Bien manger à 50 ans et après, ça a l’air à la portée de n’importe qui. On est submergées par les news, les livres et les documentaires sur l’alimentation d’une façon générale, et la nôtre en particulier, il faudrait être stupide pour ne pas s’y retrouver, hein ? Et oui, on vieillit, et notre assiette devient un grand sujet de tracasseries. Il y a beaucoup d’enjeux qui se déroulent au bout de notre fourchette.

A partir de la ménopause, sous prétexte de prendre soin de nous, toute la chaine alimentaire tente de s’accaparer notre cerveau pour nous inciter à consommer ceci ou cela.

J’adore suivre les évolutions des modes alimentaires et je ne suis pas la seule. Très souvent, ce sont nous les femmes qui sommes en charge des menus du quotidien, ceux qui passent inaperçus (entre deux diners pantagruéliques initiés par notre conjoint) et qui appliquons les principes de santé publique qui recueillent notre intérêt.

Les repas journaliers, petit-déjeuner, déjeuner, diner, sont trois occasions de se remuer les méninges. Et à l’intérieur, il y a souvent l’entrée, le plat et le dessert. Si on rajoute les courses, la planification, la préparation, le service et le rangement, on obtient un sacré nombre de minutes consacrées à se nourrir. Et sans aucun espoir d’en voir le bout un jour, puisqu’il faut bien manger pour vivre.

Pour tâcher de garder du plaisir, et même de le renforcer, dans ces activités si routinières et rapidement ennuyeuses, je me force régulièrement à les reconsidérer sous un autre angle. Je vous ai déjà largement abreuvées de mes réflexions sur le sujet, comme, par exemple ici (sur la fermentation lactique) et (sur les légumes et la ménopause).

Voyons aujourd’hui pourquoi on devrait optimiser notre façon de manger après 50 ans, et comment trouver une liberté et une joie durables, chaque jour dans notre menu.

1- Manger, un plaisir ou un stress ?

Tout ça – les repas, les courses et la vaisselle – ça crée un véritable stress, mais qui est socialement minimisé. Ces activités sont décidemment trop banales. On les dilue dans le brouhaha du train-train de la semaine, bien enfouies sous les activités professionnelles rémunérées, les seules dignes d’être préoccupantes.

Mais nous vivons quand même, chaque jour, avec cette pression de nous restaurer à des heures précises et selon des codes déterminés. Cette obligation de ravitaillement, bien réelle, nous l’avons transformé en obligation de « vivre mieux », et ça c’est un peu écrasant : le « mieux », on sait quand il commence, on ne sait jamais où il s’arrête.

Car quelque part dans notre tête, nous n’oublions pas le corps médical qui nous enjoint de nous préparer quelque chose de sain, de bon et de varié. Alors que ce que nous voyons, dans les rayons de notre Intermarché local, ce sont des packagings charmeurs, appétissants mais drôlement suspects quant à la composition nutritionnelle et calorique.

D’accord, on est supposées manger équilibré et de saison. Mais ne serait-il pas plus simple de prendre toujours prendre la même chose, comme le font les corbeaux, les vaches et les étudiants ? On garderait le côté convivial ou reposant du repas, selon notre humeur, mais on éliminerait la corvée de la variété et de l’apport nutritionnel, qui nous donnent la chair de poule, même si on ne le dit pas.

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2- De l’intérêt de simplifier la cuisine à 50 ans

Quel serait alors le menu idéal pour nous, les femmes après 50 ans ? Un menu facile qui nous aiderait à vieillir en beauté, à ne pas grossir, à ne pas culpabiliser et à nous sentir fières de notre maitrise de l’art de la restauration maison ?

On peut comparer cela au choix quotidien des vêtements à porter. La garde-robe des hommes de pouvoir illustre cette volonté de ne pas avoir le choix, de ne pas s’encombrer inutilement et se créer une image intemporelle et immuable. Steve Job ne se déparait pas de son col roulé noir. Angela Merkel portait toujours les mêmes chaussures, qu’elle possédait en multiples exemplaires.

En nourriture aussi, on pourrait définir un menu-type. Un modèle à recopier chaque jour, dont on ne se lasserait jamais. Il serait optimisé sur le plan nutritionnel, de la texture, de la saveur, des allergies ou de la saisonnalité mais également sur le plan de la mise en place, de la dégustation et de la charge mentale occasionnée.

