Qu’est-ce que le cycle nous a appris de notre vie de femme ?

J’ai « mes » règles.

On a le sens du possessif, et du pluriel, quand il s’agit de notre propre sang. Les menstruations, c’est à la fois personnel et multiple. Pour la moitié de l’humanité, elles se vivent dans l’ombre, 60 jours par an, pendant 40 ans.

L’ambiguïté est particulièrement nette en période de pré-ménopause : les femmes (en tous les cas, moi) ont hâte de rompre avec les désagréments qui s’accumulent avant la fin des règles, tout en redoutant la vieillesse qui déboule. Nos règles, on ne sait plus si on les désire ou si on les appréhende quand on atteint la cinquantaine.

Tentons de voir ce que l’on peut apprendre de notre cycle menstruel, et en quoi il pourrait nous rendre plus fortes que tous ceux qui n’en ont pas : les hommes.

1- Une affaire tumultueuse qui n’appartient qu’à nous

1- Les règles des femmes, universelles mais invisibles

L’expression « avoir ses règles » est à elle seule pleine de mystères. Une multitude de variantes plus ou moins alambiquées existent, dans tous les pays du monde.

Mais pas un seul mot simple et précis, banal, ne décrit ce sang qui coule chroniquement de notre corps,. Sans que l’on ne se soit pas fait mal. 

« Elles » nous prennent beaucoup d’énergie et beaucoup de temps. Mine de rien, les femmes saignent entre 6 et 7 ans de leur vie en temps cumulé. On a ses règles environ 500 fois au cours de notre vie. Ces cycles sont une aubaine pour l’expression de notre sensibilité, et parfois une atteinte à notre intégrité mentale, tellement on se sent différente.

Cela nous distingue fondamentalement des hommes du même âge, qui, eux, n’ont pas accumulé cette expérience : ils n’ont pas appris à sentir les émotions aussi bien que nous, et ils n’ont pas appris non plus à délibérement contrôler leurs nerfs.

2- La douleur et la fatigue, tellement injustes

Et cela sans compter les jours précédents les menstruations, qui sont souvent les plus désagréables. On se sent vaseuse, fatiguée, déprimée ou carrément de mauvais poil, notre humeur fait des bonds tellement hauts qu’on les perçoit sauter méchamment dans notre corps. On a hâte que le sang coule pour en finir.

Puis vient alors la douleur, ces crampes au bas du ventre qui font parfois très mal et qui nous gênent vraiment dans nos activités quotidiennes. On se demande franchement à quoi tout cela nous sert.

Pourquoi est-ce que les femmes souffrent et s’affaiblissent, alors que les hommes demeurent stoïques et semblables à eux-mêmes ? 

J’ai appris, une fois la ménopause accomplie, que j’avais 3 gros fibromes dans l’utérus. C’est une échographie qui les a révélés. D’où mes états d’âme et mes douleurs persistantes, pendant des années. Ça m’a fait un choc de l’apprendre, mais depuis je me suis énormément documentée sur l’endométriose et les fibromes (qui ne sont pas du tout les mêmes maladies mais peuvent occasionner les mêmes symptômes).

3- A la ménopause, on change son rapport au corps

La survenue des règles à l’adolescence, puis leur arrêt à la ménopause, sont la marque de cycles de vie fondamentaux, de transformation physique, émotionnelle et sociale. Avant d’être pubère, on est une enfant. A la ménopause, on devient une femme mûre : après la phase de maturation, on a atteint notre plein développement.

La fin de la fécondité intérieure ouvre la voie à la fécondité sociale : hors de soi, dans le monde. Autonomie et détachement des enfants ouvrent la porte à une vraie liberté d’action.

Lisez ici mon témoignage sur la libération que représente la ménopause et la fin des règles.

J’ai vécu une ménopause tardive, et l’arrêt de mes règles a provoqué tout un bouleversement dans ma façon d’envisager ma vie à venir. Je vous en parle largement dans ce blog, mais je n’avais pas vraiment réalisé à quel point ce moment là était aussi important que celui où j’avais commencé à saigner, à l’adolescence.

