Vivre, c’est s’activer. Autrement dit, utiliser son corps repousse le moment de mourir. Car la sédentarité est parée de tous les mots qu’on ne veut pas prononcer, et des maux qui les accompagnent : cancer, dépression, diabète, Alzheimer, isolement, AVC, dépendance.

Non seulement être actif réduit nos malheurs, mais il augmente nos bonheurs : la joie de vivre, la clarté d’esprit, la confiance dans l’avenir, la sérénité, l’aptitude à créer des liens et à les garder.

La science s’intéresse énormément au mouvement en observant la production d’hormones positives et la réduction des hormones négatives qu’il suscite. Le déplacement est donc à la source de notre bien-être physique, mental, émotionnel, social.

Dans cet article, je ne parle pas particulièrement de sport, d’agitation perpétuelle, ou même d’activité physique, mais de la prise de conscience que c’est en se servant de son corps qu’on l’entretient. 

1- Qu’est-ce qu’être actif ?

Nous, les quinquas qui ont été mères, avons été tellement focalisées sur le développement de nos enfants qu’on a oublié que notre corps à nous vit, palpite, prospère ou disjoncte tout autant que le leur.

La déprime nous guette quand on cesse de bouger, que l’on soit un enfant ou pas. La dépression est bien une sensation physique, qui s’installe partout en nous et finit par nous paralyser. A contrario, l’énergie est elle aussi tangible, palpable, produite par notre activité et donc par notre corps, circulant dans nos organes comme un feu de joie.

Être actif, dans la langue française, signifie aussi travailler. Par conséquent se distraire, voyager, étudier, converser, et même se balader, c’est logiquement être passif. En tant que communauté, on a désormais très bien intégré cette contradiction : tout ce qui permet de bouger, dans son corps et dans sa tête, ne relève pas du travail et n’a donc pas d’intérêt sur le plan sociétal.

Penser à cette contradiction me parait tour à tour drôle et idiot. Ce qui est sûr, c’est que le « monde du travail » est devenu un monde physiquement figé.

Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

2- Notre mobilité se réduit comme peau de chagrin

On a tendance à différentier les différentes fonctions qui nous anime : penser, rêver, aimer, agir, dormir, travailler. A chaque fois, on se met dans une position particulière. Assise pour travailler devant un ordinateur ou se détendre devant la télé. Debout pour se déplacer à pied, faire la cuisine ou le ménage. Couchée pour buller ou dormir.

Parfois on innove : on se met à quatre pattes pour attraper un truc qui nous a échappé des mains, on se contorsionne pour enfiler ces jeans trop étroits, on grimpe les escaliers du métro, on s’étire pour attraper le vase posé sur l’étagère. Mais ces variations sont finalement assez rares, et on les sent passer, musculairement parlant.

Il est loin le temps où l’on s’accroupissait spontanément comme les enfants, les fesses presque au sol, pour se concentrer sur le fonctionnement d’un jouet (transposé dans un vocabulaire d’adulte, jouer c’est travailler). Désormais, ça ne nous repose plus du tout, on ne le fait que si l’on s’exerce à faire des squats, que l’on associe à une contrainte supplémentaire : l’obligation de se tenir en forme.

Le devoir d’être mobile comme celui de ne pas fumer ou d’économiser son treizième mois, oui, décidément on est bien loin de la concentration créative, du simple plaisir de mettre en action ses ressources (corporelles, en l’occurrence).

3- Assise sur une chaise, tel est notre destin

La plupart du temps, on est plantée sur un siège. Sur une journée de 24 heures, on passe de 9 à 10 heures assise chaque jour : travail, transport, télé, repas, on s’assoit pour un oui ou pour un non.

Notre position habituelle, c’est bien d’être sur une chaise. Puis vient le temps d’être couchée (presque 8 heures par jour en moyenne). La position verticale vient derrière. On adore se faire prendre en photo debout, mais cela ne reflète pas du tout la réalité de ce que l’on est.

On voudrait se montrer dynamique, surtout quand on se prend en selfie, pour mieux faire oublier que la plupart du temps on est assise, donc physiquement à moitié engagée dans notre action : seul le haut de notre squelette bouge, et encore.

Et si on s’obligeait à être productive en n’étant ni assise ni couchée ? On transformerait notre vie. Je parle là des personnes qui ont un travail intellectuel. Les infirmières, les coiffeuses, les enseignantes ou les commerçantes ont tendance, elles, à piétiner avec assiduité, ce qui n’est pas mieux (même les médecins passent le gros de leur temps assis, entre deux auscultations).

Je vous écris cet article alors que je suis bien installée sur la banquette de mon centre de coworking où seuls mes bras et mes doigts s’agitent un peu. Je n’en suis pas encore au stade de mon mari, qui lui n’utilise que les fonctions vocales de son téléphone et de son ordinateur dans son travail et bouge, par conséquent, le minimum du minimum. Et pourtant, selon les critères de notre époque, il est très actif !

