Le propre de l’héritage, c’est qu’il ne se choisit pas. Qu’il s’agisse des gènes ou d’argent, il nous tombe dans les bras sans que l’on bouge le petit doigt. Que l’on hérite d’une mauvaise tête ou d’une joyeuse nature, de bons gènes ou de maux incurables, de millions d’euros ou de lourdes dettes, on n’y est pour rien.

Si l’héritage existe, c’est bien parce qu’il y a quelque chose à transmettre. Les boomers, la génération qui nous précède, nous les femmes quinquas, serait la plus riche de l’histoire essentiellement parce qu’ils ont acquis massivement des biens immobiliers, peu chers dans les décennies d’après-guerre, qui ont pris énormément de valeur depuis.

Autour de 50 ou 60 ans, nous nous trouvons en plein dans la tranche d’âge où nos parents meurent. Ce qu’ils nous laissent, s’ils nous laissent quelque chose, va contribuer à notre confort de vie, en particulier pendant la retraite où nos revenus seront moindres. Quant aux milliers d’objets de la vie quotidienne qu’ils nous lèguent, il va falloir décider de leur avenir.

Mais l’héritage n’est pas que matériel, loin de là. Dans cet article, je vais m’attacher à plusieurs aspects qui nous concernent nous, les mères quinquas. Je reviendrai sur ce vaste sujet en fonction des retours que vous me ferez.

1- L’héritage, un cadeau très mal réparti

L’âge moyen de la mort des parents se situe autour de 50 ans et a tendance à augmenter. Lorsque nous terminerons notre décennie de quinqua, entre 50 et 60 ans, la plupart d’entre nous aurons perdu nos deux parents, et aurons donc hérité, au moins un peu.

Mais sous l’influence des conditions de vie et de l’accès aux soins, cet âge a tendance à augmenter. On voit donc de plus de plus de retraités dont les pères et mères sont encore vivants, ce qui les oblige parfois à entamer les réserves bancaires ou /et à vendre le domicile parental pour financer la fin de vie en Ehpad – diminuant ou annulant ainsi l’héritage final. (Rappelons ici que l’obligation alimentaire, inscrite dans le code civil, impose aux enfants, petits-enfants voire arrière-petits-enfants de financer les dépenses des ascendants démunis.)

Cette transmission peut transformer la vie des adultes, parfois sur le tard. Il s’agirait de la plus grande source d’inégalité entre les individus. Car l’héritage est littéralement une question de hasard, qui n’est pas liée aux fruits de notre travail ni à nos investissements ou créations, mais à ceux de nos ascendants. L’héritage ne se mérite pas, il se perçoit de façon passive – et donc injuste.

La France tâche de rendre la loi équitable, avec une réforme à venir de l’impôt sur les successions. L’objectif est de réduire l’impôt sur la grande majorité des héritages, mais de l’augmenter significativement sur les très grosses transmissions, en évitant l’évasion fiscale (sachant que sans 40% du patrimoine transmis échappe déjà à la fiscalité…).

Mais avant de poursuivre, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin. Sur un ton personnel et amical, j’y traite… de tout ce qui se passe dans notre vie de quinquas ! J’essaie par la même occasion de vous transmettre de grandes brassées d’énergie, de joie et de vitalité.

2- Être riche, c’est avant tout avoir hérité

La valeur médiane transmise se situe à 70 000 euros par personne, mais varie énormément d’un foyer à l’autre. Passant d’une génération à une autre, l’argent à tendance à fructifier différemment : il n’est pas du tout utilisé pour le quotidien mais savamment investi chez les plus riches, alors qu’il est dépensé, quand il existe, chez les plus pauvres. L’héritage augmente donc les inégalités entre les familles, jusqu’à un âge avancé.

Même les USA, connus pour faciliter la création de richesses en une seule génération (le rêve américain, c’est précisément de pouvoir faire fortune à partir de rien, ce qui a attiré des millions d’immigrants du monde entier) sont désormais devenus comme tous les autres pays : être riche y signifie avant tout avoir hérité. Les self-made men, c’est de l’histoire ancienne (même si les Américains continuent à valoriser ceux qui s’en sont sortis seuls). Idem en France : désormais, la part de l’héritage s’élève à 60% du patrimoine total d’un ménage, contre 35% il y a 50 ans !

