Tromper son conjoint constitue la deuxième partie de ce dossier consacré à l’infidélité des quinquas. Après avoir pris du recul et observé les pratiques des couples dans leur environnement dans un premier texte, plongeons cette fois dans le cœur du désir, de la frustration, de la routine et du besoin de séduire, qui nous façonnent de façon bien particulière après 50 ans.

A la cinquantaine, la transformation physique de la ménopause s’ajoute à la transformation sociale du départ des enfants. Mais en parallèle, la routine mise en œuvre depuis des lustres pour stabiliser nos vies familiales porte finalement ses fruits… ce qui nous rend plus morose ou frustrée que prévu. On sent qu’il faut produire un effort pour passer cette étape, mais lequel exactement ?

L’infidélité est une échappatoire qui tombe à pic. Que ce soit pour notre conjoint ou pour nous même. Les séparations occasionnées à cette époque de vie sont presque aussi nombreuses que celles qui interviennent après la naissance des enfants : la famille déstabilise le couple, une première fois avec l’arrivée des enfants, une seconde fois avec leur départ. Les deux membres doivent se réajuster, s’adapter aux nouvelles circonstances. Et ça n’est pas si facile.

Voyons comment les liaisons extra-conjugales participent à ce processus de mutation du couple, comment elles le détruisent… ou le renouvellent. Et comment elles nous font grandir sur le plan personnel.

1- Désir, amour, tendresse : où en est-on vers 50 ans ?

Là où il y a infidélité, il y a désir « mal placé ». Enfin c’est ce qu’on imagine. Ne plus susciter ce désir fait mal, autant du côté de la personne « trompée » et du côté de la personne « trompante », car l’une et l’autre souffrent, même si la première ravale sa douleur alors que l’autre la déplace.

Pour rester dans la durée, il faut vraiment avoir des projets à mener, des buts à atteindre, des problèmes à surmonter. Un couple qui dure, c’est fondamentalement « une bonne équipe », comme on le dit de collègues qui travaillent ensemble.

L’amour physique est composé à la fois de sexualité et de sensualité. Beaucoup de couples âgés, et sans doute pas mal de jeunes, s’en tiennent à la tendresse et à ses manifestations, et c’est déjà énorme. Un homme par exemple qui ne saurait pas développer cette part tendre de l’amour se retrouvera frustré, et sa compagne aussi.

Il est réducteur et même ridicule de ne considérer l’amour que comme la manifestation de la sexualité, effective ou désirée. L’amour des enfants, de ses meilleurs amis, de ses parents, de Dieu voire d’une idole, est absolument réel. Aimer, c’est plonger avec confiance dans de multiples formes d’intimité : verbale et non verbale, physique, émotionnelle, spirituelle, sexuelle. Ajoutons une authentique gentillesse, par opposition à la passion, plus instable et éphémère et qui peut servir d’alibi à la violence.

Lisez ici mon article complémentaire, sur l’approche culturelle et générationnelle face à l’infidélité.

Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

2- Tromper son conjoint et les raisons de souffrir 

La douleur de l’infidélité est aussi aiguë que diffuse, une espèce de brûlure qui se diffuse dans tout le corps. Il y a aussi ce désengagement solennel, une rupture dans le contrat non écrit du mariage, qui stipulait qu’on ne pouvait pas vraiment bouger de la situation qu’on avait à 31 ans et demi, quand on s’est épousés. Un quart de siècle ans plus tard, l’eau a coulé sous les ponts et les hormones ont coulé dans nos veines. Le passage du temps nous a joué un tour.

Tromper, c’est aussi savoir qu’on fait mal mais poursuivre quand même. Y a-t-il un plaisir à troubler, à blesser, à se venger de quelque chose ? On sent bien que c’est une réaction à une défaillance du couple, qui n’est pas toujours si facile à pointer.

Il faudrait filmer le désir sexuel via le champ vibratoire qu’il créé entre les êtres, pour comprendre que la rupture fait mal, comme si l’entité « couple » s’était physiquement coupée en deux, tranchant à vif dans une chair commune.

3- Plongeon au cœur des émotions révélées par une double vie

Parlons maintenant de ces émotions si conflictuelles qui nous assaillent, que l’on soit la personne infidèle ou la personne trompée. Ce qui est notable dans la situation de l’adultère, c’est la très riche palette émotionnelle qu’elle met en place, de part et d’autre :

Commençons à celui ou celle qui initie la liaison, le ou la « coupable ».

