Remettez en question vos rituels alimentaires après 50 ans

Le propre des habitudes alimentaires, c’est d’être tellement répétées que l’on finit par s’identifier à elles. Je ne suis pas « fromage », je ne pourrais jamais diner sans pain, etc. Changer sa façon de manger, c’est se remettre en question de façon viscérale, et pour certaines d’entre nous, ça relève de la torture. Mais penser qu’on est capable de le faire est beaucoup plus difficile que de le mettre en oeuvre.

Nos façons de nous nourrir correspondent profondément à notre personnalité, c’est à dire à ce que nous avons décidé d’être. Certaines changent facilement car elles se voient flexibles ou déterminées. D’autres tiennent beaucoup à rester identiques à elles-mêmes et prennent du plaisir à conserver leurs routines et leurs plats préférés, ou détestés.

Mais ces habitudes sont tout autant liées à notre éducation (aux choix nutritionnels de nos parents), aux modes et messages marketing, qui varient très souvent, ainsi qu’à la culture dans laquelle on baigne. C’est ainsi que l’on voit des familles changer de pays et transformer profondément leur style de vie alimentaire, contrairement à celles qui sont restées sur place.

Il est essentiel d’opérer un double mouvement pour dominer ses habitudes alimentaires : cerner le fond de son corps et de sa personnalité, et comprendre la culture et les modes de vie qui nous entourent et nous influencent. Une fois ce travail, prenez-vous en main et adaptez vos besoins aux circonstances.

1- La situation personnelle

1- Le sexe : homme ou femme ?

L’alimentation est sexuée, ou elle l’a longtemps été. Viande rouge pour eux, laitages pour nous. Pommes de terre d’un côté, haricots verts de l’autre. Désormais les hommes se féminisent, ou en tous les cas adoptent des comportements de soin d’eux-mêmes qui sont souvent attribués aux femmes : choix alimentaires « sains », méditation en plus du football, et pour les plus audacieux, thé vert plutôt que bière brune.

Réciproquement, les femmes cherchent à s’imposer, y compris sur le terrain du pouvoir et de l’argent. Elles n’hésitent plus à s’approprier des valeurs « viriles ». Et la nourriture qui va avec. C’est le cas de l’arrêt du sucre, par exemple (une mode parmi tant d’autres). Alors que nous avons été accros aux gâteaux et aux bonbons pendant des générations. Si le sucre, synonyme de douceur mais de faiblesse, est délaissé, on ne se rue pas pour autant sur le steak-frite. Notre terrain à nous, ce sont les salades et le pain complet.

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2- L’âge : la ménopause et la cinquantaine

On met beaucoup de choses sur le dos de la ménopause (peut-être pour nous dédouaner de notre sensation de perdre contrôle à mi-vie). Mais c’est vrai qu’elle nous transforme en profondeur, sur le plan physiologique et psychologique. Côté kilos, il faut manger 20 à 30% de calories en moins si l’on veut garder le poids de ses vingt ans, c’est un sacré challenge.

Et puis à la cinquantaine, quand notre nid se vide, on se retrouve un peu dénudée socialement, tant nos enfants nous ont servis de prétexte pour rester identique à nous-même. On se regarde dans le miroir, et tout à coup, on se voit. Et l’on veut souvent changer ce corps qui est sous nos yeux. Non pas parce que l’on ne s’aime pas, mais parce qu’on ressent le besoin impérieux de se préparer, de se reprogrammer, pour les décennies à venir.

Et là, il faut se donner une année, au cours de laquelle on va se transformer :

Toutes les femmes passent par là. Et beaucoup réussissent, avec de la patience, de l’imagination et du soutien. 

3- Les goûts et les dégoûts

Peut-on apprendre à aimer la purée de pois cassés, le fromage de chèvre et les épinards ? Grande question.

