Quel projet pour les femmes d’expatriés quand les enfants partent ?

Vous êtes femme d’expatrié et vos enfants quittent le nid ? Il peut s’agir d’une vraie révolution dans votre cas. S’occuper de sa famille, des déménagements et réaménagements, gérer les émotions et les contraintes, ça a été un gros boulot. Maintenant que votre foyer se vide, trouver une nouvelle occupation, un futur intéressant et stimulant peut devenir un vrai challenge.

Le départ des enfants laisse un vide immense quand on vit à l’étranger, surtout si on ne travaille pas. Je suis moi-même dans ce cas. Une fois mon fils au lycée, j’ai appris la rédaction web et travaillé en Freelance. Puis j’ai monté mon blog, précisément pour résoudre cette interrogation : quelle reconversion pour les mères quand les enfants partent ?

Il m’a fallu des mois et des mois pour trouver puis mettre en place mon projet, mais cela valait le coup : je n’ai jamais pratiqué une activité qui me correspondait aussi bien.

Et vous, que faire ? Trouver une activité bénévole ? Changer d’emploi ? Vous reconvertir, pour trouver un job plus en adéquation avec ce que vous êtes devenue, après ces années de déplacements ? Rentrer plus souvent en France pour aider votre famille ?

J’ai étudié toutes les possibilités, quelques années avant que mon fils ne prenne son envol. Et voilà ce que je vous recommande.

1- Comment trouver votre voie ?

Trouver sa voie pour les 10 ou 15 prochaines années, c’est possible, et vous avez vraiment intérêt à le faire. La plupart des gens choisissent plusieurs missions successives au cours de leur vie. Et je ne parle pas que de la profession : le changement de lieu de vie ou de conjoint, la présence ou non des enfants, sont des éléments qui font et défont notre parcours, plusieurs fois.

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1- Qu’est-ce que vous avez pratiqué qui vous a plu ?

Petit retour en arrière. Quand vous aviez 10-11 ans, à quoi rêviez-vous ? A quoi aimiez-vous jouer ? Je me souviens, je faisais des maquettes de maison avec ma meilleure copine. On sciait des murs dans du contreplaqué, et on collait de la tapisserie dessus. J’adorais déjà la déco, mais je ne savais pas que ça pouvait être un métier.

Et j’écrivais. Mon premier « roman », rédigé en 5ème sur un cahier à carreaux, s’intitulait sobrement « Les filles se défendent ». Les filles en question fabriquaient des bombes pour se protéger… des garçons, bien sûr. Et pour bien expliquer mon concept, j’avais ajouté plein de dessins.

On ne se refait pas.

Finalement ma copine est devenue médecin, et de mon côté, après moult turbulences, j’ai choisi la communication.

Alors, vous, que faisiez-vous à cette époque, avec les moyens du bord, sans vous sentir bloquée par le manque de matériel ou d’opportunités ? Ni par l’opinion des autres ?

Remémorez-vous les moments inoubliables de votre vie, ceux où vous avez pu mettre en oeuvre quelque chose qui vous impliquait corps et âme. Et tâchez de comprendre ce qui vous a vraiment plu dans cette activité. Ce que vous avez su résoudre mieux que les autres. Quel problème vous avez dû dépasser, et qui vous a profondément intéressée ?

2- Qu’est-ce que vous n’avez jamais eu l’occasion de faire et qui vous manque ?

En grandissant, on se retrouve parfois dans des circonstances où l’on découvre la lune. Ces situations qui nous étonnent, nous bousculent, nous challengent, et nous font grandir. Mais toutes ne le font pas, et l’expatriation peut aussi dissimuler une porte de prison dorée. Ou rouillée.

L’expérience peut être totalement différente selon l’endroit où l’on se retrouve établie :

  • Dans le quartier financier à New-York,
  • Près des puits de pétrole au Gabon,
  • Dans l’Inde rurale du Kérala,
  • Ou au coeur d’une ville ultra-religieuse du Moyen-Orient.

La solitude peut nous servir, ou pas. La seule proximité d’autres expatriés francophones peut s’avérer réconfortante, ou éprouvante. L’absence de valeurs ou de normes communes est tantôt enrichissante, tantôt insupportable.

