Mère et quinqua, bâtissez votre réputation
Comme j’ai eu plusieurs vies depuis ma naissance, il y a plus de 5 décennies, je me suis retrouvée plusieurs fois presque vide socialement. Sans référence, sans repère. Il a fallu à chaque fois que je travaille sur ma réputation. Pas pour m’inventer un autre moi-même, bien entendu, mais pour me présenter sous un nouvel angle, dans un nouveau contexte, de façon à être comprise et acceptée.
Car si on ne pense pas à son image, nos interlocuteurs vont se charger de le faire. Parfois dans notre intérêt, parfois à notre détriment, mais le plus souvent dans l’erreur. Et je ne parle pas ici exclusivement de la carrière. Ces cousins que l’on voit rarement, certaines connaissances de longue date, parfois même des amis proches, peuvent tout aussi bien s’imaginer des choses concernant notre vie qui ne correspondent plus du tout à la réalité : ils se basent sur ce qu’ils savaient de nous… il y a une autre époque.
En pratique, on passe son temps à ajuster et équilibrer deux aspects de la vie, en apparence perpétuellement contradictoires et antinomiques : nous et l’environnement. Autrement dit, ce que l’on veut à l’intérieur de soi, ce que la société veut de nous. On retrouve cette polarité partout : notre corps, dans l’air ambiant. Nos aspirations versus notre réputation. Nos besoins et ceux des autres.
Nos deux pôles s’attirent et se repoussent avec assiduité et énergie, permettant entre les deux de suspendre notre filet de pêche, rempli de désirs, d’actions, de craintes et de préjugés. Voyons comment on peut se renouveler et bâtir sa réputation, nous les femmes quinquas. En particulier lorsque les enfants quittent notre foyer et que notre vie bascule hors de la famille, vers un monde qui nous a un peu-beaucoup ignorées depuis des lustres.
1- La réputation des mères qui émergent du nid familial
1- Après des années de construction intime…
Tant que nous sommes mères, nous avons tendance à rester dans ce que nous percevons comme des normes, des limites identifiées, sans quoi nos échecs risqueraient directement d’affecter nos enfants. En fait, nous avons besoin de connaitre les règles et les rites sociétaux pour les intégrer, les sélectionner, les filtrer et leur transmettre sans dommage.
Nous protégeons notre réputation pour mieux les protéger, eux. Avoir le sens des responsabilités familiales, c’est tout mettre en œuvre pour que notre couvée puisse s’épanouir et s’envoler, mais tout cela bien à l’abri, caché dans notre filet de pêche, sous un petit parapluie de notre fabrication, minutieusement cousu et déployé. Il s’agit de la base du pouvoir maternel, invisible de l’extérieur mais aussi puissant que réel et efficace : c’est nous, les mères, qui déterminons ce cercle de protection à l’intérieur duquel ils se développent.
Lorsqu’ils partent, nous sommes en quelque sorte délivrées de ce travail de couverture, et notre parapluie, devenu lourd et drôlement alambiqué et qui n’a plus que nous à n’abriter, perd de son intérêt et de sa fonction. On a désormais le loisir de mettre le nez dehors, de sortir et de nous exposer si ça nous chante.
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2- … On se retrouve projetée sur le devant de la scène
On peut regarder plus loin, bien au-delà de ce petit nid devenu inutile.
Lorsque notre famille se disperse, certaines se débrouillent bien. Elles sont super prêtes à baisser la garde, elles n’attendaient que ça, en fait. Elles déconstruisent leur ombrelle (ou leur parasol télescopique XXXL) en un tour de main, se retrouvent un peu nues mais presque neuves, et passent à autre chose.
D’autres se lancent dans un gros travail de démontage. Une baleine après l’autre. On prend son temps. On stagne. On recule. Finalement, ce processus n’est pas si rassurant que ça ! Car se découvrir, c’est s’exposer, aux yeux de tous. Tout à coup, on se retrouve avec une réputation sur les bras : tout ce que l’on a soigneusement construit à l’abri de la maison est sujet à des tas de spéculations, de clichés, de déductions de la part de notre entourage.