Plus ou vieillit, moins les papilles du goût se renouvellent (on en possède quasiment trois fois moins à 70 ans qu’à 30). Si l’on couple cela avec la perte de l’odorat (oui, tous les sens diminuent avec l’âge, pas seulement la vue et l’ouïe), on finit par ne pas ressentir grand chose quand on mange, en vieillissant. Cela a un avantage : ce que l’on aimait pas peut progressivement nous paraitre plaisant.

Donc il ne faut pas se laisser avoir par ce que l’on croyait détester il y a 40 ans. Vous avez été forcée de manger des pois cassés à la cantine et ça vous a laissé un (très) mauvais souvenir ? Essayez donc librement de les cuire avec du gingembre et de l’huile de coco : je vous le garantit, ça n’a rien à voir.

Tous les aliments se transforment, visuellement et gustativement, selon la façon dont on les prépare. Si vous n’aimez toujours pas les brocolis, c’est peut-être tout simplement parce que vous n’avez pas trouvé votre bonne façon de les cuisiner. Soyez curieuse et audacieuse, si vous voulez acquérir d’autres façons de manger.

2- Les éléments culturels

1- Le mode de vie

De nombreux facteurs influencent sur la façon dont nous créons nos habitudes alimentaires. L’une d’entre elles me semble cruciale : c’est la proximité et l’accessibilité des sources d’approvisionnement. On ne mange pas de la même façon si l’on se rend à l’hypermarché une fois par semaine, ou au marché du coin de la rue quotidiennement.

De nombreuses études ont montré que des quartiers entiers des grandes villes américaines sont dépourvues de magasins d’alimentation dignes de ce nom, ce qui pousse les habitants à se ravitailler dans les stations essence… qui ne vendent pas de fruits et légumes, mais des chips et des sodas. D’où l’obésité endémique : ceci explique cela.

Même en France, où l’on dispose de tout, toute l’année, on peut se nourrir de surgelés, conserves et plats préparés si l’on est loin des supermarchés et que l’on travaille toute la journée. Alors quand vos enfants sont grands ou partis, que vous avez plus de temps et moins de bouches à nourrir, prenez l’habitude de faire vos courses plus souvent.

Quand j’habitais Paris, il n’y avait quasiment pas de placard (et à peine de cuisine) donc je faisais mes courses tous les jours chez le maraîcher, le fromager, le boulanger ou le Franprix du coin. Ça coûte plus cher, mais qu’est-ce que l’on apprend à manger frais, et donc sain ! J’ai gardé cette règle : contempler les étals et de choisir ce qui me fait envie, au jour le jour.

2- L’influence de l’entourage immédiat

Le premier entourage, c’est la famille. Elle forme à toutes les habitudes, d’ailleurs, et pas seulement à celles qui concernent le fait de se nourrir. L’éducation des enfants en France repose énormément sur l’apprentissage des goûts et des règles à table, c’est dire l’importance que donne les parents aux aliments.

Quand j’étais enfant il était impensable de déjeuner seule. Le seul repas où on se débrouillait était le goûter. Aux USA, d’où mon mari est originaire, chacun devait « faire preuve d’indépendance » (oui, c’est comme cela qu’on le considérait) et puiser lui-même dans le frigo. Et de toutes les façons, la famille ne dinait jamais ensemble pendant la semaine.

On sait que l’on est extrêmement influencé par notre entourage : on se met au sport, on arrête de fumer ou de boire, ou encore on se met au régime plus vite et avec plus de succès si l’on est entouré de personnes soucieuses de leur image ou de leur santé physique. De même, on grossit plus si l’on est entouré d’obèses, et l’on se sépare plus si l’on côtoie des divorcés. Donc choisissez bien qui vous fréquentez, et variez vos contacts.

3- La culture d’origine

Chaque peuple a construit son identité sur la façon de trouver à manger, de préparer les repas et de les consommer. La quête de l’alimentation est intimement liée à la survie d’une part, et à l’organisation d’autre part. Mais déménager dans une autre région du monde demande de s’approprier d’autres codes, et pour certains c’est éreintant.

