Avoir des enfants tard a des avantages… et des inconvénients

La grossesse tardive, en particulier pour le premier enfant, est un phénomène en hausse continuelle. Les mères âgées sont plus nombreuses que jamais. Auparavant, il s’agissait souvent d’un accident (les petits derniers non prévus au programme, concluant les grandes lignées). Aujourd’hui, ces grossesses sont planifiées, et rendues possible à la fois par la meilleure santé des mères, et par la procréation médicale assistée.

C’est un événement formidable dans la plupart des cas : les enfants sont désirés et choyés, on possède la maturité et les finances pour les élever, on a un vrai projet éducatif pour eux. Mais l’inconvénient majeur, c’est qu’ils seront ados quand vous traversez la ménopause, voire bien après. Et là, vous avez intérêt à vous préparer finement, et à anticiper les variations physiologiques, fatigues, sautes d’humeur et désirs « d’autre chose », sinon gare aux frustrations.

1- Il existe plusieurs types de grossesse tardive

Plus on fait d’études supérieures et moins on fait d’enfant, ce qui montre bien que procréer est vécu un vrai métier, même si ça n’est pas forcément à plein temps. De plus, les mères âgées sont typiquement les plus diplômées. Elles ont commencé leur vie d’adulte par leur carrière plutôt que leur famille (sans compter celles qui ont choisi de ne pas procréer pour pouvoir vraiment se consacrer à leur profession). 

Les mères âgées, ce sont aussi des mamans adoptives, qui attendent, parfois pendant des années, l’appel téléphonique qui va changer leur vie. Ou encore les mères de ces « petits derniers« , nés après tout le monde, que l’on décide de garder malgré tout. Et bien sûr, ce sont les mamans de ces bébés conçus au cours d’une deuxième ou troisième union, qui se retrouvent parfois avec des frères et soeurs ados.

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1- Mon expérience personnelle de mère après 35 ans

Mon fils est né alors que je venais de passer la barre des 37 ans. A l’époque, j’habitais en province, et j’étais nettement plus âgée que mes collègues qui découvraient la maternité comme moi. A Paris, je suis persuadée que les choses auraient été différentes, puisque la carrière y prend plus d’importance qu’ailleurs. Et que le coût de la vie y est aussi carrément plus élevé, ce qui incite à y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans la vie de famille.

Ce qui est étonnant, c’est que j’ai ensuite fréquenté des mères « vieilles », comme moi, même si elles étaient d’un autre âge que le mien. Finalement, j’ai peu connu de femmes ayant eu un premier enfant avant 25 ou même 30 ans. Les 25-40 ans, ce sont des années très personnelles, où les femmes avec ou sans enfants ne se mélangent quasiment pas.

On retrouve cette différence de style de vie une vingtaine d’années plus tard, chez les 48-60 ans : les quinquas que nous sommes devenues ont un fort besoin d’expression personnelle ; la ménopause s’ajoute au programme, ainsi que le désir de réinventer sa vie. Quand les ados font encore partie du décor, la situation peut vite tourner au vinaigre.

2- Un phénomène fréquent dans les grandes villes

Je me souviens quand une amie américaine m’avait expliqué qu’à New-York, les femmes congelaient leurs ovules et avaient leurs enfants tard, après 35 ans. Et souvent très tard, après 40 ans. Typiquement, le temps de se construire une belle carrière avant, de mettre de l’argent de côté et de penser un projet éducatif. Ce qui signifie que ces enfants ne vont quitter le foyer qu’une fois que l’on approche la soixantaine.

Aujourd’hui, je connais un nombre significatif de femmes qui ont choisi une grossesse tardive, conçu leur famille autour de 40 ans, et ont eu plusieurs enfants. Cela demande une excellente santé (ce qu’elles ont), une très bonne connaissance de son corps (ce qu’elles ont aussi), un suivi renforcé de la grossesse et une planification minutieuse des années de petite enfance.

Les techniques de PMA, procréation médicale assistée, ont considérablement aidé les couples infertiles à devenir parents, même s’il faut s’accrocher : mais après 40 ans, le taux de succès est encore supérieur à 60%, ce qui vaut le coup d’être tenté.

