Une vie sécurisante mais souple après 50 ans, est-ce possible ? Créer quelque chose de neuf mais de connu. Qui soit rassurant, prédictif… tout en étant vivant et varié.

A la cinquantaine, liberté et fantaisie nous appellent pour que l’on profite de la vie après des décennies très denses. Rigueur et prudence leur répondent, car nous devons préserver nos forces physiques et nos ressources économiques pour l’avenir.

Les femmes matures aspirent souvent à cet équilibre : se structurer sans s’enfermer, accueillir l’inattendu sans perdre leurs repères. Comment conjuguer ces courants contraires pour se réinventer sans déjà-vu et en phase avec notre époque ?

Pour bien avancer, voyons pourquoi optimiser nos rythmes, nos rituels et nos routines. Mais aussi les indispensables temps morts et surprises. Réécrivons la musique de notre évolution personnelle après 50 ans en réfléchissant à notre rapport au temps.

La perte de repères temporels majeurs à la cinquantaine

Nous tentons de mettre le temps à profit de façon beaucoup plus consciente quand nous passons la barre de la cinquantaine :

-La désormais impossibilité de procréer nous fait nécessairement comprendre que la roue tourne.
– Le cycle mensuel des règles s’achève, sans engendrer un autre rythme sur lequel notre corps pourrait se caler, laissant libre cours à l’accélération visible du vieillissement et le besoin de retrouver son corps.
– Un découpage important du temps s’estompe : celui du calendrier scolaire, qui a défini notre vie pendant des années, notre temps professionnel, notre temps familial et notre temps « libre ».
– Sans oublier le décès de nos parents, qui nous met sur le devant de la scène et nous expose directement la finitude de la vie.
– Et l’arrivée éventuelle de petits-enfants, qui signe l’entrée dans une nouvelle époque.
– Enfin, notre quotidien sans les enfants se bouleverse et déstabilise la régularité de notre agenda et de nos habitudes.

Pas étonnant que nous cherchions à retrouver de nouvelles cadences après 50 ans. Cette quête est d’ailleurs un large composant de la crise existentielle… qui se résoudra par la mise en place d’un nouveau cycle de vie et de la renaissance féminine.

C’est le moment parfait pour prendre conscience de l’étape dans laquelle nous entrons. De vérifier que routines, rituels et rythmes se combinent avec aisance. Et de repartir d’un bon pied vers le futur.

Comprendre ses rythmes et ses besoins

Notre rythme de vie, chaque jour, nous définit et nous distingue. Ce rythme ne s’impose pas, il appartient à notre corps et régule notre biologie. La façon dont il se heurte aux multiples mouvements extérieurs, ceux des personnes et ceux de l’environnement, nous apprend beaucoup sur nous-même.

Quand on n’avance pas au même tempo que son conjoint, que le flux de voitures sur le périphérique ou que l’évolution technologique, on se retrouve vite en porte à faux.
En décalage.
Équilibrer ce quotidien bancal devient irritant, et même handicapant, si on ne tente pas de remettre de la mesure dans la partition.

Le rythme est biologique

Le rythme de notre propre corps constitue un premier cadre. Sommes-nous :

-Lente ou rapide ?
-Grosse dormeuse ou insomniaque ?
-Introvertie ou extravertie ?
-Du matin ou du soir ?
-Posée ou impulsive ?
-Sensible ou indifférente au rayonnement solaire ?

Plus on vieillit, plus on s’aperçoit de l’impact de nos rythmes biologiques, sur notre bien-être, notre santé et dans toutes nos relations.

L’effet sur les interactions sociales

J’observe que l’amitié consiste très souvent à identifier la même allure et la même cadence chez un autre. On marche au même pas, on pense en synchronisation, on rit de conserve et on s’émeut simultanément.
Nous avons quelque chose de fondamental en commun : le timing de nos vies, le rythme naturel de notre corps.

Au contraire, dans l’antipathie, on détecte d’instinct qu’il sera impossible de coordonner nos besoins physiologiques de base avec ceux de cette personne.
Nous sommes certes capables de surmonter cela en nous contorsionnant, symboliquement parlant, mais au prix d’une fatigue bien réelle. Il faut s’oublier un peu, ou même beaucoup, et cela nous coûte.

Identifions nos besoins et ceux des autres

Ne pas aller à son rythme est épuisant, que l’on soit intrépide ou contemplative. Il faut s’adapter au tempo de l’autre (en particulier au conjoint, mais aussi aux bébés, vieillards, collègues, etc.) ce qui demande un vrai effort à tout âge, qui parfois nous rend la vie impossible. Les relations à soi et aux autres nous affectent sans répit.