Cependant, la généralisation de la restauration rapide partout dans le monde et l’adoption d’une sorte de culture de la mondialisation ont facilité le déplacement de familles entières d’expatriés. Aujourd’hui, beaucoup de gens ont une double ou triple culture culinaire : alimentation traditionnelle d’origine, alimentation locale, alimentation internationale moderne.

Le repas gastronomique français est inscrit au patrimoine immatériel de l’Unesco, et beaucoup d’autres modes alimentaires locaux pourraient l’être aussi. Mais quand on regarde la complexité de ce qui qui fait notre tradition (le partage, la conversation, le goût, le choix des produits, la succession des plats…) on comprend que cela soit réservé aux grandes occasions. Pour tout savoir sur les liens entre la culture et l’alimentation, je vous recommande la lecture de « Manger tous et bien« , de Bruno Parmentier (que j’ai eu la chance d’aider dans la réécriture).

Dans la pratique, les nouilles chinoises ou le couscous marocain sont largement consommés par les Français. Et la nouvelle est tombée : désormais, nos compatriotes mangent plus de hamburgers que de jambon-beurre

3- L’adaptation des besoins aux circonstances

1- Le poids et les kilos en trop

Il est indispensable de réguler les quantités ingérées dans la journée, c’est de cette façon que l’on arrive à contrôler ses besoins pour obtenir le poids désiré. Prenez votre poids chaque matin au réveil, et mangez en conséquence : normalement s’il est stable, moins s’il a augmenté.

J’ai lu quelque part qu’une célèbre chef-cuisinière conseillait de ne rien avaler la journée avant un diner plantureux. J’applique cette méthode, ça marche. De même, le jour suivant, vous pouvez sauter un repas. J’ai fait ça jusqu’à trouver l’équilibre et comprendre vraiment les quantités qui me convenaient ; désormais je n’ai plus de problèmes. Sortir du sacro-saint petit-déjeuner, déjeuner, goûter, diner, demande un effort mental mais ça vaut le coup.

Prenez des libertés. Franchement, je n’hésite pas à manger un gâteau si j’ai l’occasion, et à alléger d’autant le déjeuner. Quand quelque chose vous tente, même quotidiennement, comme un dessert ou un verre de vin, appréciez-le… et diminuez le nombre de calories au cours du repas suivant. L’alimentation est un plaisir autant qu’un remède, tout est une question de doses. Donc ne cumulez pas les aliments, même sains, si vous mangez « mal » ; restez-en là, tout simplement.

Lisez ici mon grand témoignage : comment j’ai transformé mon corps et repris mes esprits

2- Le rythme des repas, le temps imparti

Chez nous les Latins, chaque repas est une petite fête (souvent juste avec soi-même, car on déjeune de plus en plus souvent seul). Mais la notion de détente, de coupure, est bien là. Profitez-en : il faut 20 minutes à nos bactéries intestinales pour cesser de transmettre la sensation de faim à notre cerveau. Donc prolongez un maximum le temps pendant lequel vous mangez. Les légumes crus, qu’il faut bien mastiquer, ou les produits longs à décortiquer (crevettes, cacahuètes) sont l’idéal pour rallonger des minutes au repas et finalement couper la faim.

Le rythme des repas, lui, est artificiel. Il suit l’organisation du travail, et varie d’un continent à l’autre. Il permet de diviser le nombre de calories incorporées chaque jour, et du coup régule la digestion. Il permet aussi aux personnes de se rencontrer et de discuter, et c’est donc un acte social.

Mais il n’est pas universel : on a vu pendant la pandémie qu’un certain nombre de personnes travaillant chez elles (typiquement sans enfant) ont complètement déstructuré leur alimentation. Elles se nourrissaient de multiples en-cas ou d’un seul repas quotidien, mais sans souffrir pour autant. Puisque les trois repas sont conçus pour être pris en société, il n’y a aucune raison de les suivre quand on reste seul.

C’est d’ailleurs le principe du jeune intermittent : le changement du rythme et de la quantité des prises alimentaires peut nous être bénéfique, dès lors que l’on fait de la nourriture un acte strictement personnel (contrairement à ce que nous a répété notre mère toute notre enfance). Ça n’est probablement pas tenable à long terme, mais la méthode gagne à être mise en oeuvre… le temps de changer d’habitudes.

