Nous sommes notre corps.
Toutes nos actions, tous nos mouvements, toutes nos décisions, toutes nos pensées, tous nos rêves, tous nos désirs et toutes nos émotions sont créés par notre corps et son interaction avec l’environnement.
Notre existence consiste à mettre notre corps en œuvre pour participer à la société et assurer une transmission pendant notre absence, que ce soit au cours de la vie ou au cours de la mort.
C’est pourquoi il est essentiel de prendre soin de nous-même – c’est aussi prendre soin de la société tout entière en occupant, physiquement, la place qui nous sied.

Un corps qui change encore

Voyons ici comment passer du corps comme objet de jugement, par soi et par les autres, au corps comme partenaire de la seconde vie.

  • La maternité : entre pouvoir et épreuves

En tant que femme, notre corps peut se dédoubler et en abriter d’autres, qui à leur tour vivront et mourront. C’est le privilège de notre sexe – ce qui nous distingue fondamentalement de l’homme.
A la fois un pouvoir et une épreuve, la maternité est au centre des constructions culturelles. Elle peut aussi bien nous enfermer physiquement et socialement que nous élever et nous guider, selon la façon dont on l’appréhende.

La maternité nous transformera sur tous les plans. L’image que nous avions de nous-même, adolescentes et jeunes femmes – jolies et avenantes mais poussées à se comparer voire de se déformer, sujettes au doute et poreuses au mal-être – s’envole.

Quand la maturité vient avec la ménopause, il est temps d’abandonner définitivement nos complexes, d’apprivoiser notre enveloppe et d’incarner l’image actualisée que l’on veut véhiculer.

  • L’évolution physique à travers les âges

On ne s’ennuie jamais quand on observe les corps et leurs transformations.
C’est fou comme l’on apprend de notre destin simplement en regardant des personnes d’âge varié, sans jugement aucun et sans même s’intéresser à leur vie.
Du bébé à l’enfant, de l’adolescent au jeune adulte, de la mère à la femme mature – sans oublier les multiples phases de la vieillesse qui constitue une évolution physique passionnante sur le plan visuel.

Le rythme, les mouvements, la posture, la démarche, la présence, l’orientation du regard, le débit de la parole, tout cela révèle l’âge d’une personne et sa vitalité.
Les hormones animent cette personne tout entière, engendrant les émotions – qui amplifient ou affaiblissent sa féminité, mais aussi son énergie ou sa tristesse.

Tout se révèle au plus perçant des regards, la dépression comme la joie ou la libido.
L’habit qui nous couvre nous cache, nous révèle, nous valorise ou nous dévalorise, mais il ne supprime jamais cette impression très forte que produit notre corps sur autrui, allant du soleil rayonnant au calme plat au vide vertigineux.

  • Vieillir et accepter la transformation

Une fois mature, c’est-à-dire ménopausée, on voudrait figer notre corps pour qu’il ne se transforme pas davantage.
Qu’il cesse de s’alourdir sous le poids de la gravité – celle du globe terrestre et celle des années – et de nous éloigner de la légèreté symbolique de la jeunesse.

Et pourtant le processus de vieillissement est inéluctable et irrésistible.
A cette époque, entretenir notre corps vivant est un devoir pour s’affirmer et participer au monde, toutes choses qui arrivent à point nommé : les enfants tracent leur propre chemin, notre mission professionnelle évolue, nos parents décèdent, notre santé vacille… il y a toujours un événement majeur qui révèle un tournant de l’existence quand on est quinqua.

Réconcilier le regard : le miroir

On peut ralentir le vieillissement, l’étirer sur une plus longue période, repousser les limites de la longévité d’une décennie, et même d’une génération entière, mais on ne peut pas l’empêcher. Nous sommes mortelles.

  • Accepter sa véritable nature

Si de nombreuses études démontrent que notre corps peut être en meilleure santé à 60 ans qu’à 30, cela ne nous ramène pas pour autant en arrière.
Une allure de trentenaire dans une âme de senior, cela serait très perturbant pour nos contemporains comme pour nous-mêmes.

On ne peut pas effacer ses souvenirs, ses épreuves, ses découvertes.
Des années cumulées de vie se devineraient dans notre comportement et nous isoleraient des personnes de notre âge biologique tout autant que de celles de notre âge apparent. Nous aurions l’air suspect, désincarné, presque déshumanisé.

