Homme-femme, femme-homme. Nous nous sentons tellement différents, nous voudrions tellement être égaux. Enfin, est-ce bien vrai ? Pour le moment, ce sont majoritairement les femmes qui empoignent le débat et changent de méthode et de comportement, espérant atteindre un jour ce qui leur semble bien plus honorable chez eux que chez elles. 

Les hommes évoquent beaucoup moins haut et beaucoup moins fort leur désir de nous ressembler. Au point où l’on se demande s’il y a vraiment quelque chose d’enviable chez les femmes ! Ou si, plus vraisemblablement (je suis une grande optimiste), nous ne savons pas le promouvoir. 

L’époque voudrait que les secondes se hissent au niveau des premiers, puisqu’elles se considèrent à un échelon inférieur en termes d’impact. Donc elles se concentrent sur la carrière, l’influence sur le monde en général et les entreprises en particulier, et surtout l’autonomie financière.

Car il n’y a pas de doute là-dessus :  d’un commun accord et sans aucune nuance, des grands gagnants aux misérables victimes, tout le monde considère que la référence en matière d’humanité, le modèle à atteindre, le phare qui brille au milieu de l’océan déchainé, ce sont les hommes. 

De mon point de vue, c’est parce que les hommes n’ont pas accès à l’enfantement qu’ils refusent de lui donner une importance primordiale. Autrement dit, comme il est inimaginable qu’ils ne parviennent pas accomplir quelque chose d’essentiel, c’est que cette chose n’a pas de valeur. Bref : l’absence universelle d’intérêt pour la maternité ne vient pas du fait que c’est « un truc » de femmes, mais bien du fait que ça n’est pas « un truc » d’hommes.

Dans cet article, je voudrais donner envie aux hommes de ressembler aux femmes. Et en particulier de s’intéresser de bien plus près à la maternité. Je voudrais aussi dire à mes contemporaines que miser tout sur le salaire en croyant que cela va les venger de siècles d’oppression et les revêtir d’un éclat salvateur, c’est une illusion. Cela aboutit à une réduction plutôt qu’à un agrandissement de la vie.

Les femmes peuvent beaucoup plus, beaucoup mieux, que ça.

1- Notre pouvoir, spécifique à nous les femmes

En plus de leurs capacités intellectuelles, relationnelles et managériales largement documentées, les femmes ont deux supers pouvoirs : celui d’enfanter d’une part, et de savoir élever les enfants d’autre part. Oui, les jeunes enfants recherchent la présence d’un parent, surtout de leur mère (ça aussi c’est largement documenté), tandis qu’ils ont besoin de guides solides et disponibles quand ils grandissent (hommes et femmes).

Ce privilège qui nous est réservé dans les premières années, voire pendant toute l’enfance et l’adolescence, il faut le savourer et non pas le rejeter. Oui, je l’ai dit plus haut, ça n’est pas parce que les hommes ne portent pas d’enfants, et donc qu’ils s’en fichent, que la maternité n’a qu’une valeur anecdotique. Bien au contraire, ce pouvoir de fabriquer la vie est enchanteur et galvanisant.

Avoir des enfants, c’est s’attendre grosso modo à deux décennies intenses, dans une vie qui en comptera au moins neuf. C’est à dire 20 % de notre existence. De quoi faire autre chose avant la maternité, mais surtout après, une fois qu’ils sont grands. A condition bien sûr d’être appuyée, stimulée, orientée, prise en compte à sa juste valeur. Avant de fonder une famille, pendant qu’on l’élève et quand on est prête à se reconvertir.

Parce que nous pouvons donner naissance et pas eux, parce que nous sommes plus souvent douées pour décrypter les émotions qu’eux, nous avons intérêt à suivre un parcours de vie différent de celui des hommes.

Un monde équitable n’est pas un monde similaire.

Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

2- Les mères dans l’ombre

J’observe les jeunes femmes qui s’efforcent de caser la construction d’une famille dans cette trajectoire professionnelle bien tracée qui a pris une importance prédominante. Elles n’hésitent pas à se confronter à une charge mentale structurelle dont elles connaissent pourtant les travers, sous toutes les coutures. Au pire, crise climatique aidant, elles renoncent carrément à fonder une famille.