1- Ce que ressent le partenaire déloyal

Du côté positif, l’infidélité apporte une excitation à la fois nouvelle et interdite, perçue comme une échappatoire à la routine de la vie quotidienne. C’est risqué, mais c’est aussi libératoire. La satisfaction sexuelle s’accroit, évidemment, mais surtout on se sent valorisé par l’attention et la séduction d’une autre personne – ce qui renforce l’estime de soi et le sentiment de pouvoir.

Il s’agit d’une reconnaissance, au premier sens du terme : tout à coup quelqu’un nous voit ! Entamer une liaison illégitime conduit également à une compréhension plus fine de ses désirs, de ses besoins et de ses limites, car elle oblige à réfléchir sur ses choix et ses actions.

Les émotions négatives sont tout aussi variées, en particulier la culpabilité et la honte. La tranquillité d’esprit ne fait pas toujours partie du champ sentimental de l’infidèle, qui se sent responsable de déloyauté ou de bassesse, en brisant l’engagement mutuel. Sans compter le stress et l’anxiété liés à la peur d’être découverts et à la gestion compliquée des mensonges et des secrets (c’est fou le nombre de personnes qui découvrent qu’ils sont cocus en jetant un coup d’œil sur le téléphone de leur conjoint, on se demande quand même si celui-ci ne l’a pas cherché).

Conséquence, les remords affluent en masse, surtout si une séparation non voulue du couple légitime a lieu. Au final, la confusion et les conflits intérieurs concernant les valeurs, les engagements et les conséquences des actes sont très communs, même s’ils se mêlent à des élans de joie et de liberté.

2- Ce que ressent le partenaire délaissé

La personne « victime » de l’infidélité vit elle-aussi des sensations fortes et contradictoires :

Côté positif (oui, il faut bien se dire qu’il y en a) se découvrir cocu(e) met en pleine lumière les problèmes non résolus dans une relation, poussant ainsi à comprendre ce qui ne va pas. Le choc conjugal et personnel mène alors à une compréhension plus fine de ses propres besoins et limites.

Et puisqu’on ne peut pas compter sur son conjoint, on renforce son réseau social dans un but de soutien psychologique : amis, famille et médiateurs.

Enfin, et c’est courant, la personne trompée peut éprouver une forme de compassion envers son partenaire et chercher à comprendre les raisons sous-jacentes de son acte, ce qui la qui pousse à se transformer elle-même. C’est l’aspect « révélation » qui prime. On découvre une porte qui s’ouvre, celle d’une liberté bienvenue et moralement acceptable, maintenant que la famille est grande.

Mais bien évidemment, ce sont les émotions négatives qui sont décrites absolument partout, encore et encore : la douleur, la tristesse, le sentiment de trahison, la déception et un profond désarroi. S’y ajoutent la colère et le ressentiment envers son partenaire pour avoir brisé sa confiance et trahi l’engagement, de même que la rage et la jalousie envers l’amant(e).

Plus pernicieux, l’infidélité ébranle la confiance en soi, faisant douter de sa propre valeur et de son attractivité. S’y mêlent des sentiments d’humiliation et de honte, des doutes sur le pouvoir de l’amour, la réalité du mariage… et la décision à prendre pour l’avenir.

C’est fou comme ces émotions affectent physiquement la personne délaissée, la rendant assommée, abattue, malade. On se sent abandonnée, orpheline d’une certaine façon – le conjoint que l’on a choisi n’est-il pas aussi important que nos propres parents ?

4- Faut-il se taire ou révéler une relation extra-conjugale ? 

C’est une question qui revient sans cesse, et chacun (en principe) tente de trouver une voie la plus sensible et intelligente possible.

Ne rien dire, c’est partir du principe qu’on ne veut pas mêler son conjoint à cette aventure, à la fois pour en profiter seul(e) et pour lui éviter toute peine inutile – quitte à supporter l’épreuve de la dissimulation. « C’est moi qui trompe, je l’assume et je garde ça pour moi ».

C’est une leçon de stoïcisme et de confiance en soi, mais qui minimise les potentielles réelles difficultés conjugales et donc l’occasion d’améliorer le fonctionnement de son couple. Ne rien dire, c’est faire comme si rien ne s’était passé et se voiler la face.

Parler, c’est au contraire afficher son « honnêteté » en tentant de poursuivre une forme de respect, mais c’est aussi infliger une douleur non méritée. On partage son trouble pour bien montrer qu’on prend son partenaire en compte, alors que lui ou elle n’avait rien demandé : on divise par deux sa culpabilité en la déplaçant sur les épaules de son conjoint, qui la digère comme si les tords venaient de lui.