2- Choisir d’avoir des enfants après 35 ou 40 ans

Etre une mère âgée, c’est souvent avoir bénéficié d’une plus grande stabilité professionnelle au moment de la conception, et donc d’avoir pu mettre de l’argent de côté. En tous les cas, c’était notre situation il y a 20 ans. Aujourd’hui la précarité de l’emploi est beaucoup plus forte et s’observe bien plus longtemps chez les Millenials, cette génération née entre 1980 et 2000. Ce qui repousse l’âge de la première maternité, voire supprime le choix d’avoir des bébés.

1- Une décision très consciente

Après 35 ans, on a déjà beaucoup avancé dans sa carrière, la frustration de faire du sur-place est mieux prise en compte. Idem du point de vue du couple : en principe, on sait où l’on en est, et où l’on va. On sait aussi que c’est l’occasion ou jamais : ces bébés, on les fait maintenant (et on risque d’attendre un moment avant qu’ils ne soient conçus), ou alors on renonce à la maternité. Quelle décision de vie, que l’on ne maitrise pas complètement, d’ailleurs – c’est aussi une affaire de biologie.

Le choix est donc fort. Les années de la trentaine ont été consacrées à la vie sociale, professionnelle, amicale, aux voyages. On n’a rien à regretter. Je suis partie presque un an en sac à dos en Asie à cette époque-là, j’ai repris mes études pour passer un Bac+5, j’ai eu plusieurs expériences de boulot avec la gestion de petites équipes et de nombreux déplacements, j’ai pu choisir les postes que je voulais vraiment, et m’y donner à fond. Je suis certaine que je ne l’aurai jamais fait si j’avais eu des enfants 10 ans plus tôt.

2- Les moyens de profiter d’eux

Ces grossesses tardives, ou ces adoptions qui aboutissent après des années de préparation et d’attente, créent des mères attentives, investies, organisées. La fatigue inévitable va être en partie remplacée par des services que l’on n’hésite pas à se procurer : du ménage, des vacances, du babysitting, la livraison des courses – même si l’on reste sur place, a priori disponible. Pas besoin d’avoir une réunion pour demander à une aide de venir deux heures. Le temps que l’on se repose.

Les mères âgées sont avant tout des femmes qui ont plus d’expérience de la vie, et donc qui sont capables d’anticiper la quantité de travail à gérer. On n’ajoute pas du jour au lendemain plusieurs heures par jour dans son agenda pour s’occuper de son enfant et gérer son domicile. Tout en préservant son couple, qui doit avoir sa vie propre. Car on a bien conscience que la petite enfance peut épuiser les parents, et comporte un vrai risque de rupture d’avec son conjoint.

Voir aussi mes articles sur les relations avec son conjoint : Couple : pourquoi créer des liens, des vrais et aussi Lassitude du couple : se réinventer quand les enfants partent

3- Quel est notre rôle réel sur leur avenir ?

Je me suis souvent demandée dans quelle mesure j’ai influencé la vie de mon fils. Régulièrement, on nous sert des études qui montrent que les choix parentaux en termes d’éducation construisent la vie future des enfants : c’est la culture qui compte, l’argent que nous investissons et les décisions que nous faisons pour eux.

Mais on trouve autant de partisans, et de scientifiques, pour insister sur l’influence de la nature propre aux enfants. Des jumeaux séparés à la naissance montrent des similarités marquées en terme de caractère et de comportement, en dépit des efforts, ou pas, des parents respectifs.

D’où le formidable travail qui consiste à repérer les bases et l’évolution de la personnalité de ses enfants, et de les guider en faisant en sorte qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. Optimiser ce que la nature leur a donné au départ, en créant une culture qui les enrichisse. Ça a été pour moi la partie la plus intéressante de la maternité. 

