Intolérance au gluten : entre mythe et réalité

Si vous avez lu mon précédent article, vous savez que j’ai débuté une sorte de cure sans gluten pendant 6 semaines. A priori, je n’ai pas de problèmes liés à cette molécule autres que des ballonnements après les repas. Mais je voulais accompagner mon mari qui lui, s’est découvert une intolérance au gluten et doit cesser toute absorption de pain, de spaghettis, de cookies et autres pizzas, toute sa vie.

Les femmes de 50 ans et plus parlent souvent de gluten ou/et de produits laitiers de vache, pensant que les supprimer va résoudre leurs désagréments digestifs, améliorer leur humeur, leur faire perdre du poids et resplendir la peau de leur visage. Bref, rajeunir de quelques années… et plus encore.

J’ai voulu vérifier, bien sûr ! Est-ce si miraculeux ? Et surtout, est-ce vivable ? Peut-on poursuivre des relations normales avec son entourage, passer des journées sereines sans épier tout ce qui n’est pas transparent, nutritivement s’entend ?

1- Pourquoi le gluten a pris de l’importance dans ma maison

Le gluten est entré dans ma vie il y a 5 ou 6 ans, quand mon fils ado s’est mis à accumuler les problèmes digestifs, diarrhées en particulier. Son médecin a fini par lui conseiller d’arrêter lait et blé pendant plusieurs semaines, pour voir. Le test s’est avéré concluant et un diagnostic de maladie cœliaque a été réalisé par la suite. Depuis, il surveille très attentivement la moindre trace de ces molécules dans son alimentation.

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Il est désormais étudiant et ne prends jamais de bière ou de pizza, l’alimentation de base sur les campus aux Etats-Unis, où il habite désormais. Tans pis, mieux vaut rester en bonne santé que de trinquer tous les soirs. L’intolérance au lactose est elle bien plus facile à vivre puisque l’on peut acheter en pharmacie des pilules de lactase, l’enzyme qui permet de digérer le lait (il en utilise le moins possible).

Il y a quelques semaines, le gluten s’est rappelé à nous : mon mari, à l’issue d’années de soucis de santé difficiles à identifier, surtout ORL, s’est découvert lui aussi incapable de digérer les pâtes ou les yaourts. C’est un allergologue qui a suggéré qu’un ou plusieurs aliments pouvaient engendrer des effets assez nébuleux sur le corps, négatifs à long terme. Il a réalisé un test sanguin sur 100 aliments communément allergènes qui a confirmé ses doutes.

Comme il est beaucoup plus âgé, la transition a été plus chaotique que pour mon fils (on y est encore) : pas facile de changer de mode alimentaire de façon radicale du jour au lendemain. Finalement, la frustration semble plus grande chez un adulte que chez un ado… peut-être une question de caractère ? Peut-être que l’on habitue trop à ne pas se sentir bien, et que l’on a du mal à s’arracher à la routine quand on vieillit ?

1- Le gluten, c’est dangereux ou c’est du bla bla ?

Le gluten, une histoire de famille

La maladie cœliaque, auto-immune, est une prédisposition héréditaire, qui a donc été transmise à mon fils soit par mon mari, soit par moi. Stupidement, lorsque l’on a réalisé que quelqu’un dans la famille en était atteint (notre fils), nous n’avons ni lui ni moi effectué de test pour vérifier lequel de nous était porteur. Je ne comprends toujours pas pourquoi on a été si insouciants.

L’allergie/intolérance (on confond souvent les deux, pour connaitre la distinction, regardez ici) au gluten est complexe à gérer, mais il y a bien pire.

C’est une chance de ne pas devoir se passer des produits riches en FODMAPs, qui concernent une multitude d’aliments végétaux (certaines légumineuses, céréales, fruits et légumes) et animaux (produits laitiers). Quelle galère quand on doit s’astreindre en permanence à faire le tri entre le bon grain et l’ivraie. Mais au bout d’un moment, c’est surtout l’entourage qui est décontenancé : la personne allergique, elle, sait très bien ce qu’elle peut prendre ou pas, ça devient vite un automatisme.

Mais évidemment quand on doit faire un tri, on le fait. Il y a des millions de personnes concernées à travers le monde et Internet ruisselle de sites d’associations de consommateurs allergiques ou intolérants. Signe des temps : aux USA, où se comptent beaucoup de personnes atteintes de la maladie cœliaque, certaines banques alimentaires ont une gamme sans gluten.

Les symptômes d’une intolérance au gluten

Si les allergies provoquent une réaction immédiate (typiquement une éruption cutanée ou une gène respiratoire), elles se résolvent immédiatement en supprimant l’aliment en cause. L’intolérance est plus insidieuse : elle met du temps (parfois des années) à se révéler, et autant de temps à disparaitre.

Concernant la maladie cœliaque (une intolérance), les manifestations sont avant tout d’ordre digestif, mais pas seulement. Mon fils et mon mari ont présenté des symptômes très différents l’un de l’autre :

  • Douleurs au ventre, complications digestives, reflux acides et éruptions dermatologiques pour l’un,
  • Fatigue et manque d’énergie, dépression, problèmes ORL continuels et eczéma pour l’autre,
  • Aucun des deux n’a présenté de soucis dentaires, une autre manifestation de l’intolérance au gluten.

