J’ai débuté une période de 6 semaines estivales sans manger un seul aliment contenant du gluten, et le moins possible de produits laitiers. Pourquoi ? Parce que mon fils a la maladie céliaque et ne peut pas digérer la moindre molécule de gluten ou de lactose. 

Comme ce trouble est héréditaire, il provient de mes gènes et/ou de ceux de mon mari. Nous sommes asymptomatiques l’un comme l’autre, enfin c’est ce que nous supposons. Mais nous avons décidé de nous plonger dans cette diète pour voir si quelque chose se modifiait dans notre bien-être intestinal… et plus.

Je vais vous relater cette expérience, que je débute à peine : je viens de terminer 8 jours de régime sans aucune céréale contenant la protéine du gluten, et aucun produit laitier hormis le yaourt du petit déjeuner. Pas facile de s’imaginer sans pain, pour la Française que je suis. Heureusement que j’ai une multitude de références culinaires, comme vous allez le voir !

1- Qui suis-je pour m’intéresser au gluten ?

1- La culture de l’univers comestible

A la base, je suis une gourmande qui cuisine depuis toujours et qui a eu la chance de travailler longtemps à l’agence de communication des fruits et légumes frais en France. Je pratique donc la nourriture, depuis des décennies, sous tous les angles : la recherche en nutrition, la cuisine, les régimes. Je ne suis pas une fanatique des « recettes », ce sont bien plus les ingrédients eux-même, et leur juxtaposition, qui me fascinent.

Je m’intéresse tout autant aux aspects culturels de l’alimentation : les modes de vie en particulier, influencés par le climat, les religions et les modes. Chaque pays, chaque région naturelle, tient à ses coutumes et à ses diktats en matière de repas : saisonnalité, menus de fête, ordre des plats, etc. 

Mais depuis au moins 50 ans, ces principes ancestraux se fondent dans une autre vague de pression, croissante : celle de l’air du temps et de la mondialisation, relayés et remis en question à toute vitesse grâce aux réseaux sociaux.

On mange désormais à la croisée des coutumes et de la science, en mixant les habitudes de ses grands-parents et les routines dernier cri. Les sollicitations n’ont jamais été aussi nombreuses pour suivre tel ou tel régime à la mode. Les prescriptions alimentaires peuvent même devenir oppressantes, surtout pour les mères qui, de gré ou de force, se retrouvent responsables de la santé familiale.

 Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

2- Tester d’autres modes alimentaires, oui mais

Je regarde ces mouvements avec fascination. Comme je suis non seulement gourmande, mais également curieuse et que j’ai habité dans plusieurs pays, je n’hésite pas à tester ces courants alimentaires : du véganisme (Berlin) au paléo (Chicago), du quasi-sans-gluten (Asie) au jeûne hydrique (Suisse). J’ai aussi beaucoup pratiqué l’alimentation bio, équitable et locale, je m’applique à utiliser les produits dans leur intégralité (légumes avec la peau, céréales complètes, etc.), j’essaie toutes les herbes et les épices.

De toutes ces façons de faire, de toutes ces normes, il y en a deux seules qui soient mes moteurs au quotidien : le homemade et le plaisir visuel. Je cuisine quasiment tout moi-même et je le rend appétissant.

Mais puisque je suis directement concernée, et peut-être même responsable, de la maladie de mon fils, il est grand temps que j’essaie à mon tour d’éliminer le gluten de mes apports alimentaires.

J’en vois qui font les gros yeux : prendre le risque de changer pour un temps plus ou moins long son régime alimentaire, c’est jouer avec le feu sur le plan digestif, s’isoler socialement, oublier ses racines, risquer des carences ou les excès de nutriments, maigrir et regrossir de façon malsaine… dépérir à plus ou moins long terme. 

Et pourtant ça n’est pas mon cas : je vous assure, dossier médical à l’appui, que je suis en pleine forme, et bien entourée socialement. Je teste ces « régimes » non pas pour modifier mon corps comme de la pâte à modeler, ni pour créer de toutes pièces des caractéristiques physiques qui ne m’ont pas été données à la naissance, ni pour avoir l’air d’une jeune femme de 28 ans (j’en ai le double). 