3- Les avantages d’être une mère âgée

Les mères qui ont eu des enfants tard rencontrent d’autres mères âgées, une fois que leur progéniture va à l’école. C’est très utile, et cela m’a personnellement beaucoup servi. Les choix éducatifs sont réfléchis, en tous les cas c’est l’impression que j’en garde, et l’on se retrouve avec les mêmes activités extra-scolaires, les mêmes attentes vis à vis de l’institution éducative, le même désir d’apporter soi-même ce que l’on n’a pas vu ses amies faire, faute d’argent ou faute d’opportunités.

1- Avoir un oeil critique, en observant les autres mères

L’un des grands avantages de procréer ou d’adopter plus tard, après tout le monde, c’est que l’on a largement le temps de se former auprès des autres mères : je n’ai pas été en contact au quotidien avec d’autres familles alors que j’étais célibataire, mais celles que je voyais m’ont vraiment permis de déterminer ce que je voulais. Et ce que je ne voulais pas.

Clairement, j’ai découvert que j’étais incapable de mener une double vie à plein temps de professionnelle et de maman. C’était beaucoup trop de fatigue et de tensions, et j’ai décidé très tôt que je ne voulais pas être une mère pressée, avec des « dépêche-toi, on va encore être en retard » à la bouche. Ça n’est pas dans ma nature de pouvoir courir toute la journée avec le sourire (dans le meilleur des cas). Et je ne voulais absolument pas être une maman qui s’énerve sans cesse, ou qui n’arrive pas à gérer sa frustration.

2- Savoir prendre son temps, la clé d’une grossesse tardive

Je l’ai vu très tôt chez mes amies, qui n’avaient pas le choix, ou ne s’en rendaient pas compte, ou ne pouvaient pas compter sur leur conjoint. C’était très clair pour moi : je n’aurais des enfants que si j’avais le temps d’en prendre soin, et de prendre soin de moi par la même occasion. Je n’ai jamais eu aucune admiration pour la rapidité dans le cadre relationnel.

Que ce soit avec son conjoint, ses enfants ou ses amies, et même ses clients, la qualité et la confiance sont directement une question de temps passé ensemble. De désir de faire passer la relation avant la gestion. On a largement l’occasion de constater qu’élever des enfants est tout sauf naturel ou spontané. Que certaines méthodes valent mieux que d’autres.

Car oui, il y a des méthodes, même si elles ne fonctionnent pas à 100% (y compris celle d’y aller à l’aveuglette). Et que, comme dans n’importe quel travail, la perfection est peu efficace, et bloque la créativité. Ce qui compte surtout, c’est le désir de progrès : ne pas se perdre dans des détails, se reposer quand c’est nécessaire, déléguer au maximum, etc. Faire preuve de bon sens et d’équilibre… un truc que l’on met des années à comprendre, en fait !

3- La présence physique et l’attention

L’expression des émotions, qu’elle se fasse lentement, maladroitement ou de façon explosive, demande une durée de repos, de calme, de digestion. Sinon, on a vite fait d’interpréter de travers, de monter sur ses grands chevaux. Pour comprendre l’autre, et surtout pour comprendre son enfant, il n’y a rien de mieux que de l’observer, et de l’observer encore.

Ce sont des heures et des heures de regard bienveillant qui sont si utiles, si efficaces. Et les yeux de nos enfants ont aussi besoin de nous regarder, leurs oreilles de nous entendre, leurs mains de nous toucher. La relation corporelle est fondamentale pour comprendre sa maman, ou son papa. Le lien de confiance, c’est une question de présence, de partage, sans forcément être investie à fond tout le temps, sans renoncer à son individualité, son besoin de tranquillité.

La présence physique, la capacité de réconfort, de proximité, sont souvent privilégiées chez les femmes qui ont eu des enfants tard. Comme si elles-mêmes étaient en manque que cette intimité-là. Ou peut-être parce qu’à force de côtoyer des mères plus jeunes, elles ont pu percevoir que la qualité de l’intimité et la qualité de l’indépendance sont les deux moteurs qui permettent le mieux aux enfants de grandir.

