Du patriarcat à l’empowerment : le féminisme aujourd’hui

Jusqu’à présent, je ne m’étais jamais vraiment intéressée au féminisme. Mais je me reconnais beaucoup dans l’empowerment. Ça doit être une question de personnalité, moi qui suit une fan de l’éducation sous toutes ses formes : le premier est associé à un combat pour obtenir le pouvoir, le second à une construction pour l’apprendre.

La conquête du pouvoir des femmes ne peut fonctionner, à mes yeux, que si les hommes basculent eux aussi. C’est le principe des vases communiquants : un mouvement dans un sens en suscite forcément un autre en retour. Donc se focaliser strictement sur la place des femmes sans observer ce qui émerge côté masculin, ça n’est pas très instructif. 

Et puis il me semble qu’aujourd’hui, bien plus que les femmes, ce sont les mères qui restent dans l’ombre. Les premières ont acquis une vraie liberté et la possibilité d’accéder à des postes de pouvoir (bien sûr en bossant davantage que leurs homologues masculins, en tous les cas pour l’instant). Mais quand elles deviennent mères, ouh la la ! On change vraiment de registre.

J’ai voulu ici vous partager mes réflexions sur ce domaine sensible très marqué par la culture occidentale.

Je ne suis pas partie de l’origine du féminisme ni de ses concepts ou de ses courants, mais de termes génériques qu’on lit désormais partout : patriarcat, empowerment, phallocratie. Voilà un vocabulaire que nous n’utilisions pas il y a 30 ans, mais que nos filles se sont totalement appropriées.

Je devine que cet article va grossir et grossir encore, jusqu’à ce que j’en ai extrait ce qui me parait être l’essentiel. Allez-y, divulguez-moi les pistes qui vous inspirent, vers où vous allez. Et dites-moi si le féminisme et l’empowerment a eu un impact sur vous, femmes quinquas, comment et pourquoi.

1- Le patriarcat, une organisation et une vision

Quand le père domine, envers et contre toutes

Le patriarcat, c’est ce système social, culturel et politique qui institutionnalise la domination des hommes sur les femmes. Il s’agit donc à la fois d’un choix et d’une organisation, savamment entretenus génération après génération, siècle après siècle.

Alors qu’il est profondément enraciné dans la structure des relations humaines quasiment partout dans le monde, il voudrait qu’on le confonde avec la Nature, une fonction biologique propre à notre espèce, pour mieux se faire oublier.

Comment ça marche ? C’est tout simple. Les femmes se mettent au service des hommes et se retrouvent, volontairement ou pas, dans des rôles subalternes et subordonnés. Ce qui est intéressant, si j’ose dire, c’est que tous les secteurs et la moindre thématique de la vie passent au tamis de cette discrimination, y compris la pratique religieuse, la vie familiale, l’expression des sentiments, la longueur des cheveux, la couleur des vêtements, la force physique, les rêves érotiques, etc. 

Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité. Lisez par exemple cet extrait d’une newsletter, consacré à l’identité féminine.

Une interprétation de la biologie

Le patriarcat impose aux hommes de se conformer aux clichés sur les hommes, et aux femmes de se conformer aux clichés sur les femmes – l’éducation (et son absence) étant l’outil principal pour le mettre en œuvre. La manifestation la plus immédiate du patriarcat en France se situe dans le vocabulaire… puisque le masculin l’emporte systématiquement sur le féminin.

Ce système, pénalisant mais structurant, est largement remis en cause aujourd’hui par les jeunes. Ils aspirent à beaucoup plus de souplesse quand il s’agit de parler de genre, mais aussi de plan de carrière ou d’expression sexuelle. Lisez ici mon article sur les transformations affectives de la société contemporaine.

Car les siècles passant, l’éducation et l’industrialisation aidant, hommes et femmes ont de moins en moins eu besoin de diviser les fonctions et se partager les tâches du quotidien (eux les techniques, elles les relations). Femmes et hommes sont désormais capables de tout faire de façon interchangeable.

