Comment gérer les relations familiales avec les 18-25 ans ?

Jeunes adultes, adulescents, quelle est cette nouvelle phase qui émerge dans l’existence ? Avant, ils n’étaient qu’étudiants ou apprentis, ou en recherche d’emploi. Et encore avant, les garçons effectuaient leur service militaire puis travaillaient, tandis que les filles cherchaient à se marier, puis à avoir des enfants.

Désormais, on attribue des caractéristiques psychologiques propres à cette période de transition : ils se cherchent, ils explorent la sexualité, ils sont mal dans leur peau, ou ils foncent aveuglément. La pandémie aidant, l’impératif d’étudier online, l’atonie du marché du travail, l’absence de contacts avec des amis (ou des ennemis), a renforcé la détresse des jeunes.

Impossible de se confronter à la réalité. Alors que c’est la période de la vie où l’on consomme le plus d’énergie, et où l’on devrait donc en dépenser le plus. Faut-il les garder au chaud le temps qu’ils fassent leur mue ? Comment lutter contre l’ennui et l’impossibilité de s’imposer dans le monde ? Peut-on les pousser dehors pour les obliger à éprouver la vie physiquement, et ainsi trouver leur voie par la réalité extérieure ?

Voyons comment maintenir des relations saines avec ses grands enfants, en faisant en sorte avant tout que chacun ait une vie satisfaisante. C’est la frustration qui ouvre le champ de la confrontation, ou de l’effacement. Du côté de votre enfant, et de votre côté à vous. Oui, paradoxalement, vous devez prendre soin de vous si vous voulez assouplir les tensions.

1- Les années de quête et d’incertitude des 18-25 ans

1- Replacez le contexte global

Il est évident pour beaucoup d’entre vous, parents, que l’année de pandémie a amplifié les désagréments que vous pouviez déjà avoir avec vos jeunes adultes. Le sentiment de paralysie, d’être prisonnier, démuni, seul et sans but est particulièrement difficile à vivre à cet âge-là. Il leur a souvent été impossible d’exprimer leur énergie : force, sexualité, créativité, esprit de conquête. Ce sont pourtant des éléments qui sont moteurs dans l’épanouissement des 18-25.

S’ils sont très sensibles, il est certain que la période anxiogène les a négativement influencés. Ils ont beaucoup de raison d’avoir peur, à la fois de leur situation propre et de la situation générale :

  • Ne pas trouver ce fichu job, ne pas réussir à étudier seul, ne pas voir d’amis, ne pas faire de nouvelles rencontres, ne pas avoir de petit(e) ami(e), ne pas se déplacer,
  • Devoir se couvrir le visage, ne pas pouvoir TOUCHER autrui… effacer son corps de la vie sociale, d’une certaine façon, alors que c’est la période de la vie où l’on exprime à fond ses fonctions vitales.

Physiquement, ils sont au top de leur forme. Ils devraient être au moment où ils peuvent absorber énormément de connaissances, d’expériences, de rencontres. Puis d’en faire un bilan à leur sauce, qui les amènerait à renforcer leur personnalité. Oui, être empêché de pleinement s’exprimer, physiquement, émotionnellement, mentalement, est cruel.

Certains vont sombrer dans l’apathie et la passivité, d’autres dans une sorte de rage, contre eux-même ou contre leur entourage.

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2- Pensez au parcours de vie

N’hésitez-pas à replacer votre jeune adulte dans un monde plus vaste, avec des conditions qu’il ne maîtrise pas encore, mais qu’il pourrait mieux détecter :

  • La phase de vie dans laquelle il se trouve,
  • L’environnement physique dans lequel il évolue,
  • L’entourage, ou pas, qui l’accompagne,
  • L’incertitude avec laquelle il doit jongler les résultas de concours, les entretiens pour un job, etc.

Remémorez-lui les moments de doutes, d’attente, de départ, et montrez-lui comment il s’en est sorti. Il devrait refaire la même chose cette fois-ci. Dans toute situation de changement, il faut à la fois intégré l’instabilité émotionnelle et l’instabilité physique. Apprenez-leur à faire des plans alternatifs, B et C, sans état d’âme.

La passion et l’enthousiasme aident dans la vie, mais peuvent se retourner contre nos enfants si les événements escomptés ne se réalisent pas. Et forcément, un jour ou l’autre, une partie de leurs rêves n’aboutira pas : ils risquent alors de devenir passionnément déçus. A ce stade, avoir plusieurs options de secours est utile. Et rappelez-leur qu’on avance en marchant (autrement dit, en ne bougeant pas, on recule). La direction vers laquelle on va apparait souvent plus tard.