Depuis longtemps déjà, quand on nous demande ce que l’on fait dans la vie, peu d’entre nous répondent « je suis une mère ». On a appris à nous définir par un métier rémunéré : « je suis dans le marketing », ou bien « j’ai mon cabinet de kiné », ou peut-être, « j’ai fait un burnout et je suis en reconversion« .

Etre mère n’est pas considéré comme une activité suffisamment consistante, suffisamment visible, suffisamment importante, suffisamment reconnue, suffisamment intéressante, suffisamment porteuse de changement pour la société. Etre mère n’est pas monétisé – donc ça n’est pas un travail, donc ça n’existe pas vraiment, donc on peut bien se passer de le mentionner, et même d’y penser.

Au fond, nous serions incapables de proclamer « je suis une mère active de trois enfants et pendant les temps morts, j’enseigne le droit constitutionnel à la fac« . Tant que les mères ne toucheront pas de revenu, elles seront dans l’ombre – elles se considèreront dans l’ombre.

3- L’étrange façon dont nous organisons nos vies

Quand je repense à mon itinéraire de quinqua, je réalise que je n’aurais pas pu sacrifier ni la tranquillité familiale, ni le plaisir de travailler. Pour moi, l’épanouissement vient de la succession des projets bien menés, en toute autonomie (pas empilés sommairement pour accommoder l’entourage, père et enfants, et s’arranger pour que notre flexibilité serve leurs ambitions).

Pour les mères, la juxtaposition des projets de moindre envergure est tentante. Car oui, on adore aider les autres. Car oui, il faut bien que quelqu’un se dévoue pour boucher les trous. Mais elle signifie trop souvent couper la poire en deux, en conservant la partie la moins bonne… car personne d’autre n’en veut.

Concentrer sa vie uniquement sur sa partie publique et professionnelle me semble restrictif, mais évidemment bien plus facile que de combiner famille et emploi. Nous sommes non seulement capables de faire ce que font les hommes, mais aussi de vivre comme eux, de cette vie binaire et programmable de consommatrice avertie qui consiste à « gagner sa vie » le jour, à se reposer le soir et à dépenser le weekend.

Nous n’avons pas encore inventé de système de fonctionnement conjugal et sociétal qui soit constructif, équitable et dénué de jugement sur le plan financier – c’est à dire qui ne soit pas basé strictement sur la valeur monétaire de chacun. Mais ça vaut le coup d’ouvrir le débat.

4- Et les hommes, et les pères ?

Mais eux, les hommes, pourraient-ils comme ça, bang bang, se mettre à enfanter et à élever des enfants ? Les élever, ils le font parfois déjà. Et on remarquera que leur image sociale en sort grandie, alors que bizarrement, dans la même situation, la nôtre en pâtit.

Comme quoi c’est bien eux qui décident de se mettre en avant, quelles que soient les circonstances.

Pourraient-ils ajouter quelques heures quotidiennes à leur emploi du temps pour prendre en charge quelqu’un, ou quelques-uns, qu’ils ont eux-mêmes fabriqués et dont ils ont l’obligation charnelle de ne pas laisser mourir ? Pourraient-ils s’occuper de ces tous-petits-quelques-uns-là comme s’il s’agissait d’eux-mêmes ?

Non, je ne crois pas, car justement, ces enfants ne sont pas leurs pères. Ils ne sont pas nés de leurs entrailles, ils ne leur ont fait perdre aucune goute de sang pour les mettre au monde, ils ne proviennent pas de la même chair. Ça n’empêche pas de les aimer, de les encadrer (voire de les domestiquer), mais ça empêche drôlement de se sacrifier sur le plan physique, c’est-à-dire de renoncer à une partie de son propre corps pour le donner à autrui.