J’ai souvent l’occasion de discuter avec vous des fluctuations monétaires, notamment chez les femmes célibataires, mères ou pas. La perspective d’un héritage change énormément la donne. Arriver près des années retraite avec la certitude d’obtenir un pécule de ses parents pour conforter le futur, ça n’est pas du tout la même situation que d’avancer seule car ses parents sont démunis, ou sont décédés sans avoir laisser grand-chose. Un tiers d’entre nous n’hérite de rien, un autre tiers de peu, c’est dire si les situations sont variables et potentiellement source de tension, voire de déconsidération entre individus.

3 – La paradoxe de la richesse qui rassure mais divise

Les successions créent des jalousies et des rivalités, non seulement dans la fratrie, mais également dans l’entourage amical. Car au décès des parents, les origines sociales remontent à la surface. Des amies que l’on avait considérées comme des sœurs peuvent soudain se retrouver nanties d’une petite fortune et changer de mode de vie. Ou bien c’est le contraire : on reçoit en cadeau de quoi faire de beaux voyages, mais nos proches n’ont pas les moyens de nous accompagner.

Quelle que soit notre situation, restons prudentes, et n’oublions pas que l’amitié est aussi vitale qu’un compte en banque bien garni. Les gens admirent et envient la richesse, forcément, car notre culture regorge de références à l’abondance matérielle et financière – qui s’étalent sur les réseaux sociaux, les séries télé, etc.

La pauvreté ou la précarité sont connotées de plus en plus négativement, il me semble, et pourtant dans l’absolu elles ne condamnent pas, ni ne punissent, ceux qui la vivent. Et réciproquement, la richesse héritée n’est pas un talent, ni une récompense, ni un motif de gloire. 

4- Quand les entreprises s’intéressent à votre héritage

Remarquons que la mode de « la longévité par tous les moyens » va obliger ses adeptes à travailler plus pour économiser plus, ou alors à piocher dans les réserves familiales aux dépends des héritiers. Car plus on vit longtemps, plus on coûte cher. Je suis la première à vouloir profiter de l’existence le plus longtemps possible, et en excellente santé de surcroît, mais je ne me fais pas d’illusions sur ce que la réalité sera.

Il est certain que la longévité a un prix, et qu’il nous faudra, pour nous assurer une fin de vie confortable, soit se bâtir un capital solide, soit souscrire à des assurances privées, soit minimiser ou interrompre les traitements coûteux, soit ponctionner dans ce qui aurait dû constituer l’héritage.

Je vous parie que nous allons subir de plus en plus la pression d’entreprises médicales, paramédicales, de développement personnel, voire même spirituelles, pour investir dans notre bien-être, nos états d’âme et notre look lorsque nous serons à la retraite… jusqu’à nos derniers jours sur terre. Un jour peut-être, s’ouvrira le marché de l’élégance vestimentaire sur le lit de mort.

Il y a de plus en plus de seniors en France et dans les pays occidentaux, qui nécessairement vont revendiquer des besoins nouveaux et être massivement sollicités par le marketing du vieillissement (préparez donc votre porte-monnaie). Mais après tout chaque personne dispose comme elle l’entend de son patrimoine. Le tout est de s’assurer que les enfants ne comptent pas dessus, surtout ceux qui n’ont pas eu autant de chance matérielle… ou qui sont nés dans une génération où il a été plus difficile de se constituer un patrimoine.

5- Vieillir et la crainte de perdre son patrimoine

J’observe que nos vieux parents deviennent progressivement très inquiets en ce qui concerne leurs finances et investissements (cela peut même virer à l’obsession ou à la paranoïa). C’est logique : ils ont peur de perdre la seule chose qui prospère encore dans leur fragile existence, le reste s’écroulant ou tirant à sa fin.

Mon père et mon beau-père, bien que de milieux et conditions très différents et vivant à 9 000 km l’un de l’autre, ont adopté la même attitude sur ce plan dans leur grand-âge, chacun se lamentant sur son sort financier, pourtant loin d’être misérable.

Dans les deux cas, ils se sont plaints amèrement de devoir dépenser de grosses sommes pour prendre soin de leurs épouses respectives, alors qu’ils avaient mis de l’argent de côté précisément pour cette éventualité. Et pire : dans le cas de mon beau-père, il s’agissait de fonds que sa femme avait elle-même gagné en travaillant toute sa vie ou en héritant de sa propre famille.

On a l’impression qu’ils veulent faire des économies sur le dos de leurs femmes. Pour nous les enfants, c’est assez dur à avaler, mais je suis sûre que c’est fréquent. Et je suis certaine que nous connaitrons nous aussi cette sensation de perte de pouvoir qui accompagne la vieillesse, surtout quand il s’agit de lutter contre la maladie d’autrui. Ou bien serons-nous la première génération à tout dépenser, ne laissant à nos enfants aucun leg ?

