Rédactrice web, voici le bilan de ma reconversion

Lorsque j’ai atteint 53 ans, j’ai eu un genre de crise existentielle et je me suis profondément interrogée sur l’avenir. J’avais besoin de faire de nouveaux choix de vie, de passer à autre chose sur le plan professionnel. Je voulais changer de rythme et trouver un nouvel élan qui me tiendrait en forme intellectuelle et financière pour les 10 ou 20 prochaines années.

J’ai choisi de me reconvertir en rédaction web, à 53 ans, en freelance. Ce format me convenait bien, puisque que j’avais travaillé une quinzaine d’années comme responsable de communication, un job qui demande de manier la plume avec aisance.

Il se trouve que j’étais ensuite partie à l’étranger. Et là j’avais nettement diminué ma cadence de travail, mais pas complètement : j’ai poursuivi dans l’édition et l’appui rédactionnel. Lorsque mon fils est devenu lycéen, j’ai voulu repartir de plus belle, et je me suis formée… en ligne, bien sûr.

Je n’étais pas une débutante en rédaction, mais le monde du web est franchement différent du monde « papier ». J’ai dû réapprendre les codes, en particulier la communication avec des personnes qui pourraient être mes enfants, et me débarrasser de mes vieux réflexes. Tout ça a été aussi difficile que de changer complètement de métier.

Je vous raconte ici tout ce que je fais pour me reconvertir, et je vous donne mon avis sur ce secteur très en vogue, qui semble taillé sur mesure pour les quinquas comme vous et moi.

1- Le travail pour une entreprise en utilisant Google

Les rédacteurs web sont les auteurs de la plupart des textes que vous trouvez sur Internet. Ni journalistes, ni écrivains, ils fabriquent les articles de manière à ce qu’ils soient lus. Que ce soit sur des sites d’entreprises, des blogs, et même des sites de grands médias. L’objectif de ces textes est, on s’en doute, de convaincre le lecteur du professionnalisme de l’entreprise et de l’amener in fine vers un produit à acheter, online ou pas.

 Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

La nouveauté, par rapport à une publication traditionnelle, c’est que les articles doivent répondre à une question des lecteurs. Cette question, appelée « mot clé » ou « requête », c’est ce que l’on tape sur son clavier quand on va sur un moteur de recherche. Pour nous répondre de façon sensée, celui-ci ensuite mouline tous les sites qui traitent du sujet. Puis il les classe, les uns en dessous des autres.

Et c’est là le hic. Sur chaque requête écrite sur Google, le premier lien, placé en haut de la liste recevra logiquement beaucoup plus de « clics » (pour ouvrir le lien). Ce qui produit donc une formidable compétition des sites entre eux, et finalement des rédacteurs web entre eux.

La chasse aux clics est redoutable. D’ailleurs, la vraie compétence du rédacteur web n’est pas d’écrire bien, mais de susciter plus de clics. C’est souvent une surprise lorsqu’on s’en rend compte. Réfléchissez-y avant de vous lancer dans une reconversion en rédaction web.

2- La récupération des infos en les orientant client

Rédiger pour le web, c’est « produire du contenu », une expression assez bizarre qui signifie écrire, et souvent réécrire, des textes qui sont commandités par des clients, puis décryptés par les moteurs de recherche et lus par les internautes. Le rédacteur web (enfin, la rédactrice web, car c’est un métier hyper féminisé) est donc une intermédiaire entre l’entreprise, Google et vous, lectrice.

« Produire du contenu », et non pas « délivrer de l’information » peut donner à penser que l’on fabrique du blabla. C’est un peu vrai, et c’est un peu faux. Car l’essentiel du métier consiste à parcourir vous-même le web pour y trouver de quoi faire votre propre article. Le plagiat est banni, et la créativité est plutôt encouragée, à condition que cela plaise au client.

Faire le grand écart entre ces différents interlocuteurs tout en rédigeant vite, bien, sans faute et sans ennuyer celui qui a les yeux rivés sur son écran… et bien ça n’est pas si simple que cela. Oui, la vitesse compte, dans ce métier, car on est souvent rémunérée au mot. Et comme le nombre de mots est choisi par le client, on peut avoir l’impression de faire du remplissage, ou de se répéter.

Tout cela nécessite de garder sa curiosité intacte, que l’on parle de vis et de boulons ou de locations de voitures. A longueur de textes. Ça peut devenir un vrai défi. C’est la partie la plus ardue : écrire sur un sujet qui ne nous intéresse pas. Mais on apprend toujours de ses difficultés, et au bout d’un moment on fini par trouver le bon angle, et à se mettre à la place des internautes, aussi variés soient-ils.

3- La nouvelle ère, avec ChatGTP et l’intelligence artificielle

J’ai réalisé ma reconversion juste avant la vague paralysante du Covid. La rédaction web et tous les secteurs en ligne ont ensuite explosé, grâce ou à cause de l’impossibilité de se déplacer. On peut dire que la pandémie a permis au monde entier de réaliser à quel point le travail à distance était au niveau techniquement (par contre les relations sociales en ont drôlement souffert).

