Regardons le fil de notre vie pour nous trouver

Même les plus rationnelles et les plus pragmatiques d’entre nous fonctionnent sous le coup de croyances. Il parait qu’on a tendance à mettre en œuvre ce à quoi on croit profondément, qu’il est très difficile de lutter contre. Si on est persuadé qu’on va échouer, on échoue. A force de penser à la maladie, on tombe malade. Si on est certain qu’on va trouver le job de nos rêves, le partenaire idéal, l’argent qui nous manque ou les ennuis redoutés, on les trouve, d’une façon ou d’une autre. 

Des livres entiers ont été basés sur ce concept : il suffit de le vouloir pour réussir (ou pour rater). Souvenez-vous du succès de « Le secret », de l’ésotérisme à la petite semaine qui « démontrait » que nos croyances profondes nous emportent vers notre destin. 

Ce qui est intéressant dans cette théorie, par ailleurs ultra-simpliste, c’est que sans référence positive, on court à notre perte. On a besoin de repères pour avancer, mais pas de n’importe lesquels : ceux qui jouent en notre faveur. C’est pourquoi l’éducation est si importante, pour forger des convictions constructives à partir de ses propres capacités, aller au-delà de ce que l’on croit qu’on est, au-delà des préjugés avec lesquels on est née. 

Nous les quinquas sommes désormais capables d’identifier notre croyance de base, celles qui nous a mené depuis toujours. Et capables de l’utiliser pour le bien de tous. Je vous raconte ma propre expérience en la matière.

1- Regardez en arrière : qu’est-ce qui est récurrent ?

Notre famille, notre enfance, notre environnement ne sont qu’un point de départ : à nous de définir la suite, de nous y pencher volontairement, de nous y passionner. L’éducation, celle que l’on reçoit au début et celle que l’on se donne ensuite, est une direction que l’on impose à son corps pour qu’il mettre en œuvre nos convictions. Son but ne consiste pas à imposer un type de pensée ou de jugement sur le monde, mais un type d’action.

D’où l’intérêt d’avoir 50 ou 60 ans. On a déjà vécu des cycles, on peut (on doit) désormais les identifier rétrospectivement. On le fait grâce à des bilans, par la validation (ou le refus) ce qu’on nous a enseigné, puis de ce qu’on a appris toute seule.

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Voilà le moment de prendre ma boule de cristal et de regarder : mais qu’est-ce qui me fait courir dans la vie ?

Avant tout, je constate dans ce foisonnement d’expériences que j’ai un grand besoin de contrastes. De ruptures, de changements radicaux. Je ne le manifeste pas par des bouleversements de couple ou de métier : là-dessus je suis assez stable, finalement, car je sais que je peux m’y mouvoir sans trop de heurts. 

Ces sursauts, je les trouve en passant d’un groupe social à un autre. Génération, culture, langue, pays, fortune ou dénuement, tout me va pourvu que je rebondisse. C’est la géographie qui me guide. J’ai besoin de muer, comme la majorité d’entre nous, et j’ai besoin de partir pour pouvoir le faire.

Pour compléter ce sujet, lisez aussi mon article Récit de vie : toutes ces histoires qui nous forgent

2- Oui, l’herbe est plus verte ailleurs… pour moi

Je mesure le temps qu’il m’a fallu pour écrire ceci. Ça m’a toujours horripilée d’entendre ceux qui me glissaient, l’air dubitatif ou carrément septique, « l’herbe est toujours plus verte ailleurs ». Impossible de dire pourquoi, mais je ne supporte pas de l’entendre. Je ne crois pas que l’on puisse m’irriter davantage.

C’est comme si on voulait me condamner à l’emprisonnement perpétuel par piétinement sur place, sous prétexte que c’est « plus sain » et « mieux pour moi ». 

En vous écrivant cela, je revois la campagne dans laquelle j’ai grandie, la forêt, les champs, les saisons, la liberté. Pour moi c’était une prison dorée : j’ai adoré y être, mais j’ai eu un besoin viscéral, mêlé à une peine (et une peur) immense, d’en partir. C’est quelque chose qui est très difficile à comprendre pour celles qui aiment la permanence : je ne pars pas parce que je n’aime plus quelque chose, mais parce que je suis happée ailleurs. C’est une sorte d’appel.

Est-ce un leurre ? Est-ce l’instinct de survie face au danger ? Est-ce une incapacité à mûrir et à accepter les frustrations, comme le prétend ce philosophe, ou bien une jalousie récurrente concernant les accomplissements des autres, résultat d’un sentiment de dévalorisation, comme on le voit ici ?

