Conjurer la panique : l’espoir et le réchauffement climatique

Réchauffement climatique et espoir, rien ne semble plus éloigné. Pour nous les cinquantenaires qui avons déjà travaillé des dizaines d’années et élevé des enfants, la cacophonie sur le réchauffement et la transformation de la planète est douloureuse. On a directement contribué à construire la société d’aujourd’hui, souvent avec fierté. Et on continue à le faire vu qu’on n’est pas à la retraite. Mais on doit changer de méthode. Reconsidérer nos savoirs et nos acquis.

Quand on est jeune, on parle d’adaptation, étant donné qu’on est toujours en développement. Mais quand on vieillit, que l’on a passé un temps fou à sécuriser des routines et des rituels, l’adaptation prend des proportions bien plus féroces : on passe au stade du changement, et même à la rupture.

De plus, nous sommes encore, pour la plupart, dans le monde « productif ». Pas comme les boomers qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer quand il s’agit du dérèglement du climat, car la plupart ont disparu des écrans radars du cercle professionnel. Nous, on se sent déchirées. On s’est fait avoir. On a été de bonnes citoyennes, matérialistes et pressées pour obéir à la pression sociale… participant ainsi à la remontée des températures, au gaspillage des ressources et à l’altération des cycles naturels.

Après des décennies de boulot, il faut revoir notre copie. Et si on n’avait pas été assez efficace, et si on s’est laissé aveugler ?

Faisons le point et identifions les raisons d’espérer. Et faisons attention à ne pas se laisser entrainer dans la compétition qui couve, consistant à devenir celle qui en fait le plus, qui est la plus vertueuse, la plus impliquée, la plus militante, la plus « pure », … la plus angoissée.

1- On s’était pourtant bien instruites sur le sujet

On a élevé des enfants ayant une vraie connaissance du tri des déchets, des pesticides, des énergies alternatives et de l’empreinte carbone. Je ne connais absolument personne aujourd’hui qui refuse de protéger la nature, qui n’ait pas conscience de la « sagesse de la terre » ni des liens intrinsèques entre l’écologie et l’Homme. C’est totalement entré dans notre patrimoine et notre mode de vie.

Mais depuis peu (la fin des confinements ?) le niveau d’alerte est passé au stade supérieur. L’éradication partielle, voire totale, du monde du vivant (faune, flore, humains) ou le déménagement de ces populations sur notre planète (ou une autre), ce sont des dangers… presque trop grands pour être vraiment envisagés. On est dépassées.

Nous avions « bien » commencé, avec des outils pragmatiques, maniables, mesurables. Et là on se retrouve avec une menace de catastrophe globale, qui nous inspire beaucoup plus de peur du futur que de désir de se mettre au travail. Cette succession de dangers assénés à longueur de journée et ces chiffres qui ne cessent d’être revus à la baisse (ou à la hausse – en tous les cas dans le mauvais sens) engendrent une paranoïa galopante. Qui pourrait bien devenir contreproductive.

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La folie des températures, les migrations des espèces (y compris la nôtre), l’épuisement des ressources minières… tout ça c’est beaucoup trop pour notre petite tête et pour notre grand cœur. Et je ne parle pas de la guerre à nos frontières, du complotisme, de la razzia sur nos données personnelles, des cosmétiques cancérigènes ni de la hausse des prix. Car tout est imbriqué, non ? D’ailleurs nos enfants ne sont pas fous, qui nous répètent qu’ils ne veulent pas se reproduire. N’auraient-ils pas raison de baisser les bras par avance ?

Désormais, tout est potentiellement dangereux, au moins dans nos esprits impressionnables et malléables. Le plus anodin de nos gestes amplifie l’enrayement d’un système planétaire déjà bien pourri. L’organisation humaine fonctionne à l’envers, elle est devenue bien plus performante en destruction qu’en construction. Adieu nos chères utopies du passé, rêves de croissance, de progrès, de culture et de fraternité. On est au XXIème siècle, vive les pandémies et les inondations.

En vrai, on ne sait pas imaginer un statu quo, ni un équilibre. On pense croissance ou décroissance, avancée ou recul, avenir ou passé. On est un peu bipolaire quand il s’agit de notre planète chérie. On cauchemarde à l’ancienne, les mains dans un cambouis qui déborde. Le ciel nous tombe sur la tête – au moins c’est simple, c’est clair et c’est limpide.