Sauf, pour l’instant, de concevoir et de porter les enfants. Et ça, c’est un vrai problème : puisqu’on est égaux, pensent les jeunes, pourquoi seules les femmes devraient-elles encore assurer la maternité ? A l’évidence, notre système biologique s’avère incompatible avec les croyances sociales d’aujourd’hui.

2- Le phallocentrisme, la phallocratie

Ces mots dérivent du « phallus ». Ils expriment l’idée, de façon plus directe et plus restreinte que ne le fait le patriarcat, que c’est la fonction sexuelle du pénis qui donne le pouvoir aux hommes – tout en fascinant les femmes, qui en sont dépourvues. Ce sont des termes dérivés de la psychanalyse et de Freud, prompt à décrire les individus (hommes et femmes) comme étant inconsciemment définis et obnubilés par le pénis, véritable nombril atomique de l’univers humain.

Selon lui, ce pénis aurait un pouvoir initiateur car fécondant, la femme ne servant que de réceptacle. Les garçons développeraient une peur bleue de le perdre, d’où l’importance pour eux de construire un comportement dominant et intimidant.

On comprend après ça (et même si depuis Freud d’autres théories ont remis cette vision en question) pourquoi les femmes se considèrent « naturellement » comme des victimes. Il est forcément difficile de s’opposer à des phénomènes inconscients, qui ont l’avantage de ne pas avoir à se justifier. C’est inconscient donc c’est vrai, et même plus que vrai : c’est nécessaire et c’est absolu.

Patriarcat et phallocentrisme ont donc réussi à organiser notre comportement et nos croyances, nos pensées et nos émotions – notre conscient et notre inconscient, personnel et collectif.

3- Le matriarcat existe aussi

Le choix de valoriser certaines personnes plus que d’autres

C’est sur la notion de maternité que les différences se sont focalisées. Il me semble qu’aujourd’hui en France les femmes ont la possibilité d’agir comme les hommes, mais que les mères n’ont pas la possibilité d’agir comme les pères.

Les femmes se sont libérées, les mères restent contraintes. Il est impossible de faire disparaitre ses enfants par un tour de magie – il est impossible de ne pas y penser, comme le font si bien nos conjoints.

Il est intéressant de voir que chaque culture choisit ses éléments valorisants ou ceux qui se trouvent en position inférieure. L’occident considère que la vie à la maison n’est pas glorieuse, ni la vieillesse. Il s’agit évidemment d’une vue de l’esprit. De la même façon, certaines cultures valorisent les personnes âgées et vantent leur sagesse (et comptent dessus), tandis que d’autres soupirent sur le coût et la sinistrose qu’elles génèrent.

Ainsi, on trouve des peuples qui accordent une place centrale et déterminante aux mères, bien plus qu’aux pères.

Oui, les femmes savent diriger des peuples

D’accord, il s’agit de micro-populations, mais elles ont le mérite d’exister, et on peut parier qu’un jour certaines sociétés « modernes » réussiront à inverser ces principes qui aujourd’hui nous semblent aussi universels qu’inébranlables :

  • Cultures matrilinéaires : l’accent est mis sur la lignée maternelle, l’héritage se transmet de mère en fille. Les femmes y occupent une position de pouvoir et de prestige plus élevée que les hommes (Minangkabau en Indonésie, Moso en Chine).
  • Cultures où le rôle de la mère est central : les femmes sont responsables de l’éducation des enfants et de la transmission des valeurs culturelles. Elles sont valorisées pour leur rôle de mère et vénérés de piliers de la famille (populations au Mexique et l’Amérique centrale).
  • Sociétés matriarcales : le pouvoir et l’autorité sont détenus par les femmes qui exercent fréquemment le contrôle politique, économique et social (Akan au Ghana).
  • Cultures où la maternité est sacrée : les mères y sont vénérées en tant que créatrices de la vie – elles deviennent des figures divines ou semi-divines (déesses de la maternité).

Il est quand même étonnant que notre conception de la société se réduit à considérer qu’un des deux genres humains en domine un autre. La banalisation récente de la sexualité et de ses interdits ainsi que la volonté revendiquée de changer de sexe (ou de ne plus en avoir) va forcément bouleverser cet ordre ancestral.