3- Méfions-nous des théories qui nous limitent

Je suis frappée de constater combien Internet croule sous les articles consacrés aux dangers de ce désir d’ailleurs, l’immaturité qu’il révèlerait, l’envie malsaine et la naïveté égoïste dont je serais coupable.

Et puis ça a un petit air de « Mais pour qui vous prenez-vous ? Restez donc à votre place ».

C’est comme si tous les psychologues jetaient un sort à ceux qui partent à la découverte de l’inconnu. Pourtant elle me stimule bien davantage que d’explorer les méandres de mon passé, dont eux sont si friands. Ce qui se passe ailleurs m’intéresse plus que de remuer les décombres de ma modeste existence.

J’en profite pour affirmer qu’en matière de compréhension de la complexité de nos vies, la sociologie (regarder vers un plus grand extérieur) est largement aussi impactante que la psychologie (regarder vers un plus petit intérieur). Pensez-y si vous n’arrivez pas à vous débarrasser de certaines pensées qui vous obsèdent – le monde dans son ensemble est plus révélateur, plus ouvert et plus créatif qu’un seul parcours sur terre. Même s’il s’agit du nôtre.

3- Les crises, c’est pour nous remettre sur notre voie

Poursuivons sur ce malentendu. Je regarde au plus profond de mon cœur, et je ne vois pas de désir anormal, désobligeant, de ressembler aux autres, de les copier. D’abord, je suis persuadée qu’on se ressemble toutes à moitié (notre époque, notre âge, nos années scolaires nous collent à la peau). Pour l’autre moitié, celle qui m’est personnelle, je m’emploie à me distinguer en utilisant des capacités et savoir-faire que j’ai vraiment mis en œuvre. 

Au final, quand je regarde ma vie, elle a été probablement assez similaire à la vôtre : suffisamment frustrante pour avoir le désir de poursuivre en changeant les choses… suffisamment épanouissante pour avoir le désir de poursuivre en ne changeant rien.

Je pense à tout cela car je viens de refaire mon CV : tout un parcours professionnel (mais aussi étudiant et bénévole), résumé sur une seule page. Allez-y, faites-le aussi, je vous le conseille. On y voit très clairement les thèmes qui nous intéressent, la cohérence de notre trajectoire. On y voit aussi les évolutions communes à notre génération. Pour celles qui aspirent à changer de vie ou de carrière, je vous suggère de commencer d’abord par un CV, vous y trouverez peut-être le fil d’Ariane qui vous fera sortir du labyrinthe.

A ce propos, j’ai eu l’immense chance… d’être au chômage, expatriée ou licenciée plusieurs fois ! Ça m’a permis de rompre la routine, pour mieux redémarrer ensuite. Si vous vous sentez au bout du rouleau de la motivation, offrez-vous donc deux ou trois ou six mois off, même sans rémunération (si si). Ça pourrait bien vous remettre en selle sans entrer davantage dans les bouleversements et les prises de tête. Sans aller à de telles extrémités, vous pouvez aussi vous attaquer à bâtir votre réputation, publique et privée, comme je vous l’explique dans cet article.

Inutile d’attendre un burnout salvateur et rémunéré par la sécurité sociale ! Vous pouvez vous concocter ça toute seule dès maintenant, ça vous montrera que prendre du recul, ça n’est pas une maladie : c’est un bon signe de santé mentale et une vraie démonstration de proactivité.

4- Votre expression favorite vous dira votre croyance

En y pensant davantage, je réalise que ni à 15, 35 ou 55 ans je n’ai particulièrement cherché à ne pas être moi mais une autre, quoi qu’en disent ces professionnels ci-dessus. Nous les femmes, on a beaucoup de qualités communes mais on n’est quand même pas interchangeables. 

En revanche, il est évident que j’ai voulu évoluer, grandir, changer, me transformer. La quête dans laquelle je me suis embarquée a plutôt résulté du désir de trouver des rôles-modèles, typiquement des gens plus âgés qui étaient déjà passés par là. Oui, le cumul des années, celles que nous n’avons pas encore vécues, est un véritable capital. Ces personnes s’engagent sur des voies qui nous inspirent, nous font croire en l’avenir. Elles nous font pratiquer l’avenir. J’ai déjà écrit sur ce sujet des rôles modèles et j’y pense de plus en plus, puisque désormais c’est à nous de montrer l’exemple. On a l’âge, on a l’expérience, on a le recul.

Mais mon optimisme me rattrape. Je note que l’expression énervante « l’herbe est plus verte ailleurs », est opposée à une autre, que j’adore : « les voyages forment la jeunesse ». C’est Montaigne qui l’a formulée il y a 450 ans, et elle n’a pas pris une ride. 

