Ma vie est-elle compatible avec des petits-enfants ?

Grand-mère à 50 ans ? Moi, une mamie ? Quand Valérie a entendu la nouvelle, elle n’en a pas cru ses oreilles. En pleine période du choix des options du nouveau Bac (pour son petit dernier), ayant récupéré son deuxième à la maison (l’université fermait ses portes pendant la pandémie), voilà qu’elle apprend qu’elle va devenir grand-mère.

Sa fille ainée, en guise d’explication, s’en était tenue à : « Puisqu’il n’y a pas de boulot, autant faire des enfants ».

Valérie tombe de haut. Elle qui préparait son renouveau avec ferveur, qui voulait enfin se mettre au Pilates, perdre une taille et reprendre un temps plein. Voilà maintenant qu’elle se retrouve avec un bébé sur les bras. Et pas le sien, en plus. Ça s’appelle prendre un sacré coup de vieux.

Elle n’est pas la seule dans son cas. L’âge du premier petit-enfant recule : 54 ans en moyenne. Mais c’est jeune, pour une femme qui peut encore vivre 40 ans. Et qui vient à peine de se libérer de son quotidien chargé : celui d’une mère qui travaille avec des enfants à la maison.

Beaucoup de grands-parents reconnaissent profiter plus de leurs petits-enfants que des leurs. Pour ces bébés, ils sont une référence stable, source de patience et de tranquillité, alors que les parents doivent courir à droite à gauche. A l’heure où les modèles familiaux explosent, les petits-enfants ont plus que jamais besoin du soutien de leurs mamies, et de Valérie !

1- Un rôle social vital

1- Des avantages pour l’espèce humaine

Peu d’espèces animales ont le pouvoir de vivre longtemps sans être capables de se reproduire fréquemment. « L’effet grand-mère », c’est à dire le fait d’avoir une grand mère maternelle, a aidé les humains à se développer différemment des autres. Cela en permettant :

  • Aux mères d’avoir plus d’enfants,
  • Aux enfants existants d’avoir une espérance de vie plus longue (en aidant à les élever).

Ce bénéfice ne s’obtient bien entendu que si la grand-mère se trouve sur place, et aide effectivement. Eloignée, elle n’apporte rien. Les femmes qui travaillent tout en élevant des enfants se privent d’une aide réelle lorsque leurs propres mères ne sont pas là, voire quand ces dernières sont encore professionnellement actives (ce qui est fréquent).

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2- Des bénéfices pour les grands parents

Avoir des petits-enfants n’est pas seulement confortable pour eux. Les grands-parents y gagnent aussi. Des études montrent que :

  • Ils vivent plus longtemps
  • Leur activité cognitive est stimulée,
  • Leurs risques de dépression sont amoindris.

En fait, à chaque fois que l’on prend volontairement soin d’une personne (et même d’un animal !), notre épanouissement général s’en ressent.

3- Un bouleversement culturel perturbant

En un siècle, la relation parents-grands-parents s’est transformée. Au début du XXème siècle, moins de 10% des grands-mères vivaient seules. 100 ans après, plus de 30% sont dans ce cas.

  • L’entraide est coupée : les grands-mères n’appuient plus leurs enfants ni leurs petits-enfants. Et à leur tour ceux-ci ne les aident plus dans leur grand-âge. Cette rupture dans la chaine d’entraide, et dans la construction de la famille multigénérationnelle, crée du stress à chaque niveau.
  • La solitude de ces femmes (dont le conjoint meure souvent plus jeune, et qui donc deviennent veuves) pose un nouveau problème d’organisation sociale et de santé mentale,
  • La transmission de la mémoire familiale et de rites s’interrompt.

Ce problème de civilisation occidentale va-t-il nous claquer dans les doigts un jour ? Notons qu’il n’est pas systématique : pendant la pandémie, on a vu de multiples familles de migrants aux USA faire des choix conformes à leur culture. Les mères ont cessé de travailler pour s’occuper des plus jeunes et des plus vieux.

Et même à l’intérieur de l’Europe, la présence grand-parentale change d’un pays à l’autre.

2- Grand-mère à 50 ans, est-ce vraiment réel ?

Valérie est comme beaucoup de cinquantenaires :

  • Maman en bout de cycle parental (les enfants sont sur le départ),
  • Grand-maman au début d’une autre étape de vie,
  • Et toujours fille, avec ses propres parents qui vont devenir arrière-grand-parents.

1- On choisit d’être mère, pas d’être grand-mère

Hier Valérie n’était que maman, mais au croisement de plusieurs lignées. Là, ses enfants prennent le relai, ils la remplacent dans son rôle à elle. Elle disparait du devant de la scène familiale, c’est eux qui montent sur le podium.

