Le bilan annuel, pour prendre du recul et avancer

Faire le point sur sa vie quand on aborde la cinquantaine, souvent ça sent le soufre. C’est mauvais signe, une quinqua qui marche sur des œufs et qui doit reprendre l’équilibre pour ne pas provoquer une omelette sous ses pieds. Ça sent celle qui n’en peut plus, ou qui mesure enfin l’étendue du décalage entre le rêve et la réalité. A l’aube d’un divorce, tout juste licenciée, ou bien minée par le mal au dos. Ou est-ce le départ regretté des enfants, l’appréhension de prendre bientôt sa retraite ?

C’est le truc que l’on fait trop tard.
Quand la crise rôde.

Quel dommage ! Faire un bilan régulièrement, je vais vous montrer comme c’est intéressant, sain, à la fois apaisant ET dynamisant. Ça n’est pas une remise en cause de tout son trajet personnel. Ça n’est pas le grand déballage des regrets et des remords, associée à la croyance aveugle en l’arrivée imminente de jours terribles, ou meilleurs. 

C’est l’occasion de vérifier que notre plan personnel est conforme aux standards que l’on s’est fixée précédemment, et d’ajuster le tout pour la prochaine période. Le bilan personnel est associé à un tempo défini. La fréquence est un élément décisif : c’est un code temporel que l’on suit sans état d’âme, juste par ce qu’il nous permet de respirer « existentiellement ». Il n’a aucune autre signification que celle de conserver notre motivation, en ne perdant pas des yeux le début et la fin de notre mini-cycle.

1- Faire le point sur sa vie grâce aux agendas

Faire un bilan pour la première fois après 50 ans peut paraitre éprouvant, d’autant plus que l’on ne se souvient pas de pans énormes de sa vie. Il y a un nombre incalculable de faits qui ont orienté notre parcours mais que l’on se remémore plus. Du coup on oublie pourquoi on a pris telle ou telle décision, et on se fait un scénario imaginaire du passé.

 Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

Si c’est votre premier vrai bilan, commencez à reprendre vos agendas annuels, ceux où vous notez vos rendez-vous et les menues étapes que vous effectuez chaque jour. Dans ces pages se déroulent la totalité de votre vie pratique, quotidienne. 

Surtout, continuez à utiliser des agendas papier et à les conserver. On y note beaucoup beaucoup plus de choses concrètes que sur son smartphone : une multitude de détails, de petits pas, qui finissent par construire notre réalité. On gribouille, on dessine, on raye, on y consigne par petites touches tout ce qui concerne le boulot, la vie de famille, les films qu’on voudrait voir, etc.

Si vous avez un journal intime, c’est aussi super, mais souvent on y emmagasine davantage les émotions et les impressions que les faits matériels. Et faire le point sur sa vie, ça n’est pas seulement se baser sur vos émotions passées. Vous avez vraiment intérêt à collecter des éléments tangibles, qui manifestent en pratique chaque pas que vous faites sur votre chemin de vie.

2- Les multiples cycles qui tracent notre vie

On devrait faire ça tous les ans. Par exemple à son anniversaire, ou au premier janvier, ou le dixième jour des vacances d’été. Un jour qui a de l’importance pour nous. Seul ou à plusieurs. C’est plus inconfortable de le faire avec d’autres, qui pourraient mettre le doigt sur ce qu’on a loupé, mais c’est aussi plus intéressant. Ce que les autres perçoivent de nous est véritablement utile, ils sont notre boussole (mais pas notre moteur). Et bien entendu ils sont là pour nous rappeler tout ce qu’on a mis en œuvre, construit et obtenu, qu’on ne voit pas nécessairement nous-même. 

Etrangement, peu de gens font réellement ce travail de pas de côté, pour prendre du recul et identifier les grandes lignes de leur vie. Pour observer, rétroactivement, les choix réels qu’ils ont effectués. Pour appréhender la complexité de leur existence, et pouvoir en profiter par la suite.

Pourtant on n’apprend rien d’une vie morne et linéaire. Les personnes les plus intéressantes, celles qui vous apportent ces réponses qui vous manquent, ne sont-elles pas celles qui ont le plus expérimenté le monde, en bon ou en mauvais, volontairement ou pas ?

