Dans cette série d’articles sur le bonheur, j’essaie de traiter les sujets les plus variés, les uns après les autres. Cette fois-ci, l’angle d’attaque sera l’éducation que nous donnons aux ados et jeunes adultes, nous les parents, citoyens, professionnels, etc. L’éducation, c’est tout simplement l’exemple que nous montrons, et c’est absolument crucial sur la façon dont ils vont ensuite appréhender la vie et considérer que le bonheur est à leur portée ou pas.
J’insiste ici sur le rôle particulier des seniors, qui sont, d’après les statistiques, les meilleurs expérimentateurs de bonheur.
Le bonheur, un concept élastique et difficile à mesurer
C’est au début et à la fin de la vie que l’on est le plus heureux. Car le bonheur se catégorise en fonction des âges de la vie, à la fois sur le plan individuel et sur le plan collectif. Consultez ici les graphiques illustrant les différents âges et catégories socio-professionnelles influant sur la satisfaction de la vie. Vous avez aussi sans doute entendu parler du Word Hapiness Index qui mesure chaque année les pays les plus heureux (la Scandinavie gagne systématiquement). Cet indice se base sur la perception de sécurité, de bien-être et de prospérité qu’ont les habitants d’un pays. Il est de plus en plus remis en question, par exemple par le politologie Yasha Mounk. On se souvient aussi du Bhoutan, un petit pays ayant créé l’indice du Bonheur National Brut il y a 50 ans pour pousser son développement sur un autre plan que la réussite matérielle, et qui peine à atteindre ses objectifs.
Je ne crois pas un instant que les jeunes soient plus heureux que les vieux, bien au contraire. Quand on regarde en arrière, à 18 ou 23 ans, on se remémore avoir été joyeux, passionnés et rieurs pendant des moments précis, mais le reste du temps le doute, la crainte, l’indécision, la compétition, l’incompréhension ou le stress nous submergeaient. Je vous parle autant de ma propre expérience que des conclusions d’études multiples sur le sujet.
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Le bonheur est une courbe en U
Les enfants et les vieillards sont donc plus sujets au bonheur, peut-être parce qu’ils sont moins exposés à l’univers sans pitié dans lequel nous baignons : on les considère comme des personnes vulnérables et on les protège du tonnerre.
Les premiers sont innocents et en phase de découverte, les seconds sont mal-en-point et en phase de retrait. Ils ont en quelque sorte l’autorisation sociale de ne pas agir en conformité avec le reste d’entre nous.
Mais les jeunes adultes se prennent les rouages de l’injustice et des tensions interrelationnelles en pleine figure. Ils veulent nous faire plaisir – la plupart d’entre eux essaient vraiment – mais ils réalisent dans le même temps qu’il leur faudra naviguer dans des eaux opaques, houleuses ou contradictoires pendant longtemps.
Les personnes de 85 ans sont plus donc sereines que celles de 25. Elles sont mieux dans leur peau et beaucoup moins sensibles à ce qui doit se faire ou se dire, à suivre les codes à la mode, réels ou supposés. Elles n’ont plus le temps pour ça.
– Peut-être aussi que leurs émotions sont affadies par un corps, un esprit et des hormones moins denses, moins affutés, dénutris ?
– Ou bien qu’elles savent résoudre les problèmes quand ils surviennent ou qu’ils durent, l’ayant déjà fait plusieurs fois ?
– Ou plus prosaïquement qu’elles s’arrangent pour éviter les problèmes et ne pas avoir à les résoudre ?
Cela les conduirait à profiter des moments de joie simple et tangible, uniquement appréciables dans l’instant. Le chant des oiseaux et l’odeur du pain frais, c’est un truc de personnes âgées. Elles sont sincèrement capables de s’en régaler – cette fois-ci elles ont tout le temps pour ça.
La vie des jeunes tirée par les ficelles des adultes
Les jeunes, eux, sont suspendus aux attentes de leurs parents, de leurs pairs, de leurs profs, des réseaux multiples qui les abreuvent de stimulations, de recommandations et de règles sur la vie en société. Ces détails anodins qui plaisent tant à leurs grands-parents, ils en sont à des années-lumière.
Ils n’ont pas, ou peu, idée de l’impact que leurs actions, leurs paroles, leurs humeurs ont sur le monde qui les environne.
Ils sont comme ces marionnettes dont on actionnerait les tringles et tirerait les fils pour les faire danser, avec ou sans leur accord.
– Il y en a qui suivent la cadence avec conviction.
– D’autres le font avec résignation.
– D’autres le font contre leur gré.