Vous décidez d’être mère, vous ne décidez pas d’être grand-mère. Même si vous avez mis des années à tomber enceinte, même si vos enfants n’étaient pas vraiment prévus au programme, cela a été votre choix.

Mais quand on vous annonce que vous allez devenir grand-mère, vous réalisez que la décision d’un autre n’a pas pris en compte votre situation à vous, votre fierté, vos envies. A 50 ans, il y a des chances que cela vous vexe. On vous précipite sur la pente dégringolante sans vous demander votre avis.

2- Le télescopage générationnel

Valérie a clairement du mal à s’identifier à une grand-mère. Elle se voit comme une quinqua, en pleine reconquête de sa vie personnelle, décidée à profiter de sa liberté et de ses amies.

Mais elle s’aperçoit vite que la cinquantaine est une décennie à double fonction : épanouissement personnel attendu puis réinvestissement dans un cercle familial élargi. Lisez mon article complémentaire sur ce sujet : Nouveaux grands-parents, du statut à l’histoire

Dans la cinquantaine, certaines femmes ont des enfants au lycée, et d’autres ont des petits-enfants à la maternelle. La différence générationnelle est stupéfiante, et du coup ces personnes ne se côtoient pas nécessairement, puisque la vie sociale est souvent basée sur l’activité scolaire des enfants.

Il y a un monde entre ces deux voisines :

  • Nathalie A, 50 ans, maman de l’adorable Emma (9 ans, en CM1),
  • Nathalie B, 50 ans, grand-maman de l’adorable Emma (18 mois, à la crèche).

Ces deux filles pourraient être soeurs… sauf qu’une génération entière les sépare. Les lectrices de ce blog peuvent donc être aussi bien des mères âgées que des grand-mères jeunes ! 

3- Des situations familiales variées, parfois dérangeantes

Et puis vous pouvez vous inquiéter de la stabilité conjugale de vos enfants. S’il s’agit d’un remariage ou d’une famille recomposée, vous allez moins savoir où vous mettez les pieds (d’ailleurs, ça vous est peut-être arrivé à vous aussi, quand vous étiez enfant).

Comment conserver sa place si vos petits-enfants sont élevés dans une autre famille que la vôtre ? Il va falloir planifier finement avec les adultes, tout en gardant un contact étroit avec les petits. Et si votre fille décide d’avoir un bébé toute seule, quelle grand-mère allez-vous devenir ? Et quelle mère allez-vous être ?

Dans la pratique, l’arrivée du premier petit-enfant de Valérie a été beaucoup moins bouleversante qu’il y a 25 ans, quand elle avait eu sa propre fille : pas  de baby blues ni de problèmes d’allaitement. Et pas de lever la nuit !

3- A la recherche d’un nom et d’un statut

1- Une vraie-fausse aïeule

Aujourd’hui l’âge moyen d’être grand mère pour la première fois est de 54 ans. Ce qui signifie que notre mère mère nous a eu en moyenne avant 25 ans. Avec l’allongement de l’adolescence et la tendance à avoir son premier enfant à 30 ans, il est certain que l’âge de la grand-maternité va augmenter.

Déjà, plus les grand-mères sont diplômées, plus elles ont eu leur premier petit-enfant tard.

Typiquement ces nouvelles mamies, comme Valérie, travaillent encore avant d’être potentiellement disponibles pour leurs petits-enfants. Et plus l’âge de la retraite va être repoussé, plus longtemps elles seront occupées à autre chose qu’à leur famille.

Du coup, il leur faut planifier les visites et en tirer le maximum, par exemple comme ici (en anglais).

2- Grand-mère jeune ou mamie-gâteau ?

L’expression « Grand-mère jeune » est tellement antinomique ! Mais elle illustre bien cette période intermédiaire qu’est la cinquantaine, où l’on plante ses pieds entre deux mondes.

  • Grand-mère évoque le passé, la tradition, et bien sûr la vieillesse. Internet croule sous les articles évoquant « les astuces de grand-mère ». Sous entendu « comment réparer un truc avec les moyens du bord « . C’est vieillot, c’est pas cher… mais surprise, ça marche !
  • Dans Jeune, on trouve le dynamisme et l’avenir mais aussi l’instabilité et le manque de fiabilité. Une grand-maman jeune ne va pas forcément suivre les horaires qu’on voudrait lui imposer.
  • Mamie, c’est la donneuse de bisous. C’est un terme tout rond, tout en tendresse. Les gâteaux, les câlins, les cadeaux. C’est la protection personnifiée.

“Etre grand-père ne m’ennuie pas du tout. Ce qui m’ennuie c’est d’être marié à une grand-mère.”