De toutes ces expériences que vous avez vécues, quelles sont celles qui vous ont le plus marquées, en positif et en négatif ? Remémorez-vous ces situations. Qu’est-ce que vous n’avez absolument pas pu dépasser sur le plan culturel ? Avez-vous aimé l’aventure, l’indépendance , avez-vous su bâtir un réseau d’amis, sur place ou à distance ? Ces qualités durement acquises seront votre premiers atouts lors d’une reconversion.

2- Comment définir son but à 50 ans et plus ?

1- Où allez-vous habiter ?

Pour vous un réel challenge se dessine : où allez-vous vivre dans les décennies à venir ? Posez-vous la question avant de choisir votre objectif :

  • Certaines resteront dans leur pays d’expatriation actuel. Elles ont appris la langue, se sont fait un réseau, se sentent chez elles. C’est là qu’elles veulent s’investir.
  • D’autres vont encore bouger, le plus longtemps possible, et déménager dans un ou plusieurs nouveaux pays.
  • Pour d’autres, il est inconcevable de ne pas revenir en France, près des parents ou frères et soeurs, même si elles se doutent qu’il est difficile de gommer les expériences diverses vécues à l’étranger, qu’eux n’ont pas eu.
  • Une autre option consiste à suivre les enfants, partis étudier et travailler, dans un pays tiers : Canada, Allemagne, etc.
  • Sans compter celles qui navigueront pendant des années entre leur pays d’origine, celui où leurs enfants sont, et celui où leur conjoint travaille.
  • Et enfin, on voit de plus en plus d’expatriées, ayant déjà passé plusieurs décennies à l’étranger, se choisir une destination « touristique » pour leur retraite, comme le Portugal ou la Thaïlande. Elles sont habituées à s’insérer dans des endroits nouveaux et cela ne leur fait pas peur.

Lisez mes articles sur la cadre de vie après 50 ans : Empty nester : où habiter quand les enfants ne sont plus là ? et encore L’aménagement de la maison quand les enfants partent ou encore Couleur : mieux colorer sa vie et son environnement et enfin De Berlin à Nice, comment dire adieu à la dépression saisonnière

2- Femme d’expatrié, comment voyez-vous votre vie dans 20 ans ?

Dans 20 ans, serez-vous toujours une « femme d’expat », ou voulez-vous développer votre propre identité, distincte de celle de votre conjoint et de votre statut social ?

Se détacher de la position sociale de femme d’expatrié, c’est plus facile à dire qu’à faire.

Si l’on est à l’étranger, c’est entièrement à cause du métier qu’exerce notre conjoint.

Le travail de l’un prend une dimension énorme dans les choix de vie de l’autre. Et il faut adhérer à 100% à la stratégie de l’entreprise qui vous envoie quelque part.

L’autonomie par rapport au travail est très restreinte. Cela est compensé par des revenus plus valorisants, et des conditions matérielles en général (pas toujours) favorables, comme les loyers de la maison pris en charge, etc. Les études au lycée français de la ville (si on a la chance d’habiter dans une capitale ou en Europe) coûtent souvent très cher, et peu d’entre nous auraient mis ce budget dans l’éducation si nous étions restées en France.

Sans parler de la précarité de l’emploi. Les missions durent typiquement de 3 à 5 ans, et il faut partir ailleurs juste au moment où l’on commençait à vraiment s’intégrer. Parfois on part avec soulagement, parfois à contre-coeur. Et parfois il faut rentrer prématurément en France, comme pendant la crise du Covid où de nombreux expatriés ont fait malgré eux un retour à la case départ.

3- Que voulez-vous accomplir sur le plan personnel et sur le plan sociétal ?

C’est une question centrale : que voulez-vous accomplir, résoudre, construire, mettre en place ? Quel est votre objectif tangible ? On sait que la joie et la satisfaction viennent de la démarche plus que du but atteint : une fois son objectif accompli, l’intérêt disparait presque immédiatement.

Les athlètes de haut niveau ont souvent décrit cette sensation. Retrospectivement, bosser avec acharnement jour après jour pour monter sur la plus haute marche du podium est plus satisfaisant que d’y être enfin installée. Car soudainement on n’a plus rien à dépasser : devant le podium, il y a un grand vide.

Mais il faut d’abord avoir un objectif pour mettre en place un processus. Donnez-vous une direction, comme si vous partiez en randonnée à travers une forêt.

Marchez à la boussole, même si il n’y a pas de chemin, ou même si vous devez en changer plusieurs fois, selon l’état du terrain.