4- Hélas, les métiers valorisants sont ceux où l’on n’est pas debout

Ma montre connectée vient d’ailleurs de m’envoyer une vibration autoritaire : Levez-vous ! Je l’ai programmée de façon à me lever au moins cinq minutes par heure, 14 fois par jour, et régulièrement je n’atteins pas mon objectif. Je passe énormément de temps debout, mais pas à chaque heure de la journée. C’est précisément cela qui nous posera problème en vieillissant : le fait de ne pas se lever suffisamment souvent.

Et pourtant je suis super sensible à ce sujet et je saisis tous les prétextes pour bouger mon c… Mais ça ne suffit pas. Moi qui ai beaucoup d’énergie, je rêve parfois d’un travail bien plus astreignant, plus physique, où il faudrait nettoyer des rues, ravaler des maisons ou décharger les camions. Mais ça n’est décidément pas à la mode, surtout pour des femmes, et puis ça ne paye pas, et puis c’est infaisable après 55 ans, parait-il.

Vous l’avez remarqué, on rémunère les gens qui ont des métiers nobles proportionnellement au temps passé assis. Et c’est normal, finalement, quand on sait que cela leur sera préjudiciable sur le plan de la santé.

Ou peut-être pas ? L’ambiguïté reste entière : les intellectuels vivent plus longtemps… tout en restant en appui sur leur séant à longueur de journée. De leur côté, les maçons vivent d’une activité physique et manuelle qui augmente grandement leurs chances de souffrir de douleurs multiples écourtant leur existence. Rien n’est parfait.

5- Les jeunes et la question du cadre de travail

Quand j’y pense, on ne demande pas assez aux jeunes cette question absolument essentielle qui déterminera le cours de leur vie : plus tard, tu veux travailler assis ou pas ? Moi qui aime tant bouger, je souffre chaque jour en me forçant à écrire ou à vous coacher, activités que pourtant j’adore. Quel paradoxe horripilant !

Peut-être que l’on devrait choisir son métier avant tout en fonction de la posture que l’on est obligée d’y prendre ? Pourquoi pas après tout ? Ajouter le critère « physique » dans la longue liste de ce qui fait ou pas notre motivation, ça pourrait peut-être déclencher des vocations.

On peut aimer un métier a priori, mais détester les conditions de son exercice. Si on adore le grand air et que l’on s’impose de travailler pendant 43 ans dans un bureau climatisé, ça va poser un vrai problème à un moment ou un autre. Le burnout qui nous tombera dessus et la reconversion que nous allons entamer ensuite nous pousserons à reconsidérer les choix de nos 25 ans.

A l’époque, ils étaient basés sur des critères multiples : rémunération, niveau d’études, marché de l’emploi local, proximité du lieu de travail, etc. Jamais on ne se serait imaginée qu’un jour la posture nécessaire à l’exercice de ce métier allait peut-être nous nuire. On pensait beaucoup plus à l’utilité de notre travail qu’à la façon dont on le mettait en œuvre.

6- Une fois à la retraite, on vole vers sa vraie nature

Une fois à la retraite (cet état que je redoute car l’on cesse très officiellement d’être actif), pourtant, certaines se recadrent sans s’en apercevoir. Elles retrouvent irrésistiblement leur nature dominante.

On en voit qui se mettent à gravir des sommets rocailleux, manifestant un désir d’ambition d’une façon plus « saine et naturelle » que ce qu’elles ont vécu dans leur carrière. D’autres se retrouvent sur les planches, comme chanteuses ou conférencières, profitant ouvertement de ce bonheur d’être applaudies.  

D’autres redécouvrent l’usage de leurs mains qui ne tapaient plus que des emails à n’en plus finir et redécorent entièrement leur maison. Sans compter celles qui sont en mal de contacts constructifs (pas de réseaux tentaculaires) et créent des associations rassemblant des personnes d’origine diverses, ou se consacrent vraiment à leur famille (grands et petits).

Il est frappant de voir que toute cette « vraie » vie, qui nous avait tant manqué et vers laquelle on se précipite une fois qu’on se sent libérée des contraintes professionnelles, n’est que partiellement assise. Oui, l’adéquation de ces activités entièrement délibérées avec nos tendances physiques se réalise fréquemment à la verticale.

C’est sans doute parce qu’on peut pleinement se concentrer sur cette tâche qui consiste à bouger. Car sur le plan de l’évolution, l’Homme a tout fait… pour en faire le moins possible, si j’ose dire. Se lever pour aller chercher sa nourriture et combattre le danger demande un super effort. Il s’est donc arrangé au fil des millénaires pour largement réduire la difficulté. Bouger demande de l’énergie – avant de récréer, en plus puissante, cette énergie dépensée. Il faut enclencher le cercle vertueux, quel boulot !