Se connaitre soi-même, c’est donc aussi savoir identifier les rythmes qui nous constituent, grâce auxquels nous pourrons donner le meilleur.
A l’inverse, on s’adapte quand on se coule dans des cadences imposées par l’extérieur sans trop en souffrir – chose que nous avons de plus en plus de mal à faire en vieillissant. Tâchons d’optimiser cette activité, et de récupérer efficacement.

La force des rituels à l’âge mûr : sens, stabilité, créativité

Les rituels sont un genre de mini-cérémonials l’on suit scrupuleusement en savourant la réassurance qu’ils engendrent.
A l’origine, ils renvoyaient à des pratiques religieuses très codifiées, mêlant une multitude de caractéristiques : initiation, respect, obéissance, confiance aveugle, devoir, dévotion, protocole, etc.

Les rituels donnent du sens à nos actes. Ils sont d’ordre symbolique et nous relient au groupe des humains. Nous y tenons comme à la prunelle de nos yeux, les ressentons intimement et ne les manquons jamais.

Je crois qu’ils sont à l’origine de cette nostalgie qui nous étreint parfois, quand nous nous souvenons des belles et bonnes choses de notre passé.
C’est peut-être la raison pour laquelle nous les aimons tant : nous voulons nous fabriquer de beaux souvenirs pour le futur.

Les rites sont aussi une preuve de créativité

Les rites, dont l’ensemble compose les rituels, se forment souvent en commun avec ceux que l’on aime, car ils sont positifs et apaisants. Ce sont parfois des moments exceptionnels et parfois de simples habitudes du quotidien que nous chérissons particulièrement.

Ils peuvent concerner toutes sortes d’activités qui contribuent à notre bien-être quand on les pratique avec tendresse, seul ou avec d’autre :

-l’hygiène,
-la santé,
-l’alimentation,
-les repas,
-le travail,
-l’exercice physique,
-le ménage,
-les déplacements,
-le repos,
-le recueil sur soi.

J’insiste sur le fait que les rituels peuvent concernés n’importe quel domaine d’une vie, ils sacralisent parfois les activités les plus humbles et pas seulement les plus nobles.
Ils se forment quand nous nous sentons alignées avec nous-mêmes : quand nous touchons à l’équilibre entre une situation et une satisfaction profonde. La sensation d’être à sa place et de partager cette conviction avec l’univers.

Le rituel ponctue joliment la vie, il ne la remplit pas.
Il soulage et il prépare, car il est parfaitement opportun et rondement maitrisé.
Il est le défini qui permet de repartir ensuite dans l’indéfini, dans le non-maitrisé.

Les métiers ritualisés et la personnalité qu’ils supposent

Une vie qui ne serait faite que de rituels, comme celle des moines par exemple, demande un tempérament très particulier, qui se révèle et s’épanouit dans un contrôle absolu. Dans les monastères, tout est préprogrammé. Il ne reste plus qu’à prier.

Les sportifs sont également de grands pratiquants, si j’ose dire, mais de façon plus subtile. Ils s’entrainent avec une discipline militaire (un autre corps de métier adepte des répétitions) et utilisent de petits gestes ou de petits objets à l’aube des grands moments et des grands stress.

C’est comme s’ils réduisaient un événement trop grand, à l’issue trop incertaine, en un petit rien dont il est beaucoup plus facile de s’emparer.
Ritualiser, c’est un peu se prendre pour le roi du monde pendant quelques secondes, d’où sa dimension existentielle.

Le rituel emprisonnant des addictions 

Toutes les addictions font l’objet de rituels – elles en sont même la quintessence. Dans nombre de tribus traditionnelles, les rituels collectifs sacrés constituent l’occasion (le prétexte ?) pour consommer des psychotiques et s’enivrer de chants hypnotiques.

Ils permettent de s’évader de soi pour se fondre dans le groupe.

Nos habitudes néfastes, comme la cigarette, n’y échappent pas. Les fumeurs sont les rois du rituel, anticipant avec gourmandise quelques longues minutes tellement attendues, partageant volontiers leur pause en groupe, avec des inconnus qu’ils ne fréquenteraient pas autrement.

Nous avons tous des vices qui nous détestons et que nous adorons en même temps. Nous les ritualisons et nous les justifions, je crois, pour qu’ils ne nous mènent pas par le bout du nez. Mais ça n’est pas pour autant que nous les abandonnons de bon cœur…

Routine constructive vs routine enfermante : où placer le curseur ?

Structurer le temps

A la différence des rituels, les routines sont strictement fonctionnelles. Elles permettent de maintenir l’ordre. C’est exactement ce que l’on cherche quand l’on veut ponctuer intelligemment son quotidien, de façon à passer d’une tâche à l’autre, sans se lasser, ni changer d’avis.
Sans y penser.