De fait, n’est-ce pas ce que l’on tente de lui dire : « c’est ta faute si je t’ai trompé(e) » ? Rejeter la faute sur l’autre est bien plus fréquent qu’on ne le croit – il y a de l’égocentrisme, chez celui qui entame une liaison illégitime.

5- Peut-on combiner fidélité sincère et infidélité de circonstance ?

L’infidélité apporte un risque majeur : celui d’être quitté. Sa révélation peut conduire à une prise de conscience mutuelle, à une thérapie de couple et à des efforts concertés pour reconstruire la relation – ou conduire irrémédiablement à la rupture.

Sa non-révélation peut en revanche inciter à poursuivre dans l’ombre une double vie instable et fragile sans chercher à en dessiner une issue – de peur de perdre des deux côtés.

Je suppose que l’on peut entretenir d’un côté un couple solide qui perdure jusqu’à la mort, et de l’autre une ou des liaisons éphémères qui pimentent la routine. C’est un peu « l’Idéal parisien » tel qu’il est perçu dans le monde entier : la fantaisie occasionnelle combinée à la tradition, le tout mené avec élégance.

Si c’est la seule façon de garder son conjoint, alors il va bien falloir prendre sur soi. L’important, c’est que celui qui a une liaison assume la responsabilité de ses actions et reconnaisse l’impact sur son partenaire.

Mais attention, si l’on en croit les taux de divorce, cet Idéal tient du mythe et ne fonctionne pas si bien que ça.  Car pour ceux et celles qui sont tentés par « l’aventure de l’aventure extra-conjugale », en plus d’être insensible aux émotions de son partenaire officiel, il faut savoir être particulièrement discret, muet comme une carpe et ne pas se vanter de ses aventures.

Alors que pour beaucoup, le plaisir de l’adultère, c’est aussi le plaisir de le faire savoir et de montrer que l’on est encore bien armé(e) pour la course à la séduction… Oui, il y a décidemment beaucoup d’ego qui entre en jeu dans ce jeu-là.

6- La communication conjugale, c’est tout un art

La solidité du couple se reconstruit au travers d’une communication sincère. C’est facile à dire mais pas facile à faire, car chaque personne possède sa propre vision de l’équité. Reste que le dialogue est essentiel pour comprendre les causes sous-jacentes de l’infidélité et restaurer la confiance… qui doit ensuite se démontrer avec des preuves, et pas qu’avec des mots.

Communication et intimité ne vont pas de soi. Il s’agit d’une construction à deux qui exige du temps, et le temps ensemble, c’est souvent ce qui manque aux couples qui sont pris dans une vie frénétique, familiale et professionnelle.

Tout le monde n’arrive pas spontanément et au moment opportun à associer les mots aux ressentis. Il faut pratiquer énormément cet art de nommer les émotions. Je vous suggère de vous entrainer à écrire chaque jour… même si vous n’avez pas d’amant, même si votre conjoint vous est fidèle. Avoir une boite à outils pleine de paroles bien comprises, qu’est-ce que ça aide le jour où on se sent paralysée par l’émotion, bonne ou mauvaise !

7- Les profils des membres d’un couple varient 

A ce propos, tout le monde n’est pas disposé de la même façon à se montrer loyal ou pas. Le premier a non seulement besoin de sentir un engagement relationnel solide et de s’investir pour cela, mais il sait aussi gérer les tentations et résister aux opportunités de séduction.

L’infidèle par contre est typiquement plus impulsif, moins stable émotionnellement et moins convaincu des vertus de la fidélité (en fait, il est surtout convaincu qu’il ne veut de mal à personne, juste du bien à lui-même).

A contrario, il peut aussi se sentir délaissé, d’où sa volonté de capter l’attention de quelqu’un qui s’intéresse à lui. La ménopause, associée à la routine, peut être fatale au désir sexuel chez les femmes (au moins en ce qui concerne le partenaire officiel). Parfois elles se résolvent à répondre aux assiduités de leurs conjoints… et parfois pas. Ceux-ci se sentent alors mis à l’écart. Ils peuvent réagir en trouvant une autre personne qui veuille bien d’eux, de façon temporaire ou permanente, en le revendiquant ouvertement ou au contraire en agissant dans l’ombre.