6- Quand l’héritage divise les bénéficiaires

La mort d’un aïeul regorge de surprises et de découvertes, et s’accompagne parfois de guerres sanglantes autour de l’héritage. Cela fait l’objet de multiples films et livres. Notre culture familiale est ainsi indissociable des choix que les donateurs font en notre faveur ou en notre défaveur, de façon consciente ou involontaire. Ceci se pose sur tout ce qui constitue la succession : la répartition des investissements financiers entre les enfants, la vente ou pas de la maison de famille, le partage des meubles et objets de valeurs, etc.

Toutes celles d’entre vous avec qui j’ai évoqué cette question de l’héritage, souvent taboue, m’ont raconté des décisions irrationnelles, des dons injustes. Les préférences de toujours pour tel enfant atteignent leur summum au moment de la lecture du testament, quand il y en a un, et brisent la confiance que l’on avait dans son père et sa mère, que l’on espérait malgré tout neutres et impartiaux. L’amour parental n’est pas équitable, l’héritage non plu.

La période qui suit le décès est l’occasion de révéler les rancoeurs sourdes à l’intérieur d’une fratrie, les luttes de pouvoir, les compensations posthumes auxquelles on pensait avoir droit. Telle soeur ainée s’est occupée de sa vieille mère pendant 6 mois avant sa mort et espérait pouvoir choisir certains bijoux, lesquels ont été promis depuis longtemps à la petite dernière…

Les parents ont vraiment intérêt à préparer cet événement bien en avance, alors qu’ils ont encore toute leur tête et qu’ils ne risquent pas d’être influencés par les dernières personnes qui les fréquentent au quotidien (membres de la famille, ou pas). Je vous recommande de parler dès aujourd’hui de vos souhaits à en la matière, même si vous n’avez pas grand chose à donner, surtout si vous avez plusieurs enfants. Et de répéter cette conversation régulièrement. Cela évitera les drames du partage, qui s’ajoutent au drame de la mort.

7- Les objets de leur maison qui nous reviennent

Je me pose sérieusement la question de savoir ce que je vais bien pouvoir faire du service à vaisselle du mariage de ma mère, de celui de ma belle-mère, ainsi que de ce qui reste de ceux de leurs mères et belles-mères. Je n’ai que des frères et des beaux-frères qui s’en fichent : je vois bien que c’est moi qui vais devoir récupérer les tasses, les fourchettes à dessert, les soupières et les centaines de verre à vin dépareillés qui se cachent dans les placards depuis des lustres.

Idem pour les livres, les vêtements, les objets décoratifs (il y en a des boites entières chez mes beaux-parents américains), les tondeuses à gazon ou les raquettes de tennis. Faut-il des garder par fidélité ou pour s’en servir ? Peut-on les donner, les abandonner dans la rue, les placer chez Emmaüs ou dans un autre organisme caritatif, déjà enseveli sous des montagnes de donation ?

Est-il moralement acceptable de les revendre ? Certains vendent depuis longtemps leurs cadeaux de Noël à peine déballés, ne portant pas d’affection particulière à ce qu’ils n’ont pas choisi eux-mêmes (… dans ce cas, que vaut la notion de « cadeau » ?).

On n’a jamais eu autant d’objets à disposition, légués par nos familles qui ont vécu les débuts de la société de consommation des trente glorieuses, et qui ont fait preuve de trésors de patience pour pouvoir les acquérir. Paradoxe irritant, on vit désormais dans le monde de l’expression individuelle : le choix de nos bols en grès ou de nos coussins de soie est supposé être éminemment personnel et nous remplir d’intentionnalité bienveillante.

Ce que nos ascendants ont ardemment désiré, ça ne peut pas être ce que nous désirons maintenant. Le mantra du jour, c’est de nous débarrasser du poids émotionnel familial, forcément trop lourd, et de se rebâtir une identité saine, bien à nous, y compris sur le plan matériel. Alors que faire des marmites en fonte millésime 1948 qui nous tombent dessus à 54 ans ? D’obscurs étudiants désargentés vont-ils les acquérir pour éviter de manger dans de la vaisselle jetable et retrouver le paradis perdu du savoir-faire culinaire ?

