en le testant sur lui-même pendant 19 jours. Son objectif était de réduire les rhumatismes qui l’avaient forcé à cesser de travailler. 

Il s’est mis à considérer le jeûne non pas comme un manque, mais comme une absence de besoins. Cette nuance est éclairante quand on l’expérimente soi-même : on découvre avec étonnement que l’on n’a plus de raison de manger car on n’a plus faim. Comprendre cette différence entre manque et besoin est essentiel, et aide à poursuivre jour après jour la vie sans aliment, avec sérénité.

J’ai suivi plusieurs jeûnes depuis 36 mois, et cela m’a énormément apporté. Je voulais perdre du poids une bonne fois pour toutes. Est-ce raisonnable, est-ce légitime, est-ce céder inutilement et stupidement à la pression sociale ? J’essaie aussi de faire un tour de ces interrogations dans cet article.

1- Se priver de nourriture, c’est surmonter un peur ancestrale 

Opérons un bref survol en arrière. L’existence des civilisations a été rendue possible par la possibilité de prendre de la nourriture pour pouvoir survivre individuellement et s’organiser socialement. Ce sont les religions qui se sont occupées d’encadrer la prise alimentaire, de même que son absence, au cours de rites bien réglés, quotidiens et saisonniers (le climat et la disponibilité de la faune et de la flore devenant déterminants).

Les bienfaits du jeûne sont réputés multiples et sont de mieux en mieux documentés, avec des spécialistes qui deviennent publiquement reconnus et des historiens que se penchent sur le sujet. D’autres thérapies « alternatives », pratiquées dans d’autres régions du monde, suivent d’ailleurs le même chemin de la reconnaissance officielle en Europe. Mais en réalité, se priver de nourriture, de gré ou de force, existe depuis la nuit des temps, ne serait-ce que lorsque l’environnement évolue et que le gibier ou la flore sont anéantis…. 

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Jeûner, c’est accepter intellectuellement et physiquement que l’on puisse introduire une transition dans son rythme alimentaire. Celui-ci est tellement intégré à notre être et à notre culture que l’on a oublié son emprise et son impact. Et qu’il nous semble à la fois impossible et dangereux de le remettre en question. 

Car les famines sont des calamités qui ont terrifié et décimé des populations entières pendant des millénaires : notre mémoire collective n’est pas près de l’oublier. Et notre mémoire individuelle refuse elle-aussi d’oublier que notre seul moyen de survie, bébé, était de pouvoir manger, le plus possible.

2- En quoi est-ce que que jeûner demande du courage 

Pourtant, l’être humain adulte supporte sans peine quelques jours à quelques semaines sans manger (pas au-delà). Les bénéfices physiques et mentaux sont réels, même si l’entourage peut être effrayé (et même paniqué) par cette privation radicale du combustible qui nous tient en vie. Nous même avons du mal à y croire.

Et pourtant ! Découvrir qu’une fois adulte, on peut poursuivre ses activités sans s’alimenter, comme si on était en pilote automatique, est absolument fascinant. On réalise que l’on peut vivre un certain temps sans carburant autre que de l’eau, que notre corps se suffit à lui-même et que par-dessus le marché, on se sent mieux ! 

Je parle ici du jeune hydrique, qui consiste à ne pas s’alimenter mais à s’abreuver d’eau, abondamment, pendant une durée variable. Le premier jeûne que j’ai effectué a duré 15 jours : je l’ai réalisé car je voulais obtenir un stimuli pour débuter un vrai régime au moment de la ménopause (je vous raconte mon expérience ici, dans le détail). Ça s’est bien déroulé et j’ai effectivement perdu du poids, plus que je ne pensais ne pouvoir le faire, sachant que j’ai suivi un régime strict pendant 3 mois après la fin du jeûne.

Un jeûne hydrique permet de remplacer complètement sa flore intestinale, de se débarrasser de maladies chroniques et de maigrir. La perte de poids est immédiate, même si les kilos s’envolent plus vite au début qu’à la fin. Mais attention : la reprise est tout aussi rapide si on ne change pas ses habitudes. On a du mal à s’imaginer que l’on va reprendre aussi rapidement les kilos perdus, et pourtant je vous l’assure : c’est irrésistible. Quand on recommence à manger, les bactéries et virus que l’on réintroduit dans notre ventre vont faire front à notre cerveau et dominer la bataille, à coup sûr.