Dans le prochain article, on va le constituer, ce menu idéal spécial quinquas. On va faire en sorte qu’il soit facile à mettre en œuvre, bon, sain (enfin, qui ne nous rende pas malade dans l’immédiat) et surtout surtout sans prise de tête. Des plats, donc, qui nous permettent de suivre les prérogatives en matière de bien-être et de santé physique et mentale sans tracas intempestifs, à partir d’études scientifiques reconnues et de pratiques alimentaires qualitatives et qui ont fait leurs preuves.

3- Les enjeux du moindre repas sont devenus oppressants

Ben oui, on est les mères, on se sent toujours un peu coupable de ne pas prendre suffisamment soin de soi ou de sa famille. Il est très facile de nous embrouiller sur ce sujet, que l’on prend systématiquement à cœur. Pour nous, les femmes de plus de plus de 50 ans vivant dans les pays occidentaux, l’alimentation n’est certainement pas anecdotique, ni secondaire.

Fermer les yeux sur ce sujet et se laisser aller au hasard n’est pas justifiable. Comme on a les moyens financiers de ne pas se contenter de pâtes et de haricots blancs en conserve, on choisit, collectivement parlant, de survaloriser les autres aliments, en les ennoblissant, d’une certaine façon.

Combiner rapidité, variété, plaisir et santé, c’est super dur. C’est pour ça qu’il y a des milliers de livres et de sites web sur le sujet. Beaucoup d’entre nous ne se forment jamais, d’ailleurs, faute de temps. Toutes celles d’entre nous qui n’ont pas vu leurs mères cuisiner en vrai ont dû apprendre à se dépatouiller, et ce sont elles qui sont le plus susceptibles de se jeter sur les préceptes qui envahissent les journaux.

Dans mes débuts professionnels, j’ai travaillé sur la promotion des fruits et légumes auprès, notamment, des mères de famille (les « ménagères de moins de 50 ans » étant celles qui en consommaient le moins comparé au reste de la population, faute de temps pour les préparer). Les études sociologiques de l’époque montraient déjà que le travail généralisé de nos propres mères avait interrompu les processus de transmission de la vie domestique, en particulier de la cuisine.

4- N’ayant pas appris grand chose, il faut se débrouiller

Si on n’a vu personne préparer entièrement les repas dans son enfance et que l’on n’a jamais pris de cours formels, on va se fier corps et âme aux recommandations lues et entendues. Et on va forcément se plonger dans des abîmes de doutes et de perplexité devant la complexité des discours et toutes les contre-vérités qui circulent. Comme il faut bien se fier à quelque chose, on délèguera notre pouvoir aux magazines féminins, aux rayons du supermarché, aux restaurants du quartier ou aux recettes de Marmiton.

Choisir judicieusement son mentor culinaire relève du parcours du combattant. Je me souviens d’une voisine américaine de Chicago, qui doit désormais approcher les 90 ans, racontant que lorsqu’elle s’est mariée, elle a dû se mettre à la cuisine. Comme elle n’y connaissait rien (c’est une intellectuelle pur jus), elle s’est mise à préparer chaque jour une recette extraite du célébrissime livre de Julia Child « Mastering the art of French cooking », la bible du genre. Elle y passait des heures, évidemment, et en plus il avait fallu qu’elle se mettre à faire les courses !

Établir de grands principes déclinables qui suivent les recommandations scientifiques actuelles, c’est ce que je vais essayer de faire. Vous l’avez noté, la presse déborde de comptes-rendus d’études nutritionnelles qui vous disent tout et son contraire. Surtout, on nous suggère expressément d’acheter des produits précis, coûteux, rares, ou bizarres, qui sont plein de miracles en puissance. On « moléculise » l’alimentation, pour mieux adapter des politiques marketing et commerciales à chacun de ces produits.

On nous conseille de faire les courses avec une liste longue comme un jour sans pain, Thermomix à l’appui, et de se débarrasser de ce qui croupit dans le frigo et que non, non, non, on n’a pas envie de manger, et notre conjoint non plus. On jette à tour de bras. Qui utilise les restes, aujourd’hui ? Et d’ailleurs, qui termine ce qu’il a dans son assiette ? Je me souviens de la mère de mon mari qui se servait intentionnellement toujours plus (beaucoup plus) que ce qu’elle ne mangeait. Je crois qu’elle aimait jeter, car elle s’imaginait qu’en n’ingérant pas tout, elle démontrait qu’elle était au régime… et donc qu’elle était activement en train de maigrir.

