Dormez mieux en utilisant beaucoup beaucoup plus votre corps

Quand je lis que le sommeil se perturbe à partir de la ménopause, cela me fait bondir. Ça veut dire que l’on va souffrir pendant encore des dizaines d’années ? Pas question pour moi. Je suis une insomniaque depuis toujours, mais j’ai réussi à faire l’inverse de ce que l’on entend partout : à 56 ans, je dors bien mieux que lorsque j’étais jeune.

Dès l’enfance, je me souviens avoir eu le sommeil léger. A l’époque, je ne savais pas ce qu’était une insomnie. Je ne m’endormais pas avoir entendu le bruit de l’avion qui passait au-dessus de la ferme de mes parents, en route vers l’Angleterre, tard dans la nuit. Plus tard, à l’internat du lycée, je me retournais dans tous les sens et ne pouvait pas fermer l’œil avant que ma copine Christine n’ait éteint son walkman (qui, elle, l’aidait à plonger dans les bras de Morphée).

Quand j’ai déménagé à Paris, ça a été l’enfer. Les camions-poubelle qui freinaient au feu rouge en bas de chez moi, je les « revois » comme si c’était hier. Et la lumière qui filtrait au travers des rideaux, les pas de mon voisin qui rentrait de soirée après minuit. Tout me disait de rester éveillée. 

1- Trop de sensations et d’émotions à contrôler

Je voyais tout, j’entendais tout. Je voyais trop, j’entendais trop.

Je sentais la moindre odeur de cigarette à l’autre bout du couloir, les restes du diner dans la cuisine. J’étais gênée par les nuits froides tout autant que par la chaleur de l’été. J’enviais la vie nocturne qui poursuivait son cours dehors dans les rues, dans les bars, mais je ne me sentais pas le courage d’y participer. Je me persuadais que je n’en aurais pas la force.

Je me sentais toujours bancale, entre la tranquillité d’être reposée et l’inquiétude de ne pas pouvoir me relaxer. Mon sommeil était hyper léger, évanescent, mystérieux, incroyablement fragile. Je ne dormais que lorsqu’il n’y avait plus rien à digérer dans mon environnement immédiat, aucune vie, ni réelle ni potentielle. 

Chaque micro-événement aux alentours, me réveillait en sursaut. 

Chaque micro-émotion me tenait en haleine. 

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Est-ce que je n’avais pas oublié de fermer la porte à clé ? Qu’avait voulu dire ce collègue, avec sa tête longue comme ça ? Est-ce que je pourrai aller au bout de cette journée barbante qui s’annonce ? Et si je changeais complètement de façon de travailler ? Et si je partais à Tombouctou ?

Je voyais défiler dans mes songes tous les à-coups de la journée passée, et j’anticipais tous ceux de la journée à venir. 

De l’année à venir. Du millénaire à venir. 

2- Les mots et les pensées qui s’imposent malgré l’heure

J’imaginais un monde parallèle, plein d’extravagances. J’avais cette capacité d’anticipation, de théorisation, de stratégie absolument débordante, mais complètement inutile. Je montais des plans complexes les uns après les autres, et je les modifiais au gré de mes humeurs. 

Les mots, les phrases, les discours entiers me venaient au milieu de la nuit à la célérité de la lumière, alors qu’ils auraient dû rester silencieux, enfermés dans ma boite crânienne, pendant 8 heures. Mais pas que les mots : toutes les sensations du corps m’envahissaient, les bonnes et les mauvaises, comme si mon problème de nerfs avait contaminé mes jambes, mes mains, puis tous mes organes. 

J’étais en sur-vie, continuellement électrifiée. Une sorte d’illuminée. Une éponge-à-tout : sensations, pensées, rêves. 

Tout ce qui se passait quelque part autour de moi finissait par débarquer dans ma tête, à un moment ou un autre : j’étais incapable de dormir profondément, régulièrement, paisiblement. 

J’avais l’impression que mon cerveau fonctionnait deux fois plus que la moyenne : le jour, plus la nuit. Habituellement, un cerveau sait s’activer tout seul dans la journée et s’éteindre dans l’obscurité. Il se débrouille, il laisse votre corps en paix, qui s’endort gracieusement, enivré de cette merveilleuse « saine fatigue ». 