7- Être vraiment actif, c’est travailler en bougeant !

Mais une fois qu’on a compris le système (fournir de l’énergie pour en gagner encore plus), instinctivement dans la vie, on veut être debout.
On veut bouger, être en mouvement, agir avec tout son corps, avec tous ses sens.
On veut mettre en œuvre la totalité de notre corps pour profiter de l’existence.
Tout être humain a un besoin existentiel d’être actif !

On sait que l’exercice physique (type sport ou fitness) est « bon » pour nous, pour notre santé, notre moral, notre sociabilité, notre croyance en l’avenir. Mais il ne s’agit pas de glisser quelques minutes de Pilates, une heure de marche ou trois allers-retours en piscine pour vivre mieux. Même si ça aide, bien évidemment.

La résolution du problème ne consiste pas à parsemer son immobilité de mouvements salvateurs. Il faut avant tout prendre conscience que c’est toute notre manière de vivre qui nous paralyse. (A ce propos, il existe des sites web pour permettant de calculer vos temps debout, assis et allongé en fonctions de vos activité quotidiennes, comme celui-là.)

Le XXIième siècle a obligé tout le monde à s’assoir et à focaliser ses yeux sur des écrans. Pour mieux nous hypnotiser et nous obliger à adopter ces postures presque immobiles (regardez donc les personnes autour de vous tandis que vous lisez ce texte), les contenus se sont mis à être incroyablement addictifs.

8- Luttons contre l’oppression physique engendrée par les écrans

Sous cet angle, ils sont nettement plus passionnants que la vie qui nous entoure. Ils sont plus rapides, plus colorés, plus variés. Ils suscitent en nous des tas de réactions souvent exagérées, qui font que l’on a l’impression que nos heures sont plus palpitantes qu’elles ne le sont en réalité, ou au contraire plus sinistres. Nous sommes littéralement attachés, liés par des liens tenaces et difficiles à rompre, à ces multiples cadres noirs remplis d’un monde immatériel, accessible par l’intermédiaire de nos yeux, parfois de nos oreilles.

Sommes-nous devenus passives ? Sur le plan physique, oui. Avec la particularité d’être épuisées à la fin de la journée… alors qu’on est sagement restée assise. Nos yeux en ont marre, et ils communiquent cette fatigue à tout notre corps, qui pourtant n’a quasiment rien fait. 

Ou peut-être que c’est justement le fait de ne pas bouger qui accable ? L’inaction devient alors un genre de torture que l’on s’inflige, contre laquelle on ne peut pas lutter : on ne va pas se mettre à travailler en se baladant, hein ? Pourtant les études et les livres montrent que justement, c’est le mouvement qui clarifie les idées (mental), minimise les soucis (émotionnel) et crée le contact humain (social) – pas l’inertie. 

9- Car franchement, pourquoi s’infliger l’immobilité ?

L’immobilité n’a pas l’air d’être un état humain agréable, ni particulièrement productif, et pourtant c’est ainsi que nos jours s’enfilent les uns derrière les autres. Les mammifères s’occupent de survivre en bougeant, pourquoi pas nous ?

L’inactivité physique nous isole dans une bulle de mal-être difficile à décrire. Ce qui me semble évident, c’est que tandis l’informatique sur-sollicite les yeux, il donne aussi envie de compenser avec les autres sens. On le fait en mangeant n’importe quoi, en s’abreuvant de musique qui nous évade plutôt que de conversation, en s’inventant des échappatoires qui nous permettent de rester concentrée, bien calée sur le dos de la chaise.

De temps en temps on a un sursaut et on se redresse, mais sans pour autant quitter des yeux nos écrans si chéris. En réalité, tout notre corps est tourné vers notre ordinateur, dans une position où on l’entoure et le protège, presque comme on protégerait un bébé…

Être actif est la situation normale de notre corps.
Être actif rassasie notre corps de mouvement vital. L’activité physique crée la vivacité intellectuelle, la connaissance de l’environnement, la gentillesse du cœur, la salubrité des organes.

On ne devrait s’assoir que pour faire certaines choses déterminées, que l’on s’empresserait d’achever pour revenir à notre état normal : celui d’être debout, appelée par la tâche à venir, heureuse dans la multiplicité et la richesse des mouvements corporels, qui sont l’expression même de la vie.

Profiter de la vie, c’est bouger, alors allons-y. Bougeons à longueur de journée, toutes ensemble ! Faisons cet effort et savourons cette force miraculeuse que nous avons su créer nous-même !

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, comment êtes vous plus active physiquement ?

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