Le manque d’enthousiasme et de passion est tout aussi problématique. Ils trainent toute la journée, sans foi ni loi ? Ils surfent sur la vie sans y participer, rien ne leur plait, rien ne leur convient ? Ils ont l’air recroquevillés sur eux-mêmes, apathiques, dénués d’intérêt et d’imagination ? S’ils ont l’air désespérés, encouragez-les à consulter un professionnel, ou à consulter vous-même pour prendre du recul.

3- Préparez-vous aux aller-retour de vos jeunes adultes

Partir et revenir, c’est typiquement ce qui se passe pendant cette longue période de l’adulescence, avant de se stabiliser dans la vie. Et c’est nécessaire dans leur construction. D’ailleurs, avec les stages et études online, le chômage intensif, la fermeture des entreprises ou des universités, l’annulation des séjours à l’étranger, vous avez beaucoup vu vos enfants dernièrement. Plus que ce que vous n’anticipiez ou qu’ils n’escomptaient. Et vous avez dû gérer des délais et des changements qui n’étaient pas au programme.

  • Ont-ils une place chez vous ? Ou avez-vous commencé la reconfiguration de votre espace, pour valider leur départ et votre nouvelle autonomie ? Savoir qu’ils sont attendus, intégrés, est très réconfortant, même si cela bouleverse vos plans de départ.
  • Si vous êtes séparée, ont-ils une place à eux chez leur père ? Où ils sont attendus et intégrés ?
  • S’ils vivent en colocation, sont-ils dans des conditions favorables, matériellement et humainement ?

Durant ces 3 ou 5 ou 7 années, les jeunes adultes reviennent chez leurs parents plusieurs fois, mais à chaque passage ils se sont transformés. Il est important que le lieu qu’ils vont occuper reflète ces mutations. Ils n’ont plus 5 ans, ni 12, on ne retourne pas en arrière lorsque l’on grandit. Comme le logement familial renferme beaucoup d’émotions, d’affectif, arrangez-vous pour le transformer, voire pour déménager, pour marquer votre nouvelle indépendance, à vous.

Encouragez-les à partir dès que vous sentez qu’ils ne gagnent plus rien à vivre à vos côtés :

  • Quitte à tester une période de transition (stage, séjour à l’étranger) si besoin,
  • Tout en trouvant un petit job pour savourer davantage leur autonomie.

4- La culture influe dans les choix familiaux

J’ai habité dans plusieurs pays, France, Etats-Unis et Allemagne, et il est étonnant de voir comment le comportement des grands ados n’est pas seulement personnel. Il est aussi très culturel.

Aux Etats-Unis, il est normal de quitter la maison parentale à 18 ans pour aller étudier sur un campus, même si les jeunes ne changent pas de ville. L’indépendance se prend très tôt, et pour beaucoup il n’est pas question de rentrer chez ses parents davantage que pendant les vacances. La première année d’études est essentiellement consacrée à apprendre à vivre seul, à se faire des amis, à trouver un job… et à s’orienter.

En Allemagne, seuls 40 % passent l’Abitur, l’équivalent du Bac, la plupart des jeunes s’orientent vers des études plus pratiques, où ils gagnent plus rapidement leur indépendance financière, et donc physique. Une partie de ceux qui font l’Abitur prennent ensuite une année off, pour aller voyager, faire du bénévolat, surtout pour réfléchir à ce qu’ils veulent étudier ensuite. On entend souvent les mères affirmer « il ne faut pas les pousser, ils doivent prendre leur temps pour choisir, etc ».

C’est en France que les jeunes se détachent le plus tard du foyer familial. C’est aussi là que les mères travaillent le plus, et j’ai toujours pensé que cette réticence à se séparer venait en partie du temps moindre passé ensemble en grandissant. Il est admis qu’il est bon de partir… après 2 ou 3 ans d’études sur place. Les prix de l’immobilier participent à l’impossibilité de déménager et ont créé le phénomène Tanguy, du nom du film d’Etienne Chatillez.

5- L’effet générationnel compte aussi

L’évolution des moeurs et les changements relationnels comptent également beaucoup dans le comportement des jeunes aujourd’hui, qui peut varier sensiblement de celui que vous avez connu, vous. On s’imagine souvent que tout se joue dans une relation à deux, mère-fille par exemple.

Mais c’est complètement faux : les jeunes (et nous-mêmes !) sommes très influençables et appliquons des préceptes qui viennent de courants sociologiques que nous faisons nôtres, mais qui nous dépassent. J’ai écrit plusieurs articles sur ce sujet, qui j’espère vous aideront à prendre du recul : Les transformations affectives de la société contemporaine et aussi Jeunes et Seniors, un duo éternellement bancal ?  