Par ailleurs, une personne peut être épanouie dans sa vie sexuelle avec son partenaire et néanmoins avoir des liaisons : la satisfaction érotique dépend de nombreux facteurs. Il y a des Don Juan partout, de même que des femmes croqueuses d’hommes, qui ont un besoin viscéral de mettre en œuvre la séduction qu’elles génèrent chez autrui, pour valider inlassablement leur réalité féminine.

8- Sexe et infidélité ne sont pas nécessairement liés

A l’inverse, les couples peuvent avoir des hauts et des bas sur le plan libidinal sans recourir à l’infidélité (vous pouvez relire ici mon article sur les hauts et les bas du désir sexuel.)

Avec la ménopause et le vieillissement, nombreux sont celles et ceux qui diminuent ou délaissent les relations sexuelles sans en être pour autant malheureux ni débuter d’aventures adultères. N’oublions pas qu’après les fameuses trois premières années fusionnelles, l’essentiel de l’activité se déroule quand même en dehors du lit conjugal.

Les Américains aiment clamer qu’un bon partenaire est aussi leur meilleur ami. Mais est-ce que le meilleur ami signifie le meilleur amant ? D’ailleurs qu’est-ce qu’on attend d’un ami, et qu’est-ce qu’on attend d’un amant ? Un ami apporte la loyauté, la confiance, la profondeur, la volonté d’aller loin et de partager les efforts. Un amant, c’est la surprise, la fantaisie, l’excitation, la complémentarité des sens et du sexe.

Tout cela n’est pas du tout la même chose, examinons-le en détail :

9- Tromper son conjoint n’est pas que sexuel

Car le couple est multiple :

  • L’amant répond à nos instincts biologiques d’ordre animal (fantasmes, exacerbation des stéréotypes homme/femme, magnétisme des pulsions physiques, reproduction),
  • Alors que l’ami répond au besoin de civilisation et d’élévation propre aux humains (respect, équité, communication, dépassement des réalités du corps).
  • On pourrait ajouter un troisième registre, celle du parent (famille, patrimoine, besoins de tendresse et de protection : douceur maternelle et fermeté paternelle),
  • Et même un quatrième, celui du partenaire social (concordance de l’âge, de la culture et de la religion, des ambitions professionnelles, financières et domestiques).

Pour qu’un couple forme une famille et dure, il faudrait donc que chaque conjoint soit tour à tour amant, ami, parent et associé et que ces fluctuations se déroulent conjointement (littéralement) chez l’un et chez l’autre.

Évidemment, ça n’arrive quasiment jamais.

Il va forcément y avoir fragilité et incertitude quelque part, à un moment ou un autre – infidélité sexuelle, amicale, parentale ou sociale. Et c’est peut-être là qu’on souffre vraiment, que l’on soit l’auteur de ces manquements ou la victime de la tromperie : il y a tellement de portes d’entrée des émotions négatives qu’on ne sait pas vraiment celle qui s’est ouverte.

10- Peut-on cumuler couple légitime et illégitime ?

Est-ce que prendre un/une amant(e) aide à sauver son couple, en allégeant la frustration de vivre avec quelqu’un qui n’est pas parfait et avec qui l’excitation sexuelle est retombée ? Plus on vit ensemble longtemps, plus on risque de se placer dans des situations de ce type. Peut-on alors instaurer et entretenir deux relations parallèles avec des besoins et objectifs différents ?

Comment ne pas céder aux chants des sirènes qui vous font croire que cet homme, ou cette femme, seront mieux pour vous qu’un autre, qu’il se coulera davantage entre vos bras, que sa voix sera plus suave, son charme plus palpable ou son intérêt pour vous plus authentique ?

Pour ceux qui s’y adonnent, une liaison est extrêmement excitante, bouleversante, transformatrice – c’est donner un nouvel élan à sa destinée et une raison de vivre viscérale et tangible. Sans compter l’aspiration sourde à sortir du train-train et du conformisme du milieu de la vie que nous avons si bien mis en place, hommes et femmes.

Mais c’est aussi une sorte d’addiction qui cache mal la misère sentimentale dans laquelle le couple se trouve. La naïveté émotionnelle empêche de percevoir la souffrance de l’autre. Mais sa douleur révèle son attachement à notre égard, donc tout n’est pas perdu.

Vieillir permet à la fois de mieux connaitre et contrôler son corps, tout en cultivant l’empathie et l’appréciation de l’univers émotionnel de son conjoint. Oui, tandis que l’on vieillit, notre cœur se bonifie et notre corps s’apaise, ce qui finit par être favorable à la vie conjugale.

