Les pères d’ado ou de grands enfants manquent souvent à l’appel

La place du père est un vaste sujet de préoccupation pour nous les mères. Que les enfants soient petits, ados ou déjà partis. Les papas peu impliqués, carrément absents ou trop autoritaires, c’est un des premiers sujets que vous évoquez avec moi : est-ce qu’ils les aiment, est-ce qu’il passe du temps avec eux, seuls ? Sans oublier, bien sûr, son apport financier : est-ce qu’il paie son dû ?

L’inquiétude peut s’amplifier quand les enfants grandissent et que l’on réalise que l’on peut se retrouver solitaire aux commandes d’un navire à la dérive. Les ados ont besoin de structure… mais les pères ne veulent pas forcément en donner.

On a l’impression qu’il faut les éduquer, tout bêtement, leur expliquer leur rôle, et que si on n’est pas là, ils vont purement et simplement ignorer leur progéniture. C’est fou comme nous considérons que c’est notre rôle de guider nos enfants ET leur père, même si on s’en défend.

Pourtant un doute s’installe : et s’ils avaient raison quelque part ?

1- Les avantages d’être père

Typiquement, un père n’a pas à être présent instant par instant, pour gérer le calendrier. Il se s’implique pas dans ces détails frustrants et énervants qui provoquent de menus conflits et ajustements continuels en famille. Oui, l’autorité des mères se dilue dans l’activité quotidienne. L’autorité des pères a donc logiquement plus de poids, puisqu’ils interviennent moins souvent. C’est un grand bénéfice, qui agit directement sur leur ego (ils ont l’impression qu’ils sont plus efficaces, alors qu’ils interviennent moins).

Avec leur voix plus basse, leur parole est plus écoutée. Ils ont tendance à moins poser de questions, à affirmer davantage leurs positions. Ils se placent en position de repère, de guide (on ne fait pas ça ! que veut-tu faire dans la vie ?) alors que les femmes ont tendance à assumer le back office et le travail ingrat (est-ce que tu as fini tes devoirs ?).

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Frustration ultime : s’il tape du poing sur la table, les ados obéissent plus souvent que si c’est nous qui le faisons.

Encore faut-il qu’ils veuillent bien assumer l’ordre et l’autorité, ça n’est jamais gagné. C’est le problème principal des femmes seules (ou mal accompagnées), qui se retrouvent à assumer en même temps la « petite discipline quotidienne » et la « grande autorité stratégique »…

2- Les risques de l’éloignement

Un père qui ne vit plus avec sa famille devient immédiatement un « problème ». Il est tentant, et fréquent, de ne plus faire confiance à cet homme que l’on a aimé mais qui nous a déçu, voire trahi : comme il nous a fait du mal, il va forcément faire du mal aux enfants. On déteste ses manières de s’y prendre avec eux, ils en font trop, ils n’en font pas assez, ils font tout mal.

On ne peut pas compter dessus pour nous aider dans la cohésion familiale (financière, mais aussi émotionnelle), donc on veut les influencer pour qu’ils soient de « vrais » pères. Au fond, est-ce que l’on sépare parce qu’ils étaient des conjoints nuls ou parce qu’ils étaient des pères nuls ? A vous écouter, le deuxième cas est beaucoup plus souvent fréquent.

La conviction qu’ils donnent un mauvais exemple à notre progéniture, qu’ils ne sont pas à la hauteur de nos aspirations en tant que rôle-modèle, qu’ils sont effacés, distants, compte largement autant que nos mauvaises relations d’adultes en couple. En réalité, c’est parce qu’on est déçue de leur position en tant que père que l’on va se détacher d’eux en tant que conjoint.

Il faut dire que l’on a beaucoup d’ambition concernant le rôle parental, le notre et le leur. Mais eux fuient. Enfin c’est ce que l’on croit. La séparation est non seulement celle du couple, mais devient celle de la famille toute entière.

3- Les enjeux de la parentalité

Le rejet d’un père devant ses enfants est cruel, et cette perspective nous affole, car on sait qu’elle les affectera une bonne partie de leur vie. Quelle douleur de ne pas être considéré, ou mal, par celui qui nous conçu ! Mais peut-on obliger un père à aimer ses enfants ? C’est là un vrai casse-tête, qui désole beaucoup des mères que nous sommes…

Du coup, on a tendance a tout prendre en charge. A lire, cet intéressant article intitulé La place du père dans les familles : « Certaines mères affichent des comportements qui contrecarrent l’engagement des pères en « occupant » seules l’espace parental et en assumant l’entière responsabilité de l’éducation de l’enfant ». Certes, nos enfants font de nous une mère… mais leur père nous influencent tout autant, en tous les cas les relations que nous entretenons avec eux.

