Vers 50, des femmes rompent et prennent le pouvoir

L’empowerment des quinquas est une vague notable qui marque le début du XXIème siècle, et révèle le désir des femmes de prendre leur envol et de s’assumer une fois leur rôle familial abouti. Dans le divorce de Melinda Gates (la femme de Bill Gates, à l’initiative de la séparation) on peut y voir en plein jour « l’effet 50 et + », ce désir de changement de vie et d’autonomie qu’expérimentent un jour ou l’autre les cinquantenaires.

A 56 ans, en 2021, Melinda Gates s’en va, tandis que sa petite dernière part faire ses études supérieures. Elle compte focaliser son action, justement, sur le Women’s empowernment. Pas étonnant que cette femme brillante, professionnellement accomplie et déjà connue décide de suivre son propre parcours et de ne plus laisser son célèbrissisme époux prendre le devant de la scène.

Devant elle, elle a des décennies pour affiner sa démarche. Et derrière elle, elle a des décennies d’expérience. Comme nous, en fait (chacune à sa mesure, bien entendu). La séparation du couple, voulue la plupart du temps par les conjointes, constitue une remarquable avancée dans un parcours de vie, fait d’étapes, sans qu’elle ne tourne nécessairement au drame.

Car s’agit souvent d’une évolution plus que d’une rupture. Oui, les femmes mettent beaucoup plus de temps à mûrir socialement, grâce à (et non pas à cause de) leur famille. Mais une fois sur la place publique, elles apprennent vite à tenir fermement la barre du pouvoir, et à s’aventurer au loin.

1- Les cinquantenaires à la conquête de leur destinée

Cette séparation reflète une tendance nette, qui concerne les empty nesters, ces couples dont les enfants ont quitté le foyer, récemment ou pas, comme on le voit dans cet article. On appelle ça les « divorces gris », de la couleur des cheveux, eh oui ! Les années sensibles, mettons de 55 à 65 ans, sont celles où il faut être le plus vigilante, et réfléchir profondément à son objectif pour les décennies à venir, seule ET en couple.

Plusieurs raisons expliquerait ce regain de divorces une fois les 50 ans passés :

  • Tout d’abord, les moyens financiers, que l’on n’a pas forcément auparavant, mais que l’on a accumulé, souvent avec deux sources de revenus (ça coûte cher de divorcer, puis de mener chacun une vie séparée).
  • Ensuite, la fin de la vie de famille et l’absence de projet de vie commun une fois que l’on se retrouve en tête à tête. Les enfants formaient le ciment du couple ; sans eux il se délite.
  • Enfin, la carrière respective, qui fait que les deux membres du couple mènent chacun sa propre voie. Le travail peut se révéler plus valorisant, voire plus impactant, que de passer du temps (ennuyeux) ensemble.

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2- L’empowerment, un mot valise ?

1- Le vocabulaire et l’air du temps

« L’empouvoirement » des femmes est la traduction québécoise littérale de « empowerment » : la capacité à prendre et utiliser le pouvoir. On l’emploie beaucoup dans l’univers féministe « mainstream » des femmes qui sont en position de leadership. Il consiste à inciter, guider et expliquer aux professionnelles (ou aspirantes professionnelles) comment être à l’aise avec le pouvoir :

  • Apprendre à l’acquérir,
  • Apprendre à employer,
  • Apprendre à le transmettre.

A ne pas confondre avec le management, qui est une façon d’organiser les tâches (et les personnes qui les exécutent), de les hiérarchiser et de les mener à terme. Le leadership est la capacité d’avoir une vision, et de trouver et entretenir l’énergie pour la diffuser. 

2- L’objectif n’est pas la lutte anti-hommes, mais la lutte pro-femmes

Il ne s’agit pas non plus d’aller contre les hommes, de s’opposer à eux, sauf si ces derniers agissent explicitement contre notre intérêt, évidemment. Dénoncer publiquement fait alors partie des stratégies, de même qu’inciter à porter plainte. Il ne s’agit pas d’être anti-homme, mais pro-femme.

Surtout, on cherche à assumer les mêmes responsabilités dans les organes représentatifs officiels ou et les réseaux d’influence officieux. Dans l’entreprise et les conseils d’administration, dans la vie politique et les affaires de quartier. Militer pour imposer la parité, déléguer le pouvoir, décentraliser, rendre autonome, pour que nous prenions le contrôle de notre propre vie, de nos propres groupes d’appartenances.

3- L’image négative des femmes entre elles

Lorsque je parle de l’émulation inter-femmes auprès de personnes plus âgées, on me rétorque systématiquement l’impossibilité qu’elles ont de se mettre d’accord : leur réputation de commérages et de coups de pied donnés dans le dos, leur façon insidieuse d’agir en souterrain plutôt que sur le devant de la scène. La méchanceté des femmes puissantes en proie à des luttes intestines a la vie dure, y compris chez nos contemporaines.