Un homme ne se dédouble pas. Il s’augmente. Oui, avec un peu de chance, il se surpasse dans autre chose que lui-même, par exemple un objet, un concept, une organisation, un acte – un truc qui est supposé nous épater, nous les petites mains de la vie quotidienne. Ça lui donne de la distance par rapport aux êtres, ainsi qu’un risque d’indifférence ou de froideur.

5- Les femmes connaissent le corps humain

Les mères sont en revanche conscientes du fait que le corps d’autrui est modelable, via les relations, les sensations, les émotions, les pensées. Elles expérimentent la transformation physiologique plusieurs fois au cours de leur vie : apparition des règles, installation des cycles menstruels qui semblent immuables, jusqu’au jour où ils cessent avec la ménopause, grossesses et accouchements successifs.

Toutes ces mues, leurs joies et leurs douleurs, jouent dans leur rapport avec leur propre corps et celui des autres. Elles comptent beaucoup dans la connaissance que nous avons de la vie, notre capacité à deviner les manques et à les combler.

Ce sont nos peintures de guerre, les signes de notre force, de notre endurance, de notre résilience. Quelle erreur de ne pas les intégrer dans un parcours de vie global. Quelle erreur de les cacher lorsqu’on passe un entretien d’embauche, lorsqu’on dirige une équipe… lorsque l’on se présente à autrui. Bien sûr, que notre vie maternelle compte dans notre patrimoine existentiel et dans nos capacités à exercer un métier !

Lisez ici mes articles sur les compétences professionnelles des mères de famille ainsi que sur le leadership des femmes au foyer

6- On nourrit nos enfants de culture et de savoir-vivre

La spécificité de la maternité ne cesse de m’épater : on se dédouble, mais pour produire un être totalement différent de nous – une fois sur deux qui n’est pas de notre sexe.

On le nourrit de notre propre corps, littéralement. A l’intérieur puis à l’extérieur. D’abord avec le liquide amniotique puis avec le lait produit par nos glandes mammaires, ce qui le fait grandir… de l’intérieur (les organes) et de l’extérieur (l’appréhension du monde).

On continuera longtemps à l’abreuver, cette fois de notre culture – familiale, nationale et générationnelle.

On le nourrit aussi, à profusion, de notre personnalité, ce qui nous permet d’y déverser librement tous nos principes. Autrement dit, le meilleur et le pire de nous-même, et l’immense entre-les-deux, de quoi alimenter leurs soirées de conversations, elles-mêmes très nourrissantes (frisant parfois l’écœurement), tout au long de leur vie.

Bien après l’arrêt de l’allaitement, on continue de gaver nos enfants. En dispensant largement nos paroles et nos silences, nos encouragements et nos reproches, dont ils feront une double carcasse, en plus de celle constituée par leurs propres cellules. Miracle de l’alliance de la biologie et du savoir-vivre, que l’on fabrique de toutes pièces, spécialement pour eux.

Nous sommes de grandes créatrices. La maternité, c’est l’occasion de nous donner corps et âme. N’est-ce pas incroyablement enviable, quand tant d’entre nous s’ennuient profondément, ne trouvent pas de sens à leur vie ni de terrain d’expressivité ?

7- Nos vies sont construites pour la reproduction

J’écris cela sans ironie aucune, car je pense que concevoir des enfants, c’est la première, et la plus importante, forme d’expression – celle qui transmet la vie et perpétue l’humanité. Nous ne sommes pas que des notaires, des profs, des musiciennes ou des chefs de projet. Nous sommes des êtres vivants, éphémères avant tout : nous naissons, nous nous reproduisons puis nous mourons.

Bien entendu nous sommes capables de beaucoup plus que ça, mais ces étapes en apparence basiques demeurent fondamentales dans la définition d’un être humain. La biologie de la reproduction est incroyablement sophistiquée, d’ailleurs nos modes de vie tournent autour, dans un sens ou un autre : la rencontre, le plaisir sexuel, la famille, l’éducation, la séparation, la solitude, la maladie.

Il est remarquable qu’en plus de ces rythmes naturels que nous n’avons pas choisis, nous soyons aussi capables d’inventer des outils et des organisations, et de ne cesser de les améliorer. Nous adorons cet aspect car cette fois, c’est nous qui le décidons et le mettons en oeuvre. Mais nous n’avons jamais su ne plus être humain, nous soustraire à la pression de la multiplication, perdre nos caractéristiques biologiques.