Depuis, Chat GTP a fait son entrée. Une bonne partie des rédacteurs web ont vu leur job disparaitre comme une peau de chagrin, car l’intelligence artificielle a le pouvoir de chercher des informations, de la classer et de les reformuler en une ou deux secondes. Notre nouveau travail consiste donc à mettre un supplément d’âme à ces textes assez scolaires…

4- Le passage à travers de l’écran

Quand on fait de la rédaction web, il faut aimer l’ordinateur. Vous allez passer des heures figée devant un écran. D’accord, ça n’est pas le seul métier, loin s’en faut, où l’on a les yeux rivés sur son laptop et où le monde entier nous apparait dans un cadre, posé devant nous.

Mais êtes-vous prête à cet exercice physique ? Oui, ne pas bouger de votre chaise et tapoter avec vos doigts pendant des journées entières, c’est un genre d’exercice physique, et pas des plus faciles. L’absence de mouvements, c’est concevable intellectuellement mais pénible sur le plan pratique.

Enfin, pour moi ça l’a été ; je n’avais jamais eu de poste qui me forçait à demeurer assise toute la journée. Si vous êtes du genre mobile, ça va finir par vous peser. De mon expérience, on a tout intérêt à se concentrer pour tout faire en quelques heures, et ensuite aller faire une grande balade.

5- La liberté avant tout

Travailler en rédaction web procure une grande liberté, celle de travailler d’où on veut, quand on veut, comme on veut. Gérer son propre temps et ses propres deadlines, c’est le bonheur, quand on a connu les horaires hachés d’une mère de famille. Oublié votre ancien boss irritant, oubliés les 45 minutes de RER pour aller au boulot, oubliées les querelles entre collègues, oublié l’ennui, ou la surcharge, ou l’angoisse d’aller dans un bureau que l’on déteste.

Pour apprécier pleinement leur autonomie, beaucoup de rédactrices sont freelance, et se transforment donc en cheffes d’entreprise, en plus d’être spécialiste du web. Si cela vous tente, comme je l’ai fait, n’oubliez pas que vous devez combiner harmonieusement ces deux aspects du métier :

  • Vous êtes une spécialiste : recherche d’informations, style, écriture,
  • ET vous êtes une entrepreneure : gestion, planification, suivi clients.

J’adore écrire, mais je suis moins enthousiaste à l’idée de gérer la paperasserie et l’organisation. Et pourtant c’est ce que vos clients préféreront de vous : que vous soyez fiable, ponctuelle, sérieuse, tout en étant flexible et de bon contact. J’ai appris, bien sûr, mais je dois encore progresser pour m’en occuper vite-fait-bien-fait, sans laisser trainer.

6- Mais la solitude qui va avec

Etre indépendante n’est pas donné à tout le monde. S’imposer une structure, des horaires, des rites professionnels, la plupart de nous le font beaucoup mieux quand on y est obligée. C’est tout le mérite du salariat, qui créé un cadre à notre place, et nous décharge de la contrainte de devoir planifier. Si vous avez tendance à la procrastination, comme moi, il va falloir lutter contre votre nature.

Et il va falloir également chercher des clients.

Oui, quand on a le statut d’auto-entreprise, il faut se bouger les fesses pour trouver des personnes qui veulent vous payer pour votre travail. Que valez-vous financièrement ? Vaste question… source de nombreux doutes et tourments. En pratique, c’est un des sujets les plus discutés entre rédactrices web : combien facturer au client ? Ne soyez pas prise au dépourvu quand on vous pose la question.

Au fait, l’autre sujet c’est évidemment : « mon client ne m’a pas encore payée ».

Comme dans tout business, il est plus facile d’entretenir des liens avec les clients existants que d’en créer de nouveaux. Faire démarrer la machine à clients demande un gros effort, et c’est parfois déroutant, perturbant. On passe beaucoup de temps à explorer le web pour trouver des sites potentiellement demandeurs, davantage encore à leur écrire… et on répète jusqu’à trouver son bonheur.

Il est parfois nécessaire de contacter des dizaines d’entreprises avant d’en trouver une qui veuille vous faire un contrat. Mais une fois cela fait, votre activité devrait rouler toute seule. Accrochez-vous !

7- Les leçons de ma reconversion

Pour dresser un bilan de cette expérience, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est la fierté :

  • Celle d’avoir trouvé un futur (à savoir une activité que j’aime et qui me fasse vivre, depuis l’endroit qui me convient),
  • Celle de m’être formée sans soucis : c’est un vrai soulagement pour une quinqua qui doute de l’intégralité de son cerveau et de sa légitimité,
  • Celle d’avoir accompli l’objectif de monter ma propre entreprise,
  • Celle de pouvoir m’adonner à l’écriture et d’être publiée,
  • Celle d’être capable de gagner ma vie en autonomie.