5- Avant de parler aliments, parlons principes de vie

Il y a une chose que l’on sait : seules les études de très grande envergure comptent, celles qui concernent des centaines de milliers de personnes, voire des peuples entiers. L’alimentation est le propre des cultures, comme la langue parlée ou le calendrier des fêtes.

  • Se nourrir de façon optimale, c’est beaucoup plus que de juxtaposer une somme de produits importés à grand frais ou de suppléments prétendument optimaux, testés sur 1 354 personnes.
  • La nourriture elle-même est bien plus qu’une somme de vitamines et de minéraux. Ce sont des traditions, des voyages, des paysages, une faune et une flore complexes, des systèmes biologiques fascinants.
  • Il y a toujours de la chaleur humaine dans la nourriture. Il n’y en a pas une seule trace dans les comprimés de substitution.

En fait, on peut prendre tous les suppléments que l’on veut… une fois qu’on a suivi les recommandations basiques (pour celles ni n’ont ni allergies ni maladies particulières). Vous vous nourrissez principalement de produis bruts que vous préparez vous-mêmes ? Inutile d’en faire davantage en misant sur des pilules miracle. Ce ne sont pas elles qui feront la différence, mais vos 500 ou 800 grammes de végétaux quotidiens.

Aucune cure de collagène, d’omega 3 ou de gelée royale n’annulera les risques de consommer des d’aliments ultra-transformés, complémentés d’additifs et d’émulsifiants. C’est simple : ces derniers sont conçus pour allonger la durée de vie des produits… ce qui s’opère en raccourcissant la vôtre.

6- Le poids et le prix de la culture

Un autre aspect compte : la culture dans laquelle on vit. C’est elle qui détermine l’acceptabilité de nos comportements et la disponibilité des aliments, donc le budget qu’on y met. En France, sur le plan nutritionnel et culinaire, je l’ai déjà dit par ailleurs, les carottes et les choux sont largement aussi féconds que l’avocat et les blueberries sauvages, mais ils ont l’inconvénient d’être produits sur place et de ne pas coûter cher. Donc de ne pas posséder de valeur économique.

On observe déjà cette problématique avec les grandes plantations tropicales et industrielles comme le café ou le cacao. N’oublions pas qu’ils ne se sont révélés bons pour notre santé que le jour où la publicité s’en est emparée. Les centres de recherche, au besoin financés par ces entreprises, passent au peigne fin le moindre élément nutritionnel qui sort des normes, qui sera ensuite édulcoré et glorifié par les publicitaires et les réseaux sociaux.

Car il faut des preuves tangibles qui s’imposent aux consommateurs aisés et les obligent à changer de comportements pour rester dans le coup, sanitairement parlant. Comme être en pleine forme, ne pas vieillir et respirer le bonheur sont les valeurs symboles de notre époque, tout dans ces preuves doit démontrer que notre choix est le meilleur. Quel que soit le prix de l’addition. Dans certaines civilisations, on se couvre d’or pour montrer sa richesse. Chez nous, on avale des compléments alimentaires, sans même être certaine qu’ils ont un effet positif. Ou même un effet tout court.

7- Des dictats marqués pour les femmes et les filles

Autre élément fondamental : notre âge, notre sexe et notre condition physique. Les facteurs individuels s’ajoutent aux facteurs collectifs. Dès l’enfance et l’adolescence, nos choix sont influencés. Je me souviens que mon fils me racontait qu’à la pause du midi de son lycée de Berlin, sous le coup de la pression de leurs pairs, les filles se ruinaient avec des salades bio peu nourrissantes (quitte à se rattraper derrière avec des sucreries) tandis que les garçons engloutissaient d’honorables Kebab bon marché, qui les calaient pour la journée.

Il est évident que si les filles se sentaient obligées de faire ces choix, outre pour démontrer qu’elles agissaient en toute conscience citoyenne, c’est parce que la communauté féminine et leurs mères (c’est-à-dire : nous) les incitaient, sans doute inconsciemment, à le faire. On ne peut pas refuser à sa fille de ne pas se nourrir bien, n’est-ce pas ? On ne peut pas non plus lui dire de ne pas respecter l’environnement. Ni de ne pas pratiquer une sorte de délicatesse gustative qui lui servira « plus tard ». Je n’ai pas de fille, mais je sais que j’aurais fait exactement la même chose à l’époque.