Même terriblement intelligents, nous demeurons des mammifères, dotés d’un écosystème complexe, qui faisons pleinement partie de cette biodiversité dont nous déplorons l’extinction de masse.

8- Hommes et femmes, ou l’hégémonie sur les autres espèces

J’adore discuter des rapports entre les sexes avec mes amies plus jeunes, dans la trentaine ou la vingtaine. On voit bien que la fonction biologique, que vous la trouviez naturelle ou pas, perd de son importance en occident. Même si les femmes n’ont jamais autant parlé de l’intérieur de leur corps, de leurs ovaires, de leur clitoris, de leur microbiote.

Ou peut-être parce qu’elles n’en ont jamais autant parlé, banalisant ces manifestations corporelles qui perdent ainsi de leur mystère et de leurs attraits.

Quand on pense « virtuosité humaine », c’est la fonction matérielle (la fabrication d’outils) qui prévaut. Elle est devenue honorable, vertueuse – un signe que nous sommes décidément supérieurs aux bêtes. Que notre destin n’est plus seulement de nous reproduire, mais de penser, de gérer et d’embellir tout ce qui est sous nos pieds, ce qui prospère sur le globe et l’air que nous respirons.

Notre vocation, c’est de prendre en main cette planète bordélique et de la transformer en une gigantesque entreprise florissante et bien huilée.

Nous étions humbles et imparfaits, souvent victimes d’un système terrestre largement aléatoire. Nous voilà les grands responsables, dans tous les sens du terme : responsables des dégâts, responsables de l’amélioration, responsables du management. On a décidé qu’on serait Responsable de l’Optimisation Planétaire.

Comment ne pas se sentir galvanisées par cette mission simili-divine, nous, les femmes ?

Nous étions la « face primaire » de notre espèce, celle qui était dévolue à la multiplication. Nous luttons désormais d’arrache-pied pour intégrer la « face secondaire », pensante et discriminante, débarrassée des boyaux, des fluides malodorants, des humeurs, des blessures, des peines.

9- La « réalité financière » prône l’égalité homme-femme

Penser, agir, travailler, tout cela m’amène à ce que nous acceptons comme l’un des grands principes de l’existence : « la réalité financière ». Les gens sérieux, influents et éduqués ont le don de vous regarder avec un air méprisant ou condescendant dès que l’on aborde ce sujet.

Minimiser « la réalité financière », surtout quand on est une femme, c’est faire preuve d’un niveau de bêtise confondant. Car enfin, les femmes ont tellement été pénalisées par le manque de ressources, qu’est-ce qui vous prend de vous plaindre maintenant que vous y avez accès ?

Ce qui me prend, c’est un phénomène étrange que j’observe de plus en plus :

Non seulement les jeunes femmes n’envisagent plus de ne pas gagner leur propre argent, mais elles sont persuadées que leurs conjoints détesteraient cela aussi. En fait, nos garçons ont pris l’habitude de ne plus être sollicités financièrement parlant (ce que nos filles jugent dégradant) et donc de ne plus partager.

Je n’avais jamais envisagé l’apparition de ce problème.

Naïve que j’étais. Je pensais que tous les hommes ou presque étaient, au fond d’eux-mêmes, ouverts à l’idée de financer leur famille le temps nécessaire à ce qu’elle grandisse, et même qu’ils en seraient fiers. Mais je découvre, effarée, que pas du tout : ils sont parfaitement satisfaits que leur copine veuille débourser autant qu’eux tout en en faisant plus (car forcément, avoir des enfants signifie les porter, les mettre au monde, les allaiter, les consoler, etc.).

Plus j’y pense, plus j’y vois une immense déception. Comme les enfants induisent une carrière moins impliquante, cela signifie que sur le long terme, les mères gagneront moins et travailleront davantage de façon pérenne. Pendant ce temps, leurs conjoints s’enrichiront sans se poser de questions existentielles, savourant leur bonheur et encourageant la volonté d’indépendance de leur conjointe, qui leur profite tellement.