11- De l’utilité des rapports extra-conjugaux

On peut aussi rationnaliser les rapports sexuels illégitimes, comme l’ont fait les baby-boomers dans la foulée de mai 1968 : un seul conjoint ne peut pas tout apporter dans la vie, surtout pendant 5 ou 6 décennies de vie commune. Après tout il est parfaitement admis, et encouragé, que d’autres personnes nous apportent une stimulation profonde, intellectuelle ou amicale… alors pourquoi pas sexuelle, surtout si elle est temporaire et qu’elle permet de se débarrasser de la frustration existentielle et/ou physique que l’on ressent fatalement ? (Lisez ici mon article sur la lassitude dans le couple).

Ne vaut-il pas mieux avoir quelques aventures extra-conjugales que de divorcer et de remettre en question toute une construction familiale miraculeusement encore debout ? En plaçant de surcroit la mère de ses enfants (et les enfants eux-mêmes) dans une situation sociale détériorée ? Est-ce que de reproduire ce schéma insatisfaisant avec une éventuelle deuxième ou une troisième concubine/épouse en vaut la chandelle ?

Les vertus soporifiques de la prévisibilité conjugale, du cumul des non-dits et du poids de la routine se heurtent à la conjugaison détonante du désir sexuel, du besoin de transgression et de la magie de la rencontre.

N’oublions pas non plus l’intérêt de la validation sociale de la sexualité. Par exemple chez les hommes (enfin, chez certains). Entretenir le désir, cumuler les conquêtes et découcher, c’est (se) prouver qu’on est un homme normal et intégré, un homme qui se conforme aux références collectives, à la fois exprimées et implicites.

Et par conséquent côté féminin, avoir épousé un tel homme et s’accommoder de ses infidélités en minimisant sa propre souffrance, n’est-ce pas être une « vraie » femme… même si on déteste cette idée dévalorisante et stéréotypée ?

12 – Les femmes quinquas utilisent l’infidélité pour rebondir

A l’inverse, démontrer sa liberté extra-conjugale peut aussi devenir un outil de communication. Cela permettrait aux femmes de prouver à leur conjoint que le couple a besoin d’un coup de boost, d’une remise à jour. La tension génère l’explicitation conjugale : renouveler le contrat, repartir de plus belle – réaffirmer que l’on n’est ni transparente ni naïve et que pour nous garder, il faut le vouloir !

On est passé d’un adultère où le fatalisme (« on n’y peut rien », « ça fait partie de la vie », « ça va bien finir par passer ») s’estompe au profit d’un rapport de forces plus frontal. Les femmes ont beaucoup moins à craindre de tromper, puisqu’elles peuvent financièrement se libérer si elles le souhaitent. Mais ce qui n’est pas nécessairement leur objectif.

Leur objectif, c’est de rééquilibrer les pouvoirs et de recoordonner les réalités. Notamment celle qui affligent les quinquas que nous sommes : ménopause, départ des enfants (et des parents), renouveau ou mise à l’écart professionnels, vieillissement. Et cet ineffable « besoin d’autre chose » qui nous envahit parfois et qui nous pousse vers l’ailleurs.

Et c’est là le plus intéressant, concernant ce sujet tellement troublant de l’infidélité :

13- Une liaison est un signe que notre couple se trouve à un tournant

Si le divorce exprime la volonté d’une rupture et d’une séparation définitive, l’adultère joue seulement le rôle de lanceur d’alerte. Attention, fragile. Quelque chose nous échappe. Quelque chose de physique et d’émotionnel. Quelque chose de secret. Un échange loin de nos bras – un échange puissant, risqué, dangereux.

L’infidélité, c’est une piqure de rappel qui fait très mal, mais c’est aussi un vaccin à long terme. Quand il fonctionne. Ce quitte ou double conjugal est oppressant, mais il n’est pas inutile. Quelle phase de la vie commune a été aussi marquante pour une femme et un homme, longtemps après celle de la découverte de l’intimité sensuelle puis celle de la naissance des enfants ?

Dans le meilleur des cas, elle renforce les choix conjugaux de départ en diminuant la frustration occasionnée, quasi inéluctable : c’est donc une solution efficace, mais pour un couple mature, solide et évolutif, qui sait accorder de la liberté à l’Autre sans craindre son départ définitif.