Le but ultime est de s’obliger à agir selon un processus qui n’est pas remis en question, pour être sûre de progresser. Bien menées, judicieuses, routines et bien-être se complémentent. 

Pour apprendre à consommer plus de légumes, à réduire ses rides et à assouplir ses articulations, rien de mieux que de mettre en place des routines pour nous les femmes matures, de préférence le matin, nous disent les chercheurs.
Puis de répéter 60 jours pour que ça prenne – et encore le double pour que notre comportement devienne naturel.

Après 50 ans, la routine est difficile à créer et difficile à détruire

Ces mécanismes, qui ont été énormément étudiés récemment, ne sont pas pris ici comme des habitudes poussiéreuses des personnes vieillissantes et obtuses, mais bien comme des outils modernes, structurants le quotidien.
Il y a un monde entre « les routines », qui sont constructives, et « la routine », qui est ennuyeuse.

Remarquons que plus ces petits gestes protecteurs du quotidien sont perçus comme ardus, plus il est tentant de les abandonner.
Et puisqu’ils ne souffrent pas le moindre écart, n’importe quel imprévu heureux ou malheureux risque de les anéantir.
Il faut donc faire preuve d’obstination pour les mettre en place… et idem pour les défaire.

Le pouvoir de l’intention

Les routines après 50 ans nous poussent à créer notre propre méthodologie domestique, appuyée sur un savant découpage du temps. En nous amenant à une série d’actions automatiques, nous sommes plus stables, moins tentées par le doute.
C’est l’effet de la répétition incessante d’un procédé performant.

Ces habitudes réfléchies et intentionnelles peuvent être très utiles pour celles qui aiment se donner des objectifs ambitieux et qui ont une vocation précise et de longue haleine.
Elles constituent alors la respiration régulière et rassurante d’une activité cérébrale ou physique intense.

Routine après 50 ans : elle ne s’applique qu’à soi

Mais elles nous incitent à penser que nous avons toujours raison, que seule notre méthode est la bonne.

Vous avez forcément remarqué combien les couples se chamaillent sur des mini-détails, des manières de faire divergentes, qui peuvent tirer vers l’irréconciliable.
Les manies des autres nous irritent hautement quand on n’y voit pas d’intérêt.
Elles sont comme des compulsions qui prennent une importance démesurée alors que, honnêtement, on pourrait bien s’en passer.
Et plus on vieillit, plus elles s’imposent à nous. Je suppose qu’un couple qui dure peut être platement défini comme deux personnes qui arrivent à supporter les manies de l’autre.

Dans le même ordre d’idée, beaucoup de jeunes mères sont convaincues que leur bébé ne grandira normalement que dans les routines. Elles aimeraient tant que leurs enfants soient prévisibles ! Force est de constater que les bébés s’accommodent de beaucoup de choses, elles moins.

La charge mentale, c’est combiner trop d’impératifs

Le summum de ce concept, c’est notre génération qui l’a mis en place en popularisant une expression emblématique : « concilier la vie professionnelle et personnelle ». Concilier, c’est trouver un dénominateur commun dans ce qui pourrait vite devenir incompatible, et même incompréhensible.

Mener ensemble ce qui est contraire… Faire rentrer des ronds dans des carrés.

Le manuel de cette conciliation-là a consisté en la gestion savante des emplois du temps et l’art de sauver une situation à la dernière minute. Autrement dit, la multiplication des routines, imbriquées les unes dans les autres, dont il faut sans cesse contrôler l’application.

Quand les habitudes desservent

Un jour, autour de la ménopause, on s’aperçoit très clairement que la vie change. La pression s’envole ou change de portée. C’est l’heure de remettre en question cette discipline que nous nous infligeons.
Car désormais, au lieu de nous soutenir elle va nous contraindre, voire nous paralyser. Nous rouiller trop tôt.

Trop d’habitudes desservent celles qui souffrent d’un vide existentiel.
Pour s’interroger sur l’avenir et sa place dans le monde, nous devrions plutôt nous appuyer sur nos sens et nous laisser flotter dans l’air du temps – pas nous brider par des pratiques répétitives et obsessionnelles.

Même chose pour celles qui s’ennuient, souvent sans se l’avouer, et trouvent refuge dans la répétition obstinée d’un train-train rigide et sans profondeur, presque parasitaire, qui occupe l’instant et évite de regarder en avant (ou en arrière).

Adverses au risque et craignant l’incertitude, ces femmes-là se protègent par la contrainte, sous forme de convictions inamovibles qui finissent par les emprisonner. Elles ne voient pas que le monde change.
Peut-être veulent-elles se persuader que ce monde se trompe de trajectoire et qu’en conservant leurs habitudes, elles finiront par le redresser ?