10- Le piège d’une égalité qui repose sur l’argent

On a connu les pères absents qui refusaient de payer la pension alimentaire lors des séparations, voilà maintenant les pères présents qui deviennent pingres de façon purement passive, car leurs conjointes appliquent de principes égalitaires qui leur sont détrimentaux. Si nécessaire en calculant tout au centime près.

Pas étonnant qu’une part croissante des femmes ne veuille plus d’enfant : elles réalisent qu’elles se sont fait prendre à un sacré piège. En cherchant à être autonomes, elles ont obligé l’autre sexe à ne pas se mêler de leurs dépenses, et donc de celles de la famille. Au final, si elles faisaient le choix de faire des bébés, elles se retrouveraient plus pauvres que l’autre, et ça bien entendu, il n’en est pas question.

Voilà pourquoi je trouve, une fois encore, que l‘on donne trop d’importance à l’argent dans un couple. La « réalité financière » n’est qu’une partie de la vie conjugale. A force de déclarer que l’autonomie des femmes est directement liée à la grosseur de leur compte en banque, on entretient une forme de compétition sournoise, qui renforce presque toujours la place déjà prédominante des hommes.

Il faut sortir, je crois, de cette passion contemporaine qui constitue à dire que la liberté des femmes est conditionnée par un revenu acquis à l’extérieur. Je sais, je sais, ça a été une grande avancée de reconnaitre puis de combattre l’inégalité financière dans le couple, utilisée comme instrument de domination et rendant très pénible pour les mères les conséquences d’une séparation.

Mais en pratique, le revenu est devenu l’unique outil de référence de tout ce qui est important dans la vie. Tout a un prix, tout a un cout.

Mais quid de l’affection, de la patience, de la présence, que nous sommes toujours incapables de quantifier monaitairement parlant ? C’est exactement là que nous nous faisons avoir. Si on choisit de donner un prix à tout ce qui a de la valeur, alors il faut le faire correctement. Entièrement.

11- Comment chiffrer l’apport d’une mère envers ses enfants ?

Vous êtes informaticienne ? Voilà un terrain sur lequel il faut absolument travailler, si nous voulons être parfaitement honnêtes  : identifier et mesurer cette vaste activité typiquement féminine qu’est la fonction du « care », le soin aux autres, la vie relationnelle constructive, la patience, l’entraide. L’amour. Oui, il faudrait donner un prix à l’amour, au calme et au temps passé avec les enfants si l’on veut vraiment être équitable dans cette société qui a décidé de tout compter. Désolée de vous choquer ou de vous décevoir.

Au train actuel où tout est comptabilisé, ça n’est pas demain la veille que les conjoints, femme ou homme, vont se sentir respectés et soutenus au plus profond d’eux-mêmes, sur un plan purement émotionnel. Ils risquent surtout de se sentir soupesés, estimés, comme lors d’une vente aux enchères : est-ce que celui-ci ou celle-là en vaut le cout (et non pas le coup) ; qu’est-ce qu’un enfant me rapporterait ; comment me débarrasser de cette charge familiale ?  

La juxtaposition de salaires consistants ne suffit pas pour être heureux dans la vie, je ne vous apprends rien. Mais c’est facile à dire. Pour avancer vraiment, la confiance, l’intimité, le partage doivent être évalués, déterminés. Par nous-même bien entendu, c’est à dire chaque membre du couple (peut-être à partir d’un référentiel ?), même si ce genre de conversation n’est pas habituel. Nous devons leur donner une valeur pouvant être comparée à d’autres valeurs, sinon ils ne seront plus désirables et ils vont perdre de leur importance.

12- L’argent est devenu plus précieux et plus tabou que le sexe

Bon, on peut toujours rêver et s’imaginer que dans 10 ou 100 ans l’intelligence artificielle aura aplanit ces subtiles mais déterminantes nuances. Que les salaires et les héritages n’auront plus lieu d’être. Et que l’autorité conjugale ne résidera plus dans la quantité d’euros que nous avons à disposition comparé à celle de « l’homme de notre vie », ni dans la pernicieuse relation qu’elle génère.