2- Les 5 principes de survie pour des relations saines

1- Ne vous moquez pas de vos grands ados

Ne vous moquez pas d’eux, il n’y a rien de plus dégradant. Les moqueurs manquent de tact et tapent souvent là où ça fait mal lorsqu’il s’agit de relations affectives. Ils donnent une impression de froideur, de manque de sensibilité. Il y a un monde entre la moquerie, qui exclut, et l’humour, qui soulage. Dans les deux cas, il s’agit de bien choisir ses mots et la façon dont on va les exprimer.

Abstenez-vous d’évoquer « les problèmes de l’adolescence », ne les rangez pas dans des cases en leur prêtant des attitudes désobligeantes du type « tous les gens de ton âge font ci, pensent ça ». Inutile de s’imaginer des problèmes là où il n’y en a pas – et quand il y en a, parlez solutions et stratégie. Evitez la psychologie de comptoir si c’est pour relayer des préjugés et leur faire perdre leurs moyens, ou les énerver. Parlez précisément de la situation de votre fille, des doutes de votre fils.

Ne les plaignez pas non plus outre mesure, ils risquent d’être piqués dans leur fierté.

Respectez-les, toujours. Votre rôle est de les mettre dans une perspective plus grande pour qu’ils avancent dans la vie, qu’ils puissent s’orienter eux-mêmes, qu’ils ne se sentent pas bloqués sur place. Pensez que s’ils ne vous respectent pas, c’est qu’ils vous renvoient ce qu’ils ressentent de leur côté : ils ne se sentent pas respectés. Malgré votre bonne volonté, votre attitude bienveillante, etc.

2- Ne leur communiquez pas vos craintes

Vous êtes une femme d’une cinquantaine d’années ; vous étiez jeune à une époque très différente. Peut-être que vos parents vous ont imposé leurs choix, ou que vous n’en avez pas eu beaucoup, ou que vous n’avez pas osé (ou pas pu) partir au loin.

Désormais, le champ de la vie, des études et du travail s’est considérablement élargi. Et ne parlons de l’Internet et des réseaux sociaux, qui font que n’importe qui peut tout savoir sur n’importe quoi. C’est formidable pour nous, pas forcément pour eux. Ils peuvent être dépassés par cette quantité de possibilités, où tout est suggéré en long, en large et en travers. Et n’avoir envie que d’une chose : se recroqueviller sur leur petit univers douillet bien cadré et structuré.

Surtout si vous avez tendance à exprimer abondamment votre peur du monde extérieur, des risques, de l’injustice, des problèmes divers et variés.

Franchement, qui a envie de quitter le foyer si c’est pour plonger dans la galère ?

J’ai remarqué que souvent, ça n’est pas la surprotection qui empêche les jeunes de partir, même s’ils peuvent avoir l’impression d’étouffer. C’est la vision que nous leur transmettons, nous les parents, d’un monde stressant, difficile et décevant, qu’ils ont intégré au quotidien, depuis des années… en suivant notre exemple.

3- Ne vivez pas à travers eux

Occupez-vous de votre avenir à vous, et laissez-les construire le leur. Vous pouvez fantasmer sur vos années d’études qui ont été fabuleuses, ou alors les pousser à suivre des cours ardus car vous n’avez pas pu accomplir ce que vous vouliez (surtout nous les femmes).

Pourtant c’est à eux de choisir, de montrer qu’ils en veulent. Attention: on ne veut rien si on ne connait rien. Il faut donc avoir été accompagné dans des séances d’orientation, ou avoir testé de multiples possibilités, pour savoir ce que l’on aime ou pas.

On ne peut pas demander à un jeune de choisir ce qu’il ne connait pas. C’est exactement la même chose au restaurant lorsque les enfants doivent commander un plat. Seuls le plus audacieux iront vers la nouveauté, les autres se contenterons de l’habituel. C’est votre rôle de les influencer pendant cette phase d’apprentissage de la nourriture, pour les pousser hors de leur zone de confort.

4- Guidez-les en fonction de leur personnalité

Vous avez vu grandir et agir votre enfant dans de multiples circonstances, vous devriez pourvoir lui rappeler :

  • Les circonstances où il a été très à l’aise,
  • Les événements où il a appris, puis changé,
  • Ceux encore qu’il a détesté, ou absolument pas compris,
  • Ses stratégies efficaces pour résoudre les problèmes.