Car si on ne croit plus au pouvoir fondateur du sexe, alors on n’a plus de raison d’obéir à un système basé sur à la domination homme-femme…

4- Le plafond de mère

Revenons donc à nos contrées occidentales. Le plafond de mère, selon l’expression de Marlène Schiappa et Cédric Bruguière tirée de leur livre commun, c’est cette limite implicite que les femmes, généreusement encouragées et relayées par les stéréotypes, s’imposent professionnellement au moment de devenir mères. Cette impression que la « conciliation » entre les deux vies, privée et professionnelle, devient infernale le jour où elle prend une troisième dimension : celle de la création de la famille.

C’est la sensation que ça n’est pas jouable, et donc que ça ne va pas marcher. Mais de le faire quand même, car c’est ainsi que les femmes modernes doivent agir (c’est moi qui rajoute cette nuance).

La place des enfants dans le temps quotidien

Pourtant, en examinant la situation sans se laisser dévorer par les concepts à la mode, on peut évaluer si l’on est capable d’ajouter un enfant à son parcours, puis éventuellement d’autres. Tout cela en tenant compte d’une évolution professionnelle probable, et en entretenant une vie intime, elle aussi potentiellement changeante.

Peut-on, entre 30 et 50 ans, élargir sa famille ET élargir son boulot ET élargir son cercle intime (conjoint, parents, amis) ?

Quand j’étais jeune, très peu d’entre nous ont vraiment réfléchi à leur vie à venir, aux 20 années suivantes. On était sensées jongler avec tout cela avec souplesse et en bonne intelligence avec « nos supérieurs », conjoint inclu, et ensuite profiter de nos 5 semaines de vacances assorties des RTT.

Certaines s’en sont très bien sorties, et n’ont pas hésité à investir pour se faire épauler de l’aide nécessaire (qu’elles ont su estimer). Je leur dis bravo : investir pour soi-même, il y a 25 ans, il fallait oser – beaucoup ont en bonne logique misé sur leur conjoint… mais certainement pas sur elles-mêmes.

D’autres l’ont fait par obligation, rébellion ou volonté de s’affirmer, mais ont fini par sacrifier un des trois éléments : les enfants (le temps avec eux, l’école, les relations attentives et sereines, l’ambition de chacun), le travail (les promotions, les déplacements, la présence au travail), l’amour (la proximité du conjoint, des parents et des amis).

D’autres y ont renoncé et ont embrassé une carrière familiale après avoir vécu une carrière étudiante et professionnelle, espérant inverser ce schéma plus tard. Ont-elles renoncé à leurs rêves ?

Nous les quinquas, la génération des « assistantes »

Et d’ailleurs, était-ce vraiment votre rêve à vous, de cumuler famille, travail et vie intime ?

Ne serait-ce pas plutôt un rêve politique, une sorte d’idéal patriotique, vers lequel nous étions supposées mettre en oeuvre le meilleur de nos aspirations maternelles ?

Ce qui est un peu cynique, c’est le choix par défaut de s’être contentée d’être officiellement « adjointe » : au travail, auprès de la famille élargie, dans son logement. Ma génération (je suis née en 1965) s’est fréquemment retrouvée dans cette position. Oui, on a toutes travaillé, mais bon, c’était souvent comme assistante, enseignante, auxiliaire, infirmière ou chef de projet (le poste infernal ultime, où il faut avoir le don d’ubiquité).

Des fonctions où l’expression du pouvoir est faible, car il s’agit d’accommoder les autres. À longueur de temps.

Oui, ça a été utile et intéressant, bien entendu. Mais combien d’entre nous, celles qui ont 55 ans aujourd’hui, sont devenues ministres, directrices, chercheuses ou cheffes d’entreprises tout en conservant leur famille intacte ? D’où la nécessité de parler vraiment d’empowerment.

L’empowerment

C’est par l’empowerment que les femmes se sont affranchies, c’est-à-dire en apprenant à avoir et à exercer les mêmes droits et devoirs que les hommes sur le plan public : pouvoir et autonomie d’une façon générale, dans tous les domaines de la vie (politique, culturelle, sociale, économique, financière, juridique, technique, etc.).