Non, je fais ça à la fois pour m’inspirer des autres peuples, mais aussi pour tenter de trouver ce qui me convient le mieux sur le plan du bien-être. Dans quelles conditions alimentaires est-ce que je me sens au top de ma forme, en tant que femme et quinqua ? Avec le plus d’énergie ? Avec une peau limpide, avec une digestion fluide, avec une humeur stable, avec une concentration optimale ? 

Celles qui me lisent savent que je m’intéresse tout autant à l’activité physique et intellectuelle, comme vous le voyez au travers de mon blog.

3- Bien manger pour mieux vivre… avec les autres

Oui, bien sûr que la nourriture (son contenu et son contexte) joue sur tout cela : l’énergie, la peau, la digestion, l’humeur, la concentration. Et beaucoup plus encore. Elle nous permet d’atteindre un état de fonctionnement optimal : d’oublier que nous avons un corps, pour nous consacrer à des tâches plus « nobles », d’intégration dans la vie sociale et professionnelle, par exemple. 

Attention, optimal ne veut pas dire parfait : on mange pour vivre… mais cela n’empêchera jamais personne de mourir, c’est sûr et certain. C’est simple : je veux bien vivre ET bien mourir.

Tous ceux qui ont des problèmes de santé savent à quel point ces perturbations en viennent à occuper une grande part de leurs pensées, jusqu’à parfois les empêcher de se consacrer à autre chose qu’à eux-mêmes. On voit des gens malades absolument obnubilés par leur pathologie, incapables de sortir de leur douleur, de la recherche fébrile de solutions. C’est une passion qui en exclu toute autre, et je préfère éviter d’y plonger.

Bref. Manger bien, cela aide à oublier ses misères et à s’ouvrir au monde. Quelle formidable perspective !

2- Etes-vous prête à surveiller davantage vos repas ?

Revenons au gluten, ou plutôt à son absence. Je ruminais depuis quelque temps d’essayer de le supprimer radicalement de mes menus plusieurs mois d’affilée, en plus des produits laitiers, pour me mettre dans la peau de mon fils et de tous les autres malades céliaques. 

Les contraintes de cette affection sont absolues et concernent la totalité des repas. 21 par semaine, plus les snacks, les gouters et les apéros, ça n’est pas rien : les malades céliaques vivent tous ces temps de partage amical, d’intimité familiale et de rites professionnels sous un mode totalement différent de « la normale ». 

Adieu les jambon-beurre croustillants en sautant dans un train. Adieu les pizzas au feu de bois un soir d’été. Adieu la tartelette au citron en sortant du boulot. Et il n’est pas question d’hésiter devant les pates au pesto ou le pain au chocolat : il faut s’obliger à prononcer un « niet », sonore, ferme et définitif. Il faut s’obliger à avoir envie d’autre chose… mais de quoi ? C’est une question clé quand on supprime son met adoré dans sa ration quotidienne.

On retrouve cette surveillance de tous les instants dans d’autres pathologies, chez les allergiques aux noisettes ou au fructose, par exemple, qui développent un œil de lynx pour repérer toutes les sources, apparentes ou cachées, de complications. La clé est de savoir précisément ce que l’on avale. Dans un monde où les produits qui ont l’air naturels sont remplis de menaces, on en vient à se faire soi-même à manger, la plupart de temps.

Analyser chaque aliment scrupuleusement, cela demande une très bonne maitrise de soi-même et de son environnement (et beaucoup d’heures à y passer). C’est ce qui freine de nombreux adeptes potentiels d’une alimentation plus saine, qui comprennent vite qu’avant d’avaler quoi que ce soit, il faut d’abord tout vérifier, et que cela s’incruste largement sur son temps libre. Un vrai boulot ! 

C’est aussi ce qui attire les caractères obsessionnels, adorant se mettre la pression pour atteindre des objectifs contraignants, qui les rassurent sur leur propre pouvoir et compense leur sentiment d’insécurité. 