3- Le savoir-faire pour préparer les plats

Moins vous passez de temps à préparer, plus vous serez incitée à le faire. Donc évitez de sortir votre batterie de casseroles, de plats de service et d’objets divers. Ils rajoutent à la sensation désagréable de travail, de rangement et de nettoyage et freinent votre envie de cuisiner vous-même.

C’est souvent la préparation des légumes qui vous rebute, d’où le repli sur les pâtes (que vous maîtrisez bien, car vous les avez préparées pendant des années pour vos enfants). Il est temps de changer vos habitudes alimentaires et de réapprendre à faire une cuisine coloriée et variée. Je détaille abondamment la façon rapide de préparer des repas délicieux et nutritionnels dans cet article.

De même, si la succession des plats les uns derrière les autres vous épuise d’avance, placez-les tous dans une seule assiette :

  • Légumes et fruits crus et cuits (la moitié),
  • Féculents (un quart),
  • Viande/poisson/fromage/oeuf (un quart).

4- La qualité et les quantité des aliments

Vous le constatez : je ne parle des aliments en eux-mêmes que maintenant. Car ce qui entoure la nourriture est aussi important que ce qui la compose. C’est ce que l’on ignore le plus souvent lorsqu’on veut changer, modifier, améliorer son régime et ses habitudes alimentaires.

Hors jours de fête, pour vous cinquantenaire, mieux vaut manger une belle salade chaque midi que de décongeler une quiche ou avaler un sandwich. Côté qualité, je ne cesse de préconiser d’utiliser des aliments frais que vous préparez vous-même. Mélangez les couleurs et imposez-vous 6 ou 7 produits différents, ou plus :

  • Une bonne poignée de légumes feuilles : laitue, épinard, kale, roquette, mâche,
  • Au moins trois légumes et fruits colorés : tomate, chou rouge, carotte, poivron, concombre, betterave, fenouil, champignon, pomme, fraise, blueberries, orange,
  • Un féculent : maïs, riz complet, quinoa, pomme de terre, pain complet, patate douce, pois chiche, haricots rouges, lentilles, soja,
  • Une petite poignée de fruits secs (noix, amandes, pécan, cacahuètes, etc.) et graines (lin, tournesol, etc.)
  • Des protéines animales, si vous en consommez : fromage, oeuf, thon, jambon, etc.

Le soir, misez sur une abondance de légumes cuits (à la poêle ou en soupe), avec leur accompagnement : des légumineuses (pour les véganes) ou une petite portion de poisson ou de viande. Epicez le tout, bien sûr. Ne vous ennuyez pas, empêchez-vous de vous répéter. Imaginez-vous dans le laboratoire de Géo Trouvetou, aussi inventif qu’efficace…

Courage, j’y suis passée et je l’ai transmis à mes amies ; vous aussi pouvez le faire !

Vous trouverez en bas de ce texte la liste de tous les articles que j’ai écrit sur l’alimentation et les différents types de régimes.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

4- Habitudes alimentaires : le récapitulatif

  1. Prenez conscience qu’après 50 ans il faut changer d’habitudes alimentaires pour être en bonne santé
  2. Refaites votre histoire nutritionnelle : votre éducation, vos expériences suivantes, vos habitudes familiales
  3. Forcez-vous à écrire ce que vous mangez typiquement, pendant et entre les repas
  4. Qu’est-ce que vous êtes prête à supprimer ? Que tenez-vous à conserver ?
  5. Apprenez d’autres méthodes, formez-vous pendant plusieurs mois si nécessaire
  6. Pensez consciemment à ce que vous incorporez chaque jour, chaque repas, chaque plat et chaque bouchée

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Et vous, vos habitudes alimentaires vous conviennent-elles ?

Partagez votre vision et votre expérience dans vos commentaires, pour que chacun puisse avancer !


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