3- Jeûner n’est que le début du processus d’amaigrissement

De nombreuses personnes m’ont demandé comment j’avais fait pour conserver un poids stable. La réponse est claire et nette : c’est uniquement parce que j’ai fait un régime ensuite.

Toutes les personnes qui ont jeuné, parfois longtemps et à plusieurs reprises, sans faire de diète avant ou après coup, ont pris plus de poids après le jeune qu’avant. Je l’ai constaté systématiquement autour de moi. Un jeûne est une très mauvaise idée si vous n’avez pas de plan à long terme. Il est sûr et certain que ça ne va pas fonctionner.

Oui, vous allez perdre les 3, 5 ou 8 kilos qui vous mettent mal à l’aise, mais vous allez en reprendre 5, 8 ou 12 quasi immédiatement. Le jeûne donne une impulsion, c’est tout. Il n’y a strictement aucun effet à long terme sur le plan du poids si vous n’agissez pas par ailleurs. Il s’agit d’un effet manifeste et impressionnant… mais à très court terme. 

Bref, jeûner dans le cadre d’un régime amaigrissant ne sert que de déclencheur. Il vous permet de trouver une vraie motivation et une bonne dose de courage au fond de vous-même. Mais c’est la diète que vous allez devoir suivre les semaines et les mois à venir qui va entériner cette transformation. Si vous ne faites pas cet effort, vous n’effectuez que le tiers du travail. C’est très insuffisant… et en fin de compte aussi inutile que décourageant. 

Ce que l’on attend de vous avec un jeûne, c’est de rebondir sur la merveilleuse sensation de vous sentir légère et bien dans votre peau. Cela permet de s’engager fermement dans une nouvelle forme d’alimentation, plus adaptée à votre âge postménopause, plus sobre, plus agréable en fait. 

4- Le jeûne peut être un marqueur des étapes corporelles

En effet, un jeûne est un excellent moyen de marquer les périodes de transformation physique au cours de notre vie. 

C’est bien le cas de la ménopause, qui entraine une transformation naturelle et inéluctable du corps, en raison de la chute hormonale qu’elle occasionne. Les ostéogènes cessent d’être produites, alors que la testostérone le demeure un peu. Du coup, les graisses se répartissent différemment dans le corps : c’est l’époque où l’on constate que même sans varier de poids, notre taille s’épaissit. Le corps change de forme : de « poire », il devient « pomme ». 

On n’est pas habituée, et malgré le sport et les abdos, il est difficile de ne pas subir ce processus. On peut rester fine, mais avec une taille un peu plus large – en tous les cas, moins marquée que dans notre jeunesse, même si on a réussi à conserver le même poids.

La silhouette d’une femme de 55 ans en pleine forme n’est jamais celle d’une femme de 25 ans, même si les deux peuvent se vêtir des mêmes robes. Chez une femme mature qui mincit, les « chairs » sont moins fermes, elle devient plus maigre à certains endroits, plus osseuse parfois, on voit ses côtes facilement. Elle perd du volume et de la fermeté dans les seins et les fesses (mais aussi les bras et les cuisses), éléments visuels et tactiles appartenant à l’univers sensuel de la féminité. 

Mais ça n’est pas la fin du monde. D’ailleurs, à qui voulez-vous plaire : à vous, à vos copines, à un homme ? Ces derniers-ci n’aiment pas les femmes trop maigres en général. Si vous voulez continuer à séduire, mieux vaut conserver des formes et développer votre musculation et votre posture, grâce à la marche à pied ou au fitness. 

5- C’est vrai, la société nous incite à maigrir

A ce propos, votre corps n’appartient pas qu’à vous, si j’ose dire sans vous faire hurler. Votre entourage proche a forcément un œil sur votre apparence (est-ce que vous, vous vous privez de dire à votre conjoint ce que vous pensez de son embonpoint, de sa mine renfrognée ou de sa calvitie ?). 