En sortant hors de notre caverne une fois que nos enfants sont partis, il va falloir nous justifier d’une part, et construire une nouvelle image de nous-même, acceptable, séduisante et surtout intelligible, d’autre part. On va donc soigneusement penser et peser notre réputation. Expliciter notre authenticité. Il s’agit d’un changement intérieur ET extérieur, et donc il est utile d’y penser par les deux bouts – les deux pôles.
2- Pourquoi expliciter qui l’on est
1- L’autre a besoin de savoir qui vous êtes…
C’est exactement pour cela que les stéréotypes ont été inventés : pour mettre en lumière et remédier à l’obscurité, à l’intimité, à la confidentialité. Mais aussi à la distance, à l’éloignement géographique et culturel. Puisqu’on ne peut pas voir ni entendre, puisqu’on ne peut rien vérifier, on suppose, on élabore, on invente. Avec allégresse. Comme ils n’ont rien vu de notre action, ils vont la deviner et la reconstruire – comme ça les arrange, avec leurs propres codes et leur propre vocabulaire.
Je ne crois pas que cela se fasse pour le plaisir de médire ou de nuire, ni même d’embellir ou de valoriser – mais dans l’intérêt de mieux comprendre comment votre histoire peut s’intégrer dans la leur. A chaque fois que vous dites : « j’ai fait ceci en telle année, j’ai renoncé à cela deux ans plus tard », l’autre cale cette information dans sa tête, en résonnance avec sa propre expérience. Par votre discours, il se réarticule lui-même. Donc quand vous parlez clairement de vous-même, vous l’aidez à s’authentifier à son tour.
2- … Quitte à l’inventer
Si on ne se raconte pas, si on ne s’explique pas, si on ne se justifie pas, on laisse la porte ouverte à la suggestion. Never explain never complain, c’est une stratégie de communication réservée à ceux qui se savent au-dessus du « bas peuple », et qui sont certains de conserver leur pouvoir et leur compte en banque, quels que soient les scandales, les erreurs et les incompétences. Donc la royauté. Sauf si vous vous considérez comme un aristocrate excentrique ou un créateur hors-pair, mettez-vous à la portée d’autrui : ça évite plein de problèmes.
La nature a horreur du vide, et l’âme humaine a horreur du non-dit (même s’il n’a rien de répréhensible, évidemment). On devient une pièce perdue d’un gigantesque puzzle, sujette à des tas d’interprétations. Pour retrouver notre intégrité dans un monde différent, il faut trouver notre place : une utilité et une raison d’être, qui soit claire pour nous-même et pour les autres. Dire qui vous êtes, à la bonne dose, rassure autrui et vous rassure vous-même. Ce faisant, vous participez à la diversité ET à l’inclusion de chaque personne sur terre.
2- Construire et éclaircir son image de femme quinqua
1- Bâtir sa réputation extérieure
Celles d’entre nous qui ont une carrière cohérente et en continu ont absolument l’habitude de se présenter en une ou deux minutes, de façon concise, pour chaque public. Elles l’ont appris, et vous aussi allez le faire. Votre pitch professionnel (que votre profession ait été rémunérée ou pas) constitue un pas important dans la construction de votre image, c’est un exercice incontournable, l’équivalent d’une carte de visite interactive et super design.
Cela prouve que vous existez, que vous avez déjà laissé une empreinte sur le monde (et de fait, vous l’avez déjà fait, même si vous avez l’impression de n’être qu’une ombre, ou de ne pas avoir assez de cartes en main, d’être sans intérêt, épuisante, invisible ou laissée pour compte).
Les études montrent que la plupart d’entre nous ne se connaissent pas si bien que ça. On se sous-estime, on se sur-estime, on oublie des pages entières de notre expérience passée. L’auteur de cet article (en anglais) soutient que le seul conseil valable concernant la carrière, c’est de faire un bon travail, avec amour. Alors si vous pouvez réfléchir à ce que vous avez fait de votre mieux et avec plaisir, c’est le principal.
