Voici un petit texte destiné aux hommes de plus de 50 ans, par une femme du même âge. Je parle de ceux qui nous ont accompagnés tout au long de nos vies, et qui se retrouvent aujourd’hui suspectés de nous avoir insultés, harcelés, dominés à un moment ou un autre.

Oui, vous les hommes quinquas, vous devez trembler dans vos baskets, en ce moment, vu la révolte grandissante que l’on perçoit d’un bout à l’autre de l’hexagone.

Soudainement, il y a quelques semaines, devant la marée de dénonciation qui s’est abattue sur les personnages publics, je me suis dit cela : j’en ai marre, vraiment marre, qu’on me prenne pour une opprimée.

Et j’en ai assez qu’on vous prenne pour des tyrans.
Vous êtes loin d’être parfaits, je vous rassure. Mais quand même : je n’arrive pas à croire que vous soyez systématiquement privilégiés, et nous éternellement lésées.

Au fond, on a les hommes que l’on mérite – enfin je crois. Voici donc ce court morceau… à prendre au 3ème degré, bien entendu.

Reprenons au début

Il me semble que tout le monde a son opinion sur « les femmes » – surtout celles qui ont dépassé les 50 ans. Leur place, leurs envies, leurs corps, leur sexualité, leurs contraintes, leur âge, leur pouvoir, leurs malédictions.

C’est fou comme on pose problème.

Comme je pose problème.

C’est comme je vivais dans un champ social miné où chaque pas de travers pouvait m’anéantir.

En lisant la presse, je découvre chaque jour à quel point je me suis fait avoir, depuis toujours (mais un peu moins maintenant, grâce aux prises de consciences éclairées et aux dénonciations salvatrices des plus lucides d’entre nous).

Alors je ne cesse de rembobiner le cours de ma vie pour identifier quand j’ai été harcelée, pourquoi j’ai ravalé mes larmes, si j’ai muselé ma parole, qui m’a choisi une place inférieure, comment je m’y suis prise pour faire trop de ménage, à quel point j’ai broyé mes enfants, combien j‘ai subi mon mari.

J’étais une femme, née juste avant la révolution des mœurs de 1968, grandie dans la révolution informatique. Et au final, que suis-je devenue ? Une vague quinquagénaire, victime de la société patriarcale tout entière organisée pour dénigrer ma personne et mon existence.

Ai-je lutté, ai-je souffert, me suis-je défendue, me suis-je imposée ? Je ne me souviens plus tellement, pour tout vous dire, tellement mon nouveau statut me tracasse.

Jamais je n’aurais cru avoir eu une vie aussi peu reluisante !

Les hommes de plus de 50 ans, c’est la cata ?

Je prend conscience chaque jour avec stupeur de mon destin funeste. J’ai été consciencieusement manipulée, savamment mise à l’écart. Les hommes, ceux de ma génération ou pas, ont profité de moi, à plus ou moins grande échelle. C’est simple : j’ai été programmée pour demeurer volontairement inférieure et pour aimer me taire, jusqu’à la mort. Et même au-delà, grâce à mes filles.

Comment ai-je pu être aussi bête !

Et vous aussi !

Car c’est là mon unique consolation : je ne suis pas la seule.

Toute la moitié féminine de l’humanité s’est débrouillée pour être régentée par des brutes épaisses, doublées de nigauds : nos conjoints, nos ex-conjoints, nos pères, nos fils, nos frères, nos amis, nos collègues, nos écrivains, nos profs, nos politiques, nos artisans, nos voisins et des tas d’inconnus.

Les hommes sont contre nous.

Il faut que je me mette bien ça dans la tête.

Ils nous méprisent, ils nous ignorent, ils nous divisent… ils ne nous voient même pas, c’est dire ! Sauf comme objet sexuel – enfin, pas nous, les quinquas, vu qu’on a passé l’âge d’en être.

Décidemment, je suis née au mauvais moment.

Pauvre de moi.

Et pourtant, je les aime bien (la plupart du temps)

Pourtant, j’aurais pourtant aimé bien m’entendre avec les hommes.

J’aurais pu leur dire que c’est chouette, l’idée de s’entraider, de s’entre-aimer. Ce n’est pas si mal d’être différents, ça donne de la perspective. Ça entretient l’intérêt. Peut-être même que ça aide à grandir.