J’ai bien conscience de tous ces travers… mais comme je suis super tenace (bornée ?) j’ai décidé de poursuivre l’expérience quand même. 

3- Comprendre les contraintes sociales

Car je ne poursuis pas un régime sans gluten uniquement pour me tester physiquement. Je veux également me tester socialement. Mieux comprendre comment les personnes qui vivent avec des restrictions alimentaires s’en sortent. Être à part, comestiblement parlant, c’est être à part tout court. 

On a d’ailleurs démontré que partager un même plat, c’est-à-dire piocher de la nourriture dans un même récipient, que ce soient des chips ou un couscous, augmente ensuite les interactions et le sentiment de communauté entre les participants. Alors, à l’inverse, est-ce que manger différemment des autres isole, littéralement ?

1- Se préparer aux questions

Et puis si vous mangez sans gluten, ou que vous pensez le faire, on va forcément questionner votre crédibilité. Cela vaut le coup de réfléchir un moment aux questions que l’on ne manquera pas de vous poser, et aux doutes que cela va vous procurer :

  • Comment expliquer votre « problème » – d’ailleurs devez-vous vous justifier ? 
  • Faut-il chercher à convaincre tous ceux qui « n’y croit pas » et qui estiment que vous êtes beaucoup trop influençable ? 
  • Qu’au fond, vous n’y connaissez rien ? 
  • Que vous êtes en train de surestimer votre self-control ? D’accorder trop d’importance à des études scientifiques anecdotiques ou contradictoires ? 
  • Que finalement, tout cela ne sert à rien : sauf maladie patente, on ne gagne rien à supprimer LA céréale la plus importante du monde, qui a largement contribué au développement de l’humanité et qui a l’immense avantage de ne pas trouer votre porte-monnaie ? 

2- Faire des choix impliquants

Concernant la sociabilité, vous allez vous retrouver à défendre vos choix personnels sans chercher à faire du prosélytisme (propager votre passion toute neuve avec un zèle irritant). Les nouveaux adeptes, de n’importe quelle discipline ou religion, ne peuvent pas s’empêcher de répandre la bonne parole sans qu’on leur demande. En matière alimentaire, on se fait la leçon très fréquemment, de femme à femme. C’est étonnant comme la conviction que l’alimentation va nous sauver s’est imposée rapidement dans nos rangs de quinquas.

  • Doit-on réduire son cercle amical, refuser les invitations, imposer son menu ? 
  • Ou se taire et gérer selon les circonstances, quitte à expliquer pourquoi ce midi on ne pourra pas manger ? 
  • Faut-il penser à déménager dans le quartier chinois d’une métropole, en Mauritanie (où le taux de malades céliaques est réputé être le plus important du monde) ou carrément dans un pays asiatique ?  Après tout, le lieu où l’on pratique la mise en place d’une nouvelle habitude compte beaucoup…

Bref. Les questions s’enchainent, comme toujours chez moi. Mais plus j’ai de questions, plus je suis motivée et plus j’avance. 

Donc je poursuis, avec ce bilan de des premiers 8 jours sans gluten et quasiment sans produits laitiers. 

4- Les menus et leur effets sur mon corps

D’abord, voici la description-type de mes menus :

  • Petit déjeuner : flocons d’avoine en petits morceaux, une grosse poignée de noix et graines diverses, fruits variés, miel, cannelle et yaourt. Miam !
  • Déjeuner : j’apporte une grosse salade au bureau. Elle contient du riz, maïs, millet ou quinoa avec des légumineuses (lentilles, pois chiches ou haricots secs), légumes crus (carotte, tomate, concombre, chou rouge, champignon, etc.) et feuilles vertes (épinard, roquette, romaine…). J’assaisonne à l’huile d’olive, citron et vinaigre balsamique. Et je prends un fruit en dessert.
  • Snack : figues et dates, cacahuètes en coques et/ou crackers de sarrasin ou maïs avec de la pâte de sésame.
  • Diner : viande ou poisson ou œufs avec des légumes cuits ; légumes racines (Pdt, patate douce…) ou galette de blé noir.