L’infidélité de l’un ou de l’autre va remettre le couple dans une sorte de lessiveuse maritale. On peut en sortir en lambeaux, mais on peut aussi en émerger pimpants, rafraichis, parés pour une seconde jeunesse. A vous de voir.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

Ces autres articles du blog vont vous intéresser

Et vous, tromper son conjoint, ça vous dit quoi ?

Racontez-nous votre expérience dans les commentaires pour que tout le monde s’en enrichisse.


    6 replies to "Tromper son conjoint, ça fait du bien ou ça fait du mal ?"

    • Dominique

      Merci pour ces analyses très intéressantes et intelligentes
      Cela nous amène à réfléchir autrement
      Bien à vous
      Dominique

      • Véronique

        Merci Dominique ! Proposer de réfléchir autrement, oui, j’adore le faire, et nous en avons drôlement besoin tant nos vies et nos médias sont envahies par les clichés…

    • Christine Bodineau

      Bonjour, bonjour, j’aime beaucoup la description du couple autour des fonctions : sexuelle, amicale, parentale ou sociale et j’aime beaucoup l’idée (et j’y crois) que « tandis que l’on vieillit, notre cœur se bonifie ».
      Pour ce qui est de la tentation d’infidélité, c’est sûr qu’elle doit interroger car je suis convaincue depuis longtemps que tant qu’on est amoureuse de son conjoint, on est « protégé » de tomber amoureuse de quelqu’un d’autre, c’est comme si on émettait des signaux qui indiquent aux autres que ça ne prendra pas, ce n’est pas la peine d’approcher en gros 🙂 Et c’est plutôt rassurant que si le couple marche bien, qu’on est toujours amoureuse de notre conjoint, ça protège des rencontres de hasard qu’on pense ne pas avoir voulues et auxquelles il serait difficile de résister.
      Merci Véronique pour toutes ces réflexions / observations !

      • Véronique

        Merci Christine ! C’est tout à fait vrai, que l’on est protégée en étant amoureuse, protégée d’être attirée et protégée d’être attirante. Je me demande si les animaux font de même. La longueur du temps ne finit pas toujours par atténuer ce lien si spécial entre deux personnes. Mais si cela se produisait, ça n’est pas la fin du monde après tout. Il y a tant de femmes qui ne sont plus amoureuses, c’est quelque chose qui leur manque, une sorte de vide physique. Comme on est bizarrement faites, nous les humaines, tantôt amoureuses et tantôt pas...

    • christelle

      Bonjour,
      Je voudrais vous exposer ce que je vis pour l’instant.
      Je viens d’avoir 49 ans. Je suis mariée depuis 30 ans et j’ai 3 enfants. Comme tous les couples, nous avons vécus des hauts et des bas mais jamais de séparation et jamais d’infidélité.
      Sexuellement, je n’ai connus que mon époux.
      Il y a un mois, j’ai fais la connaissance d’un homme 10 ans plus jeune que moi. Depuis ce temps, nous conversons par messages. Il m’a clairement fait savoir que je lui plaisais et qu’il voulait aller plus loin. Au début, j’ai été clair avec lui, en lui expliquant que j’étais mariée et que cela n’irait pas plus loin. De fil en aiguille, il m’envoyait des messages assez chaud et érotique ainsi que des photos et des vidéos de lui. Je me suis prise au jeu et j’avoue que cela me plaisais beaucoup 🙂 Nous avons déjà essayé de fixer un rdv pour prendre un verre mais nos agendas ne sont jamais compatible. J’aimerais passer à l’acte mais je suis encore hésitante. Je ne chercher pas à avoir une relation à long terme mais juste l’acte sexuel une fois 🙂 Je pense que je veux connaître autre chose que les relations que j’ai avec mon mari. Des conseils??? Dois-je franchir le pas et passer à autre chose ou est-ce un risque? Merci pour vos conseils. Bonne journée.

      • Véronique

        Merci pour votre franchise, Christelle. Il est très difficile de répondre à ce genre de questions, tant la sexualité est une histoire très personnelle et relève de la confidentialité et de l’intime. C’est donc à vous seule de prendre la décision, et donc d’assumer les risques : celui de blesser votre mari, de vous livrer à un quasi inconnu, de vous lancer dans une aventure pas si passagère que ça impliquant un changement de vie. Celui aussi bien sûr de passer à côté d’une expérience qui vous appelle et de trouver la respiration nécessaire pour poursuivre votre vie conjugale actuelle. Je comprends votre hésitation et votre sensation de partage, mais c’est à vous seule de choisir la vie que vous êtes prête à mener. Bonne chance à vous !

Leave a Reply

Your email address will not be published.