Le remodelage exagéré de notre visage, en particulier, supprime la manifestation naturelle de nos émotions et déroute nos interlocteurs.
Ils ne peuvent plus comprendre notre langage corporel, qui complémente notre langage verbal en y ajoutant la dimension du ressenti. Ils sont donc privés d’une partie du message que nous leur adressons – il leur devient difficile de lire sur nos traits ce que nous pensons réellement.

Alors qu’à 50 ou 60 ans, tout ce que nous recherchons c’est d’être enfin naturelle – nous sentir entière, sur notre propre chemin, en prenons soin de nous sans nous travestir.

  • Le miracle de la maturité : l’acceptation de soi

Et c’est possible.
Car un miracle a souvent lieu après la ménopause.
Un phénomène prodigieux, qui nous permet d’aller de l’avant avec force et sérénité.
Qui nous permet de redémarrer sur d’autres bases que celles de la reproduction, qu’elle ait été acceptée ou refusée.
Qui nous affranchit du poids de notre nature biologique couplée à la pression culturelle.

C’est l’acceptation de soi.

  • Se sentir bien dans sa peau

On a attendu 50 ou 60 ans pour en arriver là, mais on y est arrivée.
On s’est hissée au-dessus du gigantesque réservoir de principes, de tendances, de conseils, de valeurs et de traditions, après en avoir extrait ce qui nous convenait – juste à nous, entourée du contexte dans lequel on vit.

Il faut des années et des années pour réaliser ce tri et mettre au point cette sélection, mais un fois faits, quelle tranquillité !
C’est après 55 ans, au moment où notre corps en prend un coup et que la sensation de ne plus pouvoir contrôler les multiples effets du temps s’insinue, que l’on peut paradoxalement lâcher prise et se sentir vraiment bien dans sa peau.

« Qu’est-ce que cela, soixante ans ? C’est la fleur de l’âge et vous entrez maintenant dans la belle saison. »
Molière (La Critique de l’École des femmes, 1663) 

La beauté transformée : élégance, allure, sensualité libre

Pour se réapproprier son corps, il faut d’abord réaliser qu’on l’avait laissé s’échapper.

  • Le regard social et familial sur le corps

On l’avait confié, de plus ou moins bonne grâce, souvent inconsciemment, aux mains de notre entourage, parents, fratrie, amis, médias, qui tous se sont employés à nous dompter, à nous sculpter selon des normes qui leur paraissaient valorisantes – tandis que nous, bien entendu, désirions à chaque instant être valorisées.

C’était du donnant-donnant, parfois malsain et injuste, mais nous n’avions pas d’autres méthodes. Et il fallait bien que la société garde une cohérence reconnaissable par tous.

Nous aussi avons participé à ce mouvement général qui consiste à juger l’autre par l’apparence.
Portant nos yeux nous informent quand ils restent neutres, sinon ils nous trompent, remplis d’une multitude de filtres qui déforment la réalité, notent, apprécient et déprécient – comme à l’école.

  • Du jugement à la libération

Ces réseaux sociaux, que nous décrions avec passion tout en scrollant tête baissée, fonctionnent exactement comme nous – et c’est une des raisons de leur succès.
Ils jugent en un rien de temps.
Ils classent à la vitesse de l’éclair. Ils nous permettent de céder à notre amour des règles et des faux-semblants – ceux qui nous conviennent.

Chacun participe activement à entretenir et affiner ces normes comme s’il s’agissait d’un devoir national.
C’est ce travers qui s’éclipse quand on vieillit et que surgit le bouleversement physiologique de la ménopause : en affirmant notre liberté nouvelle, on reconnait implicitement celle des autres et on n’accorde plus tant d’importance au qu’en-dira-t-on.

Nous aurons toujours besoin d’une validation de nos pairs qui nous prouve que nous sommes importante à leurs yeux, que nous comptons dans leur vie, quel que soit notre âge.
Mais elle sera positive et non pas contraignante ou oppressive.

  • Style, plaisir, confort : s’habiller pour soi

Lorsqu’il parvient à la ménopause, notre corps a beaucoup évolué.
On débute le cycle des règles en ayant l’air d’une fillette, on les termine en ressemblant à une belle-mère.
Notre allure change, notre fonction sociale aussi, et même si certaines d’entre nous peuvent encore porter leurs vêtements d’ados, ils ne semblent manifestement plus si seyants.