Vous voyez, je me régale. Oui, je mange aussi (souvent) du chocolat et des gâteaux sans gluten – je suis une grosse gourmande. Je passe depuis toujours du temps pour préparer les repas, et je m’appuie avant tout sur le plaisir visuel et l’exubérance des couleurs. Et je ne compte pas les quantités : je ne suis pas là pour perdre du poids mais pour me sentir plus légère. 

Oui, le sentiment de légèreté est la promesse essentielle d’un régime sans gluten chez ceux qui n’ont pas de symptômes de désordre intestinal. Il s’agit donc de dégonfler, en supprimant la « glue » du « gluten », cette partie élastique, liante, qui permet par exemple au pain de prendre du volume.

Je ne suis pas une grosse consommatrice de baguette et je mange rarement des pâtes. Mais très récemment, j’ai pris conscience de l’effet de la farine de blé après avoir dégusté deux pizzas dans la même semaine. Elles m’ont laissée pâteuse et quasiment épuisée. Je n’arrivais pas à les intégrer dans mon corps, c’était un effort de les assimiler, de les digérer. Ces pizzas me faisaient très envie, mais elles ne m’ont pas du tout réussi. 

Du coup, je me suis dit que c’était le moment idéal pour tester la suppression pure et simple des céréales contenant du gluten : blé, épeautre, seigle, orge. Je sais, j’aurais pu tout simplement arrêter les pizzas ! Mais j’avais envie d’aller plus loin. C’est vrai, la recherche scientifique nous promet un remède contre l’intolérance au gluten un jour pas si lointain, mais en attendant, il faut bien se préserver.

5- Perspectives pour un été sans gluten

J’en suis à 8 jours, ce qui est très peu. Pour le moment, tout va bien. Manger, même plus que d’habitude, ne me fatigue pas, c’est déjà ça. Je vais poursuivre ainsi jusqu’à la fin aout et je vous raconterai à ce moment-là la suite de mes aventures gluten free

Il va falloir que je m’adapte : c’est le moment des vacances et des sollicitations diverses et variées -sorties, dîners chez l’un chez l’autre, pique-nique, etc. C’est donc le meilleur moment pour tester ma motivation, observer les réactions de mon entourage et me confronter aux réalités de l’offre alimentaire dans les supermarchés, les boulangeries et les restaurants. 

Et encourager mon mari à poursuivre, ce qui ne sera pas une mince affaire ! 

Fin aout, je sens que j’aurai beaucoup de choses à vous dire.

Et maintenant, plongez-vous dans mon deuxième article consacré à mon expérience, Intolérance alimentaire : mon expérience sans gluten.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, le gluten, vous êtes pour ou contre ?

Pensez-vous que cela puisse vous aider ou pas ? Avez-vous déjà essayer de le supprimer de vos repas, et quel a été le résultat ? Racontez-nous votre expérience dans les commentaires.


    2 replies to "Manger sans gluten, c’est quoi pour les quinquas ?"

    • Grenier

      merci Véronique! on a le sentiment que manger sans Gluten est « facile » et bien non car il y a tellement de façon de le retrouver dans notre nourriture. Mais je pense que c’est très salvateur. Je vais vraiment voir comment mettre çà en place ! Merci de cette piste!

      • Véronique

        Merci Sophie ! Manger sans gluten oblige soit à lire minutieusement les étiquettes dans les supermarchés (et à mener des interrogatoires en règle dans les restaurants), soit à décider de tout préparer soi-même. L’un ou l’autre ou les deux, c’est de toute façon du boulot en plus. Se sentir mieux est la gratification principale, mais maitriser ce que l’on porte dans sa bouche procure également une vraie satisfaction (j’allais dire : un grand soulagement). Après tout, la nourriture c’est la vie, ça vaut le coup que l’on fasse tous un effort pour savoir vraiment ce que l’on mange…

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