Et s’ils avaient raison d’agir comme ils le font ? Et si leur comportement était légitime, en réponse à ce qu’ils perçoivent comme une forme d’attaque ou de dénigrement de notre part ? C’est une question qui peut hanter les mères. Pourquoi nous considérons-nous toute puissante dans l’éducation de nos enfants, j’allais dire supérieure ? Certes on en a la responsabilité quotidienne implicite, donc forcément on doit être plus compétente quelque part, pensons-nous.

C’est un vrai débat inter-parental, qui a intérêt à être réalisé devant un tiers, médiateur. Je sais, vous me dites qu’ils ne veulent pas s’y rendre. Mais si vous avez de l’énergie, mieux vaut la mettre dans cette recherche de conciliation plutôt que dans la gestion d’une crise ouverte et infinie. Investissez dans la résolution du conflit, c’est vital… pour vos enfants.

4- Les grandes catégories de pères

1- Le père idéal

Il est souvent le père officiel, toujours le père officieux : ça n’est pas forcément celui qui était présent pour la naissance, mais il fait comme si. Il aime et il s’intéresse à vos enfants. Quelle belle qualité ! Il n’en abuse pas, quel que soit l’abus. Il les respecte, et il grandit avec eux, tranquillement mais surement. Il est là et bien là, et il apporte  chacun des enfants un cadre sur-mesure, à la fois ferme et souple, rassurant et constructif, présent et distant, que personne d’autre ne pourrait mettre en place. Qu’est-ce que vous en rêvez ! Et il existe bel et bien, lorsque lui, et nous, le décidons.

2- le papa poule

Il adore s’occuper des petits et des grands. Il aurait aimé être une maman (et vous un papa ?). Il fait aussi la cuisine, repasse très bien, comprends les problèmes, écoute de tous ses yeux et de toutes ses oreilles. Il sait prendre la bonne distance instinctivement (ou grâce à une grande pratique).

Il surprotège un peu/beaucoup, il s’inquiète pour un rien, au fond il ne veut pas que les enfants quittent le foyer. Quand un changement se produit, c’est lui qui est le premier au courant : il a gagné leur confiance, même pour les plus âgés, car il est toujours dispo mentalement. Il règle des tas de détails sans vous en parler, et ça vous énerve. Parfois, ça vous heurte.

En fait, il n’a pas vraiment besoin de vous, vous le voyez bien, et la mère que vous êtes peut se sentir mal à l’aise.

3- Le père ignare

Il n’y connait rien, il n’a rien vu venir, il ne savait pas, il n’est pas concerné, ça ne lui est jamais arrivé à lui, il n’a jamais entendu parler de ça. Comment est-ce que « tout ça » a bien pu arriver ? D’ailleurs « tout ça » est un faux problème que vous êtes bien la seule à percevoir. Et que vous sur-interprétez.

Il est dépassé, et ça n’est pas demain la veille qu’il va s’investir.

4- Le père prof

C’est le contraire. Il explique tout, il décortique tout, il anticipe tout, il analyse tout, il trouve des tas de solutions à leurs problèmes réels ou supposés. Ii utilise continuellement un savant système très scolaire de notes, de critiques et occasionnellement de félicitations. Il balise un parcours grandiose à ses enfants-héros. Il vit à travers eux, et un jour ou l’autre, ça pourrait bien finir par les étouffer.

5- le père gourou

Il ne voudrait pas que sa fille choisisse un homme différent de lui. Il prend son rôle très au sérieux, de chef de famille, de responsable, de décideur. En cas de soucis, il tranche dans le vif. Il a des valeurs, claires nettes et précises, qui sont basées sur la tradition familiale (n’importe laquelle : de la plus réactionnaire à la plus révolutionnaire). Il est fiable, à défaut d’être tendre, et ne cherche pas à ce que ses enfants s’adaptent ou s’épanouissent : ils doivent s’approprier ses principes à lui, car ils sont faits pour s’intégrer dans la société telle qu’il la conçoit.

Si sa mission échoue, il le vit très mal.

6- le père conjoint

Ce père-là prend surtout en compte les besoins de son alter-ego, sa compagne. Qu’elle soit ou ne soit pas la mère de ses enfants, il en est très proche affectivement. Son couple vient avant le reste, y compris les autres humains de la famille, et il leur fait comprendre. A ce propos, n’oublions-pas que ce que les femmes recherchent, de très loin, c’est la gentillesse. Celui-là sait en donner.