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2- Le sang des règles des femmes est-il utile ?

1- Pourquoi est-ce que ça tombe sur nous ?

On parle communément de toutes nos petites misères, bronchites, allergies, etc. On lie contact avec de parfaits étrangers qui nous font passer devant à la boulangerie quand on a la jambe cassée. Mais quand il s’agit de menstruations, il n’y a plus personne.

Peut-être parce que ça concerne trop de monde, que ça n’est pas suffisamment anecdotique pour être relevé : une femme sur quatre à ses règles à un instant T, c’est d’une écrasante banalité. Observez ces femmes qui déambulent dans la rue : leurs règles sont omniprésentes, mais aucun indice ne le laisse deviner.

On a du mal à décider si c’est un non-sujet, un tabou, une fatalité, une infirmité. Ou rien. Une chose est sûre, c’est que si les hommes avaient leurs règles, on en parlerait bien davantage, ils ne sont pas du genre à passer 7 ans de leur vie sous silence !

2- On vit très bien sans règles

On peut avancer que les règles sont devenues complètement inutiles. En plus, ça nous coûte la peau des fesses. C’est un truc préhistorique qui nous reste, comme les dents de sagesse. D’ailleurs, pas d’inquiétude : ça finira bien par disparaitre avec l’évolution de notre espèce.

A l’heure où j’écris, la grande majorité d’entre n’avons mis au monde que quelques enfants, voire pas du tout. Dans ce cas, pourquoi notre corps continuerait-il à passer sept ans de sa vie à perdre du sang pour rien ? Il y a sûrement un moyen de supprimer ces saignements intempestifs, et à les raviver quand c’est vraiment utile, c’est-à-dire quand on veut mettre un enfant au monde – aussi longtemps qu’ils arriveront par voie naturelle.

3- La pilule : pourquoi créer de fausses règles

La pilule joue ce rôle. Saviez-vous que sa formulation est conçue pour que le sang s’écoule tous les 28 jours, démontrant ainsi que l’on n’est pas enceinte ? Car il s’agit du critère numéro 1 des femmes : avoir ses règles, c’est la preuve ultime que l’on attend pas d’enfant. On préfère avoir de fausses règles que pas de règles du tout.

Ma génération s’est affranchie de la douleur et des malaises en prenant la pilule. La pilule, c’était pour ne pas tomber enceinte, mais c’était aussi pour ne pas souffrir pendant les règles. Aujourd’hui, son utilisation est en baisse : elle concerne moins de 40 % des contraceptifs.

Toute prise de médicaments entraîne des conséquences sur le corps. Les nouvelles générations sont plus circonspectes vis à vis des traitements pharmaceutiques, elles se tournent vers des pratiques contraceptives différenciées, souvent plus ponctuelles, moins contraignantes et moins chimiques. Mais depuis l’avènement de la pilule, rien de vraiment révolutionnaire n’a fait surface.

4- L’étonnante absence de créativité pour recueillir notre sang

Idem pour les « protections périodiques » (là encore un nom qui défie l’entendement) qui désignent tout ce qui recueille notre sang. Les coupes menstruelles, beaucoup plus économiques à l’usage, se répandent à toute vitesse, mais finalement ne sont pas si sûres que ça.

C’est incroyable que l’on soit aussi peu inventif sur ce sujet ! Est-ce parce que les femmes tiennent à être super discrètes ? Est-ce la gène, le repli sur soi ?

Mais voici que débarquent les toutes nouvelles « culottes menstruelles« , dont j’ignorais l’existence jusqu’à présent. Il s’agit de sous-vêtements absorbants que l’on enfile, lave et reporte ensuite comme n’importe quelle culotte. Ni vu ni connu ! Certes, il faut investir au départ, mais elles sont super pratiques, et permettent d’économiser des tonnes de produits jetables.

Je découvre qu’il existe un mouvement de femmes aux « règles libres », qui laissent couler le sang sans protection particulière. Vous pouvez lire un témoignage en anglais sur ce sujet.