Nous avons désormais un style, c’est notre signature (et c’est dans notre intérêt de l’affiner au mieux, car il participe beaucoup à notre identité).
Nous voulons du confort.
Nous voulons du plaisir, celui de s’habiller et de se montrer sans provoquer de rejet par le trop ou le trop peu.
Nous voulons, très clairement, être à l’aise dans notre corps et dans nos vêtements , et partager cela avec nos interlocuteurs.

On ne s’habille plus pour séduire, mais pour correspondre à ce qu’on ressent. D’où l’importance de ressentir son corps avec acceptance et sérénité, pour le devenir soi-même.

Le corps comme mémoire et ancrage

Puisque nous sommes notre corps, celui-ci reflète tout de notre histoire.

  • Mémoire corporelle, douleurs invisibles

Et c’est cela que nous n’acceptons pas toujours quand nous nous regardons franchement dans un miroir au cours de la cinquantaine.
Nous n’aimons pas nous souvenir des sanglots, des déceptions, des maladies, des difficultés chroniques de la vie qui semblent se loger partout, dans nos épaules tombantes, nos rides et nos bourrelets.

Parfois nous sommes tellement lasses de nous-mêmes que nous ne supportons pas les photos ni l’image que nous renvoient les miroirs.
Alors choisissons un parfum tendre, une jolie écharpe, un rose à lèvres, un chemisier fleuri, toutes ces choses douces ou gaies qui vont peu à peu nous réconcilier avec nous-mêmes.

La beauté revient quand on s’en entoure et qu’on la ponctue de couleurs, elle s’insinue dans notre sourire effacé et dans nos gestes fatigués et redresse notre regard qui ne voit plus rien.

  • Gratitude physique et ancrage existentiel

En nous regardant, considérons la chance que nous avons d’être potentiellement en pleine forme à 56 ans, alors que nos lointaines ancêtres auraient été mortes et enterrées depuis longtemps !
N’oublions l’œuvre des médecins et de la Sécurité sociale, de l’agriculture et des supermarchés, et aussi de la salle de sport et des forêts domaniales, grâce à qui nous avons pu entretenir notre coeur, nos os, nos muscles, nos dents et notre vitalité.

Oui, notre corps a tout vécu avec nous. Et il continuera.

Ayons la gratitude d’être non seulement toujours en vie, mais debout sur nos deux jambes, dotée d’un cerveau fonctionnel et d’un avenir très réel.
Pour cela, faisons en sorte que notre corps ne soit pas dissocié de notre existence – qu’il nous accompagne la main dans la main.

En prendre soin au quotidien est un signe d’équilibre et de vitalité et marque notre ancrage dans le futur – tout autant que dans le passé.

L’énergie retrouvée : mouvement, présence, plaisir

Vous sentez-vous présente, vivante, à chaque instant, lors du travail et lors du repos ? Un corps en forme fait de nous une personne visible, identifiée, qui inspire confiance.
La fragilité, qui apparait en raison de l’âge, ne poussera pas à l’effacement, elle n’isolera pas de son entourage, elle n’empêchera pas de participer au monde à sa mesure.

  • Le mouvement comme source d’énergie

Il est fascinant de voir combien l’exercice physique le plus simple, la marche, peut redresser naturellement une personne inquiète et l’obliger à regarder devant plutôt qu’en bas.
Car tout le corps participe au plus basique des mouvements de déplacement, celui que nous maitrisons depuis nos 1 an – et que nous devons tout faire pour conserver jusqu’à notre mort.

Rester assise toute la journée épuise nos ressources physiques. De même que ne pas lire épuise nos ressources mentales, et que ne pas socialiser épuise nos ressources émotionnelles. Les relations à soi et aux autres après 50 ans sont essentielles.
Nous avons un besoin absolument primaire de bouger, de lire et de socialiser pour rester en vie, sinon nous dépérissons.

Nous entretenons notre corps en utilisant chacune de ses fonctions.

Le sport et l’alimentation agissent sur la vigueur de notre enveloppe corporelle et de tous les organes qui s’y trouvent. L’art compte aussi : le mouvement devient art, avec la danse, le tai chi ou le yoga.
La beauté du geste nous comble autant que la force qu’il produit. Plus nous les pratiquons, plus nous nous fortifions et plus nous nous sentons belles.