Ensuite, je conserve un zeste de frustration :

  • Celui de travailler dans la solitude, surtout depuis que le Covid a fermé les bibliothèques où je me rendais auparavant,
  • Celui de devoir programmer des rendez-vous en fin d’après-midi pour enfin voir du monde,
  • Celui de gérer les humeurs et exigences des clients, ou leurs stratégies pas forcément cohérentes ou efficaces, ainsi que les allers-retours administratifs.
  • Celui de découvrir que ce milieu est peuplé de personnes bien plus jeunes que moi, parfois insécurisées dans leurs relations virtuelles avec ces prestataires qu’elles ne rencontrent jamais… Ou peut-être que c’est moi qui le suis ?

Mais à la fin des fins, si je devais le refaire, ça serait un grand OUI. Pas de doute, ma reconversion en rédaction web à 53 ans a porté ses fruits !

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Vous aussi, vous pensez vous reconvertir en rédaction web après 50 ans ? 

Racontez-nous votre expérience dans les commentaires, dites-nous comment vous vous préparez concrètement.


    9 replies to "Ma drôle de reconversion en rédaction web à 53 ans"

    • Delfine

      Bonjour Véronique,
      Déjà bravo pour ta reconversion, c’est audacieux ! Je viens de parcourir plusieurs articles, je les ai trouvé vraiment attrayants, dynamiques et surtout bienveillants.
      Bientôt 50 ans, et moi aussi j’envisage une reconversion vers le web.
      Ma question : je cherche une formation de rédaction web en ligne, j’en ai trouvé beaucoup mais je ne sais pas vers laquelle m’orienter. Peux tu me dire où as tu fait la tienne et m’en faire un retour ?
      Bonne journée ;))

      • Véronique

        Bonjour Delfine, merci pour tes encouragements. J’ai fait la formation-rédaction-web de Lucie Rondelet. Cette formation est très bien construite. Mais je ne sais pas si je la recommanderais : à mon avis, elle est orientée vers les « grands débutants », des gens qui n’ont jamais travaillé, ni étudié. Bref, j’ai trouvé une partie des cours assez pauvres ou inutiles (comment se relaxer, travailler sur les plateformes de rédaction…). Lucie a commencé quand il y avait peu de réacteurs web, elle pouvait écrire tout ce qu’elle voulait, très vite. Pour elle, « un article de qualité » est écrit très vite, sans fautes et en respectant les critères SEO (elle répète partout que ça n’est pas un métier pour les littéraires). Pourtant aujourd’hui, il est impossible de faire du remplissage, il y a trop de concurrence et ça rend le métier mortellement ennuyeux. A l’usage, ce qui est important si tu veux être indépendante, c’est de trouver une formation qui travaille plus profondément sur l’auto-entreprise, la recherche de clients et les techniques d’écriture.J’ai suivi cette formation car c’était la seule à l’époque. Envoie-moi un email si tu veux en savoir plus. Bon courage à toi !

        • Delfine

          Bonsoir,
          Merci beaucoup pour ton retour, je pense que je vais t’envoyer un petit mail ;))
          Bonne soirée, au plaisir de te lire à nouveau !

          • Véronique

            D’accord, merci Delfine !

    • DESHAYES Marie Josée

      Bonjour, merci pour ce partage de votre expérience très intéressant et porteur d’espoir. C’est bon de se dire que c’est possible, que vous l’avez fait, cela donne un but et aide à tenir bon quand on souhaite se reconvertir après cinquante ans. Merci pour votre dynamisme et votre honnêteté et votre blog que j’aime beaucoup.

      • Véronique

        Merci Marie-Josée. C’est absolument possible de changer de voie après 50 ans, il y a un certain nombre de métiers qui nous sont bien adaptés. L’avantage de la rédaction web, c’est que l’on peut y mettre à profit ses multiples expériences de vie : on utilise véritablement ce que l’on a fait auparavant, sur le plan privé et professionnel.

    • DESHAYES Marie Josée

      Merci Véronique, c’est important et vraiment porteur d’espoir de voir que des possibilités existent pour se reconvertir et continuer à exercer une activité. C’est bon de se dire que l’avenir reste ouvert même à cinquante ans. Merci vraiment

    • Christine

      Bonjour et merci pour cet article très éclairant. Je suis moi-même en train de lancer ma microentreprise en rédaction Web et à la recherche de mes premiers clients. Dans la réponse au commentaire de Delfine tu abordes la formation, si j’ai bien compris tu as suivi une formation complémentaire à celle de Lucie Rondelet ? Serait-il possible de savoir laquelle ? Merci d’avance et bonne journée.

      • Véronique

        Bonjour Christine, merci pour ta remarque. Je te réponds par email dans la journée.

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