2- Penser aussi à son parcours personnel
Mais la carrière et l’image publique ne sont pas tout. La vie intime compte tout autant, et les femmes y sont très attachées. Maitriser, ou tout au moins préparer, une présentation de soi dans un cadre amical, amoureux ou familial, c’est tout aussi essentiel. Il n’y a pas que sa profession que l’on veut rendre cohérente, on aime aussi donner une structure et un sens à nos histoires de cœur et à la vie de nos émotions.
Je vous incite donc à créer également votre pitch privé : je sais, ça parait étrange, à moitié prétentieux et à moitié réducteur. Pourtant cela vous permettra de tirer les grandes leçons et les grandes orientations de vos choix de vie, des personnes qui vous ont accompagnées ou pas. Si vous voulez contrôler votre image et donc votre réputation, affirmez-vous avant qu’on ne vous colle une étiquette qui vous rebute, que vous sentez fausse, que vous estimez ne pas vous correspondre.
Inspirez vous de ces articles complémentaires : J’ai 55 ans, comment faire le point sur ma vie ? et aussi Récit de vie : toutes ces histoires qui nous forgent
3- Soyez sincère et authentique, pour être prise en compte
Tout ce que vous ne dites pas, tout ce qui semble flou, tout ce qui parait invraisemblable… sera interprété par le filtre des clichés dominants.
C’est tout à fait normal, et vous faites la même chose avec autrui, à longueur de journée. Tout le monde place dans une case déterminée la pièce de puzzle que nous représentons : autant imposer la bonne. Et si vous voulez que les gens vous croient spontanément, soyez sincère et authentique. Oui, on peut absolument combiner l’authenticité et l’affirmation de soi, de ses choix, de sa consistance. D’ailleurs dans un métier, plus on est professionnel, plus on est authentique.
Ce sont malheureusement les gens peu sûrs d’eux qui ont l’air le plus faux – qu’ils soient trop modestes ou trop pédants. S’ils sont insécures, s’ils sont mal dans leur peau (qu’ils soient agressifs, soupçonneux ou hypocrites), n’est-ce pas parce qu’ils ont quelque chose à cacher ? La timidité, fréquente quand on est jeune (surtout chez les filles qui sont tellement soucieuses de l’image qu’elles renvoient), se transforme un jour en confiance et en ouverture aux autres.
Passez du temps sur votre image personnelle et professionnelle, prenez le temps de bâtir votre réputation, et plantez vos deux pieds bien fermement dans le sol pour continuer à avancer avec assurance et fierté ! Vous pouvez vous inspirer de ces articles pour avancer Croyance : notre vie détermine ce qui nous mène mais aussi L’image des femmes de 50 ans : à nous de la choisir !
Enfin lisez mon article pour vous stimuler : A 55 ans, je montre mon corps donc je suis !
La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !
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- Adapter ses valeurs pour mieux vivre
- Croyance : notre vie détermine ce qui nous mène
- Femme 50 ans : qui es-tu, que veux-tu ?
Et vous, comment bâtissez-vous votre réputation privée et publique ?
Racontez nous votre expérience, dans le cadre privé et professionnel, pour que nous puissions nous en inspirer !
2 replies to "Bâtir sa réputation, en public et en privé"
Merci Véronique pour cet article , je vous lis avec grand intérêt chaque dimanche : je suis dans votre cible : je m’appelle Véronique et j’ai 50 ans tout rond ! 🙂
Il est parfois difficile de se dévoiler aux autres mais j’apprends à le faire de plus en plus et votre article va my aider encore !
Un grand merci
Véronique
Merci Véronique ! Effectivement, ma newsletter est construite autour de ce travail de « dévoilage » (merci pour ce joli mot) que j’ai dû moi-même mettre en oeuvre et qui me terrorisait. Désormais j’y suis habituée, je le fais avec grand plaisir et sans complexe et j’essaie d’inciter les autres à en faire autant… Bonne journée Véronique