On aurait fait des blagues lourdingues, mais on n’y aurait pas vraiment cru. Ni eux, ni moi. On aurait été un peu cons en étant jeunes, et puis on se serait améliorés. Ensemble.

Ben oui, encore une fois : on a les hommes qu’on mérite.
C’est quand même nous, ou plutôt nos mères, qui les avons élevés !

Et je ne crois pas un instant qu’en leur tapant dessus, on va réussir, nous, à nous grandir. Au contraire, j’ai l’impression qu’on descend tous d’un cran, question harmonie sociétale.

Et s’ils ouvraient la bouche, les hommes de 50 ans ?

… Quand même, ça serait cool un jour d’entendre des hommes d’après 50 ans dire qu’ils ne s’en sont pas si mal sortis, avec nous. Parce que pour nous, on a l’impression que ça a été épouvantable.

Les jeunes femmes ne veulent absolument pas nous ressembler, nous leurs mères, tellement elles se sont convaincues qu’on était soumises et délaissées. Détestent-elles leurs pères à ce point, eux qui sont, justement, des hommes seniors ?? Là encore, j’ai du mal à y croire.

Mais moi moi moi, quand j’y pense, ils ne m’ont pas torturée à ce point, les hommes.
Ils ont bien sûr été pénibles, machos sans le savoir.
Et je leur aie rendu la pareille, docile sans le savoir.

Au final, malgré les remous, on s’est quand même plutôt bien débrouillés. On s’est fâchés, on s’est réconciliés, on s’est soutenus, on s’est séparés, on a recommencé ailleurs. Et bis repetita.

Entre nous, ça n’est pas demain la veille que l’histoire va s’arrêter. Enfin, il me semble.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, est ce que cet acharnement anti-hommes vous gêne ?

Racontez-nous votre expérience et votre ressenti dans les commentaires !


    6 replies to "Petit message perso pour les hommes quinquas"

    • bb

      Désolée non.
      Ex-femme d’un pervers narcissique, qui a aussi été physiquement violent, je suis ravie que les jeunes femmes d’aujourdhui nous montrent la voie. Bien sûr qu’ils ne sont pas tous comme ça, mais les blagues lourdingues c’est pas ok, les mains baladeuses des patrons ou collegues c’est pas ok, et les maris ou peres qui te donnent une giffle parce qu’ils sont blesses dans leur orgueil c’est pas ok.
      C’est ma fille ado qui m’a ouvert les yeux sur la signication de certaines experiences que j’ai vecu, de la violence notamment et je la remercie. Alors evidemment parfois les critiques sont un peu exagérées et nous ne sommes pas que des victimes, mais je suis ravie que tous les Depardieu etc soient enfin vus pour ce qu’ils sont.

      • Véronique

        Je suis tout fait fait désolée de voir ce que vous avez subi (quelle chance que votre fille vous ait aidé à ouvrir les yeux !).Je suis bien d’accord avec l’idée travailler en profondeur sur ce sujet, avec les victimes et avec les agresseurs, mais encore une fois je me méfie des lynchages médiatiques qui font et défont la vie d’individus. On se remplace pas un abus par un autre. Il est indispensable que chacune (et chacun) ait les outils pour se défendre, voire s’enfuir, devant l’agression. Mais cette façon qu’ont les médias de se complaire dans le glauque, et de diminuer les hommes, me gêne terriblement.

    • Karine

      Bonjour Véronique

      Vous faites ici trop de généralités!
      Heureusement que toutes les femmes de 50 ans n ont pas eu à subir le patriarcat de notre société et tant mieux ( j en fais partie aussi), tant mieux
      pour nous de ne pas avoir rencontré des hommes qui abusaient de leur position dominante
      Et laissons celles qui ont eu moins de chance la possibilité et le droit de s exprimer ! Enfin !

      • Véronique

        Bonjour Karine, je suis bien consciente que seules certaines d’entre nous ont subi l’oppression d’hommes de leur entourage. On en connait toutes dans notre entourage, c’est absolument dramatique. Il est indispensable de prévenir ce genre de situation, d’aider les victimes, et de multiplier l’information, à la fois auprès des femmes et de hommes. C’est le ton et la forme de ces témoignages, leur complaisance, amplifiés par des médias avides de ragots, qui me révolte. Le hommes doivent prendre la parole sur ce sujet, parler de leur quotidien, ni plus ni moins affreux ou formidable que le nôtre, et relativiser tout ça.