3- Les menstruations ont un impact social

1- Une phase perturbante juste avant la ménopause

Un des grands mystères des menstruations, c’est leur impact sur notre intimité. Elles influent autant sur notre corps que sur le sentiment que l’on a de nous-mêmes. Elles agissent aussi sur la relation de couple et avec les personnes qui nous sont très proches, en nous isolant quelque peu, ou en nous rapprochant, en fonction de l’acceptation que l’on a de son propre corps.

Pendant mes règles, je me suis souvent sentie fragile. J’avais envie de trouver un refuge, de me sentir rassurée, je recherchait une sorte de nid pour que le sang coule sans peine et sans heurt. Avant la ménopause, en particulier, l’irrégularité des écoulements et la variabilité hormonale a provoqué dans mon corps une période incertaine et désagréable, angoissante parfois, autant pour moi que pour mes proches.

Autant auparavant la ménopause on pouvait compter sur un certain rythme et anticiper la survenue des règles, autant désormais il faut compter sur l’imprévu. Un imprévu qui se double d’une irritabilité à la fois incontrôlable et involontaire.

C’est le moment de pousser conjoint et enfants à aller surfer sur Internet pour en apprendre plus sur cette drôle d’époque, qui les affecte directement.

Lisez mes autres articles consacrés à la ménopause : Ménopause et désir : comment se rebooster ? et aussi Comment prendre soin de son périnée à la ménopause ou encore Ménopause : manger des légumes pour se sentir bien

2- Les règles des femmes, une force potentielle ?

L’intérêt social d’avoir ses règles, c’est que lorsqu’on a fini d’être irritée, hypersensible, on devient de nouveau civilisée : on est tellement contente de nous sentir mieux que l’on plonge dans notre réserve de bonté et d’humilité. On se précipite pour rendre service et faire fonctionner tout ce qu’on avait laissé en plan.

Toutes les femmes ne vivent pas leurs règles sur un mode dramatique, certaines les sentent à peine passer. Quelle chance ! Pour d’autres, c’est beaucoup plus déroutant. Par exemple, lorsque le sang cesse de couler, soudainement tout change : on était au fond du trou, nous voilà pimpante ! On reprend du poil de la bête et on traite les hommes d’égal à égal, sans se sentir humiliée en aucune façon.

Eux, qui nous observent, savent bien que l’euphorie ne durera pas. Ils vont gagner sur la longueur, il suffit de trainer un peu les pieds le temps que, de nouveau, notre corps s’engourdisse. Ils ont compris notre fonctionnement, parfois mieux que nous. S’habituent-ils à notre comportement cyclique ? Comment vivent-ils le fait que notre corps mue tous les mois ?

4- Nos émotions coulent comme le sang dans nos veines

1- Nous mesurons l’impact du corps dans notre vie

Le mal-être et la lourdeur émotionnelle procurés par le flux des règles se compense par un reflux lorsqu’elles sont terminées : une légèreté et un vrai bien-être. Chaque cycle est comme un mini cyclone qui se termine sous un soleil radieux, surtout au cours de l’année qui précède la ménopause. On se replie sur soi pendant quelques jours pour mieux s’occuper du monde ensuite.

Alors autant en profiter ! Et ne pas gâcher cette occasion de vivre notre féminité en ne nous concentrons que sur les désagréments. Et si nous pensions un instant qu’avoir ses règles était un privilège ?

Le privilège de se sentir puissamment en vie.

Le privilège de ne pas être un homme, d’avoir un corps différent, d’avoir accès à un monde émotionnel riche, transposable dans nos relations avec les autres.

2- Nous vivons des sensations inaccessibles aux hommes

La faculté d’expérimenter ces vagues d’émotions intermittentes nous est très personnelle. Elles viennent, nous submergent, nous envahissent et nous contrôlent – puis repartent, comme si elles n’avaient plus rien à manger.

Ce qui signifie qu’il faut trouver un moyen de se ressourcer pendant que l’on perd du sang. Non pas se retirer du monde, ne penser qu’à soi et se protéger des piques de notre entourage que nous allons involontairement déclencher.