2- Bilan de 6 semaines sans gluten/lait

De mon côté, bien que n’ayant pas de soucis de santé particuliers, voici ce que l’arrêt du gluten a engendré :

Côté digestion

j’ai senti immédiatement la disparition de ces lourdeurs post-repas. Inutile de m’assoupir pour mieux digérer. Et pas non plus de ballonnements inconfortables et disgracieux, c’est quasi-miraculeux. Je ne peux pas écrire qu’on se sent plus légère d’une façon générale, mais par contre on ne se sent pas lourde après les repas. C’est déjà ça.

Sur le plan de l’énergie

Je n’ai pas vu de différence. J’ai tendance à être pleine d’énergie une grande partie de la journée, puis à m’écrouler le soir. Ça n’a pas changé d’un poil.

Côté humeur

Je suis une optimiste de nature, donc là encore pas de changement. Mon déménagement de Berlin-la-grise à Nice-l’ensoleillée a été beaucoup beaucoup beaucoup plus influent sur mon humeur et ma joie de vivre (en résolvant définitivement les symptômes de dépression saisonnière) que ces 6 semaines sans gluten.

Par contre mon mari, qui en l’occurence est le « vrai malade », a noté une baisse notable de son anxiété/inquiétude de fond. La digestion enclenchée par notre microbiote intestinal a un effet direct sur nos émotions, et supprimer les aliments néfastes l’a manifestement bien aidé. C’est donc une victoire de ce point de vue.

Quant à mon poids

Je n’ai pas perdu un gramme, bien au contraire : comme on ne peut plus prendre de tartines avec un morceau de fromage, on a tendance à se précipiter sur ces autres choses qui sont nettement plus caloriques : noix et cacahuètes, biscottes de riz ou de sarrasin avec de la confiture, chocolat, etc. C’est comme si davantage de calories étaient nécessaires pour combler la frustration de ne pas manger de blé.

Mon fils, qui lui a la maladie cœliaque, souffre du moindre écart, se contrôle strictement et reste mince depuis toujours. Mais mon mari, qui s’est découvert la maladie très récemment, n’a hélas pas encore enregistré de changement du côté de ses kilos en trop…

Concernant mon porte-monnaie

Mon budget s’en ai pris un coup. Le pain sans gluten n’est pas terrible gustativement, et en plus il est cher (et rempli d’ajouts qui tentent de remplacer la texture du blé et l’élasticité du gluten). Et puis comme on se sent limité en termes de choix alimentaires, on a tendance à se faire plaisir plus souvent… avec des choses forcément plus chères que le pain, les pâtes, les pizzas ou le fromage, puisque ce sont les aliments les plus répandus et les plus abordables.

Supprimer de son mode de vie certains aliments adorés reste une mini-épreuve. On est forcément tenté de compenser par d’autres produits qui ne sont ni sains ni bon marché.

Et les sorties ?

On s’est débrouillés. On aime sortir en ville et on n’a jamais renoncé par crainte de ne pas trouver quoi manger. Mais il faut dire qu’on habite une grande ville, touristique de surcroit, où les restaurants de toutes sortes abondent. Il y a toujours une crêperie avec ses galettes de sarrasin, un restau chinois (attention aux sauces) et si vraiment rien ne convient, un steak-frites fait l’affaire.

Cependant, les gens malades depuis longtemps ont tendance à éviter le restaurant. Même en étant ultra vigilant, mon fils essaie de ne jamais prendre deux repas d’affilée à l’extérieur. Ce qui l’oblige à faire la cuisine, à un âge où peu de garçons s’y connaissent. C’est un plus.

Côté amis et sociabilité

Maintenant que, dans mon couple, on a dépassé les 50 ans, et comme en plus on fréquente des personnes de cultures multiples, j’observe une vraie évolution des comportements : chacun et chacune opère une forme de choix revendiqué dans ses repas quotidiens. Intolérance alimentaire, goûts et dégoûts marqués, allergies variées, prescriptions religieuses, restrictions liées au jeûne intermittent, aux régimes vegan, végétarien, flexitarien, cétogène, et j’en passe.

Il y a toujours quelqu’un qui ne peut/veut pas manger comme les autres. C’est devenu… parfaitement normal. Il est désormais difficile de rassembler 10 personnes uniquement autour d’un cassoulet, d’une paella ou d’une raclette, ou alors il faut choisir les convives adéquats. D’où la vogue des potluck comme aux USA, où chacun apporte quelque chose de son choix.

Quel changement pour la culture française, où tout le monde partageait traditionnellement un même plat, réalisé par une seule personne, comme signe de cohésion et de fraternité. Là comme ailleurs, la cohésion se manifeste désormais dans la diversité et le respect des particularités, et non dans l’unité et le conformisme.