8- L’héritage génétique et l’intelligence des mères

L’héritage n’est pas que patrimonial, il est aussi génétique. Notre look, traits physiques, taille et poids, de même que certaines maladies (y compris mentales) sont entièrement héritées. Environ 50% de nos gènes proviennent de chacun de nos parents, mais certaines caractéristiques physiques, mentales et émotionnelles sont transmises soit par notre mère, soit par notre père.

C’est ainsi que l’intelligence viendrait de nous, les mères – d’ailleurs le quotient intellectuel de nos enfants ne se distinguerait jamais beaucoup du nôtre. 

N’oublions pas cependant que le QI ne participe qu’à la moitié de l’intelligence, au grand maximum, le reste provenant de l’environnement :  conditions d’éducation, richesse, sécurité familiale, état d’esprit personnel, etc. Je rappelle aussi l’évidence, à savoir que l’intelligence ne fait pas tout dans la vie (il est d’ailleurs prouvé que les personnes les plus brillantes mentalement ont tendance à se sous-estimer, ce qui n’aide pas à leur carrière ni à leur fortune).

Mais j’ai été touchée quand j’ai appris cette information, je n’aurais pas imaginé que c’est nous les mères qui transmettions spécifiquement l’intelligence. Il me semble que c’est quelque chose qui gagne à être connu, pour que nous puissions veiller davantage à entretenir les facultés mentales de nos enfants. Je reviendrai un jour sur ce sujet passionnant et en particulier sur autres deux aspects : l’intelligence émotionnelle (qui s’appuie à la fois sur la conscience de soi et sur la conscience des autres) et l’intelligence collective (qui prédit la performance du groupe). En attendant, vous pouvez vous plonger dans cet article détaillé pour en savoir plus.

Puisque nous transmettons notre intelligence à nos enfants, agissons en conscience dans chacune de nos interactions avec eux, pour qu’ils puissent bénéficier de notre sagacité. C’est peut-être pour ça, au fond, que les mères s’occupent en priorité de leurs enfants : pas seulement pour les protéger, mais aussi pour s’assurer qu’ils pensent et agissent avec discernement.

9- L’héritage émotionnel : grandir avec les problèmes des parents

Au contraire de l’héritage financier qui ne se distribue qu’à la mort et de l’héritage génétique qui se décide à la conception, l’héritage émotionnel se transmet dès la naissance et se poursuit tant que nos parents sont en vie. Non explicité, nous transmettrons nous aussi cette sombre dot à nos enfants.

Il s’agit de l’influence des émotions ressenties par les ascendants. Ces humeurs dictent le comportement de ceux qui nous éduquent, sans qu’ils ne s’en rendent compte. On se retrouve à suivre des façons de faire, des principes, des valeurs, qui ne sont pas les nôtres, mais qui sont conditionnées par des situations plus ou moins bien gérées qui ont eu lieu dans le passé.

La gamme des émotions en jeu peut être vaste, les 6 principales étant la joie, la colère, la tristesse, la peur, la surprise et le dégoût. Dans la pratique, on copie l’attitude de notre mère ou de notre père lorsqu’il fait face à un déclencheur, et on intègre son ressenti comme faisant partie de la vérité physique de l’expérience.

Je vous recommande la lecture de cet article pour tenter d’élucider les blocages occasionnés par l’héritage émotionnel. Il s’agit d’enquêter sur notre passé et de lister tous les événements faisant partie de l’histoire familiale, les rumeurs, les légendes, les traumatismes individuels ou collectifs, pour en démanteler les ressorts.

Un conseil : restez pragmatique lorsque vous vous attaquez à un sujet pareil : tout cela peut devenir très subjectif et sujet à des interprétations nébuleuses et alambiquées qui n’aident personne.

La totalité de ce blog est consacrée au renouveau des femmes et des mères après 50 ans : ménopause, vieillissement, alimentation, carrière, amies, sexe… Je traite de la multitude de sujets qui nous préoccupent, sur une centaine d’articles. Mais avant tout, abonnez-vous à ma newsletter du dimanche matin : je me lève tôt pour vous donner des idées, du courage et de la joie !

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Et vous, que pensez vous de l’héritage, quel qu’il soit ?

Donnez-nous votre avis dans les commentaires pour que nous enrichissions collectivement notre réflexion.