Mais plonger au cœur de nos sensations : ne pas oublier ni n’effacer la gêne, mais au contraire mieux la sentir, la visualiser, l’encercler, l’intégrer. Accepter que ce mouvement soit une partie constituante de notre être, qu’il revienne souvent – qu’il revienne toujours. C’est notre marée interne, notre cycle vital.

Quel symbole de vie est-il plus fort que le sang ? 

5- Qu’a-t-on appris des saignements et comment en tirer partie ? 

1- On perçoit la nature et l’impact des émotions

Nos règles nous permettent de comprendre la nature des cycles. Les êtres humains sont émotionnels, et ces humeurs varient en intensité à l’intérieur du corps ; il est naturel de ressentir des vibrations positives et négatives au fond de soi, les femmes comme les hommes.

Celles dont les règles résonnent fortement dans leur ventre savent que le mal-être est un état temporaire, et sont prêtes à offrir oreille et secours pour aider les autres à prendre du recul.

Il faut dire qu’elles ont mis longtemps à réaliser qu’il « ne faut pas prendre les choses personnellement » et qu’elles doivent s’empêcher de ressentir elles-mêmes la négativité portée par autrui. 

Laissez leurs émois à leur propriétaire et tâchez de maitriser les vôtres.

2- On accepte l’intimité et les humeurs d’autrui

Vivre des cycles augmente la créativité : cela introduit une friction entre notre mental et notre affectif, qui se contredisent. Ce qui nous oblige à continuellement inventer des micro-solutions pour conserver notre équilibre.

Au bout du compte, on enrichit notre personnalité, notre caractère, notre sensibilité. Et puisque notre humeur varie, les événements varient également car nous n’adoptons pas le même rapport à l’environnement au fil du cycle.

Si l’on était continuellement impassible, il ne nous arriverait rien de nouveau, et personne ne s’intéresserait à nous. Expérimenter des émotions fortes nous permet d’avoir une vie plus riche, qui présente plus de variété et de nuances, dans nos actes et dans nos relations.

On a appris à vivre et à travailler malgré un énorme flux d’émotions difficile à contrôler, sans oublier la douleur physique qu’il a fallu surmonter. Cette expérience est idéale pour être opérationnelle dans la vie professionnelle, dans les périodes de tension.

3- On comprend comment fonctionne son corps

Enfin, nous avons appris à « survivre au malaise ». Les règles, c’est la galère, même si toutes les femmes ne le vivent pas de la même façon. Au point que lorsque la ménopause arrive, l’arrêt des écoulements de sang peut être ressenti comme une libération et un renouveau.

Tout cela varie beaucoup d’une femme à l’autre, et étonnamment d’une culture à l’autre.

Mais pas seulement : c’est aussi la fin de notre identification principale comme « mère », donc de la vision de nous-mêmes que nous avions depuis notre premier enfant.

C’est le moment de se réapproprier son corps, de liquider ses bourrelets et de parfaire ses abdos, voire de changer de vie. Ou l’inverse, d’apprendre à accepter sa prise de poids et à dépasser les clichés de la femme idéale que l’on n’a pas envie d’être.

Le ventre ne gémit plus, une phase s’achève. Nous ne sommes plus ni jeunes ni vieilles, nous sommes matures. Nous sommes les nouvelles femmes, et nous allons nous créer une vie passionnante !

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe, départ des enfants… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

6- Mieux vivre la fin des règles des femmes : le récapitulatif

  1. Prenez conscience des fluctuations de votre humeur, en écrivant quotidiennement ce que vous ressentez,
  2. Valorisez la variété du champ émotionnel auquel vous êtes confrontée, en vous rapprochant intimement d’autrui,
  3. Informez-vous techniquement sur le sujet, la ménopause, les fluctuations hormonales,
  4. Incitez votre entourage à en faire de même, pour ne pas qu’il se place en situation d’incompréhension et de tension.

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Et vous, qu’avez-vous appris des règles des femmes ?

Qu’est-ce que vous n’auriez jamais compris sans vos 500 cycles menstruels ? Partagez votre expérience dans les commentaires pour que chacune puisse en profiter !


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