Mais pas pour moi. Il s’emballait, il débordait, il déraillait, et je n’arrivais jamais à lui rabattre le caquet.

3- La crainte continuelle de ne pas faire face

Je dormais mal, je me levais léthargique et surtout inquiète : vais-je tenir dans la journée ? Vais-je être suffisamment vigilante pour rédiger cette étude, animer cette réunion, vérifier ce budget ? Je craignais toujours d’être épuisée, une pensée qui m’accompagnait, qui me collait comme une ombre, au fil des heures. 

Je réalise aujourd’hui que j’entretenais inlassablement ma crainte de me réveiller sur les genoux, alors qu’en fait, je fonctionnais plus ou moins normalement (en tous les cas, mécaniquement). Si j’avais eu Internet à l’époque, j’aurais sans doute compris que des tas de personnes ont un sommeil agité, sautillant, intermittent, énigmatique – comme vous voulez – ce qui ne les empêche pas de vivre quand même

Mais moi, je réfrénais mes envies de sortir, d’expérimenter, de créer tous ces trucs qui me venaient en tête dans mon lit, par peur de devoir le payer en épuisement et en justification devant autrui (la plupart du temps complètement éberlué quand je lui racontais mes nuits d’enfer). 

C’était une erreur. J’ai mis des années à comprendre qu’il aurait mieux valu les utiliser, ces idées un peu-beaucoup délirantes, les mettre en pratique, puisque c’était ma réalité. Plutôt que de les nier et de tenter maladroitement de les anéantir. 

Fatigue et inquiétude venaient à moi parce que je ne profitais pas de ce qui en était à l’origine, parce que je n’appliquais pas ce que mon corps me commandait de faire : de vadrouiller, de bidouiller, de lire, d’écrire, de m’activer. Si je m’étais écoutée, j’aurais été crevée, certes, mais je me serais endormais sereine. 

J’avais quand même des systèmes de compensation, élaborés au fur et à mesure des années. Rétrospectivement, j’ai surtout cherché à contrôler mon corps en m’épuisant physiquement.

4- Mes méthodes pour vaincre l’insomnie

D’abord, je marchais énormément, compulsivement. Est-ce la marche active qui engendre la pensée, ou la pensée active qui provoque la marche ? Dans mon cas, les deux sont tellement enchevêtrées qu’il me semble que déambuler et réfléchir, ce sont les deux manifestations d’un même phénomène : un certain ratage corporel doublé d’une trop plein mental ; un court-circuit entre mes neurones et mes jambes.

En revanche, je ne me suis jamais réfugiée dans les médicaments. Je n’ai pas d’attirance particulière pour la drogue ou l’alcool (en tous les cas pour l’état qu’ils induisent chez leurs consommateurs) et je suis complètement passée à côté de ce qui aurait pu être un quotidien alimenté par de la chimie officielle ou officieuse. Pourtant, je désirais de toutes mes forces être happée par un ailleurs, être réincarnée dans une dormeuse normale. Passer inaperçue aux pays des songes. 

Je mesure ma chance de ne pas être devenue dépendante aux somnifères. Pourtant, ils m’auraient peut-être soulagée, qui sait ? 

Au lieu de quoi, j’ai dû faire avec. 

Avec ce vide existentiel tenace, et cette frénésie épisodique.

Et puis un jour j’ai découvert le miracle des boules Quiès, suivi, des années plus tard, du masque à la Zorro. Depuis, ils sont devenus de fidèles et rassurants compagnons, comme autant d’oreillers moelleux, bien qu’insuffisants à mon repos. Je n’ai jamais eu l’idée de prendre de la mélatonine, mais ses effets sont maintenant bien connus.

D’autres trucs fonctionnent, même s’ils ne sont pas faits pour moi : les couvertures lestées par exemple, qui vous empêchent quasiment de bouger mais qui sont si rassurantes et protectrices pour les personnes nerveuses. Egalement, des techniques de respiration à essayer quand on s’endort (je pratique régulièrement la cohérence cardiaque).

Et bien sûr, le fait de se coucher et de se lever à la même heure, chaque jour. Par contre, quelle galère en cas de décalage horaire (décalage horreur !). Je n’arrive pas à ne pas utiliser mon iPad dans mon lit, mais au moins j’ai des lunettes anti-lumière bleue…

5- Le temps et l’expérience ont joué en ma faveur

Les années ont passé. Mes nuits sans sommeil ne m’ont pas empêchée de vieillir, mais je ne me suis pas flétrie prématurément. Finalement, mon corps a évolué au même rythme que le vôtre. Du moins en apparence. 