 

 


    6 replies to "Héritages : le bon et le moins bon légué par nos parents"

    • DESHAYES

      Bonjour Véronique, merci pour cet article très intéressant. L’héritage est un sujet compliqué et les notaires ont bien souvent dans leurs études des successions qui mettent des années à trouver une solution. Être confronté à ce type de problème dans une famille, en apprend beaucoup sur la nature humaine 🙂 S’il est possible d’anticiper, mon père l’a fait par exemple, et à tous les niveaux, c’est un grand cadeau fait aux enfants par leurs parents. Cela demande du courage. Merci pour votre travail, toujours source de réflexion. Très belle journée. Marie Josée

      • Véronique

        Bonjour Marie-Josée, je serais curieuse d’aller enquêter chez les notaires pour voir à quel point certaines successions sont complexes et coûteuses, sur tous les plans. Mieux vaut anticiper, comme votre père l’a fait. C’est clairement un signe de bon sens, hélas ça n’est pas le cas partout : certains parents n’ont pas le courage de répartir leurs possessions… d’autres ne veulent pas penser qu’ils mourront un jour. Mes parents à moi, pourtant sains d’esprit concernant l’argent, estiment que c’est à nous de se débrouiller et ne veulent rien décider à notre place (pour éviter les conflits, je suppose). Chacun voit midi à sa porte…

    • Anne

      Bonjour Véronique, Intéressant sujet et fort complexe, tant il peut faire resurgir d’histoires et de situations. Pour ma part j’estime que nous avons été préservés, ce qui a été la ligne de conduite de notre famille était surtout basé sur l’unité et le respect. Cela n’exclue pas la dispute futiles autour dune petite cuillère, qui tournent en une blague partagée lors des repas de famille . Confrontés très tôt à ces questions, les héritages successifs se sont réglés en toute simplicité car l’argent n’est pas une Valeur de notre famille et nous n’attendions rien de particulier, le choc de la perte des êtres aimés étant le plus fort. Bien évidement cela a permis d’améliorer un peu notre situation et sécuriser notre famille à une échelle modeste, je ne le conteste pas. Par contre Je me sens depuis plutôt dépositaire d’un précieux trésor fait de multiples archives qui sont l’histoire à transmettre à nos enfants. Mais qu’en feront-ils la société évolue tellement vite et zappe tout. Cependant j’aurai fait ma part du Relais que je leur dois entre 2 générations. Anne

      • Véronique

        Merci Anne, pour ce témoignage montrant que l’héritage peut aussi être tranquille. Merci en particulier de mentionner le « précieux trésor » qu’est la famille et la transmission des valeurs. C’est très juste de dire que la société zappe tout. On trie absolument tout, les objets, les idées, les relations, pour ne garder que ce qui nous convient. C’est le consumérisme immatériel, appliqué à des sujets qui ne devraient pas être inclus…

    • Christine Bodineau

      Bonjour à toutes et tous, il y a peut-être et j’espère des hommes qui lisent ce blog 🙂
      Ma maman mourante m’avait exprimé combien regretter de ne rien pouvoir nous laisser de matériel : mes parents n’étaient pas propriétaires de leur habitation et n’avaient pas de comptes en banque garnis à nous laisser. Je lui ai dit car je tenais à ce qu’elle le sache avant de partir qu’elle et mon papa nous avaient laissé des choses bien plus précieuses : de belles valeurs humanistes et de l’amour à revendre. Je le pensais et le pense toujours sincèrement. Loin d’être gâtés, nous n’avons manqué de rien (être bien nourris, être habillés « comme il convient », être logés dans des conditions suffisantes) mais avons été largement accompagnés de beaucoup de bienveillance tout au long de notre grandissement. Pas de biens, pas de conflit entre frère et soeurs même si j’ose espérer que s’il y avait eu des biens, on se serait tout de même très bien entendus.

      • Véronique

        Merci Christine pour ce commentaire émouvant. Comme il est étrange, et perturbant, de savoir que c’est l’amour et la confiance qui priment, de très loin, dans l’héritage émotionnel, alors que les mourants se rongent en pensant qu’ils ne laissent rien « de matériel ». Je ne sais pas pourquoi ils sont tellement sensibles à cette partie tangible de la vie. Peut-être parce que les objets se voient et s’utilisent, alors que l’amour est invisible ? « Il n’y a pas d’amour, que des preuves d’amour », disait le poète Pierre Reverdy. Avons-nous si peur d’être oubliés pour désirer laisser des biens lorsque nous serons partis ? Je m’interroge souvent sur ces sujets alors que je vieillis et que je sens bien que moi aussi, je désire laisser quelque chose « en dur » à mon fils, alors que j’ai toujours pensé que lui donner la liberté, la confiance en soi et la possibilité d’étudier étaient des choix plus importants…

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