Groucho Marx 

4- Définir son projet grand-parental

1- Intégrer la grand-maternité dans le projet de vie

Comment intégrer ce nouveau projet familial dans une trajectoire autonome ? Peut-on concilier vie grandparentale et liberté d’entreprendre et de choisir sa vie ? C’est fou comme le temps nous rattrape : on veut s’échapper de la maternité, mais on y revient par l’intermédiaire de nos enfants. On a longtemps attendu l’autonomie, et voilà que les petits-enfants débarquent !

Au fil de mes discussions, j’ai réalisé que non seulement les femmes :

  • Ne veulent pas être que « mère » (mais aussi professionnelle et conjointe)..
  • Qu’elles persistent dans leur choix une fois qu’elles sont grand-mères.

La charge mentale maternité/profession est lourde à porter, que l’on soit mère ou grand-mère. On veut bien y passer quelques weekends et quelques semaines de vacances, mais c’est le maximum. On n’en peut plus, de ces doubles journées… on laisse ça à nos filles et à nos fils.

Prenons garde de ne pas créer une société où l’on transmet la charge mentale de génération en génération.

2- Apporter calme et sérénité

A 30 ans, si notre enfant ne s’endort pas, on se ronge :

  • Pour lui (il est malade ? il a un problème ?)
  • Et pour nous (qu’est-ce que j’ai fait ? Ou pas fait ? Mince, je ne vais pas dormir et j’ai cette réunion demain matin…)

Les grands parents sont là pour apporter ce que les parents n’ont pas : du temps. Les petits s’endorment plus vite avec eux ? C’est qu’ils transmettent moins de stress. Et pas qu’ils sont plus compétents dans les techniques d’endormissement.

Chaque enfant (chaque personne) a besoin d’un certain temps pour gérer ses émotions et se calmer, c’est souvent ce qui nous définit les uns par rapport aux autres. Les grands parents n’ont que ça à faire : attendre tranquillement que ça aille mieux, sans en faire un drame, et trouver une diversion si nécessaire.

Ils ont un vrai rôle dans la construction émotionnelle des tous-petits, et dans la réassurance de leurs propres enfants, qui savent qu’i peuvent compter sur nous.

3- Renforcer la cohésion familiale

La famille a énormément changé, en même tant que se transformait la société post-industrielle. Aujourd’hui, dans un certain nombre de pays, seul 1 enfant sur 2 est élevé entièrement par ses deux parents. Remarquons au passage que la famille nucléaire n’est pas une réalité historique ni géographique, c’est plutôt un modèle idéalisé.

Valérie aussi pourrait connaitre ces situations :

  • Son petit-enfant passe dans plusieurs foyers,
  • La maisonnée se vide d’un parent,
  • Ou/et elle en gagne un autre, avec éventuellement d’autres enfants issus d’autres unions,
  • Elle élève elle-même cet enfant pour dépanner les parents.

Désormais, il peut y avoir de multiples grands-parents en jeu. On peut facilement perdre une sorte d’exclusivité et :

  • Devoir composer avec d’autres plannings, partager l’affection, les références, les rôles,
  • Se retrouver épisodiquement avec des petits dont on craint qu’ils ne sachent pas vraiment qui on est,
  • Et bien sûr voir son rôle changer en fonction de ses enfants et de leurs situations familiales.

4- Un rebond affectif bienvenu

Reste que pour Valérie, avoir ce petit-enfant a un énorme avantage : celui d’ouvrir son coeur à un nouvel amour, alors qu’elle se sent peut-être seule dans son couple ou dans sa vie. Et qu’elle ressent le départ des enfants à la fois comme un soulagement et un abandon.

Il apporte un renouveau affectif magique, une nouvelle expérience de vie, le resserrement des liens avec sa fille ainée. Une vraie forme de renaissance à 50 ans, sous une forme inattendue, mais profonde.

Et puis après quelques semaines, plus aucune de ses amies ne songera à l’appeler « Mamie ». Sauf peut-être un jour sa nouvelle petite-fille ?

Lisez aussi mon article sur les transformations affectives de la société contemporaine

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

Devenir grand-mère à 50 ans : le récapitulatif

  1. Vous ne choisissez pas d’avoir des petits-enfants ou pas : acceptez la nouvelle et réjouissez-vous,
  2. Encaissez le fait que vous prenez un coup de vieux, mais que votre vie ne se réduit pas à la grand-maternité,
  3. Profitez-en pour définir ce que vous voulez transmettre dès maintenant à ce petit bébé,
  4. Rassurez votre fille/fils de votre soutien indéfectible,
  5. Nouez une relation personnelle et unique avec votre petit-enfant,
  6. Engagez-vous intérieurement à l’accompagner, quels que soient les bouleversements familiaux qu’il vivra.

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Et vous, à quoi pensez-vous à l’idée de devenir grand-mère ?

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