En conclusion, voici ma stratégie

Voici les pour et les contre de ce que j’ai appris au cours de ces six premières semaines (relire mon article précédent ici) :

  • Un bien-être individuel (un peu) amélioré,
  • un bien-être social (un peu) dégradé,
  • un vrai trou dans mon budget.

Si j’étais allergique et que je n’avais pas le choix , je n’hésiterais pas une seconde et je suivrais les prérogatives à la lettre. C’est une très mauvaise idée de fermer les yeux et/ou de prendre des médicaments pour cacher un problème, ça nous coûtera la peau des fesses un jour ou l’autre.

Mais en l’occurence, je ne suis pas malade.
Sauf que. Peut-être que je subis des allergies ou intolérances non détectées ? Et si moi aussi j’étais mal en point sans le savoir ?

C’est l’objet de cette quatrième leçon apprise lors de cette aventure culinaro-intestinale :

  • une prise de conscience de risques insoupçonnés,
  • une mise en doute de mon mode alimentaire,
  • une inquiétude diffuse mais tenace.

Avant de vous lancer dans ce changement important, mesurez-bien tout ce qu’il va impliquer dans votre quotidien. Etes-vous prête à une surveillance de tous les instants pour vous sentir mieux ? Cette obsession peut-elle vous rassurer ou va-t-elle vous angoisser davantage ?

A vous de choisir. En tous les cas désormais, j’éviterai le gluten, en général.
Car je n’oublie pas que depuis la ménopause, mon ventre a tendance à gonfler « magiquement » tout seul. Un coup de pouce afin qu’il ne double pas soudainement après manger ne peut pas me faire de mal au moral. D’autant plus que je suis sportive et que j’ai des abdos raisonnablement solides…
Autant ne pas entretenir cette fatigante sensation.

Mais je ne le supprimerai pas dans le détail (par exemple dans les flocons d’avoine possiblement « contaminés » par le blé), ni lorsque je suis invitée à un repas, ni lorsque rien d’autre ne me tente. Je ne veux pas devenir obsédée par une molécule qui ne me cause pas de tant de contrariétés que ça, et qui est omniprésente dans la culture française.

3- Les falafels, recette idéale des intolérants au gluten et lait

Et maintenant, passons à table !

La photo d’illustration montre des falafels. J’en suis une grande fan, surtout depuis que je mange sans gluten. Voici la recette qui m’a été donnée par une amie syrienne. C’est vraiment très très bon, je vous recommande ces jolies boules de pois chiches aux herbes, dorées au dehors et bien vertes dedans, croustillantes quand on les goûte et fondantes au final. Prenez-les avec du tahini (si vous n’en trouvez pas, passez un sachet de graines de sésame grillées au food processor).

La combinaison « légumineuses, graines, herbes et condiments » est gourmande, diététique et abordable : régalez-vous et profitez du sans gluten/sans lait. Avec une salade de roquette ou d’épinards, par exemple, ça pourrait être le diner emblématique du XXIème siècle : riche en nutriments, délicieux sous la langue, exotique à souhait, mangeable avec les doigts… sans effet délétère sur l’environnement… et partageable dans les grandes tablées.

Pour les allergiques aux oeufs, à l’ail ou au paprika (comme mon mari…), la recette fonctionne quand même. Je la prépare désormais sans ces ingrédients.

Voici comment faire :

  • Un demi paquet de pois chiches secs, à faire gonfler dans l’eau pendant 24h, 
  • Un large bouquet d’herbes fraiches : typiquement persil, mais aussi basilic, menthe, coriandre (ensemble ou pas ; pour ma part c’est le mélange que je préfère dans cette recette très verdoyante),
  • Un oeuf et une petite pomme de terre (c’est elle le petit plus, qui va donner ce merveilleux croustillant),
  • Oignon et ail frais à votre goût, paprika, cumin, sel et poivre,
  • Un peu de bicarbonate de soude.

  • Placez les pois chiches, bien égouttés et séchés, au food processor, et mixez grossièrement,
  • Mixez ensemble les autres ingrédients puis mélangez le tout,
  • Formez des boulettes à la main, bien serrées,
  • Faites-les frire dans l’huile de tournesol et dégustez. On peut les congeler et les réchauffer ensuite au four ! 

Je sais que les inconditionnels vont rétorquer qu’on ne met pas de basilic, et surtout pas de pomme de terre, dans les falafels. Mais cette recette est trait pour trait celle qui m’a été donnée par Reem. A mes yeux, elle est donc parfaitement authentique, en plus d’être délicieuse.

En fin de compte, manger moins de gluten m’a permis de me renouveler sur le plan culinaire et d’élargir la palette d’ingrédients que j’utilise quotidiennement. Car je suis comme vous : je préparer toujours les mêmes trucs. heureusement qu’il y a les vacances, par monts et par vaux, pour raviver mon imagination !

Le premier article de cette mini-série sur le gluten est là : Manger sans gluten, c’est quoi pour les quinquas ?

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, avez-vous une intolérance alimentaire ?

Racontez-nous dans les commentaires comment vous vous y prenez pour manger avec plaisir, et comment vous parvenez à vivre en société malgré vos restrictions.


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