L’empowerment, c’est le chemin qui permet la mise en œuvre de l’égalité des chances, autrement dit d’une société juste et équitable, indépendamment du genre.

L’éducation des filles, le contrôle des naissances, l’accès aux structures de garde pour les mères, le droit de disposer de son propre corps ou la lutte contre les violences sexuelles constituent d’immenses chantiers plus ou moins avancés à travers le monde. Tout cela se dose en fonction des coutumes et du poids des religions… ainsi que la volonté des hommes de se transformer, individuellement et collectivement, de façon concomitante (je reviendrai sur cet aspect-là qui me semble tout aussi passionnant).

Avoir des enfants ou pas : ça change tout

Je distingue ici encore le pouvoir des femmes et celui des mères. Certaines figures du féminisme historique, comme Simone de Beauvoir, bell hooks ou Gloria Steinem, n’ont pas eu d’enfants – un choix logique tant il leur semblait que la maternité était à la fois aliénante (sur le plan personnel) et méprisée (sur le plan collectif).

Désormais, ce sont 30% des jeunes femmes en France (et 37% des diplômées de l’enseignement supérieur), qui n’envisagent pas de procréer. Ce chiffre peut toujours évoluer : elles pourraient changer d’avis à l’approche de l’âge où elles ne pourront définitivement plus avoir de bébé. Mais il démontre combien le fait d’être mère pénalise les femmes qui optent pour l’idéal occidental « d’une belle vie » : impactante, créative et publique.

Un autre argument, largement relayé, consiste à ne pas contribuer à la destruction de l’environnement ni au réchauffement climatique. Il s’accompagne de deux phénomènes concomitants : la volonté de lutter contre la surpopulation, et la baisse significative du taux de fertilité.

L’un dans l’autre, si les jeunes femmes veulent moins se reproduire et peuvent moins le faire, la population va forcément finir par vieillir, puis par décliner. Est-ce jouable pour un pays comme la France ?  Pourquoi, au fond, renonce-t’on à améliorer notre existence et choisit-on d’abandonner notre petit pouvoir d’entretenir la vie, une génération après l’autre ?

Je crois que c’est parce qu’on s’est mis trop de pression sur le dos, et que c’est l’idée de gagner de l’argent (une idée très masculine, non ?) qui a prévalue, par rapport à d’autres missions, en particulier la maternité.

La maternité est une fonction sociale obscure

Pourtant on peut ne pas suivre ces prérogatives travail-enfants-maison. Et on peut accepter de ternir son image sociale (et par la même occasion celle de son conjoint) pendant quelques années, voire une ou deux décennies. Oui, je pèse mes mots. Je suis de celles qui pensent qu’il y a un temps pour tout : la famille constitue une seule des étapes de notre construction, mais elle est fondamentale.

Elle est potentiellement épanouissante sur le plan intime ET sur le plan intellectuel (en tous les cas, elle l’a été pour moi) et surtout, elle demeure essentielle pour construire le futur collectif (sans enfant, pas de société !).

Mais la famille est une construction choisie et arbitraire. La culture française promeut sa juxtaposition avec une activité rémunérée, qui demeure actuellement la seule source de finances et de visibilité publique. S’occuper d’un foyer n’est pas considéré comme un travail, ni comme une tâche stimulante – sous entendu, seules les imbéciles, les associales et les paresseuses y trouvent un intérêt. Cerise sur le gâteau, elle ne se voit pas publiquement et elle est sous-payée (voire totalement bénévole).

Ce choix politique de ne pas reconnaitre ni de rémunérer les mères génère une pression institutionnalisée, unique, spécifique et intense chez les mères : la charge mentale.

Celle-ci a de multiples conséquences, par exemple celle d’isoler les femmes plutôt que de les intégrer (les mères se sentent typiquement seules, bien que très entourées). Mais celle aussi celle de s’interposer dans la transmission de la sérénité et de la confiance à leurs enfants.