Vos enfants aussi ont une idée de ce que vous représentez à l’extérieur, de votre image de femme, même s’ils ne vous disent rien. Ils vous comparent sans cesse aux autres mères, de même que vous ne cessez de les comparer à leurs copains.

Vos amies jouent également un rôle de miroir permanent. C’est fou comme on glisse sans cesse une phrase ou deux concernant notre corps, quand on parle à nos copines : les cheveux, le ventre, les rides, les ongles, l’allure fatiguée ou la figure rayonnante … on ne cesse de nous commenter les unes les autres, de tenter de saisir l’image que nous véhiculons, sans presque y prêter attention. 

Sur ce point, je suis persuadée que les autres femmes nous regardent beaucoup plus que notre homme, machinalement ou attentivement ! Nous entretenons une norme implicite qui n’appartient qu’à notre genre, et s’y cadrer nous aide à nous faire sentir intégrée, activement participante à notre communauté. Oui, c’est parfaitement normal de vouloir ressembler aux autres, à condition de savoir entretenir notre propre style et d’apprendre à valoriser ce qui nous distingue. Les femmes sont des repères entre elles, elles apprennent énormément les unes des autres.

Le mouvement body positivity tente de faire une place à tous les corps, surtout féminins, dans les représentations collectives. Mais on note déjà qu’il est surexploité par la pub, qui en utilise les codes parfaitement ancrés dans l’air du temps, sans changer réellement le problème de normes (voir également cet article sur l’évolution de la perception de la cellulite). Les femmes veulent, ou doivent, ou sont forcées à, ressembler à un modèle idéal, quasi-inatteignable : est-ce rassurant, est-ce trompeur, est-ce dégradant, est-ce cruel, est-ce souhaitable ?

Mais surtout, est-ce changeable ?

Je suis curieuse de voir ce que feront nos arrières-petites-filles dans 50 ou 60 ans. Car briser les liens invisibles d’entraide et de cadrage entre les femmes me semble à la fois difficile et risqué. Diviser pour mieux régner est une tactique encore largement utilisée pour nous tenir à distance, et pendant que les femmes se fâchent entre elles, les hommes en profitent pour occuper le terrain…

6- Attention à la sensation de pouvoir créée par le jeûne

Le jeûne non contrôlé conduit à l’anorexie qui conduit à la mort. Mais si vous êtes quinqua, il y a très peu de chance que vous soyez aspirée par ce tourbillon fatal.

Si les limites ne sont pas si faciles à identifier chez les ados, elles le deviennent davantage plus tard. L’énergie mise à disposition par l’arrêt de la digestion (dont on réalise a posteriori, une fois qu’on ne mange plus, qu’elle est épuisante) est à double tranchant. Est-ce qu’on l’utilise pour se contrôler encore plus, ivre de notre nouveau pouvoir de transformation physique ? 

Les femmes, enceintes puis accouchées, connaissent plusieurs variations impressionnantes de forme au cours de leur vie. C’est une faculté que les hommes n’ont pas : on grossit et on maigrit beaucoup pour enfanter, puis notre corps reprend à peu près son dessin original et la silhouette qui nous caractérise.

J’ai souvent pensé que perdre les kilos au moment de la ménopause, c’est perdre un poids symbolique, celui de la mère que nous sommes au moment du départ des enfants de la maison. Départ des enfants et affinement de notre corps se répondent, c’est un cycle de vie qui s’achève, et un nouveau qui débute.

Au cours d’un jeûne, on peut avoir l’illusion que l’on peut se transformer, muer, à volonté. C’est évidemment faux. Attention à ne pas se laisser aveugler par un hypothétique nouveau look, acquis une fois cette mue aboutie. Ce qui est sûr, c’est que vous vous sentirez mieux, et qu’avec patience, vous pourrez bientôt renouveler votre garde-robe. Et surtout, ne plus avoir mal dans les articulations lorsque vous devez monter les escaliers à toute vitesse. 