1- Rester concret sur les objectifs du bilan

Rester concret et ne pas s’en tenir à des impressions est une clé pour tirer les leçons de la période passée et préparer la prochaine. Je ne parle pas seulement de la quantité et de la matérialité de nos actes, de nos performances, mais de la qualité de notre vie : notre bien-être. 

Mais la plupart du temps on est pris dans les multiples cycles. Le cycle des repas, le cycle des impôts, le cycle des réunions au boulot, le cycle des disputes avec la voisine du dessous, le cycle des lessives, le cycle des règles… Et même le cycle des imprévus, erratique en apparence, assez régulier en réalité.

Droit devant, on a toujours des dates, des échéances. Et on n’arrive pas à intégrer un cycle supplémentaire qui apparait comme une charge mentale de plus : le cycle des « bilans personnels ». En général, on attend la crise pour se pencher dessus. On le traite comme une anomalie, alors que l’on devrait l’anticiper. Comme le cycle des après-midis shopping ou celui des bains moussants !

2- Identifier les repères et les cycles

On a du mal à laisser de côté ce gigantesque filet de notre existence, aux mailles soigneusement entrelacées. Elles sont tellement serrées que parfois elles nous étranglent. C’est difficile de s’en dégager, de s’en libérer, mais c’est aussi risqué de plonger à l’intérieur : on pressent qu’on va forcément s’y perdre, (littéralement) se faire embobiner.

On sent bien que l’on pourrait remettre en question des choix, des personnes, se remémorer ce que l’on avait si bien enfoui, aidée par le défilé inéluctable des années. Tout cela est épuisant par avance.

Mais pourquoi ne pas le découper en petits morceaux, plutôt que de tout régurgiter d’un seul coup, au risque de se sentir vraiment mal ?
Et pourquoi ne pas le prévoir à l’avance ?
Je suis pour une saine et régulière analyse de son passé récent, celui dont on se rappelle distinctement. Le passé lointain, c’est une autre paire de manche, où l’interprétation en finesse joue une grande part et n’est pas à notre portée sans l’aide d’un professionnel (et encore).

En faisant ce point rituellement tous les ans, on a une échéance et on a un but, mais sans se mettre trop la pression. Et le côté arbitraire de la date compte, on veut une ponctuation rythmique, pas un objectif écrasant. On veut mettre des bornes à notre analyse, pour ne pas se laisser envahir et déborder par l’émotion.

3- Un an, le rythme idéal, comme en entreprise

Un an, c’est la bonne durée pour un cycle existentiel : ça laisse quatre saisons entières à mijoter. Même les plus paresseuses, les plus inhibées ou les plus désorientées auront quelque chose à montrer et à dire, au bout de 365 jours.

On fait des mises au point au bureau rituellement, on est pisté par les services administratifs avec une ponctualité d’horloger suisse, on a géré pendant des années tous les méandres du calendrier scolaire… pourquoi ne pas le faire pour soi, pour sa petite entité personnelle ? 

1- Le point sur nous-même comme en situation de travail

Si on était une entreprise, on s’auto-analyserait chaque vendredi soir, on se fixerait des objectifs de la semaine chaque lundi matin. Entre les deux, on serait à l’arrêt, ou quasiment.

On mesurerait nos activités et nos résultats chaque mois, et chaque trimestre. Et particulièrement chaque année, au cours d’un banquet avec nous-même, où l’on se ferait une grand-messe auto-congratulante, positive mais dénuée de faux-semblants, et où l’on se projetterait dans la cuvée à venir avec force enthousiasme, parée de nouvelles technologies et surfant sur les dernières études de management américaines.

On s’occuperait de nous-même avec compétence et professionnalisme. D’ailleurs, les entreprises concoctent des analyses de cycle de vie pour leurs produits, et des bilans annuels pour leurs salariés. Ça doit bien vouloir dire quelque chose.

On se traiterait avec respect. On aurait des hauts et des bas, comme une personne humaine, mais on considérerait ça avec une distance curieuse et prudente.

On ne fermerait pas les yeux sur nos problèmes (nos chiffres), on résoudrait ça froidement, logiquement.