3- Voulez-vous être rémunérée ?

1- Prenez conscience de votre différence

Vous qui avez élevé vos enfants et en avez fait une activité à temps plein, vous avez appris beaucoup, et transmis beaucoup :

  • Comprendre l’administration d’un pays tiers,
  • Trouver des écoles, un logement, une voiture, une assurance,
  • Soutenir votre conjoint dans sa nouvelle mission,
  • Bâtir des réseaux, des liens forts,
  • Gérer les multiples émotions liées aux déménagements,
  • Intégrer les cultures différentes, les manières de faire, les langues, la politesse, etc.
  • Jongler entre votre position au loin, et celle de votre famille restée en France,
  • Suivre l’évolution professionnelle de vos amies, alors que vous vous sentez à l’écart, parfois totalement hors circuit,
  • Surmonter les frustrations, les déceptions, les incompréhensions, l’isolement,
  • Rebondir sur des opportunités uniques, que vous n’auriez jamais eu en menant une vie plus monotone en France,
  • Etc.

Vous n’avez pas été rémunérée pour ça, mais maintenant que vos enfants sont grands, vous pourriez mettre votre savoir à contribution.

La situation peut être frustrante, de nombreux témoignages de femmes d’expatriés en font mention. Avant de vous focaliser sur les impossibilités, mesurez ce qui est essentiel pour vous ; placez-vous sur une échelle de temps et d’espace large.

2- L’argent est-il une motivation, et à quelle hauteur ?

C’est une vraie question : voulez-vous être payée ? Est-il important pour vous de gagner votre propre argent ?

Sur le sujet de l’argent dans le couple, lisez mes deux articles : Argent dans le couple : du déséquilibre à l’interdépendance et encore Finances dans le couple : quel équilibre pour les mères ?

Il faut distinguer cette interrogation d’une autre : voulez-vous avoir du pouvoir, des responsabilités, être redevable de résultats devant un tiers ?

Et enfin, réfléchissez à cette 3ème question : voulez-vous animer une équipe, diriger des opérations, organiser des tâches pour d’autres ?

Contrairement aux apparences, ces trois domaines sont distincts :

  • Si vous voulez vous investir pour une cause, quitte à travailler nuit et jour, mais sans être rémunérée, vous aurez beaucoup plus de latitude pour être créative, mais vous aurez aussi moins de pouvoir pour vous faire respecter auprès des « autorités ».
  • Si vous voulez avoir du pouvoir et des responsabilités, il va falloir faire un effort réel de mise en avant. On ne passe pas instantanément de la place du second à chef n°1. Toute votre attitude devra changer.
  • Et si vous voulez animer une équipe, vous devrez donner beaucoup de vous-même pour devenir la référence pour tous. Le respect d’autrui s’acquiert lorsque l’on délivre plus et mieux que les autres.

Bref, être rémunérée après avoir vécu longtemps sans l’être, c’est s’engager auprès de personnes autres que sa famille ; des inconnus, des gens qui ne sont pas ceux que l’on connait bien. C’est stimulant, et c’est aussi stressant.

On n’est pas payée uniquement car l’on fait quelque chose que l’on estime utile, voire indispensable. Mais parce qu’on remplit un service qui est recherché, pour lequel un public va sortir son porte-monnaie.

C’est un changement de perspective que l’on doit faire quand on veut retravailler ou bien changer de carrière. Particulièrement quand on vit à l’étranger, là où les choses sont souvent différentes de nos références.

3- Que savez-vous faire mieux que les autres, que les clients vont acheter ?

Donc pour être rémunérée, en tant que salariée ou en tant qu’indépendante, il faut pouvoir définir votre valeur en fonction des yeux de celui qui vous paye. Croyez-moi, c’est une démarche nouvelle quand on est conjointe d’expatriée, même si on a une palette très riche de connaissances et d’expériences à son actif.

En France, la question ne se posait pas : on cherchait un boulot, comme tout le monde. Mais quand on sort du cadre habituel pour lequel on a été formée, les références extérieures deviennent plus floues, moins bien comprises, et donc les motivations pour agir doivent être plus fortes.

Votre question n’est plus « que puisse-je faire pour aider et être plus efficace », mais qu’est-ce que j’apporte financièrement pour celui qui m’embauche, ou pour mes clients ?