– D’autres résistent vigoureusement. Ils luttent contre les chaines comme si leur vie en dépendait (et effectivement, leur vie en dépend). Ils se débattent, on les entend au loin crier qu’ils détestent être manipulés ainsi.
– Les derniers se défendent inconsciemment. Et font craquer les cordes. Ils se retrouvent perdus dans l’air ambiant, flottant à la dérive, s’accrochant aux courants qui les emporteront.
Au cours de mes propres années de jeunesse, puis d’expérience avec des jeunes, ados et plus, j’ai souvent observé cette sensation de trop de repères, celle de manque de repères, et aussi celle de la détestation de repères existants.
A cet âge, la mission est pourtant de trouver son propre chemin en déterminant son propre balisage, sur une carte claire que nous leur fournissons.
L’éducation au bonheur, c’est montrer l’exemple
Hélas, tous les parents, politiques et éducateurs variés ne savent pas créer une carte qui constitue une vraie trame. Il y a des cartes aux trois-quart vides. D’autres devenues illisibles à force d’être couvertes de panneaux indicateurs et de conseils anxieux. Souvent les adultes la remplissent de sens interdits, de voies sans issues, de chemins troués, d’autoroutes ennuyeuses. Parfois ils oublient que pour se déplacer, il faut des moyens de transport !
Et puis s’ils demandent leur avis ou leur goût à leurs enfants, ils n’en tiennent pas compte. Ou trop.
Ils ne savent pas montrer l’exemple – un exemple positif et atteignable qui soit motivant sans être coercitif.
L’éducation que nous délivrons, nous les adultes, est souvent pernicieuse.
On leur fait peur.
Volontairement.
Avec le plus de subtilité dont on est capable selon notre degré d’intégration et d’ambition sociale, afin qu’ils se méfient de tout. En croyant les protéger, on insinue que le monde est dangereux, que tout ce qui est neutre est potentiellement menaçant, et qu’ils ont toutes les chances d’y laisser des plumes.
L’éducation devient l’art de doser ce qu’on attend de la réussite et de l’échec dans une société donnée, sur un fond de désillusion latent.
- Elle consiste à les mettre en garde sur la collectivité, les voisins, les amis, les systèmes et surtout les autres cultures, et à leur tour à leur apprendre à tirer les fils et poser les repères dans le hasard existentiel.
- Elle consiste à leur transmettre des connaissances et des valeurs dépassées, voire contre-productives, qui reflètent les préoccupations des générations précédentes – celles qui ont écrit les manuels scolaires.
- Elle consiste à choisir entre l’art de la carotte ou celui du bâton, que les jeunes conserveront toute leur vie en devenant motivés par l’argent ou la peur de l’échec.
- Elle consiste à faire bonne figure, en saupoudrant avec plus ou moins de parcimonie des compliments et des flatteries pour qu’ils conservent une bonne image d’eux-mêmes – c’est-à-dire qu’ils ne se vident pas de leur vitalité et que leur ego n’explose pas non plus. En dosant pernicieusement les mots à leur égard, nous les tenons en vie ou nous les tuons à petit feu, selon notre bon vouloir.
- Elle consiste à les tester sur tout, à compter les échéances et les résultats, à cumuler des notes et des appréciations qui donnent l’impression que le monde des adultes n’est qu’un gigantesque réservoir de chiffres et de nombres dont il faut s’approprier le maximum.
Aidons-les en nous aidant nous-même
Je sais qu’il faut une armature pour avancer – ne serait-ce que pour s’y opposer. Je me demande pourtant s’il y a vraiment des personnes satisfaites de l’éducation qu’elles ont reçues, capables de la dépasser sans jeter un œil amer sur leur jeunesse.
Finalement, il faut bien toute la durée d’une vie d’adulte pour se débarrasser des principes appris à quinze ans – et apprécier pleinement sa vieillesse.
– On est jeune, beau et fragile,
– Puis on devient mature, occupé et préoccupé,
– Et un jour on deviendra vieux, humble et insouciant. Si on n’est pas mort avant bien sûr.
Il en faut des décennies pour atteindre le fond de nous-mêmes !
Et on n’est jamais certain d’en profiter longtemps.
Alors n’hésitons pas une seconde et répandons autour de nous cette joie que nous sommes parvenus à faire germer et à entretenir. Cela ne résoudra pas les problèmes des jeunes, mais cela les aidera à tenir.
Donnons-leur l’exemple d’une sérénité sûre et durable pour qu’ils désirent, eux-aussi, être heureux autant que productifs.
La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !
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