Alors peut-être qu’il est là, le vrai problème : ma jeunesse n’est pas terminée, je suis encore dans un esprit itinérant, je suis devenue une espèce de vagabonde avertie. Je n’ai pas encore tout appris de ce qui était apprenable.

Pourquoi est-ce qu’on lance nos enfants sur les routes en leur disant que c’est pour leur bien, alors que nous, on devrait rester cloitrée au coin du feu ? Je n’ai aucune envie d’arrêter les voyages, du corps ou de l’esprit. D’ailleurs si je devais dessiner ma vie, je la représenterais par un plan et des chemins.
Google maps, c’est tout moi. 

Pour trouver la vérité, la profondeur, la justesse, faire du sur-place n’est pas mon truc. Je m’y ennuierais vite ; j’ai trop besoin de comparer pour comprendre. Et comparer, ça suppose d’opposer deux territoires : le connu et l’inconnu. On ne compare que lorsqu’on se détache, non ? 

5- Faites profitez les autres de votre force

Mais tout le monde n’est pas ainsi. J’en connais qui se révèlent en s’ancrant quelque part. C’est la profondeur de leurs racines et la longueur de leurs branches qui les caractérisent. Ce sont des arbres. Ils/elles sont solides et stables, bien qu’immobiles. Ils protègent les éternels nomades, qui les abreuvent de leurs aventures.

… Tout cela est une question de croyance, celle dont on parlait au début. Cette conviction forgée dans la pierre, quelque chose qui nous est intrinsèque et qui relève du sens de notre existence. Notre méthode à nous. Au fil des années, ça devient une pratique que l’on maitrise, notre signature.

Toutes les pratiques se valent au bout du compte, pourvu qu’elles soient productives, qu’elles nous apportent ce que l’on cherche, qu’elles nous aident à nous dépasser et qu’elles nous permettent de donner en retour.
… Même si la culture « psy » qui parcourt l’Internet féminin s’applique à mettre l’accent sur nos défauts, en nous serinant comment nous corriger plutôt que comment créer, pour mieux nous faire rentrer dans les rangs sans doute…

L’important c’est d’identifier et de renforcer la nôtre, notre croyance, et d’en tirer le meilleur. L’étincelle originelle. Savoir de quoi on est faite, ce qu’on a dans le ventre, ce qui nous fait tenir même quand les jours s’assombrissent – et quand il n’y a plus de jour. 

Moi, je suis une femme « Google maps ». Je trace des voies dans un océan de possibilités, et je trouve par où passer pour aller loin. Et si je me perds, je sais défricher une piste – et la vôtre par la même occasion.

Et vous, quelle est votre croyance ? 
Quels sont les choix, les circonstances, les expériences qui vous ont donné cette structure identifiable, autonome, sur laquelle vous pouvez vous reposer ? 
En quoi pouvez-vous aider les autres à en profiter ?

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, quelle est la croyance qui vous a guidée ou bloquée toute votre vie ?

Racontez-nous votre expérience et partagez vos idées dans les commentaires !


    1 Response to "Croyance : notre vie détermine ce qui nous mène"

    • Isabelle R.

      Bonjour Véronique
      Perso j’aurais aimé que ma croyance soit « Tout est possible, tu peux avoir tout ce que tu veux si tu t’en donnes les moyens et si tu crois en toi » mais mon éducation n’a pas été dans ce sens la. Alors j’ai forgé ma propre croyance « Il n’est jamais trop tard ». On peut se déprogrammer, évoluer, se développer, et tant pis si c’est à petite vitesse, au fil des années et des expériences.
      Moi aussi j’ai une bougeotte relative, je déménage souvent au grand dam de mes parents qui ont vécu dans 2 maisons en 60 de vie commune. Et alors ? Il faut écouter son intuition et avancer, et parfois prendre des risques. J’ai pris des risques au niveau professionnel, je me suis mise en danger mais je n’ai jamais regretté. J’ai appris, j’ai évolué, mon univers s’est élargi.
      J' »essaie d’insuffler beaucoup de confiance en lui à mon fils qui est dans le doute permanent (comme moi) mais c’est nouveau car il a fallu un gros raté pour que notre relation reparte sur de nouvelles bases. J’apprends aussi à être une nouvelle mère … et il préfère celle ci (et moi aussi).
      Quant au « give back », c’est fondamental pour moi et je pratique au quotidien au sein de mon entreprise en animant un groupe féminin pour aider les jeunes femmes à rejoindre le monde de l’informatique, s’y intégrer, s’y développer et mener une belle carrière, beaucoup plus facilement que nous les plus anciennes.
      En conclusion, nos croyances sont utiles parfois car elles nous servent de colonne vertebrale mais il faut parfois les remettre en question pour évoluer mais tout le monde n’en a pas besoin.
      Bonne journée !

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