2- Regardons où sont les pistes potentielles

Trois pistes de réaction se dégagent de cette atmosphère irrespirable, en tous les cas de mon point de vue :

  1. S’abreuver de pensée positive pour nous forger la carapace qui nous manque : développement personnel, soin de soi. Un salutaire plongeon dans la spiritualité, au cas où il resterait des forces inconnues capables de nous secourir plutôt que de nous couler. C’est le repli sur soi, en espérant y trouver une force divine.
  2. Se former à l’intelligence artificielle, pour fabriquer des systèmes énergétiques, agricoles ou sociaux qui nous protègent plus vite que la planète ne s’effondre. A défaut, nous téléporter sur Mars. C’est la confiance dans la science, même si elle a contribué à nous faire sombrer.
  3. Faire le décompte de notre propre expérience, savoir-faire et bon sens, et apporter notre (minuscule) pierre à l’édifice mondial. Pas à pas. Au cas par cas. Solidairement, judicieusement, efficacement. C’est la stratégie de la mère de famille, qui n’est pas dupe mais qui ne se décourage jamais.

On a besoin des trois méthodes, à dose différente selon notre personnalié. Nous les mères, on est les reines du cas par cas. On sait bien qu’il y a autant personnalités qu’il y a d’enfants, et donc de façons de faire. Mais aussi que tous ces enfants mis ensemble forment des communautés plus ou moins cohérentes, immanquablement. On sait fabriquer les matriochkas, ces poupées russes qui s’emboitent les unes dans les autres, mais qui tiennent aussi debout individuellement. 

Imaginez une planète oignon que l’on dépiauterait et que l’on repiauterait couche après couche, anneau après anneau. Un bulbe humain, qui s’ouvrirait ou se fermerait selon la nécessité et l’air du temps. On formerait des enfants extensibles. Et nous-mêmes le serions.

On aurait davantage conscience de notre propre potentiel, et de ce que l’on apporterait à la société, quelle que soit la taille du groupe que l’on rejoint. N’est-ce pas ce qui nous gêne le plus, dans tout ce drame environnemental : ne pas connaitre l’échelle de notre impact à un temps T ? 

3- Basons-nous sur des informations fiables

Nous avons besoin de relativiser, et de nous replacer dans notre propre espace-temps.

Pour cela, je vous recommande la lecture de cet excellent article du New York Times. David Wallace-Wells récapitule l’ensemble de ce qui a déjà été inventé, des progrès qui ont été réalisés alors que tous les clignotants étaient au rouge il y a 5 ou 10 ans. Il décrit par le menu les innovations techniques et les changements qui seront forcément mis en œuvre. Oui, le monde du vivant s’adaptera, de gré ou de force et même s’il y a des dégâts. 

Cet article du Monde/les décodeurs (datant de 2019) montre en graphiques les sources du réchauffement en France. A notre place de citoyenne et sur le plan domestique. Il s’agit avant tout de limiter l’utilisation de la voiture individuelle et la consommation de produits animaux… mais chacune peut trouver l’endroit où elle peut/veut agir. Enfin cet article-là récapitule les relations entre empreinte carbone et réchauffement climatique, en particulier sur le plan alimentaire.

Celles qui ne supportent pas l’envolée du thermomètre peuvent aussi carrément déménager : l’Europe, riche, peuplée et grande consommatrice d’énergies fossiles, est de loin le continent où les températures ont (et vont encore) le plus grimpé depuis 30 ans. Mais les émissions de gaz à effet de serre baissent. Oui, les politiques mises en oeuvre fonctionnent et conservent encore des marges de progrès, car tous les secteurs économiques ne sont pas encore performants sur le plan climatique.

Malgré nos doutes, on est plus inventives, plus résiliantes que ce qu’on imagine. Des pans entiers de l’industrie se transforment, plus vite que prévu. Reste évidemment à agir dans les zones les plus énergivores et polluées, dans les mégapoles asiatiques par exemple, et là l’arsenal politique et diplomatique se déploie, et pourrait un jour s’avérer performant. 

Les outils et leur utilisation créent les civilisations. Ceux que nous sommes en train de fabriquer changeront le cours de l’histoire, mais on peut parier qu’ils n’y mettront pas fin.

4- Le réchauffement climatique n’empêche pas d’espérer

Je fais un parallèle avec l’éducation. Beaucoup de parents tremblent à l’idée de ne pas pouvoir élever leurs jeunes enfants (dans les deux sens : les hisser vers le haut et les éduquer). Le monde de demain sera plus cruel, injuste, difficile que celui d’aujourd’hui, croit-on. Pourtant, la grande majorité se débrouille. Certains ont des objectifs à long terme, beaucoup n’en ont pas… et ça ne les empêche pas de réussir, ou en tous les cas de ne pas échouer. 

La société s’organise cahin-caha, l’entraide fonctionne, le quotidien se déploie jour après jour et fini par produire des effets logiques, cumulatifs, que pourtant on n’aurait jamais prédit. 

C’est normal : notre imagination personnelle est trop petite, on ne connait pas les rêves ou les capacités des autres, on ne perçoit que ce que l’on peut produire, nous et notre entourage. Alors qu’il faudrait se placer dans la tête d’une communauté, d’une nation, d’une humanité tout entière. 