Tous ceux qui ont des doutes sur leur orientation doivent consulter un spécialiste. Il y en a de multiples, vous n’êtes pas obligée de vous appuyer sur le documentaliste de son lycée, qui souvent est débordé. Mais poussez votre fille ou votre fils à faire des tests et discuter avec un professionnel. D’une façon générale, on réussit beaucoup mieux si on a été bien guidé… à n’importe quel âge.

Quand ils écoutent les adultes se plaindre le soir en rentrant du travail, ils n’ont pas du tout envie de leur ressembler. Mieux vaut qu’ils se trouvent des modèles constructifs plutôt qu’ils choisissent une voie par défaut, ou pas peur. On ne peut pas exiger d’un jeune adulte d’être heureux de plonger dans l’avenir, alors qu’il ne voit que des problèmes et des frustrations.

On ne peut certainement pas les aider en leur faisant peur !

5- Dialoguer, même si c’est dur

Vous ne pouvez affirmer « fais des études d’informatique » que si votre enfant veut qu’on lui dise quoi faire, et que vous êtes certaine qu’il ne vous le reprochera pas. Ça arrive, plus souvent qu’on ne croit, car « la religion de l’incertitude » est aujourd’hui énormément véhiculée dans les discours : tu vas changer 10 fois de travail, la vie est tellement pleine de (mauvaises) surprises, quand tu penses à tous ces métiers qui n’existent pas encore, etc.

Pour certaines personnalités, ce discours est très déstabilisant, ne le servez qu’à ceux qui sont prêts à l’entendre. Mieux vaut présenter les études comme un renforcement de la personnalité et une ouverture sur le monde, que strictement comme une protection « face » au redoutable monde du travail.

Attention quand le dialogue tourne au vinaigre. Quand ces jeunes adultes deviennent amers, blasés, blessants, froids, vachards. Qu’ils trouvent facilement les mots qui vous font mal, qui vous déchirent. Devenus grands, ils se rendent bien compte de la différence entre leurs rêves et la réalité, entre leur éducation et la vie extérieure. Et la personne qui est en première ligne entre ces deux mondes, c’est vous. C’est donc vous qui allez recevoir le grand déballage.

3- Concentrez-vous sur votre parcours à vous !

Déjà très petits, les enfants expriment les valeurs de leurs parents. Alors après 15 ou 20 ans, ils ont largement eu le temps d’en faire leurs principes de vie. Si vous voulez qu’ils soient équilibrés et prêts à se lancer dans la vie… soyez le vous-même. Si vous passez votre temps à les bombarder de conseils alors que vous vous noyez, vous ne ferez qu’augmenter le rejet, l’impression que vous n’êtes pas fiable.

Ils sont tout autant affectés par votre situation à vous, celle de votre conjoint, de vos parents, de ses frères et soeurs. Si tout le monde panique, ils absorbent facilement la négativité et ne peuvent pas émerger. Faites tout pour contrôler vos émotions et passer vous-même à l’action constructive, c’est le meilleur exemple que vous puissiez leur montrer.

Quand les relations avec vos enfants deviennent malsaines, que le dialogue est plombé, que les insultes volent, assurez votre protection d’abord. Je donne souvent cet exemple concernant la dépressurisation dans l’avion : en cas de danger, protégez-vous d’abord, protégez les autres ensuite. Sinon vous allez manquez d’air et vous ne pourrez plus faire face. Lisez mon article sur le sujet : Burn-out parental : chez les quinquas aussi !

Il faut qu’ils enrichissent leur vie à eux, intérieure et extérieure, pour qu’ils ne mettent pas sur votre dos l’absence d’expérience et d’expérimentation. Je sais, il est difficile de voir ses enfants en colère contre vous, alors que vous vous êtes pliée en quatre pour eux… Alors apprenez à prendre du recul sur votre fonction parentale, qui approche la fin.

Pour terminer sur ce chapitre, on peut toujours apprendre à relativiser. Cet article chamboule le mythe du parent à vie, et vous donnera des raisons de ne pas culpabiliser autre mesure. Lisez également ce texte, qui lui répond.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

4- Les relations avec nos jeunes adultes : le récapitulatif

  1. Préparez-vous à une période d’incertitude et d’aller-retour pendant plusieurs années,
  2. Réalisez que d’une fois sur l’autre, votre grand ado sera dans un état d’esprit différent,
  3. Ayez une place chez vous pour l’accueillir, en permanence ou en temporaire,
  4. Respectez votre jeune adulte si vous voulez qu’il vous respecte,
  5. Montrez lui que vous êtes pro-active dans votre vie, pour qu’il le soit dans la sienne,
  6. Guidez-le avec doigté, en fonction de sa personnalité,
  7. Incitez-le à consulter un professionnel s’il a besoin d’un appui plus important.

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