Inventons d’autres étapes de vie plus épanouissantes

Je le répète ici : toutes les cultures ne font pas des choix aussi radicaux. On peut, on doit, développer d’autres schémas de vie, véritablement différents et équitables, offrant à chacune de pouvoir rayonner, sans se plier obligatoirement à la triple peine foyer/bureau/conjoint.

  • Rien n’empêche nos filles, ou nos fils, de mettre une carrière entre parenthèses et de reprendre après, une fois qu’ils ont l’esprit disposé à se projeter à l’extérieur de la sphère familiale.
  • Ou de réduire leur temps de travail pendant des années, pour repartir de plus belle ensuite et rompre ainsi la monotonie d’une vie seulement tournée uniquement vers le déroulement de la carrière.
  • Ou d’alterner ces missions entre elles.
  • Ou de reprendre des études, puisqu’on nous promet des changements fréquents de métiers et de technologies.

Et puis, ne nions les plaisirs de la maternité (je ne parle pas ici de l’échange d’affection et d’amour, par ailleurs immense). L’éducation que l’on offre à ses enfants est, par exemple, d’une grande valeur. Accompagner quelqu’un individuellement, pas à pas, s’avère très complémentaire du travail que font les structures collectives que sont les crèches ou les lycées. La démarche n’étant pas la même, le résultat des deux devient plus riche, plus étendu, plus porteur.

Ouvrons les yeux : la maternité construit le monde

Il y a de multiples façons efficaces de participer à l’évolution de la société, toutes ne doivent pas forcément être uniformes et contraignantes. Si nous sommes heureuses de vivre et délivrées de trop de stress, alors nous transmettrons cette joie autour de nous et la vie dans son ensemble est plus agréable.

Les femmes sont persuadées qu’elles doivent se sacrifier pour que leurs enfants soient plus heureux… mais n’est-ce pas une erreur basique ? Les enfants sont heureux parce qu’on l’est, nous. C’est le plaisir de nous côtoyer qui les nourrit – pas la supposition que nos efforts et nos luttes vont transformer leur futur. Si on veut lutter, faisons le pour être fière de nous aujourd’hui, pas en leur refilant nos doutes et notre souffrance pour le restant de leurs jours.

Pour revenir à l’empowerment des mères, on devrait résolument développer les études ou la reconversion de celles et ceux qui ont rempli ce rôle fondamental de s’occuper des enfants… d’autant plus que la vie qui s’allonge nous permet de le faire.

Je sais, il n’est pas si simple d’assouplir le système social et éducatif que nous avons mis longtemps à mettre en place, et qui de surcroit n’est pas toujours pas accessible à toutes. Mais ça n’est pas parce qu’on a bossé dessus comme des malades qu’il fonctionne bien, et qu’il est aboutit.

Faire comme un homme, mais être une femme

A l’ère moderne, on a voulu faire comme les hommes tout en continuant à être une femme et une mère. On avait besoin d’un nouveau contrat d’expression de notre ambition et d’un nouveau contrat de couple, impliquant les deux parties de façon équitable et flexible. Ce qu’on voulait, c’était :

  • S’assurer un futur et donc se prémunir en cas de séparation.
  • Ne pas être transparente, inférieure, diminuée, réduite à des tâches épuisantes mais anecdotiques.
  • Pouvoir mettre en œuvre son savoir et son pouvoir.
  • Avoir accès à l’indépendance (financière, matérielle, etc.) et aux honneurs.

Mais à force de vouloir échapper au foyer, les mères se sont retrouvées ensevelies sous un fardeau complexe : il fallait bien se rendre au bureau et produire ce pour quoi on était payé. Et il fallait aussi plaire à son conjoint, soutenir ses parents âgés, recevoir les amis à diner. Et bien entendu, il fallait gérer les petits, les moyens et les grands ; leur faire croire que l’école, c’est cool ; et que oui, ça va finir par servir à quelque chose – et puis dépêche-toi, on va encore être en retard.