2- Regardons-nous en face mais dans un cadre bien défini

Voilà, si c’est plus simple à comprendre : soyons une entreprise. Soyons les salariés (motivés, impliqués) aux tâches diverses et variées et les patrons entreprenants (et pas crevés, ni isolés). Soyons le service financier, la R&D, la logistique, l’après-vente. Communiquons avec nous-même. Vérifions bien que nous comprenons où nous voulons en venir, et adaptons-nous le cas-échéant.

Il s’agit bien sûr d’une image.
Il n’y a pas que dans la vie professionnelle que l’on « produise », que l’on accomplisse quelque chose. Parfois, on s’épanouit et on réalise beaucoup plus hors du travail rémunéré que dans. Les retraités et les étudiants n’ont pas de salaire, ça ne les empêche pas d’avancer pas à pas vers leur but. Les études sont des années particulièrement ponctuées d’étapes : les examens, les diplômes.
Les retraités naviguent davantage à vue, ça n’est pas forcément une bonne chose. Se fixer des buts et les mesurer rituellement leur serait probablement très utile.

3- Fabriquons-nous une batterie de questions éclairantes

Le jour J, partez seule si vous préférez, ou organisez une réunion d’une journée avec votre groupe de référence, celui qui va vous aider à vous replacer dans votre espace-temps. Partez des questions générales vers les éléments particuliers :

  • Où en suis-je ? Qu’est-ce que j’ai parcouru, quel est le chemin qui me reste ? Est-ce qu’il me plait ?
  • Est-ce que mon quotidien est en harmonie avec mes aspirations, est-ce que mes routines convergent vers cette personne un peu-beaucoup idéalisée que je voudrais être ? 
  • Est-ce que je supporte les contraintes pour mieux savourer mon existence tout entière ? 
  • Est-ce que la contrariété, l’ennui ou le stress que je ressens me sont utiles, me permettent d’accomplir ce que je désire in fine ?  
  • En quoi exactement est-ce que cette année passée a accru mon bien-être ? 
  • Malgré le Covid, malgré l’isolement, malgré le décès de tel proche ? 
  • En quoi est-ce que l’année m’a permis de me sentir plus intégrée socialement, professionnellement, affectivement, amicalement ? 
  • Comment ai-je pu trouver et donner l’amour au cours des 12 derniers mois ?

Bon courage pour ce travail salutaire et passionnant !
N’oubliez pas de la répéter annuellement, ad vitam aeternam. Prenez des notes dès que vous en avez l’opportunité, ça peut toujours servir. Pour d’autres questions précises, et une analyse beaucoup plus détaillée du processus, je vous invite à consulter cet autre article.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, faites-vous le point sur votre vie ? A quelle fréquence ?

Parlez nous de votre expérience dans les commentaires pour que chacune puisse en profiter !


    4 replies to "J’ai 55 ans, comment faire le point sur ma vie ?"

    • Anne

      Interresante vue sur un bilan annuel, j’e vais profiter de mes congés pour réfléchir un peu en ce sens . Ce qui m’exaspère dans tous les « points » bilans proposés par des coachs, psy ou autres solutions c’est de faire comme si il fallait repartir de 0 . Hors mon chemin est ce qu’il a été et je ne souhaite que regarder devant….j’ai déjà fait des retours en arrières mais cela n’a pas d’intérêt pour moi en ce moment. Je veux bâtir mes 2o prochaines années harmonieusement .

      • Véronique

        Je suis bien d’accord ! Repartir de zéro c’est une vraie illusion, et ça signifie que l’on n’a rien tiré de la vie, ce qui est idiot. Il faut utiliser ce que l’on a fait, et donc savoir ce que l’on a fait, très concrètement. C’est comme mesurer les kilomètres que l’on a effectué pour déterminer l’effort qu’il nous reste à mener avant l’arrivée. Bon courage Anne, dites-moi si vous voulez participer au groupe pour faire un travail commun. Si ça vous intéresse, je fais aussi des coachings, orientés futur.

        • Anne

          Bonjour Véronique je n’avais pas vu votre réponse , oui je suis intéressée
          Voici une autre adresse car sur Gmail c’est du temporaire
          Merci

          • Véronique

            D’accord Anne !

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