  • La joie physique du corps au quotidien

La respiration, les gestes et les contacts aisés et fluides sont le propre d’une femme mature bien dans sa peau et dans son corps. Le vieillissement ne nous empêche pas de profiter de la vie.
Nous ne cherchons pas à nous comparer à tout prix mais à apprécier les autres pour ce qu’ils sont.

A l’aise avec notre féminité, avec l’intimité, nous ne craignons pas notre corps ni celui de l’autre, et nous savons d’instinct distinguer les situations confortables des situations inconfortables.
Si notre santé flanche, nous savons mobiliser notre courage, que nous avons accumulé physiquement.

Nous pouvons compter sur notre corps.
Nous connaissons notre corps.
Nous ne surestimons pas nos moyens physiques, grâce aux antennes que nous avons développées en nous éprouvant jour après jour, qui nous soufflent les limites qui s’imposent et les possibilités qui s’ouvrent.
Nous entretenons notre santé naturellement et à chaque instant. Elle si elle se dégrade, nous faisons face, bien sûr.

La joie physique est un des grands plaisirs des êtres humains.
Sortir dehors prendre un bol d’air et se sentir pleinement vivante nous booste plus que tout et participe à la renaissance féminine après 50 ans.

Grâce à notre corps, la vie s’empare de nous, tout simplement.

Le corps et la liberté

Le corps réveillé, le corps accepté, le corps compris, c’est la liberté d’être soi :

La liberté de ne pas vivre dans les simulacres mais dans l’intégrité, quitte à renoncer à une partie de la culture de l’apparence qui pèse sur notre existence,

La liberté de se muscler, de s’ancrer sur ses deux jambes entre le sol et le ciel, et de constater que l’on est bien plus solide qu’on ne le croyait,

La liberté de penser clairement et de s’exprimer clairement, d’utiliser un vocabulaire stimulant et non pas dégradant,

La liberté d’apprendre des autres et de transmettre, d’être indulgente et secourable, de tendre vers le meilleur de soi-même et d’encourager les autres à le faire,

La liberté d’assumer les bizarreries de notre caractère qui complètent nos bizarreries physiques : sérieuse et drôle, seule et entourée, traditionnelle et excentrique, etc.

La liberté d’atteindre des objectifs que l’on n’aurait jamais pensé atteindre en se donnant la bonne méthode, le bon tempo, les bons rituels et routines et la puissance corporelle adéquate,

… La liberté de rêver une vie et de la mettre en œuvre.

Renaître, c’est aussi oser se raconter.

Ce blog continuera de le faire, chaque dimanche matin. Inscrivez-vous à ma newsletter et écrivez-moi dès que vous en ressentez l’envie. J’adore vous lire, j’adore vous répondre. Ce blog est un espace d’échange et de réflexion entre vous et moi sur ce thème fabuleux de la réinvention personnelle, profitez-en.

Tous les articles piliers de cette série sur la renaissance :

La renaissance féminine après 50 ans
-Réinventer sa vie après 50 ans : rythmes, routines, surprises
-Relations à soi et autres autres après 50 ans
-Retrouver son corps après 50 ans : regard; bienveillance et liberté

Pour aller plus loin dans ce blog :

Enfin je vous invite à laisser un commentaire, et à partager votre propre expérience sur le sujet.


    2 replies to "Retrouver son corps après 50 ans : regard, bienveillance et liberté"

    • Isabelle

      Bonjour,
      Merci pour cet article. Je m’y retrouve pleinement.
      Je ne suis pas encore ménopausée à 54 ans, mais j’en sens les prémices.
      Période où j’accepte mon passé, je redeviens moi même., sans trop me laisser envahir, en cherchant un équilibre dans ce quotidien qui se remplit vite. Effectivement en savourant cette chance d’être « une vivante avec je l’espère un grand avenir.
      Les épreuves ne sont pas oubliéses ou mises de côté mais,,, intégrées…c’est toute la différence.. Une conscience que cela fait partie de la vie.
      Merci pour la New letter chaque semaine.

      • Véronique

        Merci à vous Isabelle de me lire fidèlement et de m’écrire souvent. Prendre en compte son corps à chaque instant de la vie, quand on travaille sur son ordinateur, quand on anime des groupes, quand on entretient sa maison… quand on revoit le passé et que l’on imagine le futur… toutes les situations nous rappellent que les actions que nous menons sont possibles via notre corps. La ménopause qui se prépare pour vous est une transition physiologique importante, donnez-vous les moyens de l’apprécier à sa juste valeur.

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