Il est quand même étonnant que le pouvoir d’achat appliqué à chaque membre d’un couple ait pris cette importance. J’imagine que vous êtes déjà au courant, mais j’ai découvert que les jeunes, en particulier, peuvent rester assez mystérieux entre eux concernant leurs revenus. Ils les conservent soigneusement distincts dans des comptes séparés, au point où leur « moitié » ne sait pas grand-chose du sujet (alors qu’ils connaissent tout de leurs ex, de leurs amis, de leurs orgasmes, de leur boulot, etc.).

Il me semble pourtant que c’est au tour de l’argent d’être banalisé et détaboutisé, comme le sexe l’a été depuis 50 ans. Il devrait être intelligemment utilisé pour le bénéfice d’une famille dans son ensemble. Il n’y a strictement aucune gloire à tirer du fait qu’on en gagne beaucoup ou qu’on en donne beaucoup. Ni d’ailleurs aucune honte si l’on en a peu et que l’on a peu à donner.

Dans le premier cas, on met à profit un temps immense consacré au travail rémunéré, et dans le second un temps immense consacré au travail non rémunéré. Les deux sont du travail, les deux demandent un effort continu, les deux sont productifs, chacun à leur façon. Un point c’est tout.

13- Partager sans compter, voilà l’avenir de la relation homme-femme

Ce qui compte, c’est l’impact que l’on a sur la société et sur son entourage. Le bien-être que l’on est capable de perpétrer, l’harmonie, la joie de vivre et le progrès que l’on crée. C’est l’échange réel que l’on met en place dans ce duo où, forcément, mécaniquement, les revenus sont inégaux. On donne ce qu’on a (parfois c’est matériel, parfois immatériel), sincèrement.

C’est ainsi que l’on crée la confiance… et que l’on devient vraiment riche, au sens le plus élégant et le plus rassurant du terme.

Prendre un homme ou une femme qui serait capable de partager sans calculer, est-ce devenu un rêve inaccessible quand on choisit un conjoint ?

Franchement, je me demande à quoi ça sert de cumuler un tas d’or si c’est pour renoncer à le dépenser pour ne pas se sentir inférieur(e). Vous ne trouvez pas ça idiot ?

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, que pensez-vous de l’évolution homme-femme dans le futur ?

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    2 replies to "Un monde équitable pour les femmes et les hommes"

    • DESHAYES+Marie+Josée

      Bonjour Véronique, c’est un article remarquable, merci. Je partage totalement vos idées et les valeurs que vous défendez sont les miennes. Ce que nous transmettons à nos enfants n’a pas de prix, et représente une grande valeur qui ne se quantifie pas en argent. En France, il est possible de se sentir extrêmement seul, seule lorsque il nous est important de vivre en fonction de valeurs autres que la carrière, l’argent, la réussite. Depuis le début de votre blog, ce que j’aime le plus dans ce que vous écrivez, et qui me soutient, c’est le fait d’exprimer le fait d’être maman, la joie et le travail que cela représente, les réalités physiques…. Merci. Bonne journée

    • Véronique

      Merci beaucoup Marie-Josée. Il est m’a été difficile de formuler tout ceci, tant j’ai eu peur, comme tout le monde je suppose, de passer pour une femme rétrograde, conservatrice… dépassée. Pourtant je suis persuadée que nous n’avons pas encore trouvé l’équilibre vie privée/vie publique pour les femmes, et que le choix « charge mentale, ou temps partiel ou pas d’enfant » est bien trop contraint. Mon avis de femme passionnée est qu’il est plus productif de se donner à fond. Par exemple dans l’école, dans la famille, puis dans une carrière, alors qu’on est plus mature et que l’on a une énorme expérience éducative qui est transposable en milieu professionnel. Il faut inventer de nouveaux outils de formation, d’orientation et d’empowerment à partir de 45 ans, un énorme chantier en perspective !!

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