Le besoin de disposer du temps quand on en a besoin

Si on veut que les femmes françaises ne considèrent plus la maternité et la constitution d’une famille comme un rapetissement personnel, une régression sexiste ou une mise à l’écart inéluctable, il va falloir activer notre imagination, prendre des risques en matière de conformité et inventer d’autres modes de vie.

Les femmes françaises ne sont pas tenues de suivre le chemin des Japonaises ou des Italiennes. La liberté individuelle que donne la possibilité de ne pas avoir d’enfants est extraordinaire… mais elle ne peut pas se transformer en tendance de fond. On n’est pas du tout obligés de capituler devant une organisation sociale mal ficelée, pour se retrouver ensuite à déprimer dans un pays peuplé de vieux !

Je suis persuadée qu’à l’avenir, l’empowerment réel des femmes devenues mères se jouera là-dessus. Déjà, la génération de nos enfants freine des quatre fers à l’idée de se déplacer pour travailler ou de faire des journées professionnelles à rallonge. Logique : à force de nous voir courir au four et au moulin et à les bousculer dans tous les sens, ils n’ont pas du tout envie de se faire avoir et de reproduire nos burnout saisonniers (lisez ici mon article : Burn-out parental : chez les quinquas aussi).

Grâce à nos enfants, le temps est en cours de repositionnement. C’est celui dont on profite au quotidien qui est devenu une valeur précieuse – pas celui que l’on cumule en fin de vie. L’empowerment des mères passera forcément par une ré-appropriation de leurs emplois du temps, une autre façon d’organiser leur vie, sur une échelle beaucoup vaste, plus souple et plus variée. Lisez ici mon article sur les étapes de la vie : Etapes de vie : renaître femme à 50 ans

Pour terminer sur ce sujet, consultez aussi mon article sur l’empowerment des quinquas, cette fois sur un plan individuel.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie ! Lisez par exemple cet extrait d’une newsletter, consacré à l’identité féminine.

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Comment vivez-vous aujourd’hui l’empowerment, le patriarcat ou le féminisme?

Racontez-nous votre expérience et partagez vos interrogations pour que tout le monde en profite.


    4 replies to "Du patriarcat à l’empowerment : le féminisme aujourd’hui"

    • DESHAYES+Marie+Josée

      Bonjour, c’est un travail remarquable et un article passionnant, merci Véronique. Il est aussi très aidant car il pousse à la réflexion et également à prendre du recul sur notre propre situation. Merci

      • Véronique

        Merci Marie-Josée ! Nul doute que je reviendrai sur la question bientôt. Les moeurs se transforment plus vite que jamais, surtout concernant la famille, la vision du couple et les enfants. Cela m’interroge beaucoup et je veux mieux comprendre, de façon à garder des relations saines et éclairées avec mon propre fils…

    • SophieG

      Bravo pour ce travail très complet et j‘aime tes propres affirmations donc la valorisation de la femme en tant que mère : quel magnifique „métier“ !
      Je me suis construite en opposition farouche à ma mère qui pour moi s‘est éteinte en se mariant – femme au foyer, heureuse de ds Couture et tricots et pas à l’aise dans des jeux mondains voulus par mon père.
      donc je suis partie sur un mode plutôt libre dans les relations en prenant garde de ne pas être enfermée et donc…quelque part aussi en position frontale dominante dominée dans mes 3 grandes vies à 2 😀☺️
      Vivre seule et avoir des périodes courtes d’amour, de partages, ce serait idéal – Pas forcément très facile à trouver et! Vivre!

      Encore merci de ce bon moment de lecture et réflexion!

      • Véronique

        Merci Sophie ! On peut parier que l’exploration actuelle et la curiosité pour d’autres formes vies (célibat, couple et famille), sur des temps plus flexibles, vont déboucher sur un vrai renouveau féminin. Tout cela rassure ou fait peur… suivant le modèle que nous avons eu, notre culture et ce qui nous convient personnellement. Mais ça ne concerne pas que les jeunes. On a nous aussi encore plusieurs décennies sur terre, pourquoi ne pas explorer ce que tu mentionnes comme étant idéal pour toi : vivre seule et avoir des périodes courtes d’amour et de partage ?? Bonne chance à toi !

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