    • Cathelle

      Bonjour Véronique, pour une fois je n’ai pas apprécié le ton de votre lettre. Ce n’est pas parce que, à titre individuel, on n’a pas eu à subir « trop » de patriarcat que d’autres n’ont pas été détruites par ce système. Car le vrai problème c’est qu’il s’agit d’un système et, SURTOUT, que la justice a BIEN TROP SOUVENT ET ENCORE AUJOURD’HUI minimisé la responsabilité des agresseurs. Ils sont rarement et toujours trop peu « punis ». On peut parler d’impunité des agresseurs sexuels dans notre beau pays.

      Si la justice (créée par et pour les hommes) était juste, les victimes auraient assez de confiance pour s’appuyer sur elle pour sortir de situations traumatisantes. Les victimes n’auraient pas peur de s’exprimer devant la police. Les victimes n’auraient pas peur de perdre leur emploi en mettant en cause un patron, un collègue etc. Si la justice ne rendait pas les enfants victimes d’inceste à leurs pères incestueux (situation totalement dramatique et scandaleuse que j’ai rencontrée plus d’une fois dans mon métier). Bref, si la justice était juste, simplement juste, on n’aurait pas besoin de tous ces me-too publics qui vous dérangent tant et qui pourtant seuls feront avancer les mentalités.

      Alors pour que les choses changent en profondeur il faut, comme souvent, aller peut-être un peu trop loin pour espérer avancer un peu. Il faut aussi une prise de conscience de TOUTE LA SOCIETE pour entre autres que l’éducation des filles comme des garçons évolue vers le respect de chacun et chacune. Et on est bien loin du compte… Votre lettre en est un exemple.

      Je me permets de vous conseiller de suivre des femmes comme Andréa Bescond (et bien d’autres) sur Instagram par exemple. Des femmes qui montrent la réalité des faits, la réalité de l’ampleur du problème.

      J’ai 65 ans, ma plus jeune fille âgée de 25 ans m’a dit récemment : « Pour toi les hommes c’est la sécurité, pour moi c’est le danger ». Et c’est notre réalité.

      • Véronique

        Bonjour Catelle, merci pour ce commentaire argumenté. Je suis évidemment d’accord (qui ne le serait pas ?) pour que les femmes soient défendues… et surtout qu’elles ne soient pas attaquées. Mais je n’aime pas l’escalade verbale de la victimisation. Au fond, je n’accepte pas que les femmes se considèrent comme des victimes : j’ai peur que cela ne les conduise à agir en victime, ou au contraire, en bourreau. Et puis le message de la victimisation est tellement répété que l’on fini par y croire : « être une femme, c’est par définition être une victime ». « Etre une femme, c’est forcément, j’allais dire naturellement, subir les injustices d’un homme (et réciproquement pour lui) ». Quel est l’intérêt, dans ce cas, de vivre ? Cela signifie être inférieure et sur la défensive toute sa vie. C’est une assertion que je trouve dangereuse. Etre victime n’est pas un état, ce n’est pas un destin non plus. Je me sens beaucoup plus proche du message « les femmes sont puissantes, elles ont un pouvoir qu’elles doivent identifier et mettre en oeuvre ». Ce désir de se venger publiquement en espérant que cela guérira l’injustice de la société me gène beaucoup. Les hommes ne sont pas parfaits, mais leurs imperfections répondent aux nôtres. Je ne crois pas un instant qu’ils soient pire ou meilleurs que nous. Je suis de celles qui préfèrent discuter, argumenter, communiquer (ou m’enfuir, si nécessaire) avec un homme, plutôt que de le jeter en pâture. Ça n’est pas parce que les méthodes masculines ont été grossières ou dégradantes que nous devons agir de même !
        Je suis par ailleurs interpellée par le commentaire très intéressant et très actuel de votre fille « Pour toi les hommes c’est la sécurité, pour moi c’est le danger » et je vais m’en inspirer dans ma prochaine newsletter.

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