7- La vitalité et l’endurance retrouvées

Là se situent le vrai renouveau : dans la sensation de vitalité et d’endurance redécouvertes. J’ai appris quelque chose de fondamental au cours de mon premier jeûne : ça n’est pas difficile de cesser de manger et de ne plus se nourrir que d’eau fraiche. C’est même étonnamment simple et accessible. En revoici la raison principale : comme on ne mange plus, on ne digère plus. Nos intestins sont vidés de leurs locataires (les milliards de bactéries, virus et parasites qui composent la flore intestinale, dite microbiote) qui ne crient plus famine.

Autrement dit, c’est la nourriture, digérée par le microbiote, qui provoque la faim. Sans aliments, cette sensation de manque n’est plus ressentie (à partir du moment où les intestins sont vides, ce qui prend typiquement plusieurs jours, sauf si vous avalez un laxatif).

Ne plus ressentir la faim peut faire peur : est-on encore vraiment humain ? Est-on déjà à moitié mort ? Cette sensation est étonnante mais on s’y habitue très bien (votre entourage aura sans beaucoup plus de mal à le faire).

L’énergie récupérée est grisante, il peut être tentant de s’y engloutir et de devenir anorexique (ça ne m’est pas arrivé, et je suppose ça ne doit pas arriver souvent aux quinquas, mais on ne sait jamais). Si vous craignez ce moment, prenez un garde-fou : demandez à votre conjoint/amie/enfant d’exiger de vous alimenter de nouveau après un temps déterminé. Gérer son temps est déterminant dans un jeûne : avant, pendant et après. Respectez votre corps et respectez votre entourage, en posant des bornes et en choisissant des gardiens !

8- Des mini-diètes une ou deux fois par an

Depuis ce long jeûne initial, j’ai renouvelé plusieurs fois l’expérience, sur des temps courts. J’ai trouvé difficile de stabiliser mon poids sur une longue période une fois la ménopause aboutie. En fait, plus on vieillit, moins on n’a besoin de calories pour maintenir son poids. Si on avale la même chose, on est sûre de grossir. Et ça, c’est parfaitement exaspérant. 

Et pourtant je bouge de plus en plus, et je mange de façon équilibrée (enfin, j’en ai l’impression). Mais sans une méthode de régulation, je reprends toujours un peu de poids. J’ai donc pris l’habitude de réaliser quelques jours de jeûne au printemps et à l’automne : une espèce de mini-cure de jouvence sans faire de stage de yoga à Bali ni de thalassothérapie ruineuse. Ça ne coûte rien puisqu’on ne mange pas, ça n’isole pas trop puisque ça ne dure pas longtemps. 

Les jours précédents l’arrêt de la prise alimentaire, je ne prends que des fruits et légumes, qui favorisent la digestion/élimination. Après le jeûne, je me remets aux légumes pour quelques jours, puis j’évite les hydrates de carbone une semaine ou deux ou trois. Comme à chaque fois, la reprise des repas déclenche l’envie de dévorer tout ce qui se présente : soyez disciplinée, et soyez confiante. 

9- Bilan des 36 mois post-jeûne hydrique

Le premier jeûne que j’ai réalisé au moment de la ménopause m’a permis de modifier mon alimentation de façon pérenne. Plus de fruits et légumes frais, plus de fruits et légumes secs… moins de tout le reste.Je n’ai pas eu le moindre rhume depuis ce changement (touchons du bois). J’ai perdu 15 kilos à tout jamais (re-touchons du bois), et 2 à 3 kilos que je reprends après quelques mois, et qui sont la raison pour laquelle j’effectue périodiquement ces mini-jeûnes.

Je suis franchement contente de moi. Je me persuade que ces privations de nourriture me font du bien sur d’autres plans. Difficile de dire lesquels exactement : ces petites et grandes douleurs dans le dos et dans le ventre que beaucoup ressentent après 50 ou 60 ans ? Ou peut-être cette estime de soi en berne, ce vague mécontentement, dont on se plaint tout autant ?

Bref, sauf contre-indication, je poursuis ainsi.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, pensez-vous faire un jeûne hydrique ? L’avez-vous fait ?

Merci de partager le fruit de votre expérience dans les commentaires.


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