7- le père volage

Ses entrainements de judo, ses copains (ses copines ?) du conseil municipal, ses réunions diverses … il n’a pas le temps de s’occuper de sa famille. Ses enfants sont grands, ils peuvent se débrouiller seuls. Il a changé les couches le weekend quand étaient petits, il les a emmenés à la crèche, il a surveillé les devoirs, maintenant il les laisse avancer (ou reculer, ou stagner) sans intervention. Il ne pose pas beaucoup de questions, il ne donne ni avis, ni conseil.

Il est volontairement indifférent et se mêle le moins possible de leur vie – peut-être pour éviter qu’ils ne se mêlent de la sienne ?

8- Et le grand gagnant : le père absent !

  • Il oublie ses enfants ? Pas vraiment, mais le pauvre, il est débordé, et ses enfants d’un autre lit (ou son boulot, ou sa nouvelle compagne) le réclament à corps et à cris. Essayez de se mettre à sa place, pour une fois !
  • Il est trop sensible, c’est un opprimé, c’est aux autres de prendre soin de lui. Il est dépassé par les gosses, de toutes façons. Il est nul. Il se voit comme un raté – et pour une fois, vous êtes bien d’accord avec lui.
  • Il est malheureux et sans ressources. Il est riche et pingre. Il a un problème avec l’argent : il n’aime pas payer pour un être qui n’habite pas avec lui et qu’il ne peut pas contrôler (et qui ne lui rapporte rien ?). Les enfants n’ont pas besoin d’un manteau chaque hiver, ni d’aller en camp de vacances, et certainement pas de faire des études qui ne mènent nulle part – payantes de surcroit. Parfois, il va mettre la main à la poche, il a sa fierté – mais surtout qu’on ne lui demande pas d’entretenir des liens personnels. De toutes façons vous passez votre temps à lui casser du sucre sur le dos, du coup son fils est devenu un étranger. C’est de votre faute.
  • Il ment, il esquive. Il est convaincu que vous l’avez soudoyé pour lui faire des petits dans le dos : maintenant, démerdez-vous. Il ne veut pas que vous commandiez, mais il ne veut pas le faire non plus. Il ne veut pas vous aider. Oui, vous. Vous n’aurez pas un sou, ni un coup de main, car c’est vous qui l’avez arnaqué. Et puis vous êtes hyper exigeante, vous voulez beaucoup trop pour vos enfants. Lui n’avait rien demandé, il ne voulait que sa petite vie pépère.
  • Il n’est pas là quand on a besoin de lui. Il ne veut pas être dispo seulement quand on a besoin de lui. Il veut être dispo quand ça l’arrange, lui. Bref : il n’est pas à vos ordres. Ni à ceux de ses enfants.
  • Il ne veut plus être père, ça ne l’intéresse plus. Hop, c’est fini.
  • Il est mort.
  • Ou pire : évanoui dans la nature, sans laisser de traces…

Lisez aussi mon grand article sur Les transformations affectives de la société contemporaine

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, quelle expérience « du père » avez-vous ?

Racontez-nous, partagez vos idées dans les commentaires pour que tout le monde y gagne au quotidien.


    2 replies to "Quelle place pour le père quand les enfants grandissent ?"

    • DESHAYES Marie Josée

      Bonjour Véronique, j’ai beaucoup aimé votre article, il m’a tant touchée que j’ai porté longtemps en moi ce que j’avais envie d’écrire en commentaire. Le père est essentiel, et même s’il est absent, décédé ou parti définitivement, sa présence dans l’esprit des enfants leur permet de se construire par rapport à lui. Je vois beaucoup de femmes qui bien que mariées ou en couple, sont en fait avec leurs enfants. Il y a un grand travail de prise de conscience à faire de la part des pères de l’importance de leur rôle aussi bien auprès de leur compagne, que de leurs enfants. Il est lourd le travail des mamans, leur charge mentale, toutes leurs responsabilités. Bien souvent, tout repose sur elles, que le père soit là ou pas. C’est sans doute toute une question de société. Merci pour votre travail, toujours bienveillant, aidant, plein de délicatesse et d’intelligence.

      • Véronique

        Merci beaucoup Marie-Josée. En discutant, j’ai pris conscience que la place du père est une question assez nouvelle. De plus, on en parle pour les petits enfants, rarement lorsqu’ils grandissent. Pourtant ils sont de vrais modèles, que ce soit pour les filles que pour les garçons, et l’image qu’ils projettent est fondamentale pour une intégration facilitée dans la société en général, et dans le monde du travail en particulier. Un père absent, c’est littéralement l’absence d’un modèle d’autorité et de réalisation professionnelle (même s’ils ne sont pas que ça, évidemment). Quel travail les mères doivent faire derrière pour rattraper les manques !

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