4- Les inconvénients des grossesses tardives

1- Etre en excellente santé, physique et émotionnelle

La fatigue lancinante, l’impression d’être continuellement au four et au moulin, de ne pas avoir de temps à soi, c’est quelque chose de difficile à supporter physiquement. Le manque de repos agit directement sur nos nerfs, qui s’électrisent pour un rien, devant notre conjoint, nos enfants, nos collègues. Contrôler la fatigue est impératif. Avoir de l’aide avant d’être fatiguée, avoir de l’aide même si on n’est pas fatiguée, c’est la condition numéro 1 pour supporter une grossesse tardive.

C’est vrai, avec le sport et une alimentation saines, on peut se sentir bien mieux à 45 ans qu’à 25. Mais le yoga et les légumes ne remplacent jamais complètement le poids des années. Et un conjoint prévenant et disponible ne se trouve pas à tous les coins de rue. C’est là que nos parents comptent, que l’on peut vraiment s’appuyer sur eux. Celles qui n’ont pas eu cette ressource-là l’ont souvent payé cher.

Si le couple bat de l’aile, que la ménopause arrive trop vite, que les frustrations professionnelles ou financières s’accumulent, les mères qui ont eu des enfants tard peuvent ressentir un genre de dégoût profond, la sensation d’avoir fait une sacrée erreur qui ne sera pas réparable (à cause de l’âge), et de ne pas pouvoir s’en sortir de si-tôt.

Consultez ici mes articles sur le burnout parental des parents d’ados ou encore les relations jeunes-seniors ou encore celles qui concernent les jeunes adultes et leurs parents.

2- Savoir renoncer à sa vie passée

On n’ajoute pas un, deux ou trois enfants à une carrière déjà très pleine sans faire de sacrifices ni changer ses habitudes de vie. Renoncer, c’est tout un art, et certaines ont du mal à s’y faire. Même si l’on nous dit qu’avoir des enfants, c’est tout naturel, et qu’ils se glissent sans encombre dans votre vie, on n’en croit pas un mot. Mais souvent, on n’a pas réalisé à quel point ils vont nous occuper tout le temps, ils vont prendre une partie de notre cerveau qu’on n’avait pas prévu leur donner.

D’accord, on sur-investit probablement le champ familial : on s’inquiète trop, on programme trop, on contrôle trop. Et s’ils étaient élevés par une autre mère que nous, auraient-ils eu les mêmes chances de développement, les mêmes opportunités ? On veut croire que non : c’est grâce à nous qu’ils ont survécu, qu’ils ont grandi, c’est une évidence. Sinon, comment accepter ces nuits sans dormir, ces petits sacrifices continuels ? Cette façon que l’on a de les mettre en avant pour tout, bien avant que l’on ne pense à nous ?

Renoncer à son passé de célibataire, puis d’amoureuse sans enfant, ça n’est pas si simple. Mais c’est une étape essentielle dans la vie : cela nous oblige à changer, à nous transformer. Et puisque nous avons déjà changé profondément une fois, avec notre première grossesse, nous saurons le faire encore, quand ils partiront.

Une autre situation qui rend perplexe est celle où nos propres enfants se retrouvent dans la classe des petits-enfants d’une autre. Une génération de différence, ça fait tout drôle. Je vous en parle ici : Devenir grand-mère à 50 ans, j’hallucine !

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

5- Grossesse tardive, le récapitulatif

1- Le positif :

  • mener un projet pédagogique réfléchi grâce à davantage de ressources financières,
  • se former, en observant les autres mères qui ont des enfants plus âgés,
  • suivre l’air du temps en côtoyant des personnes jeunes plus longtemps,
  • ne pas devenir grand-mère pile à la moitié de la vie.

2- Le négatif : 

  • supporter la fatigue et la ménopause quand on affronte des conflits avec ses grands ados, 
  • financer leur vie pendant encore des années alors qu’on a 55 ou 60 ans,
  • gérer les enfants qui grandissent et les parents qui vieillissent, en même temps,
  • envier les autres mères qui ont retrouvé la liberté bien avant vous…

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Avez-vous eu des enfants tard ? Quelle expérience en avez-vous tirée ?

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