C’est ce qu’il y a d’intéressant dans le phénomène du réchauffement climatique : tant de cerveaux s’associent pour atteindre un degré supérieur d’intelligence collective ! On a rarement l’occasion de voir se répandre un effort sur une si grande échelle (on le voit typiquement en temps de guerre).

Jour après jour, on fabrique l’avenir, même si on ne voit pas le résultat immédiatement. C’est comme lorsqu’on construit une maison : on craint de ne pas aller assez vite, de manquer de financement ou de ciment. On est certaine que les ouvriers vont trainer des pieds, que les prix vont grimper et les retards s’accumuler. Et effectivement, ça risque bien de se produire : plus un chantier nécessite d’intervenants, plus les complications ne manquent pas d’apparaitre.

4- Malgré nous, les choses avancent et le progrès aussi

Mais regardons d’un autre œil la situation pendant un instant. Observons ces murs qui se dessinent, ce toit qui miraculeusement tient debout, ces canalisations qui serpentent, ces buissons qui sont plantés et qui poussent tous seuls. Finalement même si la maison ne devient pas ce qu’on avait prévu, même si ça prend plus de temps, même si ça coute plus cher, même si une partie reste en friches, on l’utilisera quand même. 

On la fera nôtre. 
Elle s’adaptera à nos possibilités matérielles et à notre style. 
Et nous on s’adaptera à son volume et à son emplacement. 
Cette maison biscornue et imparfaite, elle deviendra notre nid : ça sera chez nous malgré tout, et on l’aimera telle qu’elle est.

Les catastrophes qui détruisent tout sont finalement assez rares si l’on regarde l’Histoire de notre gros caillou. Nous, les humaines, sommes un peu comme les mauvaises herbes : on s’accroche. La vie nous démange. Et elle démange aussi les autres espèces.

On travaille, on persiste, on meurt… et on laisse la place aux suivants, qui poursuivront cette œuvre éclectique, protéiforme et continuellement en travaux : la vie sur terre. L’avenir n’est pas concentré sur nos deux épaules, il est universel et il est sans fin. Et les autres espèces y contribuent pour leur part.

La crainte du réchauffement climatique qui nous étreint est normale, mais elle ne peut pas nous empêcher d’avancer.
Oui, on a le droit d’être joyeuse et sereine, d’ailleurs il vaut mieux l’être si l’on veut poursuivre ! La peur qui paralyse, ça n’est bon pour personne. 

Nous les quinquas et les mères pouvons le rappeler à ceux qui nous entourent :

  • Mieux vaut avancer que pleurer sur son sort,
  • Mieux vaut retrousser ses manches que propager ses doutes,
  • Mieux vaut participer au gigantesque chantier… que de se terrer dans son petit jardin en attendant la fin du monde.

Je relis cet article quelques mois après l’avoir écrit, et je constate que les chiffres concernant la hausse des températures ne cessent de monter… mais que les solutions techniques ne cessent de se multiplier. Décidément, cette crise mondiale tue autant qu’elle créée ; le monde est douloureux, il est aussi résilient. Je vous reparlerai de ce sujet bientôt, bien entendu. Les conséquences du réchauffement climatique vont bien finir par susciter de l’espoir d’une manière ou d’une autre.

Lisez mes autres articles consacrés aux évolutions générationnelles et sociales : Nouveaux grands-parents, du statut à l’histoire et aussi Pourquoi la retraite ne me tente pas ou encore Jeunes et Seniors, un duo éternellement bancal ? et enfin Les transformations affectives de la société contemporaine

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, comment réagissez-vous devant le réchauffement climatique ?

Quels sont vos espoirs ? Quels sont vos conseils ? Dites-nous tout dans les commentaires !


    2 replies to "Réchauffement climatique, les quinquas entre crise et espoir"

    • SophieG

      Merci Veronique !
      Il y a des solutions naturelles comme planter des milliers d’arbres afin de créer des puits de fraîcheur, retenir les écoulements d’eau violents, créer du bien être visuel – or on en parle pas assez car finalement c’est simple 😊

      Donc moi je pense que trouver des actions simples est important – et hors technologie consommatrice de ressources naturelles.

      Par exemple apprendre à « cabanner » la journée – un système pour faire baisser de quelques degrés nos espaces d’habitat.
      reprenons ces gestes simples .

      Belle journée!

      • Véronique

        J’aime beaucoup la mise en place d’idées simples, donc accessibles à tous. Et le bien-être visuel, ça m’épate, je n’avais jamais entendu parlé du concept mais c’est tout à fait juste. On pourrait d’ailleurs aussi parler de bien-être auditif, olfactif, etc. Les arbres ont un joli murmure et une tendre odeur, très apaisants tous les deux…

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