Mais j’ai un doute. Est-ce qu’un jour je serai une candidate Alzheimer, à cause du manque récurrent de sommeil ? Est-ce qu’une maladie terrible est déjà là, tapie quelque part dans mon cerveau ? Est-ce que ne pas dormir, c’est comme fumer 2 paquets par jour, ça finit par vous déconnecter de la vie, par vous emporter dans la douleur ?

J’ai tout fait pour contrôler cette machine qui m’échappait. A force de penser, à force de marcher, à force de penser/marcher, je suis devenue un genre d’experte. Je fais des kilomètres et des kilomètres chaque jour, et je m’évade mentalement dès les premiers pas. Le walkman de ma copine m’empêchait jadis de dormir, dorénavant mon Iphone me joue les titres hyper stimulants qui me font décoller.

Quand on m’interroge, je sous-estime mon nombre de pas accumulés quotidiennement. Et je ne parle pas des étages que je grimpe avec allégresse (j’allais dire avec fanatisme). C’est indispensable à mon métabolisme, à mon bien-être – en réalité, c’est une partie de moi. 

6- Je n’ai presque plus d’insomnies

J’avais un corps encombrant, qui ne comprenait rien au rythme jour/nuit, comme celui des nouveau-nés. J’étais insomniaque parce que je n’étais jamais suffisamment fatiguée pour atteindre le stade du repos. Aujourd’hui, le cumul de l’âge, du mouvement perpétuel et de l’effort physique fait que je m’endors sans peine. Je me réveille plusieurs fois par nuit, systématiquement, mais désormais je peux souvent affirmer, sans mentir, le matin : qu’est-ce que j’ai bien dormi, je me sens en pleine forme ! Enfin, ça n’arrive que quand les bouffées de chaleur m’épargne, bien sûr…

Alors je poursuis mon « programme spécial pro-fatigue » : pendant que vous regardez Netflix, je parcours 6 ou 10 km. Nous voyons le même film, vous sur écran, moi dans ma tête. Finalement, insomniaque ou pas, on se détend en même temps, vous assise, et moi sur mes deux jambes…

Vous êtes sujette à l’insomnie ? Vous dormez mal, d’un sommeil léger, agité, tourmenté ? Faites deux, trois, quatre fois plus de sport que les autres. Utilisez davantage votre corps, il en a sans doute énormément besoin.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, avez-vous des insomnies ? Que faites-vous pour vivre mieux ?

Parlez-nous de votre expérience dans les commentaires, pour que chacun en bénéficie.


    4 replies to "Insomnie : comment je me suis débarrassée de mes nuits blanches"

    • SophieG

      Merci de ton bel article qui décrit si bien l’état de buzz de l’insomnie – pourtant je n’en fait pas beaucoup donc je compatis à ces années de quête de solution – la méditation et le yoga sont de puissants outils pour calmer le mental et s’inscrire ds le ici et maintenant – bon dimanche! Bonne balade!

      • Véronique

        Quelle chance de ne pas souffrir de problèmes de sommeil ! Merci Sophie, je me dis tous les jours (et toutes les nuits) que je dois essayer le yoga et la méditation, mais décompresser ne doit pas être dans ma nature : c’est un vrai effort physique, mais qui ne brule pas suffisamment de cette énergie qui me dévore…

    • severine

      Merci de ton article, moi aussi j’ai des problèmes d’insomnies, je connais bien les matins ou je regarde sur ma montre Fitbit : 3h de sommeil, et je dois travailler, rendre des tableaux excels, organiser une reunion….Je prends un peu d’antihystaminiques et j’écoute des podcasts de l’emission « Parlons nous » /RTL avec Caroline Dublanche, tous les problèmes psy des autres me bercent et je m’endors 🙂 Sinon j’essaie de marcher aussi.
      Bonne semaine

      • Véronique

        « Tous les problèmes psy des autres me bercent », ça pourrait être le titre d’une série de livres ! Merci pour ton commentaire et la référence podcast, Séverine, et bonne(s) nuit(s) à toi.

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