J’ai toujours pensé que ce raisonnement était colporté précisément par ceux qui n’avaient pas intérêt à ce que les femmes s’entendent : diviser pour mieux régner est un moyen de contrôle ultra-efficace. Particulièrement chez celles qui ont une sensibilité à fleur de peau et qui craignent, à juste titre, qu’on leur soustrait cette autorité durement acquise. Attention à ne pas tomber dans ce piège !

L’émancipation n’est jamais produite par un conflit d’egos, mais par un équilibre entre les egos, qui crée la confiance nécessaire pour passer à l’action. Pas facile de trouver la bonne dose, le mieux est de faire preuve de patience… comme avec les enfants. Et ça, nous savons le faire.

2- S’approprier le pouvoir, une démarche physique

1- L’expérience d’avoir élever ses enfants

A priori, le pouvoir a été un savoir-faire longtemps réservé aux hommes, tandis que leurs conjointes s’employaient à l’exercer dans la sphère familiale. Normal, quand on a des enfants et qu’ils grandissent, ils sont prioritaires dans l’ordre de nos préoccupations. Sinon, pourquoi en avoir ? Mais un jour les enfants partent, et l’autorité et la puissance que nous avons plantées et patiemment cultivées, que nous pratiquions au quotidien, nous restent entre les mains. Que faire de cette faculté typiquement maternelle ?

Autant en faire bénéficier autrui ! Sur le plan symbolique, on a réussi à élever des enfants qui sont devenus autonomes ; c’est cette même autonomie que l’on va encourager, révéler, chez d’autres femmes, qui elles-mêmes feront le même travail, à la fois avec leurs enfants et avec leur entourage. 

2- L’action publique et l’empouvoirement après 50 ans

Imposer, lutter, attaquer, voire agresser, voilà tout un vocabulaire masculin que s’approprient les quinquas. Elles le font en changeant de comportement (adieu la passivité et le retrait, bonjour la pro-activité et la mise en avant) mais sans pour autant imiter les hommes. Et c’est là tout l’intérêt de l’empowerment : trouver la qualité de pouvoir qui convient physiquement, intellectuellement et socialement à chacune. 

  • Celui qui encourage mais ne dégoûte pas,
  • Qui marque le progrès, mais pas la destruction,
  • Un pouvoir tenace, constructif et lucide, qui ne capitule pas après une défaite,
  • Un pouvoir que l’on peut porter sur soi sans honte ni gêne, comme un vêtement bien conçu, qui tombe bien – si bien, qu’il devient une armure invisible,
  • Et bien entendu, un pouvoir qui s’applique à tous, pas seulement à la moitié de l’humanité.

La maturité sied au pouvoir. Avoir fait l’expérience d’élever ses enfants constitue une formidable occasion d’apprendre comment en user intelligemment. C’est aussi l’occasion d’apprendre d’eux : on éduque autant nos enfants qu’ils nous éduquent nous-mêmes. Le succès dépend de la réciprocité, et c’est ce précisément que l’on met en oeuvre dans l’empowerment.

3- L’argent en question

On parle aussi d’empowerment dans le cadre de l’émancipation des femmes, ou de leur « autonomisation » : la capacité d’être indépendante – en clair, de ne pas être dépendante financièrement de son conjoint. Gagner soi-même sa vie, et la dépenser par la même occasion. L’argent devient là un cheval de bataille qui permet de progresser dans la société, en tant que citoyennes et en tant que consommatrices.

Tant qu’elles gagnent moins que leur conjoint pour un poste équivalent, elles ont du grain à moudre. Tant qu’elles ne seront pas payées pour élever leurs enfants, si c’est leur choix, elles seront en position de faiblesse, à défaut d’être en position de victime. Mères à plein temps, elles ont fait autant d’études, elles travaillent autant et on reconnait universellement l’importance de leur mission pour l’avenir de la société. Elles doivent être rémunérées pour ça. Quand donc va sauter ce dernier verrou ?

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, quelle expérience avez-vous de l’empowerment des quinquas ?

Votre expérience m’intéresse. N’hésitez-pas à décrire ce qui vous motive ou qui vos préoccupe sur ce sujet. Et dites-moi aussi si vous avez envie de témoigner et de partager votre vécu.


    2 replies to "Le divorce de Melinda Gates ou l’empowerment des quinquas"

    • Sophie Grenier

      Très bel article! Merci

      • Véronique

        Merci Sophie ! Je reparlerai de ce sujet prochainement.

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