Souplesse, surprises et capacité à rebondir après 50 ans

Et pourtant ! Quand on veut renaitre en tant que cinquantenaire, on a vraiment intérêt à revoir en détail les habitudes qui ponctuent sa vie, et à en réinventer si nécessaire. Equilibrer routines et surprises, c’est tout un art.

Très souvent, se libérer l’esprit et laisser l’environnement nous guider constitue la voie à suivre. Changer son espace-temps s’avère aussi propice. Les voyages méritent bien leur réputation de moments à part, où l’on peut à la fois cesser une habitude et en créer une autre.

Sortons de chez nous, allons le nez au vent, entrons dans des lieux nouveaux, parlons à des inconnus… laissons-nous emmener là où on ne l’avait pas prévu.

Trop de planification empêche la surprise et la nouveauté qui se cachent au coin de la rue d’atteindre nos yeux, notre cerveau et notre cœur.

Les circonstances comptent

La programmation excessive nous transforme en machines.
Toujours en action, nous souffrons du manque de cette immense source d’informations qu’est l’écoute du monde, de ses palpitations, de ses travers, de ses inventions, qui devrait nous permettre de rebondir selon les circonstances.

Autrement dit, nous empêchons les circonstances d’effectuer leur travail : nous forcer à nous adapter pour améliorer nos actions. Quand on ne prend pas le temps de se vider la tête, on risque de tomber dans le piège inverse : l’inaction absolue.

Procrastination, burnout : l’importance des temps morts

La procrastination, cette paralysie de l’action qui nous fait un peu honte, devrait être vue comme un besoin vital d’ouvrir les yeux : de percevoir, de réfléchir, de comparer, de s’informer ou de se former avant d’agir ou de créer de façon optimale.
Si nous nous trouvons bloquée et incapable de réaliser une tâche a priori faisable, que nous repoussons sans cesse, nous devons nous demander pourquoi.

Quant au burnout, que vous les quinquas êtes tout aussi nombreuses à expérimenter, n’est-il pas la manifestation d’un trop plein de routines ?
D’un manque d’inspiration et d’imagination ? D’une impossibilité de distinguer du sens dans le trop plein ?

Il est normal, sain et même indispensable de se retirer de ce monde tourbillonnant quand il nous submerge et d’apporter une vraie souplesse à notre quotidien. Notre corps nous le signale, ou plutôt nous l’impose. Procrastination et burnout sont des signes que nous devons passer en mode reflexion et/ou repos plutôt qu’en mode action.
Une fois que nous avons récupéré, en puisant à  l’intérieur de nous-même autant qu’à l’extérieur, nous pourrons repartir tout à  fait normalement.

Savoir doser pour se réinventer : l’art du juste équilibre

Je crois que toutes les femmes le savent : la régularité n’est pas forcément l’unique voie pour arriver à son but. Se projeter dans le futur et ne pas perdre son objectif de vue, même lointain, compte autant pour ne pas se perdre. Il est très facile de se plonger dans l’uniformité, de s’y fondre et de s’y noyer.
De décider que nous avons cesser de grandir.

Rechercher et utiliser des temps morts et des voies divergentes pour doper sa créativité permet, j’en suis convaincue, d’obtenir des résultats aussi convaincants, voire supérieurs, à ceux qui avaient été mécaniquement planifiés.

Car ils nous remplissent de sens : nous réalisons ainsi que nous sommes riches, vivantes et de nouveau fécondes – d’une nouvelle manière bien sûr.

Constance vers un but et souplesse dans sa mise en œuvre, c’est une méthode qui sera toujours satisfaisante. Elle permet de combiner les attentes sociales à notre caractère, et l’inverse, ce qui nous ancre dans une réalité acceptée.

Les revirements, les arrêts ponctuels et les décisions spontanées font pétiller nos existences de quinquas… ce qui nous permet à notre tour de faire pétiller la vie des autres.
Pensons et dosons nos rites, nos rythmes et nos routines après 50 ans pour qu’ils nous fassent mûrir – pas qu’ils nous dessèchent.

Renaître, c’est aussi oser se raconter

Ce blog continuera de le faire, chaque dimanche matin. Inscrivez-vous à ma newsletter et écrivez-moi dès que vous en ressentez l’envie. J’adore vous lire, j’adore vous répondre. Ce blog est un espace d’échange et de réflexion entre vous et moi sur ce thème fabuleux de la réinvention personnelle, profitez-en.

Tous les articles piliers de cette série sur la renaissance :

La renaissance féminine après 50 ans
-Réinventer sa vie après 50 ans : rythmes, routines, surprises
-Relations à soi et autres autres après 50 ans
-Retrouver son corps après 50 ans : regard; bienveillance et liberté

Pour aller plus loin dans ce blog :

Enfin je vous invite à laisser un commentaire, et à partager votre propre expérience sur le sujet.


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