Quels gains vont-ils faire, eux, grâce à mon travail ?

Distinguez-vous concrètement, et déterminez ce que vous faites mieux que les autres, et qu’une personne de votre cible est susceptible d’acheter. Si vous savez répondre à cette question, ou plutôt quand vous saurez le faire, vous aurez trouvé votre future activité.

Définissez l’activité idéale pour vous grâce ces articles : Créer son job quand on est expatriée : 7 pistes qui marchent et aussi Travailler chez soi sur Internet, l’idéal pour les femmes ?

4- Voulez-vous travailler en français ?

1- Femme d’expatrié, réfléchissez en quelle langue vous voulez travailler

Les exemples de reconversion se font typiquement au cas par cas. Impossible d’avoir une méthode qui fonctionne pour toutes. Les pays d’expatriation sont extrêmement différents les uns des autres, certains vous accueilleront à bras ouverts, d’autres non. Voici quelques exemples de femmes qui ont construit une nouvelle activité en utilisant les circonstances.

Mais dans tous les cas, posez-vous la question : voulez-vous travailler en français ? Si c’est le cas, vous devrez :

  • Soit exercer votre métier à distance,
  • Ou vous concentrer sur vos compatriotes vivant sur place (ou en déplacement, dans le cas du tourisme),
  • Ou vendre vos services comme prof, pour enfant ou adultes.

Pour ma part, j’ai choisi de travailler en français. Ça a été une décision forte, alors que pendant des années je ne parlais quasiment qu’anglais. Il est tentant d’employer cette langue, supposée universelle, pour élargir son audience sur Internet, mais en réalité la culture d’origine compte énormément dans les choix de vie.

Utiliser l’anglais pour régler toute sorte de problèmes quotidiens, y compris d’ordre professionnel, c’est facile. Mais l’utiliser pour parler avenir, perspectives, motivations, c’est beaucoup plus ardu. Car nos choix d’avenir reposent aussi beaucoup sur notre éducation et le point de vue de nos compatriotes, même si on aimerait qu’il en soit différemment.

2- Travaillez à distance avec les pays francophones

Le free-lancing est à la mode et a explosé en 2020 avec la pandémie. On peut parier que cette tendance va se poursuivre. Elle permet d’être autonome, de travailler selon son rythme, d’avoir un sentiment de maîtrise sur son activité.

C’est donc l’activité idéale pour les femmes d’expatriées, qui sont souvent très adaptables et capables de s’organiser elles-mêmes.

  • Une condition est de bien maitriser sa spécialité (et donc d’en avoir une) et de se distinguer des autres.
  • Pour cela, se former est souvent nécessaire ; heureusement il existe beaucoup de cours en ligne.
  • Une autre condition est de trouver des clients, de bâtir son réseau. Pour cela il faut de la méthode (également disponible en ligne) et de la persévérance.
  • Vous bénéficierez d’un atout certain si vous êtes sur une autre zone horaire. Quand j’habitais aux USA, j’ai ainsi pu corriger des ouvrages pour un auteur résidant en France. Je travaillais de Chicago, pendant sa nuit à lui. Il pouvait embrayer sur l’écriture dès qu’il recevait mes textes, sans perdre de temps. Ma situation géographique éloignée a donc tourné à mon avantage !

Pour réfléchir plus profondément sur vos motivations et votre raison d’être, regardez-là : Trouver sa raison d’être à 50 ans : la meilleure piste

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe, départ des enfants… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

5- Femme d’expatrié, quand les enfants quittent le nid : le récapitulatif

  1. Réfléchissez à ce que vous voulez accomplir dans la prochaine étape de votre vie, pour les 10 ou 20 prochaines années,
  2. Décidez si vous voulez être rémunérée ou pas,
  3. Pensez à votre langue d’activité, et prenez des cours de langue si nécessaire,
  4. Pensez aussi au lieu : sur place, entre plusieurs endroits, à distance,
  5. Et enfin pensez à la forme de ce que vous voulez faire : travail en autonomie, seule en groupe, intellectuel, manuel, relationnel, etc.
  6. Faites-vous accompagner pout aboutir : c’est la clé qui déclenchera votre futur !

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Et vous qui êtes femme d’expat, que pensez vous faire au départ des enfants ?

Partagez votre expérience et vos stratégies dans les commentaires. Pour que chacune puisse en profiter et bénéficier de votre savoir.


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