Ce mélange de dépense et de privation, le tout parsemé de feuilles vertes, pures et gracieuses, constitue le cœur battant de notre alimentation urbaine et féminine. Nous considérons cela comme notre nourriture optimale, alors que ça n’est qu’un régime ponctuel devenu permanent, conçu précisément pour être inatteignable – qui oblige à se sacrifier plutôt qu’il ne conduit à prospérer.

8- Après 50 ans, on est toutes au régime ?

Enfin, un mot sur les régimes. Quand on veut maigrir, il faut manger 1) moins et 2) mieux. (J’en ai beaucoup parlé ici (régime MIND) ou (sans gluten).)

Il est fondamental de pouvoir le faire. Ne prenons jamais à la légère le comportement de quelqu’un qui cherche à perdre du poids. C’est souvent une épreuve, vécue parfois avec le sourire, parfois avec des larmes, qui provient d’une mauvaise image de soi. Ce qui peut toujours nous tomber dessus un jour ou l’autre.

Mais il faut se dépêcher d’arriver à ses fins. Y mettre un terme, à une date ou une échéance précise. Sinon on s’engouffre dans la souffrance rampante. Dans une lutte en apparence supportable mais en réalité continuelle, contre soi-même et contre notre environnement, qui déborde d’injonctions menaçantes et de frustrations aiguës.

Le monde moderne réclame que nous désirions ces aliments omniprésents mais « interdits ». Et il nous dicte en même temps de les détester. Donc de nous détester nous, si on s’avisait d’en manger quand même – car on sait bien que notre corps est constitué de ce que l’on mange, au premier degré.

Se laisser tenter et regretter, se contrôler puis recommencer, voilà comment on se torture un petit peu chaque jour. Pour se consoler, on s’interdit le sucre, on avale des gélules de spiruline pure 100% bio, on se triture les méninges pour savoir ce qu’on va manger à midi… et on finit par sortir une pizza quatre-fromages du congélateur.

Pas sûr que cela soit la meilleure méthode.

Je vous laisse réfléchir à tout ça cette semaine. La semaine prochaine, on rentrera dans le détail du menu-type spécial quinqua, du petit-déjeuner jusqu’au diner, à reproduire autant de fois qu’on le souhaite.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, êtes-vous zen sur le sujet « bien manger à 50 ans »?

Racontez-nous votre expérience dans les commentaires.


    2 replies to "Bien manger à 50 ans, sans céder à la pression "

    • Cathelle

      Bonjour Véronique, bel article comme toujours et un sujet passionnant, comme toujours aussi !
      Ma petite expérience :
      Ma mère disait haut et fort qu’elle n’aimait pas cuisiner. Mais elle savait le faire et le faisait. Chaque jour. Cependant elle ne m’a rien transmis, si ce n’est « je n’aime pas cuisiner ».
      Et c’est vrai je n’aime pas cuisiner. La plupart du temps. Comme mon mari aime manger, à la naissance de notre 3ème enfant il a pris les choses en main. Et n’a plus arrêté. Je fais les courses, je gère le budget donc je décide de ce qu’on peut acheter, et il cuisine disons… 80% du temps. De temps à autre je m’y mets parce que j’en ai envie ou parfois parce que je sens qu’il vaudrait mieux que je le soulage un peu !
      J’ai fait mes premiers « vrais » plats(donc cuisinés), mes premières confitures, mes premières expériences culinaires aux alentours de 45 ans. Avant c’était knakis/purée, jambon/haricots verts ou poisson pané/riz… sans oublier le gratin de pâtes. Et yaourt ou fruit en dessert.
      Je crois bien que c’est la seule charge mentale que je me suis épargnée, et même nous sommes maintenant juste 2 et à la retraite, j’ai décidé de conserver ce petit avantage !
      Il est 13h, il vient de m’appeler « on mange ! » alors je vous laisse 😉

      • Véronique

        Quel magnifique « petit avantage », Cathelle, je suis sûre que beaucoup vous envie. Et ne pas avoir de scrupules à faire du poisson pané et des knakis, c’est une vraie chance. J’ai noté que dans les couples, il y en a souvent un qui aime cuisiner… et l’autre nettement moins. C’est un peu comme conduire la voiture ou remplir la feuille d’impôts. Avoir un conjoint est décidément bien pratique quand il s’agit d’organiser les tâches du quotidien. Quand j’y pense, peut-être que les célibataires aiment fondamentalement tout gérer tout seuls ? Je vais faire ma petite enquête. Bonne semaine à vous !

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